Charles Bukowski
Extrait de Un carnet taché de vin
Un poète de ma connaissance, pas une flèche, m’a rendu visite l’autre soir. Il a fréquenté les bonnes universités, il paraît intelligent, surtout parce qu’il a confié aux femmes le soin de l’entretenir, ce qui me laisse à penser qu’il y a au moins un domaine où il n’est pas sans talent.Il a été élevé dans le coton, ça saute aux yeux, il porte le masque de l’écrivain, et il ne sort pas de chez lui sans son carnet de notes noir dont, pour un oui ou pour un non, il vous lit des extraits. « Bukowski, m’a-t-il lâché l’autre soir, je pourrais écrire comme toi, alors que tu ne pourras jamais copier mon style. » Comme il a besoin de se sentir à l’occasion le plus fort, je me suis tu ; n’empêche, me suis-je dit, que ce mec-là croit pouvoir, si ça lui chante, s’approprier ton style. Le génie consiste à dire une chose profonde comme si elle coulait de source, ou d’aller à la simplicité sans effets de manche. Oh, soit dit en passant, si vous souhaitez identifier un scribouillard, sachez qu’il est toujours celui qui organise ou, mieux, qui s’arrange pour qu’on organise à sa place, une soirée en l’honneur de la sortie de son nouveau livre.
La corrida a inspiré à Hemingway une façon de faire, une manière d’être, la volonté de se mesurer à la phrase claire se solderait-elle par une défaite, bref, tout ce que l’on appelle la voie. J’assiste à des combats de boxe, à des courses de chevaux, pour les mêmes raisons. Et j’en ressens l’effet au niveau des poignets, des épaules, des tempes. C’est par l’observation que nous créons notre style, que nous nous rapprochons de ce qui sonnera juste, à la conditionqu’ensuite nous injections toute notre énergie dans la fleur qui s’ouvre à la vie, dans le chien qui trottine dans la rue, dans les culottes sales en déshérence sous le lit… Le seul son qui compte est le son de la machine à écrire, devant laquelle vous et moi sommes assis, c’est de là que s’envole la plus belle musique du monde lorsque nous trouvons enfin notre voie, notre vraie voix, c’est-à-dire notre style, notre souffle, et aucune femme au monde, serait-elle Vénus réincarnée, ne nous paraîtra plus importante – rien, ni un tableau ni une sculpture, ne saurait se comparer à nos phrases ; l’écriture est l’art absolu, la suprême valeur, sinon l’unique, le seul pari qui en vaille la peine mais que très peu d’entre nous gagnerons.
Un trou du cul m’a posé la question suivante :
« Bukowski, à supposer que tu animes un atelier d’écriture, que donnerais-tu à faire à tesélèves ? » Je lui ai répondu : « Je les enverrais tous dans un hippodrome et je les obligerais à se mouiller de 5 dollars sur l’issue de chacune des courses. » Le trou du cul a cru que je blaguais. Erreur ! La race humaine n’est pas manchote quand il s’agit de retourner sa veste, de tricher,de trahir. Aussi les ceusses qui ambitionnent de devenir écrivains doivent se confronter à un monde où leurs dérobades et leurs coups bas ne leur seront d’aucune aide. Un monde qui sera l’envers de ces soirées mondaines où se massent des individus révélant leur abjection au fur et à mesure que refont surface leur jalousie, leur médiocrité, leur fourberie. Si vous voulez savoir qui sont vos vrais amis, organisez une fête ou allez en prison. Vous découvrirez alors que vous n’avez aucun ami.
Si vous pensez que je déraisonne, vous vous foutez le doigt dans l’œil, ou dans le cul, et vous en faites de même avec votre voisin. Une chose en entraîne une autre dans de tels endroits.
