Catherine Millet |
Sur France Inter et TMC, Catherine Millet exprime sa compassion pour les «frotteurs»
Par Sarah Lecoeuvre
Mis à jour le 12/01/2018 à 15:25
Publié le 12/01/2018 à 12:58
«Le type qui fume un gros cigare à côté de moi peut m’importuner autant que celui qui met sa main sur mon genou», a déclaré l’écrivain ce vendredi matin au micro d’Ali Baddou dont elle était l’invitée. Des propos qui déclenchent l’indignation.
Les signataires de la tribune du Monde n’en finissent plus de choquer. Après Brigitte Lahaie et ses propos sur «la jouissance du vol», au tour de Catherine Millet de déraper sur la question. Invitée sur France Inter ce vendredi matin, l’auteur de La Vie sexuelle de Catherine M. a fait une drôle de comparaison.
«Il y a beaucoup d’exagérations de la part de nos adversaires. (...) Nous avons voulu nous faire l’écho de ce que nous entendions autour de nous», commence-t-elle par expliquer à Ali Baddou dans la matinale de Nicolas Demorand pour défendre «la liberté d’importuner», au cœur de la tribune du Monde publiée mardi.
«Les synonymes d’’importuner’ sont ‘gêner’, ‘casser les pieds.’.. Ce n’est pas très grave. Ce n’est vraiment pas de l’ordre du crime!», estime-t-elle avant de faire une comparaison étonnante. «Le type qui fume un gros cigare à côté de moi peut m’importuner autant que celui qui met sa main sur mon genou». Et lorsque le journaliste lui demande si elle met bien ces deux situations sur un même plan, Catherine Millet confirme: «Ce n’est pas plus grave».
Sur le consentement aussi, le discours de l’écrivain surprend. «Ce qui m’a fait réagir sur cette histoire de consentement c’est ce projet de loi qui a été adopté en Suède et qui voudrait si, en effet la loi passe, qu’avant tout rapport sexuel il y ait un consentement explicite des deux parties. Non mais vous voyez, on va maintenant signer un contrat devant un notaire avant d’aller baiser?! On arrive à un délire», a dénoncé Catherine Millet avant qu’Ali Badou lui indique qu’il n’était pas question de ce projet en France. «Et si je peux me permettre, je voudrais rappeler que dans les relations sexuelles ou amoureuses, il y a parfois une zone de flou où on hésite d’un côté comme de l’autre».
Sur Twitter, Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, a tenu à rectifier ces propos. «Le consentement sexuel n’est pas inscrit dans le droit français. Dire qu’il faut ou qu’il faudra une signature avant un rapport sexuel est faux. Ce n’est pas non plus dans notre projet de loi».
Déjà la veille dans Quotidien (voir la vidéo en tête de l’article), Catherine Millet critiquait la loi du 15 juin 2000 contre les frotteurs du métro. «Pour moi, ce n’est pas du harcèlement. Je sais que c’est un délit aujourd’hui et pour vous dire les choses, moi j’étais contre cette loi. Tout le temps où j’avais le même âge que vous et que ça m’arrivait, et bien il suffisait que je me retourne. (...) Je lui faisais honte devant tout le monde et puis ça passait. Je sortais du métro et j’avais oublié cette affaire», racontait-elle jeudi soir devant un Yann Barthès surpris par cette remarque. «J’ai une certaine compassion pour les frotteurs. Quelqu’un qui en est réduit à ça pour trouver une satisfaction sexuelle doit être dans une certaine misère sexuelle», achevait-elle.
Pendant l’émission de TMC, Marlène Schiappa, décidément très attentive aux sorties de Catherine Millet, avait répliqué sur Twitter, citant la peine encourrue par les frotteurs dans le métro: «de la prison» (cinq ans plus précisément, Ndlr.) et une amende de «75.000 euros». Et de rappeler que ces actes relèvent d’une «agression sexuelle» et non de «harcèlement sexuel». «Le corps des femmes n’est pas un bien public ou un réceptacle à misère sexuelle», conclut-elle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire