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Louise Bourgeois |
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Louise Bourgeois |
Anne de Coninck
« L’enfance est un couteau planté dans la gorge » (Incendies, Wajdi Mouawad, 2003)
L’oeuvre de Louise Bourgeois en est la parfaite illustration.
Née à Paris en 1911, Louise passe son enfance à Choisy-le-Roi.
En 1914, la guerre éclate. Son père quitte le cocon familial pour rejoindre l’armée française. La petite Louise se sent abandonnée.
A son retour, son père, bien décidé à profiter de la vie, brille par ses absences et ses infidélités.
Très jeune, entre 1921 et 1927, Louise aide sa mère à la restauration de tapisseries anciennes dans l’atelier familial. Elle se souvient de sa mère faisant disparaître les parties génitales des anges et les remplaçant par des fleurs ou des grappes de raisin.
Autre fait marquant : en 1922, son père engage une gouvernante anglaise avec laquelle il a une liaison. Celle-ci va durer dix ans. L’atmosphère à la maison est tendue. La tension sexuelle, palpable.
Sa mère, souffrant d’emphysème, ferme les yeux sur l’adultère de son mari.
Ce dernier, moqueur, aime humilier Louise, surtout en public. Elle le dira « despotique et pervers ».
Elle n’a que vingt et un ans lorsque sa mère décède.
« Les hommes sont fous, les femmes sont tristes. »
Tout est là, dans ses vingt premières années de vie. Tout ce qui suit ne sera que perpétuelle revisitation du passé afin d’en exorciser les douleurs et les traumatismes.
Mais avant l’art, il y a les mathématiques. En 1933, la jeune femme entre à la Sorbonne pour étudier le calcul et la géométrie. Elle y voit l’opportunité de mettre de l’ordre dans sa vie. « Pour exprimer les tensions familiales insupportables, il fallait que mon anxiété s’exerce sur des formes que je pouvais changer, détruire et reconstruire. »
Rebutée par l’algèbre, Louise Bourgeois abandonne et entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Elle fréquente différents ateliers et académies.
1938 marque un tournant dans la vie de Louise Bourgeois : elle rencontre l’historien d’art américain Robert Goldwater qu’elle épouse la même année. Ils quittent la France pour les Etats-unis et s’installent à New-York.
Entre 1939 et 1941, ils auront trois fils dont un adoptif.
Dans les années 40, Louise Bourgeois réalise ses premières Femme-Maison, des personnages féminins dont une partie du corps (la tête le plus souvent) est enfermée dans une maison. La symbolique est forte : le rôle de la femme au foyer, son identité, sa place vis-à-vis de l’homme, l’enfermement domestique, le huit-clos familial, la promiscuité, … J’y vois aussi le spectre du passé qui ne lui laisse aucun répit. L’impossibilité de se défaire des souvenirs. L’emblème d’une souffrance omniprésente. La maison vide deviendra d’ailleurs une obsession : « Dans les maisons vides, personne ne se dispute. »
Vers 1949, Louise Bourgeois se tourne vers la sculpture. Malgré son mari et ses trois enfants, elle se sent seule et souffre du mal du pays. Elle recrée des présences en sculptant des sortes de totems, des « personnages », des figures existentielles solitaires qui lui tiennent compagnie. Elle découvre dans la sculpture « un moyen de combler sa solitude et d’évacuer ses angoisses ».
En 1951, son père décède. Déstabilisée, Louise Bourgeois tombe dans une profonde dépression et entame une psychanalyse qui durera plus de trente ans.
Elle recommence à créer dans les années 60, travaillant différents supports (le plâtre, le latex, le marbre, le bronze, le tissu, …) et créant des formes plus organiques : « Ma sculpture est mon corps, mon corps est ma sculpture ». C’est à cette période qu’apparaissent ses oeuvres plus connotées sexuellement comme « Fillette », immortalisée par Robert Mapplethorpe en 1968.
En 1980, quelques années après le décès de son mari, elle installe son atelier dans un loft à Brooklyn et s’entoure d’assistants. Ce qui lui permet de réaliser des oeuvres monumentales et des installations.
