mardi 31 janvier 2017

L’acteur John Hurt est mort


John Hurt


L’acteur John Hurt est mort


Nominé aux Oscars pour ses rôles dans « Elephant Man » et « Midnight Express », l’acteur britannique souffrait d’un cancer du pancréas.

Le Monde.fr avec AFP | 28.01.2017 à 05h32 • Mis à jour le 28.01.2017 à 10h35

John Hurt, le 13 septembre 2011, pour la première du film « La Taupe » à Londres.
John Hurt





Première victime d’Alien, monstre sensible dans Elephant Man, le comédien britannique John Hurt a excellé dans le cinéma de genre, souvent dans des seconds rôles qui ont marqué l’histoire du septième art. L’acteur est mort à l’âge de 77 ans des suites d’un cancer du pancréas, ont annoncé samedi 28 janvier plusieurs médias britanniques citant son agent Charles McDonald.


Il avait été nominé deux fois aux Oscars, pour son rôle de Max, un Britannique détenu dans les geôles turques dans Midnight Express, sorti en 1978, et pour son premier rôle dans Elephant Man deux ans plus tard.

Un éclectisme cinématographique

Anobli par la reine Elizabeth II en 2014, John Hurt est né le 22 janvier 1940 près de Chesterfield, au cœur de l’Angleterre. Sa mère, bien qu’actrice amatrice, lui interdit d’aller au cinéma, qu’elle juge « trop commun » pour un fils de pasteur. A l’école, il découvre le théâtre mais c’est vers la peinture que ce grand admirateur d’Edvard Munch se tourne d’abord, en décrochant une bourse pour devenir professeur de dessin à la Saint Martin’s School of Art de Londres.


John Hurt






En 1960, il est rattrapé par sa passion des planches et rentre à la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art (RADA), dont il ressort diplômé deux ans plus tard. Parallèlement à la scène, il fait ses débuts à la télévision où il marque les esprits britanniques avec son interprétation de l’écrivain travesti Quentin Crisp, puis de l’empereur romain Caligula.

Son modèle, c’est Alec Guinness dans l’Oliver Twist de David Lean. « C’est la première fois que j’ai vu à l’écran un acteur utiliser la tradition théâtrale qui consiste à se mettre au service du rôle et non l’inverse et cela a influencé mon travail jusqu’à ce jour », expliquera-t-il.

En 1978, il incarne Max, un héroïnomane anglais dans l’enfer des geôles turques dans Midnight Express d’Alan Parker. Il remporte le Bafta, récompense annuelle britannique du cinéma et de la télévision, le Golden Globe du meilleur second rôle et est nommé pour les Oscars.

L’année suivante, l’acteur longiligne à la tignasse rousse interprète le second officier Kane dans Alien de Ridley Scott. La scène où l’extraterrestre le tue en sortant de sa poitrine – qu’il parodiera dans La Folle Histoire de l’espace de Mel Brooks – est entrée dans les annales du cinéma. Ce dernier lui a notamment rendu hommage sur Twitter, exprimant sa « tristesse » et saluant son « talent magnifique »


John Hurt



Il se revendiquait comme « un acteur à louer »


En 1980, au prix de douze heures de maquillage, il se glisse dans la peau tragique d’Elephant Man, pour le chef-d’œuvre en noir et blanc de David Lynch. Son interprétation lui vaut une deuxième nomination aux Oscars et d’être récompensé aux Bafta Awards comme meilleur acteur. Il en recevra un autre pour l’ensemble de sa carrière en 2012.

John Hurt excelle dans le cinéma de genre et particulièrement les films d’anticipation, comme 1984 (Michael Radford, 1984), V pour Vendetta (James McTeigue, 2005) ou Snowpiercer (Joon-ho Bong, 2013). Mais sa carrière riche de 140 films l’a aussi amené à interpréter le fabricant de baguettes Ollivander dans la saga des Harry Potter ou le savant fou Oxley dans Indiana Jones et le crâne de cristal.

