Victorieuse de la Croatie (4-2) en finale de la Coupe du monde, l’équipe de France est à nouveau entrée dans l’histoire du football mondial. Tout simplement prodigieux.
Envoyé spécial à Moscou
Un souvenir pour l’éternité. Dans 10, 20, 30 ou même 50 ans, chaque personne présente devant sa télévision, un écran géant, au stade, au café, au travail, sur un bateau, à la plage, à la campagne, seule, entre amis ou entourée de milliers de gens, saura précisément dire où elle se trouvait en ce fameux dimanche 15 juillet 2018. Un jour pas comme les autres. Qui ne sera jamais comme les autres. Un moment de partage, de communion et surtout d’histoire qui rendra la vie un peu plus douce dans les jours et semaines à venir, au cœur d’un été où le moindre prétexte sera sujet à le fêter avec un apéritif à rallonge ou à une soirée endiablée. Ici réside la force et la puissance incommensurable de l’exploit réalisé par les vingt-trois élus de Didier Deschamps, placés sur le toit du monde, fiers et le torse bombé, avec cette deuxième étoile sur un maillot bleu désormais mythique. Le prix d’une
victoire aux forceps contre la Croatie un soir d’été 2018 à Moscou (4-2).
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Kylian Mbappé |
Les héros de 98 ne seront plus jamais seuls
A jamais, les Mbappé, Lloris, Griezmann, Pavard ou Pogba (pour ne citer qu’eux) sont entrés dans le cœur des Français. Et à jamais, ils y resteront. Quoi de plus beau comme sensation que de partager un souvenir commun où, le temps, les querelles et la tristesse que la vie peuvent parfois procurer se sont arrêtés l’espace d’une soirée. Pour un moment de grâce qui vous signe une époque dans la vie de chacun. Pour l’éternité. Avec tout un pays acquis à leur cause, de Paris à Lille en passant pour Marseille, Bordeaux, Nouméa, les Antilles, Saint-Pierre-et-Miquelon, autant de bastions qui ont basculés dans une folie douce et intense, ces Bleus de 2018 s’inscrivent désormais en dignes héritiers des héros de 98, plus les seuls à avoir touché l’excellence et provoqué l’irrationnel. Des dieux parmi les dieux. Une caste où il est difficile d’entrer, mais surtout impossible de sortir. Qu’il est beau ce pays de France, paré de bleu-blanc-rouge, jamais aussi fort et solidaire quand il ne fait qu’un à l’image de son équipe nationale unie, multiculturelle (aux diables les récupérations politiques), mélange de jeunes ambitieux et de cadres mesurés. Une réussite à mettre aussi au crédit de Didier Deschamps, jamais lâché par sa bonne étoile, lui qui rejoint le cercle très fermé des champions du monde en tant que joueur et sélectionneur, en compagnie des mythes que sont le Brésilien Mario Zagallo et l’Allemand Franz Beckenbauer. Fabuleux.
Griezmann, Mbappé, Pogba, buteurs pour l’éternité
Et que dire de ses Bleus, nouveaux étoilés, qui permettent à la France de dépasser l’Espagne et l’Angleterre pour revenir à hauteur de l’Argentine dans l’échiquier du football mondial ? Dans un match longtemps irrespirable, où la peur au ventre peut vous paralyser, seuls les grands joueurs existent. Antoine Griezmann est de cette trempe, lui qui aura été buteur sur penalty (2-1, 38e), décisif sur le but contre son camp de Mandzukic (1-0, 18e), et altruiste sur ceux de ses copains Paul Pogba (3-1, 59e) et Kylian Mbappé (4-1, 65e), eux aussi buteurs dans une soirée à vous couper le souffle face à des Croates accrocheurs comme en témoigne le pressing victorieux de Mandzukic devant un Lloris trop facile (4-2, 71e). Sans jamais trembler, la star des Bleus a enlevé une énorme pression à ses partenaires et rempli ses responsabilités pour mener son équipe au titre suprême. En finale d’un Mondial, à 27 ans, «Grizou» n’a jamais autant ressemblé à un certain «Zizou» vingt ans plus tôt. La marque des grands. Des très grands. De ceux qui prennent place directement au panthéon dans le cœur des Français. Comme Mbappé et Pogba, entrés dans une autre dimension pendant l’épopée russe.
Des images de joie pour une vie entière
Il fallait voir toute cette bande de potes crier de joie, s’écrouler par terre ou encore se regrouper en cercle telle une famille unie et soudée au coup de sifflet final. Des moments de bonheur, plus jamais connus par un pays tout entier depuis vingt-ans. Signe qu’il n’y a que le foot qui fait descendre des millions de Français dans la rue pour une idée commune : celle de la joie, du bonheur ultime. En larmes, Matuidi et Hernandez se tombaient dans les bras l'un de l'autre pendant que Deschamps était envoyé en l’air par tous ses joueurs, avant une grande empoignade avec le président de la République Emmanuel Macron, sous les trombes d’eau du ciel moscovite. Un peu plus loin, Tolisso et Pogba entamaient un pas de danse face à des supporters aux anges. Avant que Lloris ne soulève cette Coupe du monde dans une allégresse maximale pour cette bande de gamins décomplexés dont la moyenne d’âge (26 ans) laisse entrevoir un avenir radieux. Le futur en dira plus sur une éventuelle dynastie, mais le présent est là pour apporter sa vérité. Implacable. Douce. L’équipe de France est championne du monde. A tout jamais.
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