Et puisque j’imagine que Small Press Review (je ne peux savoir par avance ce que va contenir ce numéro) mêlera à mon propos l’encens et la calomnie, j’aimerais, tout en faisant un sort à ce pack de bières, dire deux, trois choses sur les petites revues, même si, veuillez m’en excuser, il me semble les avoir déjà dites ailleurs. Les petites revues sont aussi stériles que les écrivainsqu’elles publient. Dans les années 20 et 30, ce type de publications n’excédait pas la dizaine. Et, au lieu de nous tirer des bâillements, n’importe laquelle d’entre elles était pain bénit. Leur existence s’inscrivait dans l’histoire de la littérature telle qu’elle était en train de se faire : je veux dire qu’elles suivaient l’ascension de leurs auteurs, du bas vers le sommet, si bien qu’ellesse métamorphosaient continuellement. Et qu’elles suscitaient de nouveaux livres – romans, récits ou essais. Aujourd’hui la majorité de nos petites revues naissent et meurent dans la médiocrité. Il y a cependant des exceptions. Par exemple, je me souviens avoir découvert Truman Capote dans une revue quasi confidentielle, Decade, et m’être aussitôt dit : « Tiens, en voilà un qui ne manque ni de vivacité ni de caractère, bref en voilà un qui a du style ! » Mais, en règle générale, que ça vous plaise ou non, le contenu des magazines à gros tirage est de très loin supérieur à celui des petites revues – en particulier, dans le domaine de la prose. Car, hélas, de nos jours et en ce pays, le premier tocard venu s’accorde le droit de produire d’innombrables poèmes sans saveur. Et la plupart de ces trouducuteries trouvent refuge chezles « petites bites ». Youpi, et allez, un numéro de plus ! Accordez-nous une subvention, et admirez le résultat !… Alors que je n’ai rien réclamé, ces petites choses d’importance nulles’entassent dans ma boîte aux lettres. Je me sens obligé d’y jeter un œil. Le vide intersidéral. Conclusion : la tragédie de notre époque vient de ce que tout un chacun s’estime fondé à pouvoir écrire des milliers de mots dépourvus de sens. Faites-en vous-même l’expérience l’un de ces quatre. Vous pensez certainement qu’il est impossible d’aligner des mots qui ne riment à rien, eh bien, détrompez-vous, ils y arrivent, et ils le font sans s’interrompre un instant et sans,bien sûr, jamais fatiguer. J’ai participé à la sélection et à la composition des sommaires de trois numéros d’une revue intitulée Laugh Literary and Man the Humping Guns. Les textes que nous avions reçus étaient si mauvais que nous devions, l’autre rédacteur et moi-même, en récrire les neuf dixièmes. Mon collègue retravaillait les premières lignes ou pages et je me chargeais de lasuite.
Parfois, nous inversions les rôles. Lorsque la journée s’achevait, on s’associait pour leur trouverdes titres :
« Voyons, comment va-t-on appeler cette merde ? »
Avec la généralisation de l’usage des ronéos, le pays tout entier s’est peuplé d’éditeurs, tous persuadés d’être des découvreurs sans que ça leur coûte en outre des mille et des cents mais n’accouchant à la finale que de chefs-d’œuvre mort-nés. À l’exception d’Ole – mais je suis prêt à ajouter un ou deux autres titres dès l’instant où vous m’en apporterez la preuve.
Si l’on met de côté les ronéotés, il y a tout de même eu, parmi leurs concurrents bien imprimés,The Worm‑wood Review (déjà 50 numéros) qui mérite que je l’applaudisse des deux mains pour avoir incontestablement su capter ce que notre époque aura produit de mieux
en la matière. Avec calme, sans gémissements ni cris, sans plaintes ni temps morts, et sans jamais publier la moindre lettre de lecteur se glorifiant d’exploits aussi ridicules que de s’être fait arrêter en état d’ivresse sur un vélo dans le quartier de Pacific Palisades ou d’avoir séquestré dans une chambre d’hôtel de Portland le représentant de la Fédération nationale deséditeurs d’art (toutes les autres revues le font), Marvin Malone a réussi, année après année, à rassembler dans ses pages nos talents les plus authentiques. Il a laissé ses numéros parler pour eux-mêmes et s’est obligé à rester dans l’ombre. Ce n’est pas lui qui taperait à votre porte au beau milieu de la nuit et qui hurlerait en brandissant un magnum de mauvais porto : « Hey !c’est Marvin Malone, je viens de publier ton poème “Merde de chat dans un nid de merles” dans le dernier numéro de ma revue. Je suis sûr que je vais faire un malheur avec ça. Autre chose, tu ne connaîtrais pas dans le coin une nénette que je pourrais niquer ? »
Un ultime refuge pour les branlotins frustrés et aigris, voilà à quoi servent ces revuettes dont les rédac chefs valent encore moins que les auteurs. Mais si vous êtes un écrivain qui se soucie de son art, et qui est allergique au clinquant dominant, sachez qu’il existe un peu partout de modestes enclaves de créativité où la ligne éditoriale ne tourne pas autour de l’ego du patronet de ses comparses. Comme je vous l’ai dit, je n’ai pas encore lu la revue à laquelle je destine ce que je suis en train d’écrire, mais je vous suggère d’aller vous plonger, après Wormwood, dansThe New York Quarterly, Event, Second Æon, Joe DiMaggio, Second Coming, The Little Magazine et Hearse, des titres qui ne transigent pas avec la dignité.
« Dis, t’es supposé être un écrivain, ne cesse-t-elle de me répéter, eh bien, si tu mettais autant d’énergie dans l’écriture que tu en déploies à parier sur tes canassons, tu serais un grand écrivain. »
Le poète Wallace Stevens avait coutume de dire :
« Le succès lié à la production industrielle est un idéal de péquenot. » Si ce n’est pas texto cequ’il a dit, ça s’en rapproche en tout cas. En clair, l’inspiration ne se commande pas, elle survient à son heure. On ne peut rien faire pour la hâter. La littérature ne pourra jamaisobtenir de la vie plus qu’elle nous offre sur le moment. Vouloir tenter de lui en arracherdavantage ne fera qu’épouvanter votre âme, et paralyser votre inventivité. Quand le démon de l’écriture s’emparait de lui, Hemingway se levait de bonne heure et n’arrêtait qu’aux douzecoups de midi. Bien que je ne l’aie pas connu, j’ai quand même l’impression qu’il était pressé dese débarrasser de son taf pour aller se noircir tranquillement.
Il n’est pas rare, hélas, que les quelques jeunes auteurs prometteurs publiés par des revues en restent à leurs débuts. Pourtant, quand je les découvre, je me dis :
Enfin un qui tient le bon bout, fasse le ciel qu’il aille en s’améliorant. Vain espoir ! Le nouveauvenu ne se renouvelle pas, c’est toujours le même refrain. Toujours du déjà lu ! Il n’empêche qu’il continue de plaire, et qu’on le voit partout. C’est l’auteur à la mode. Il dort et se douchesans se séparer de sa putain de machine à écrire sur laquelle il ne s’arrête pas de taper. DuMaine au Nouveau-Mexique, son nom figure aux sommaires de toutes les revues ronéotypées et, bien que sa production ne ressemble plus à rien, on se l’arrache toujours.