« Je suis ouvert à tous les genres cinématographiques, tout m’intéresse. Je suis essentiellement un acteur à louer. »

Après avoir combattu des problèmes d’alcool, John Hurt avait annoncé le 16 juin 2015 sur son blog qu’il souffrait d’un cancer du pancréas et se disait « plus qu’optimiste quant à une issue favorable ». Marqué par la mort accidentelle en 1983 de sa fiancée depuis seize ans, la mannequin française Marie-Lise Volpelière-Pierrot, John Hurt s’était marié à quatre reprises. Il avait deux enfants.





lundi 30 janvier 2017

dimanche 29 janvier 2017

L’actrice Emmanuelle Riva est morte



L’actrice Emmanuelle Riva est morte


La comédienne, âgée de 89 ans, s’est éteinte, vendredi, des suites d’un cancer. En 2013, elle avait obtenu un César et une nomination aux Oscars pour son rôle dans « Amour », de Michael Haneke

LE MONDE | 28.01.2017 à 07h37 • Mis à jour le 28.01.2017 à 10h43
Par Jacques Mandelbaum



Emmanuelle Riva dans « Hiroshima Mon Amour » (1959).
Emmanuelle Riva
Hiroshima mon amour





Ses amis le savaient. Depuis quatre ans, Emmanuelle Riva, grande et magnifique dame de l’écran et de la scène française, luttait en secret contre un cancer qui a fini par avoir raison d’elle, vendredi 27 janvier, dans l’après-midi, à Paris. 

Agée de 89 ans, l’actrice, selon ses proches, voulait vivre et travailler jusqu’au bout, raison pour laquelle, en plus de la pudeur, elle était restée si discrète au sujet de cette maladie.




Cet été encore, elle tournait un film en Islande et donnait un spectacle à la Villa Médicis, à Rome, continuant d’étudier des projets, qu’elle recevait en quantité. Cette vaillance, cette dignité, on les retrouve dans les deux films qui, aux extrémités de sa carrière, l’ont illuminée et transcendée comme actrice, et qui ont conséquemment bouleversé le public. On parle, évidemment, de Hiroshima mon amour (1959), d’Alain Resnais, et d’Amour (2012), de Michael Haneke, qui lui valut tardivement le César de la meilleure actrice.


Emmanuelle Riva
Hiroshima mon amour




Douleur secrète de l’humanité


Pour Hiroshima mon amour, chef-d’œuvre scénarisé par Marguerite Duras, Resnais avait tout simplement remarqué l’actrice, montée à Paris depuis ses Vosges natales, sur une affiche de théâtre. On croit comprendre ce qui, dans ce doux visage, l’a arrêté. Une sorte de douleur secrète qui se nomme l’humanité.



Le film fait partie, avec Nuit et brouillard (1956) et Muriel ou le temps d’un retour (1963), de la part la plus brûlante de l’œuvre du cinéaste, qui contribue avec cette trilogie à l’émergence de la modernité dans l’histoire du cinéma mondial. Dans ces films qui se confrontent à l’ignominie qui baigne le siècle, Resnais cherche l’humanité dans une mise en scène qui précisément atomise la présence humaine, la diffracte, la distancie, la rend étrangère à elle-même.



Emmanuelle Riva


Emmanuelle Riva incarne, à jamais, le visage de cette humanité-là, une humanité que l’amour semble promettre à la mort. Comme l’avaient figurée, dans un rôle assez proche, Ingrid Bergman dans Stromboli (1950), de Roberto Rossellini, et Renée Falconetti, voici plus longtemps encore, dans La Passion de Jeanne d’Arc (1928), de Carl Theodor Dreyer. Emmanuelle Riva interprète une actrice qui vit une brève et déchirante relation avec un Japonais dans le Hiroshima récemment atomisé et qui est poursuivie par le souvenir humiliant de Nevers, où elle a été tondue pour avoir aimé un soldat allemand. Hiroshima mon amour la rend d’emblée célèbre, mais le rôle est si brûlant qu’il jette comme une ombre sur une carrière riche pourtant d’une cinquantaine de longs-métrages.





Ne méconnaissons pas pour autant la démonstration de son talent dans des films aussi passionnants que Le Huitième jour (1960), de Marcel Hanoun, Léon Morin, prêtre (1961), de Jean-Pierre Melville, Thérèse Desqueyroux (1962) et Thomas l’imposteur (1965), de Georges Franju. Autant de grands rôles qui ne la protégeront pas d’un lent effacement, en dépit de tournages en compagnie de réalisateurs tels que Marco Bellocchio (Les Yeux, la bouche, 1982) ou Philippe Garrel (Liberté, la nuit, 1983). Emmanuelle Riva a, aussi, souvent dit non, dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée. Elle n’était pas davantage une actrice qui aimait se vendre qu’une femme qui se laissait circonvenir.

Passion contrariée pour le théâtre



Il lui revint in fine de jouer à cinquante ans de distance dans deux films qui firent à leur époque et public respectifs l’effet d’un coup de poing. Pour Amour, Michael Haneke, Autrichien francophile maniant la caméra comme un rasoir, l’engage ainsi pour jouer le rôle d’Anne, une professeure de musique octogénaire victime de deux accidents vasculaires cérébraux consécutifs, et dont l’inexorable dégradation va inciter son mari (Jean-Louis Trintignant) à abréger, par amour, ses souffrances.






Emmanuelle Riva, à la 85e cérémonie des Oscars à Hollywood, le 24 février 2013.
Emmanuelle Riva, à la 85e cérémonie des Oscars à Hollywood, le 24 février 2013. FREDERIC J. BROWN / AFP


Film terrible, d’une lucidité atroce et d’une humanité terrassante, qui ne peut que laisser pantelant, et qui va de fait rencontrer un succès critique et public tout à fait inattendu, à commencer par la Palme d’or au Festival de Cannes. Il ne fait guère de doute que Haneke conserve à l’esprit Hiroshima mon amour quand il songe à Emmanuelle Riva. L’entrelacement de la vie et de la mort, l’amour comme engagement tragique, la dignité bafouée, l’humanité qui se cherche, autant de motifs qui se retrouvent dans l’un et l’autre des films.



Souvenons-nous d’une des plus célèbres paroles de la jeune femme dans le premier – « Tu me tues, tu me fais du bien » – pour constater que le second, au soir de la vie de l’actrice, en tire toutes les conséquences. Il en fallait, décidément, du courage et du talent pour donner dans cette fugue mortelle, de première grandeur mais de peu d’espoir, tout ce que Riva et Trintignant parvinrent à donner d’eux-mêmes.



Née le 27 avril 1927 à Cheniménil (Vosges), elle a grandi à Remiremont au sein d’une famille prolétaire d’origine italienne. Emmanuelle Riva se prénommait en vérité Paulette et se destinait à devenir couturière. Une passion précoce et contrariée pour le théâtre la détourna de ce destin. C’est sur la scène pourtant, à Paris, qu’elle inaugura sa carrière en 1954, après avoir intégré l’école de la rue Blanche. Elle y joua continûment, dans plus d’une trentaine de pièces et sur un registre élevé, variant entre répertoires classique (Euripide, Molière, Shakespeare) et contemporain (Harold Pinter, Luigi Pirandello, Nathalie Sarraute). L’une de ses dernières prestations eut lieu en 2014, au Théâtre de l’Atelier, à Paris, sous la direction de Didier Bezace : elle interpréta Savannah Bay, de Marguerite Duras, qu’elle retrouvait à cinquante ans de distance de Hiroshima mon amour. Mais c’est bien le cinéma, médium populaire et miraculeux, qui fit de cette jeune fille modeste, et sans doute pas aussi sage qu’elle en avait l’air, de cette actrice à la beauté douloureuse, un mythe. Sur son visage, une partition inquiète et déchirante du septième art, telle que le XXe siècle l’a dictée, s’est d’emblée écrite.

Mais comment ne pas se rappeler aussi, sur la scène des Césars, la tonicité, la vitalité, l’insolence de cette femme de 80 printemps coiffée en punkette, qui vint, si pimpante, chercher sa statuette ? On verra d’ailleurs très bientôt Emmanuelle Riva dans Paris pieds nus, de Dominique Abel et Fiona Gordon, qui succédera à Marie et les naufragés, de Sébastien Betbeder. Comme un miracle renouvelé du cinéma et de la folle espérance que cette femme mettait dans la vie.


LE MONDE





DE OTROS MUNDOS

RIMBAUD



samedi 28 janvier 2017

Olivier Valsecchi / Femmes

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Olivier Valsecchi 
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Iris Vanitas

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Drifting





mardi 24 janvier 2017

Opposé à Donald Trump, l'acteur Matt Damon lui souhaite de réussir

Matt Damon


Opposé à Donald Trump, l'acteur Matt Damon lui souhaite de réussir


Le Monde

18 janvier 2017 - 14H59


DAVOS (SUISSE) (AFP) - 
L'acteur américain Matt Damon a souhaité mercredi au président élu Donald Trump qu'il réussisse, tout en rappelant n'avoir pas voté pour le milliardaire républicain.
"J'aimerais qu'il réussisse, j'aimerais vraiment", a déclaré Matt Damon à la télévision CNBC, en marge du Forum économique mondial à Davos, une station de skis dans les Alpes suisses, où les décideurs politiques et économiques du monde entier se rencontrent cette semaine.
"Apparemment, ce n'est un secret pour personne que je n'ai pas voté pour lui", a déclaré l'acteur de 46 ans, vedette des films d'espionnage "Jason Bourne".
Il a cependant ajouté : "je lui souhaite de réussir et nous devons tous le faire, un président américain qui réussit est bon pour nous tous".
Matt Damon a ajouté qu'il n'était toujours pas rassuré quant aux 4 prochaines années, alors que Donald Trump va devenir "la personne la plus importante de la planète".
Matt Damon a aussi pris la défense de sa consoeur Meryl Streep, qui a fait l'objet d'attaques verbales de la part de Donald Trump.
Le président élu l'a qualifiée d'une des "actrices les plus surestimées à Hollywood", après qu'elle l'avait attaqué dans un discours.
"Il a raison, elle est complètement surestimée en tant qu'artiste", a-t-il dit en plaisantant, avant d'ajouter "je pense que ce qu'elle a dit à propos de l'intimidation des gens était très important (...), intimider les gens qui ont moins de pouvoirs n'est pas sain, et c'est un comportement que les enfants vont reproduire".
L'acteur est à Davos pour soutenir son ONG appelée Water.org, qui a pour but d'améliorer l'accès à l'eau potable et aux sanitaires dans le monde.
"Ce problème peut être complètement résolu, nous l'avons fait pour nous, en Occident, il y a 100 ans", a t-il dit, et pour les 663 millions de personnes concernées, c'est vraiment quelque chose qui va changer leur vie, a déclaré à l'AFP Matt Damon.
"Si nous faisons ce grand effort, nous pourrons vraiment régler ce problème en l'espace d'une vie humaine", a-t-il conclu.



dimanche 22 janvier 2017

A la marche des femmes de Washington : « Je suis venue pour défendre mes droits et les droits de ceux que j’aime »







A la marche des femmes de Washington : « Je suis venue pour défendre mes droits et les droits de ceux que j’aime »

Inquiets pour l’avenir, au vu des propos et du comportement du nouveau président des Etats-Unis, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans la capitale du pays.


LE MONDE | 22.01.2017 à 08h06 • Mis à jour le 22.01.2017 à 09h01 | 
Par Nicolas Bourcier et Pierre Bouvier

Emma Watson


L’événement a dépassé les attentes de ses organisateurs. Plusieurs centaines de milliers de femmes ont défilé, samedi 21 janvier, à Washington, la capitale fédérale, et dans plusieurs grandes villes américaines. Une marche en forme de contre investiture du nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, afin de protester contre le milliardaire et ses propos machistes et misogynes.


Pour beaucoup, ce défilé ressemblait à une entrée en résistance, après la longue période de KO consécutive à l’élection surprise du candidat républicain, le 8 novembre.
Sophie Black a 25 ans et vit à Brooklyn. Elle travaille comme productrice free lance pour la télévision et a conduit jusqu’à Washington pour participer.
« Parce que je suis inquiète pour notre futur. Parce que la politique de Trump repose sur les discriminations. J’espère plus de libertés et d’interactions entre les gens »