Ce qui est fou, c’est que Louise Bourgeois ne fut reconnue que tardivement. Elle a passé 70 ans lorsque le Museum of Modern Art de New York lui consacre en 1982 sa première rétrospective, la première consacrée à une femme. Elle devient alors une figure incontournable de la scène artistique internationale. Suivra la Documenta de Kassel en 1992 et la Biennale de Venise en 1993. Elle sera présentée pour la première fois en France en 1995.
Une reconnaissance tardive qui eut comme avantage de lui permettre de créer librement, sans jamais se soucier des modes ou des diktats du marché de l’art. D’ailleurs, même si elle en a côtoyé plusieurs (dont les surréalistes), Louise Bourgeois n’a jamais voulu être associée à aucun mouvement artistique. Son oeuvre est inclassable.
L’oeuvre la plus célèbre de Louise Bourgeois est sans aucun doute « Maman », une araignée géante réalisée en 1999. L’artiste a alors 88 ans ! Cette oeuvre est un hommage à sa mère, Joséphine. Le corps rappelle une bobine de fils. Les pattes, des aiguilles. Sous l’abdomen, un espace grillagé contient des oeufs en marbre blanc. Les pattes tordues donnent une impression de déséquilibre et de fragilité à l’ensemble provoquant une tension entre force et faiblesse. « L’araignée est une ode à ma mère. Elle était ma meilleure amie. Elle était réfléchie, intelligente, patiente, apaisante, raisonnable, délicate, raffinée, indispensable, ordonnée et utile. Comme une araignée. »
« Il n’est jamais trop tard pour vivre une enfance heureuse » écrivait l’artiste d’art brut François Burland.
Louise Bourgeois, décédée à l’âge de 98 ans, a-t-elle finalement trouvé la paix ? Celle qu’on surnomme « la lionne de l’art contemporain » est-elle parvenue à apaiser sa colère, à régler ses comptes avec le passé, à se libérer ? « Toute mon oeuvre est un autoportrait inconscient, il me permet d’exorciser mes démons. » La « dragonne » est-elle parvenue à recréer le passé : « Certaines personnes sont tellement obsédées par le passé qu’elle en meurent. Si votre volonté est de refuser d’abandonner le passé, vous devez le recréer. Vous devez faire de la sculpture. »
« Mes émotions sont mes démons »
« L’art est une garantie de santé mentale »
« L’enfer est à l’intérieur de nous »
« Je suis mon oeuvre »
Quatre citations de Louise Bourgeois qui, non seulement me parlent, mais résument – à elles seules – une oeuvre existentialiste, complexe, unique et ambiguë.
A voir : Louise Bourgeois, un film de Camille Guichard (arte video), entretiens, 1993
A écouter : Louise Bourgeois. Une vie, une oeuvre. (France Culture), 2015
Source image : http://www.artwiki.fr/wakka.php?wiki=LouiseBourgeois
mapetitehistoiredelart
Bourgeois n'est pas juste une artiste, c'est un phénomène ! Sa sculpture monumentale "Maman", une araignée de 9 mètres de haut, est devenue une icône de l'art moderne, trônant fièrement devant le musée Guggenheim à Bilbao et faisant trembler les arachnophobes du monde entier. Mais ne vous y trompez pas, derrière ces créations titanesques se cache une artiste qui a révolutionné la façon dont nous percevons l'art et ses liens avec notre psyché.
Selon le critique d'art Robert Storr, "Bourgeois a redéfini la sculpture contemporaine, fusionnant l'intime et le monumental d'une manière jamais vue auparavant." [Source : Storr, R. (2003). "Louise Bourgeois", Phaidon Press]
Née en 1911 à Paris (oui, la même année que le naufrage du Titanic, coïncidence ?), Louise grandit dans une famille de restaurateurs de tapisseries. Qui aurait cru que cette petite fille, entourée de fils et d'aiguilles, deviendrait un jour la terreur des galeries d'art avec ses sculptures monumentales ?
Après avoir flirté avec les mathématiques à la Sorbonne (parce que oui, même les artistes savent compter), elle plonge dans le monde de l'art en fréquentant les ateliers parisiens des années 1930. C'est comme si elle avait décidé de troquer sa calculatrice contre un burin, et ça lui a plutôt bien réussi !