La preuve, c’est qu’une maison d’édition publie le livre qu’il avait sous le coude et qu’aussitôt les universités se le disputent. Des lectures sont organisées, tout y passe, les 6 ou 7 premierspoèmes, les bons, et derrière les très mauvais, les plus récents. Une autre petite revue lequalifie de « grand nom » de la nouvelle littérature. L’ennui est que, pour n’avoir eu de cesseque d’élargir son cercle de protecteurs, il n’écrit plus quoi que ce soit. Il a choisi la gloireimmédiate contre le travail de longue haleine. D’ordinaire, les écrivains succombent à un telmiroir aux alouettes dans leurs 20 ans quand l’expérience leur fait défaut et que, de ce fait, lamoelle du vécu ne suffit pas encore à nourrir l’œuvre. Si l’on ne peut pas écrire sans vivre,écrire tout le temps n’est pas une vie. De même on ne devient pas écrivain en s’enivrant et ense bagarrant à tout bout de champ. Pour m’estimer expert en ces deux domaines, je sais pertinemment que la bouteille et la baston ne sont d’aucun effet sur le talent, et que c’est làl’expression purement cinématographique d’un romantisme pernicieux. Bien sûr, il y a unmoment où il faut se battre et un moment où il convient de boire, mais ces moments ne sontpas créatifs, et quoi que vous fassiez, vous n’y changerez rien.
Écrire peut même se confondre avec un labeur dès le jour où vous décidez de gagner, grâce à votre talent, de quoi payer votre loyer et la pension alimentaire de votre petite fille. Mais, pour dur qu’il soit, c’est le meilleur des labeurs, le seul qui compte, le seul qui stimule votre rage de vivre, et c’est cette rage qui entre tiendra en retour votre créativité. Comme par magie, l’une nourrit l’autre. À 50 ans, j’ai lâché un boulot des plus tannant (ils m’avaient pourtant faitmiroiter en m’engageant que je n’aurais plus jamais à me soucier des fins de mois, ah ah !) pourme retrouver assis devant une machine à écrire. Je n’en ai depuis éprouvé aucun regret. Il y a eu des journées où les flammes de l’enfer semblaient vouloir me dévorer, et d’autres où jesentais la raison m’abandonner ; il y a eu des heures, des jours, des semaines où aucun mot ne me venait, où je n’étais entouré que par le silence… Et puis, soudain, elle débarque, et voici que, scotché à ma chaise, la clope au bec, mes doigts se mettent à courir sur le clavier tant et sibien que la machine n’arrête plus de tourner et rugir. Horaires libres, je peux me lever à midi et bosser jusqu’à 3 heures du matin. Mon seul problème, c’est le quidam qui radine à l’improviste. Et qui ne comprend pas ce que je fabrique entre ces quatre murs. Il s’assied sur un fauteuil et me regarde, il n’est là que pour capter mon énergie et me refiler du vent en échange. Il arrive qu’ils soient plusieurs, et qu’ils s’accrochent. Dans ces moments-là, à moins d’accepter de se laisser submerger par cette équipe de bons à rien, il me faut être cruel – eux aussi, cela dit, le sont en ne respectant pas mon travail. Je les fous donc à la porte à coups de pied dans le cul. Mais, parmi ces visiteurs imprévus, il en est, je le reconnais, qui me donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui m’offrent sans compter leur force et leurs lumières, sinon tous les autres se contentent de faire rejaillir sur moi leur propre inutilité. Je ne vois pas ce qu’il yaurait d’humain à tolérer à ses côtés la présence de morts, au contraire je contribue par ma seule présence à l’accélération de leur décomposition, et d’ailleurs, lorsqu’ils me quittent pour regagner leurs cercueils, ils laissent toujours sur le plancher quelques lambeaux de leurs chairs méphitiques.
Et enfin, ça va de soi, il y a les enjuponnées. Une femme préférera toujours coucher avec un poète plutôt qu’avec n’importe qui d’autre, serait-ce un berger allemand, bien que j’en aieconnu au moins une qui n’avait à la bouche que sa nuit passée en compagnie d’un certain président Kennedy. Je n’ai jamais pu le vérifier. Et donc, si vous avez l’étoffe d’un grand poète, je vous invite à apprendre aussi à être un baiseur de haut vol – ce qui en soi est un acteéminemment créatif. Donc, entraînez-vous à faire l’amour le mieux possible, car les occasionsseront légion lorsque votre talent sera reconnu. Ne vous y trompez pas, vous ne serez tout demême pas une rock star, mais soyez certain que ça vous tombera dessus plus vite que vous n’aurez pu l’imaginer. De grâce, faites en sorte de ne pas gâcher un tel moment comme, précisément, ces rock stars qui liment façon robots, et encore faut-il qu’ils aient réussi à bander. Montrez aux femmes que vous vous posez là comme amant, l’idée étant qu’une fois repues, elles se ruent dans une librairie acheter vos livres.
Bon, je vous ai donné de quoi, pour un bout de temps, faire fonctionner vos neurones. À présent, faut que je vous avoue la vérité vraie : j’ai gagné 180 dollars avant-hier à l’occasion de l’ouverture, j’en ai perdu 80 hier, et je compte bien aujourd’hui décrocher la timbale. Il est 11 heures moins 10. Premier départ à 14 heures. Je dois me concentrer et revenir à mes fondamentaux hippiques. Tiens, hier, j’ai vu un mec se trimballer avec un stimulateurcardiaque attaché à sa chaise roulante. Il pariait à tout-va. Si on l’enfermait dans une maison de retraite, pas sûr qu’il serait encore vivant le lendemain matin. Il y en avait un autre, un aveugle. La chance leur souriant, dit-on, sa journée a dû être meilleure que la mienne. Ça me fait penser que je dois appeler Quagliano pour lui annoncer que j’ai terminé mon article. En voilà un, tiens, qui est un vrai fils de pute ! Et étrange avec ça ! Je ne sais pas comment il boucle ses fins de mois, et d’ailleurs il n’a jamais voulu m’en parler. À la boxe, j’aime bien l’observer. Il est assis sur les gradins, une bière à la main, l’air complètement détendu. Je me demande bience qu’il a dans la tronche. Il m’inquiète…
Dans sa dernière méditation sur l’écriture, « Les Bases », 1991, Bukowski apure les comptes et tire la leçon : « Plus mes phrases se rapprocheraient de la concision et du naturel, moins j’aurais de chances de me tromper et de tricher... Les mots étaient des balles, des rayons de soleil, ils n’avaient d’autre but que de contrarier le destin et mettre un terme à la damnation. »
Charles Bukowski, « Hank » pour ses amis, est né en 1920. Il est mort à San Diego le 9 mars 1994. Tour à tour postier, magasinier, employé de bureau, Bukowski, découvert tardivement, est aujourd’hui un écrivain culte dans le monde entier. L’ensemble de son œuvre est réunie en trois volumes de la collection Bibliothèque Grasset (Contes et nouvelles, 2003 ; Romans, 2005 ;Mémoires et poèmes, 2007), à l’exception de Le retour du vieux dégueulasse (Grasset, 2014).
Charles Bukowski. Un carnet taché de vin, traduit de l'américain par Alexandre et Gérard Guégan, Grasset, mars 2015, 464 pages, 22 €
Pages choisies par Annick Geille
Annick Geille est écrivain et journaliste. Après avoir été la plus jeune rédactrice en chef de France à la tête du magazine Playboy, où elle publia des inédits de tous les auteurs qu'elle aimait, Annick Geille fonda le mensuel Femme avec Robert Doisneau. Elle dirige la "Sélection" du Salon littéraire. Elle a écrit une dizaine de romans, dontUn amour de Sagan (Fayard), traduit jusqu'en Chine, et Pour Lui (Fayard), qui vient d'être publié au Livre de Poche. Elle a obtenu le prix du premier roman pourPortrait d'un amour coupable et le prix Alfred-Née de l'Académie française 1984 pour Une femme amoureuse, traduit avec succès dans de nombreux pays. Elle siège au Prix Freustié - fondé, entre autres, par Bernard Frank - et au Prix du Premier Roman. Fine lectrice, elle sélectionne les meilleurs livres de la période, et analyse les succès.
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