Elle s’appelle Kathie (au centre) et est accompagnée de deux amis : Logan et Erin. Tous trois viennent de Richmond, en Virginie.
Elle s’appelle Kathie (au centre) et est accompagnée de deux amis : Logan et Erin. Tous trois viennent de Richmond, en Virginie. PIERRE BOUVIER - LE MONDE
Avec son t-shirt de Planned Parenthood, la plus grande organisation de planning familial, menacée par les propos du candidat Donald Trump, Kathie vient, elle, de Richmond, en Virginie. Elle est accompagnée de deux amis : Logan et Erin, eux aussi de Richmond.
« Les droits des femmes font partie des droits de l’homme. Tous les Américains, peu importe pour qui ils ont voté, doivent voir leurs droits être protégés. Et je crois que la réponse du président Trump ne sera qu’une série de tweets, parce qu’il n’est que tweets et zéro actions. Il ne fera rien pour nous, il va falloir qu’on s’en occupe nous-même. »
Emily Hill est venue en voiture de Cape Cod, dans le Massachusetts. Comme beaucoup, elle est encore sonnée par le résultat de l’élection :
« Je suis là, parce qu’il fallait faire quelque chose. Je voudrais faire plus, mais je suis là, déjà, pour le moment »

Colin Reilly : « Je suis venu pour soutenir les femmes qui sont dans ma vie ».
Colin Reilly : « Je suis venu pour soutenir les femmes qui sont dans ma vie ». PIERRE BOUVIER - LE MONDE
Venu de New York, Colin Reilly a accompagné sa femme et sa belle-mère :
« Je suis venu pour soutenir les femmes qui sont dans ma vie : pour leur montrer que je suis à leurs côtés, que je me soucie d’elles et qu’elles sont incroyablement importantes pour moi.
Tina Frank, 28 ans, vient de Denver, dans le Colorado.
« Je suis à Washington, en raison du mouvement Black Lives Matter, pour défendre les droits des immigrants, les droits LGBTQ. Le lendemain des élections, je me suis réveillée en me disant qu’il fallait faire quelque chose. Je pense que les droits des femmes sont déjà menacés : il ne veut plus financer le planning familial. Il a dit que lorsque vous être riche et célèbre, vous pouvez faire ce que vous voulez avec les femmes. C’est une bonne indication de ce vers quoi on va. »
Alexis Blavos est docteure et professeure assistante à l’université de Cortland, dans l’Etat de New York. Elle enseigne notamment sur les questions de santé et accompagne aujourd’hui un groupe d’étudiants.
« Hier soir, il a commencé à s’en prendre à l’Affordable Care Act, ou Obamacare. Le résultat, ce seront des femmes ayant un accès plus réduit à la contraception, une augmentation des avortements, des grossesses précoces, chez les adolescentes. On sait que chaque dollar dépensé dans la prévention des naissances en économise deux pour la protection sociale. C’est le premier retour en arrière pour les droits des femmes. »

Susan Brühl et sa fille Martha Brühl, de New Haven, dans le Vermont.
Susan Brühl et sa fille Martha Brühl, de New Haven, dans le Vermont. PIERRE BOUVIER - LE MONDE
Susan Brühl, de New Haven, dans le Vermont. « Nous ne sommes pas seulement pour les droits des femmes, mais pour les droits de tout le monde, pour lutter contre les inégalités. » Sa fille, Martha, surenchérit :
« Nous vivons dans un monde où tout a changé, où les droits des femmes doivent aussi évoluer et ne pas être traités en dernier. »
Germaine Brennan, de Greensburg en Pennsylvanie.
« Je pense qu’on va être mise de côté en tant que femmes. Notre protection sociale va se dégrader, nos salaires vont baisser. On va assister à un retour aux années 1950, quand les femmes restaient au foyer. Nous valons tellement plus que ça ».
Sa petite fille ajoute : « Nous sommes de méchantes femmes », en référence aux propos désobligeants de Trump envers Hillary Clinton, lors des débats télévisés.
Wendy Schaetzel Lesko dirige le Youth Activism Project, une ONG qui aide et pousse les jeunes adolescents à s’engager dans la vie politique. Militante dans les années 1970 et 1980, activiste féministe, elle se dit très impressionnée par les nouveaux mouvements type LGTBQ, Black Lives Matter etc. Elle a « évidemment » soutenue la candidature de Bernie Sanders et « évidemment », elle a été dévastée par la défaite de Hillary Clinton. Sa « santé mentale », comme elle dit, oscille depuis entre de « petits pics de satisfactions » comme lorsque Elizabeth Warren, sénatrice démocrate du Massachusetts, remet ouvertement en cause certaines nomination de Donald Trump ou quand la figure du mouvement afro-américain des droits civiques, Joe Lewis, s’attaque à la légitimité du nouveau président. « Mais le reste du temps je sombre, je suis plongée dans un trou noir. »
« L’agenda de cette nouvelle administration est tellement pro business, anti travailleurs et anti régulation que cela est devenue une ploutocratie qui est en train de prendre le contrôle du pays tout entier. Trump a su mettre le doigt sur les sentiments les plus profonds de l’homme blanc, la manière dont il se sent décalé, mis de côté. Cela a marché. Je veux que le maximum de personnes viennent à la manifestation des femmes. C’est essentiel pour la suite et le rapport de force à venir. »
Catherine Talton, venue en avion de San Francisco :