En 1938, elle épouse l'historien d'art américain Robert Goldwater et s'installe à New York. C'est le début d'une aventure artistique qui va durer plus de 70 ans. Imaginez un peu : elle a débuté sa carrière à une époque où Picasso était encore vivant et l'a terminée à l'ère des selfies. Ça, c'est de la longévité !
Louise Bourgeois n'y va pas par quatre chemins : son art, c'est sa thérapie. Elle plonge dans ses souvenirs d'enfance, ses traumas, ses peurs, et en ressort avec des œuvres qui vous donnent envie de pleurer, de rire ou de courir vous cacher sous votre couette.
Son père infidèle ? Elle le transforme en sphinx géant qu'on décapite dans une cave. Sa mère ? Elle devient une araignée protectrice (et légèrement flippante, avouons-le). C'est comme si Freud et Picasso avaient collaboré sur un projet artistique, mais en beaucoup plus profond et personnel.
Selon la psychanalyste et historienne de l'art, Mignon Nixon, "Bourgeois a créé un nouveau langage visuel pour exprimer les complexités de la psyché humaine." [Source : Nixon, M. (2005). "Fantastic Reality: Louise Bourgeois and a Story of Modern Art", MIT Press]
Imaginez des femmes avec des maisons à la place de la tête. C'est à la fois hilarant et profondément troublant. Ces sculptures et dessins explorent la relation complexe entre la femme et l'espace domestique. C'est un peu comme si Bourgeois avait prédit l'addiction aux émissions de décoration intérieure, mais en beaucoup plus sombre et significatif.
Un phallus géant en latex suspendu à un crochet. Oui, vous avez bien lu. Louise Bourgeois ne fait pas dans la dentelle. Elle joue avec les genres, les symboles, et probablement avec nos nerfs aussi. Cette œuvre provocante explore les notions de vulnérabilité et de pouvoir, tout en remettant en question nos perceptions du genre.
Une araignée de 9 mètres de haut en bronze. Si ça, ça ne vous file pas des cauchemars... Mais pour Louise, c'est un hommage à sa mère, protectrice et travailleuse. Cette sculpture monumentale est devenue l'une des œuvres les plus reconnaissables de l'art contemporain, symbolisant à la fois la force et la fragilité.
Jerry Gorovoy, assistant de longue date de Bourgeois, raconte : "Quand 'Maman' a été installée pour la première fois à la Tate Modern, les gens étaient à la fois terrifiés et fascinés. C'est exactement l'effet que Louise recherchait." [Source : Interview avec Jerry Gorovoy, Tate Modern, 2007]
Louise Bourgeois a influencé des générations d'artistes, ouvrant la voie à un art personnel, viscéral, qui n'a pas peur d'être laid ou dérangeant. Elle est un peu la grand-mère cool de l'art contemporain, celle qui vous encourage à exprimer vos névroses plutôt que de les cacher sous le tapis.
Son impact sur l'art féministe est indéniable. L'artiste Tracey Emin déclare : "Louise Bourgeois m'a montré qu'il était possible d'être une femme artiste et de créer un art puissant et personnel sans compromis." [Source : Emin, T. (2010). "Louise Bourgeois: A Woman Without Secrets", The Guardian]
Aujourd'hui, ses œuvres s'arrachent à prix d'or dans les ventes aux enchères. En 2015, une de ses sculptures d'araignée s'est vendue pour 28,2 millions de dollars chez Christie's. Pas mal pour quelqu'un qui sculptait ses angoisses, non ? C'est comme si vos journaux intimes d'adolescent valaient soudain des millions (spoiler alert : ce n'est probablement pas le cas, désolée).
Louise Bourgeois nous a quittés en 2010, à l'âge vénérable de 98 ans, laissant derrière elle un héritage artistique aussi imposant que ses araignées. Elle nous a montré que l'art peut être une catharsis, un exutoire, une façon de transformer nos démons intérieurs en œuvres fascinantes (et parfois franchement bizarres).
Son travail continue d'inspirer et de provoquer, nous rappelant que l'art n'est pas seulement ce que nous voyons, mais aussi ce que nous ressentons. Comme l'a si bien dit la conservatrice Frances Morris : "Bourgeois a changé notre façon de voir l'art. Elle a montré que l'expérience personnelle pouvait être universelle." [Source : Morris, F. (2007). "Louise Bourgeois", Tate Publishing]
Alors la prochaine fois que vous vous sentirez un peu angoissé, au lieu d'appeler votre psy, pourquoi ne pas prendre un bloc de marbre et un burin ? Qui sait, vous créerez peut-être le prochain chef-d'œuvre de l'art contemporain. Ou au moins, vous aurez de quoi décorer votre salon de manière... originale.
Pour en savoir plus sur cette artiste extraordinaire, je vous recommande chaudement une visite au Centre Pompidou à Paris ou au MoMA à New York. Et si vous croisez une araignée géante en métal, ne paniquez pas : c'est probablement juste une "maman" signée Bourgeois qui veille sur vous !
Enfin, si vous voulez vraiment impressionner vos amis lors de votre prochain dîner, lancez nonchalamment : "Vous savez, Bourgeois a réinventé la sculpture contemporaine en fusionnant l'intime et le monumental." Ça, c'est du name-dropping artistique de haut vol !
Envie d'impressionner votre crush arty ou juste de devenir incollable sur notre araignée préférée de l'art contemporain ? Voici quelques pépites à dévorer :
Avec tout ça, vous êtes parés pour briller en société ou pour votre prochain quiz artistique. N'oubliez pas : dans l'art comme dans la vie, plus c'est grand, plus c'est fun (surtout quand il s'agit d'araignées en métal) !
Mesdames et messieurs, attachez vos ceintures ! Nous plongeons dans l'univers fascinant de Louise Bourgeois, la reine incontestée des araignées géantes et la magicienne de l'art contemporain. Cette artiste franco-américaine a secoué le monde de l'art comme un cocktail Molotov servi dans une galerie chic, laissant une empreinte indélébile sur le paysage artistique du 20e siècle.
Bourgeois n'est pas juste une artiste, c'est un phénomène ! Sa sculpture monumentale "Maman", une araignée de 9 mètres de haut, est devenue une icône de l'art moderne, trônant fièrement devant le musée Guggenheim à Bilbao et faisant trembler les arachnophobes du monde entier. Mais ne vous y trompez pas, derrière ces créations titanesques se cache une artiste qui a révolutionné la façon dont nous percevons l'art et ses liens avec notre psyché.
Selon le critique d'art Robert Storr, "Bourgeois a redéfini la sculpture contemporaine, fusionnant l'intime et le monumental d'une manière jamais vue auparavant." [Source : Storr, R. (2003). "Louise Bourgeois", Phaidon Press]
Née en 1911 à Paris (oui, la même année que le naufrage du Titanic, coïncidence ?), Louise grandit dans une famille de restaurateurs de tapisseries. Qui aurait cru que cette petite fille, entourée de fils et d'aiguilles, deviendrait un jour la terreur des galeries d'art avec ses sculptures monumentales ?
Après avoir flirté avec les mathématiques à la Sorbonne (parce que oui, même les artistes savent compter), elle plonge dans le monde de l'art en fréquentant les ateliers parisiens des années 1930. C'est comme si elle avait décidé de troquer sa calculatrice contre un burin, et ça lui a plutôt bien réussi !
En 1938, elle épouse l'historien d'art américain Robert Goldwater et s'installe à New York. C'est le début d'une aventure artistique qui va durer plus de 70 ans. Imaginez un peu : elle a débuté sa carrière à une époque où Picasso était encore vivant et l'a terminée à l'ère des selfies. Ça, c'est de la longévité !
Louise Bourgeois n'y va pas par quatre chemins : son art, c'est sa thérapie. Elle plonge dans ses souvenirs d'enfance, ses traumas, ses peurs, et en ressort avec des œuvres qui vous donnent envie de pleurer, de rire ou de courir vous cacher sous votre couette.
Son père infidèle ? Elle le transforme en sphinx géant qu'on décapite dans une cave. Sa mère ? Elle devient une araignée protectrice (et légèrement flippante, avouons-le). C'est comme si Freud et Picasso avaient collaboré sur un projet artistique, mais en beaucoup plus profond et personnel.
Selon la psychanalyste et historienne de l'art, Mignon Nixon, "Bourgeois a créé un nouveau langage visuel pour exprimer les complexités de la psyché humaine." [Source : Nixon, M. (2005). "Fantastic Reality: Louise Bourgeois and a Story of Modern Art", MIT Press]
Imaginez des femmes avec des maisons à la place de la tête. C'est à la fois hilarant et profondément troublant. Ces sculptures et dessins explorent la relation complexe entre la femme et l'espace domestique. C'est un peu comme si Bourgeois avait prédit l'addiction aux émissions de décoration intérieure, mais en beaucoup plus sombre et significatif.
Un phallus géant en latex suspendu à un crochet. Oui, vous avez bien lu. Louise Bourgeois ne fait pas dans la dentelle. Elle joue avec les genres, les symboles, et probablement avec nos nerfs aussi. Cette œuvre provocante explore les notions de vulnérabilité et de pouvoir, tout en remettant en question nos perceptions du genre.
Une araignée de 9 mètres de haut en bronze. Si ça, ça ne vous file pas des cauchemars... Mais pour Louise, c'est un hommage à sa mère, protectrice et travailleuse. Cette sculpture monumentale est devenue l'une des œuvres les plus reconnaissables de l'art contemporain, symbolisant à la fois la force et la fragilité.
Jerry Gorovoy, assistant de longue date de Bourgeois, raconte : "Quand 'Maman' a été installée pour la première fois à la Tate Modern, les gens étaient à la fois terrifiés et fascinés. C'est exactement l'effet que Louise recherchait." [Source : Interview avec Jerry Gorovoy, Tate Modern, 2007]
Louise Bourgeois a influencé des générations d'artistes, ouvrant la voie à un art personnel, viscéral, qui n'a pas peur d'être laid ou dérangeant. Elle est un peu la grand-mère cool de l'art contemporain, celle qui vous encourage à exprimer vos névroses plutôt que de les cacher sous le tapis.
Son impact sur l'art féministe est indéniable. L'artiste Tracey Emin déclare : "Louise Bourgeois m'a montré qu'il était possible d'être une femme artiste et de créer un art puissant et personnel sans compromis." [Source : Emin, T. (2010). "Louise Bourgeois: A Woman Without Secrets", The Guardian]
Aujourd'hui, ses œuvres s'arrachent à prix d'or dans les ventes aux enchères. En 2015, une de ses sculptures d'araignée s'est vendue pour 28,2 millions de dollars chez Christie's. Pas mal pour quelqu'un qui sculptait ses angoisses, non ? C'est comme si vos journaux intimes d'adolescent valaient soudain des millions (spoiler alert : ce n'est probablement pas le cas, désolée).
Louise Bourgeois nous a quittés en 2010, à l'âge vénérable de 98 ans, laissant derrière elle un héritage artistique aussi imposant que ses araignées. Elle nous a montré que l'art peut être une catharsis, un exutoire, une façon de transformer nos démons intérieurs en œuvres fascinantes (et parfois franchement bizarres).
Son travail continue d'inspirer et de provoquer, nous rappelant que l'art n'est pas seulement ce que nous voyons, mais aussi ce que nous ressentons. Comme l'a si bien dit la conservatrice Frances Morris : "Bourgeois a changé notre façon de voir l'art. Elle a montré que l'expérience personnelle pouvait être universelle." [Source : Morris, F. (2007). "Louise Bourgeois", Tate Publishing]
Alors la prochaine fois que vous vous sentirez un peu angoissé, au lieu d'appeler votre psy, pourquoi ne pas prendre un bloc de marbre et un burin ? Qui sait, vous créerez peut-être le prochain chef-d'œuvre de l'art contemporain. Ou au moins, vous aurez de quoi décorer votre salon de manière... originale.
Pour en savoir plus sur cette artiste extraordinaire, je vous recommande chaudement une visite au Centre Pompidou à Paris ou au MoMA à New York. Et si vous croisez une araignée géante en métal, ne paniquez pas : c'est probablement juste une "maman" signée Bourgeois qui veille sur vous !
Enfin, si vous voulez vraiment impressionner vos amis lors de votre prochain dîner, lancez nonchalamment : "Vous savez, Bourgeois a réinventé la sculpture contemporaine en fusionnant l'intime et le monumental." Ça, c'est du name-dropping artistique de haut vol !