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/01/22/a-la-marche-des-femmes-de-washington-je-suis-venue-pour-defendre-mes-droits-et-les-droits-de-ceux-que-j-aime_5066887_3222.html#CQWuBqXOQaw3zw53.99


Catherine Talton, venue en avion de San Francisco :
« Je suis venue pour défendre mes droits, les droits de ceux que j’aime, les droits des femmes, des gens de couleur, de tous ceux que Trump a dénigrés et qu’il ne défend pas. Je suis inquiète de la peur qu’il insuffle dans ce pays, de son pouvoir de division. Si on regarde autour de nous, dans cette manifestation, on voit que les gens sont unis, que nous sommes une majorité et c’est ça qu’il est important de retenir. »
De gauche à droite, Zerell Johnson Welch, de Leesburg, en Virginie, Abigale Bruce Watson, d’Upper Marlboro dans le Maryland et Angela Staten, de Fairfax, en Virginie.
Zerell Johnson Welch de Leesburg en Virginie.
« Je pense que l’action politique est au cœur de la démocratie. Le peuple représente la démocratie, et c’est pour cela que je suis là. Mes craintes ? Je ne dirais pas qu’il s’agit de peur, car elle vous paralyse. Mais je suis inquiète pour les droits individuels, particulièrement les droits des femmes, menacés par le président. Je suis inquiète par ce que va devenir la Cour suprême, par des choix qui auront une influence sur la vie de mes enfants, et surtout de mes filles. Je suis inquiète pour l’éducation, certains membres de son administration s’apprêtent à prendre des décisions qui auront un impact radical sur la protection sociale dont bénéficient nos enfants, et surtout ceux issus des minorités. »
Abigale Bruce Watson, d’Upper Marlboro, dans le Maryland :
« Je suis là parce qu’on doit résister à Trump quel qu’en soit le prix. Son discours, la façon dont il s’est comporté pour gagnerl’élection, ont permis aux gens de sortir du bois, de discriminerouvertement. Tout ce contre quoi on a lutté pendant le mouvement des droits civiques est bousculé par l’émergence de l’alt-right, le retour des suprémacistes blancs. C’est pour cela que je suis venue aujourd’hui. Mais aussi les droits des femmes. Je suis une femme, j’ai deux filles, qui sont de jeunes adultes et je veux qu’elles aient accès à tout ce qui est disponible en matière de soins, au planning familial, et je veux que ces choses restent disponibles. Pour ce qui est de mes craintes, j’ai peur que la façon dont Trump parle devienne la norme. Il faut dénoncer ces propos, il faut dire qu’il s’agit de racisme. »
Angela Staten, de Fairfax en Virginie :
« Je suis venue pour moi, mes sœurs, ma mère et toutes les femmes de ma vie. J’ai deux fils, et ils auront des femmes dans leur vie. Et je pense que la façon dont Trump parle est enfantine et je pense que c’est encore un morveux. Et c’est à ça que je veux résister. Et je suis aussi là pour défendre le planning familial. C’est une institution que j’ai utilisée, comme beaucoup d’autres femmes. C’est un bon programme qui doit continuerd’exister. Il en va de même pour le système de santé. Et son plan constitue une injustice pour le peuple américain. J’ai peur qu’il ne dise pas la vérité, mais je n’ai pas peur de lui, parce que j’ai la foi et que je pense qu’à la fin, on s’en sortira. »

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