Envie d'impressionner votre crush arty ou juste de devenir incollable sur notre araignée préférée de l'art contemporain ? Voici quelques pépites à dévorer :
Avec tout ça, vous êtes parés pour briller en société ou pour votre prochain quiz artistique. N'oubliez pas : dans l'art comme dans la vie, plus c'est grand, plus c'est fun (surtout quand il s'agit d'araignées en métal) !
Nick Hunt, marcheur et écrivain, applique imagination et esprit de système à ses randonnées. Dans son dernier livre, Un palmier en Arctique (dont le titre anglais est Outlandish : Walking Europe’s Unlikely Landscapes), il se rend dans quatre endroits en Europe qui « ne devraient pas se trouver là »: une parcelle d’Arctique en Écosse, un « vestige de forêt vierge » entre Pologne et Biélorussie, un désert en Espagne, et la steppe en Hongrie.
Nick Hunt, Un palmier en Arctique. Voyages imaginaires à travers l’Europe. Trad. de l’anglais (Royaume-Uni) par Alexandra Maillard. Gallimard, 336 p., 24 €
Dans Walking the Woods and the Water (2014, non traduit), il avait suivi les traces du plus célèbre des écrivains voyageurs anglo-saxons, Patrick Leigh Fermor ; avec Où vont les vents sauvages, il s’était lancé à la découverte de quelques vents mythiques européens. Cette fois-ci, avec Un palmier en Arctique, Nick Hunt raconte comment il est parti à la recherche d’anomalies géographiques et les a découvertes près de chez lui, à portée de train et de mollet ; il les a parcourues rêveur, observateur et courbaturé.
Dans le désert de Tabernas (Espagne) © CC3.0/Colin C Wheeler
Elles lui ont offert les émerveillements de la beauté ou de l’étrangeté, elles lui ont fait rencontrer les rares hommes et femmes qui y vivent ou les traversent, elles lui ont donné des sueurs froides (lorsqu’il a été pris dans le blizzard des Cairngorms) ou brûlantes (lorsqu’il crapahutait en plein désert de Tabernas)… Dans la forêt de Bialowieza, il a guetté les loups, vu les derniers bisons européens (sous forme de carcasses dévorées par des prédateurs). Par moments, c’est la météorologie ou la géologie qui lui ont permis de mieux sentir et voir ; à d’autres, les mythologies locales ou des informations sur les événements des siècles passés.
Un pas après l’autre, de nuits à la belle étoile en nuits dans des bothies perdus, Hunt médite, savant et sensible, et rend tout passionnant ; une grotte paléolithique, les troupeaux de rennes en liberté à Glen More, les dieux slaves de la forêt, les éco-activistes, des archers à cheval, les éboulis rocheux…
Il se montre un merveilleux guide de ces extraordinaires confettis sauvages que l’Europe cache dans ses replis et dont nous n’avions aucune idée. Mais la belle et agréable surprise qu’il nous procure en nous les présentant s’accompagne d’une douloureuse contrepartie, l’angoisse qu’il crée en suggérant, sans pathos, tout ce que nous allons perdre. Il n’est pas le premier écrivain de la nature et du voyage à nous le rappeler mais il est l’un des meilleurs parce qu’il choisit des exemples frappants, parce qu’il a la voix qu’il faut pour dire ce qui, sur la planète, a déjà été irrémédiablement saccagé, et pour laisser entendre ce qui va l’être encore, c’est-à-dire presque tout de ce qu’il y a de « wild and free » (et donc de « plus beau » pour Hunt comme pour Thoreau, un auteur qu’il ne cite pas mais qui bien sûr l’inspire). Adieu aux animaux, glaciers, forêts, steppes herbeuses…
Alors, comment faire face à la détresse écologique qui nous étreint ? L’appeler « solastalgie », comme Hunt signale qu’on l’a récemment baptisée, par goût désolant de l’étiquetage ? Ou se trouver des rituels de deuils ? L’auteur nous apprend, en effet, que, faute de pouvoir arrêter l’extinction générale du « sauvage et beau », certains ont décidé de pleurer sa disparition (et sans doute aussi, soyons juste, de manifester sur le plan éco-politique). Ainsi existe-t-il aujourd’hui une cérémonie de deuil pour les glaciers. Un coup d’œil sur le net nous informe que la première s’est déroulée en Islande en 2019 pour l’Okjökull, déclaré « mort » suivant des critères glaciologiques précis. Sa disparition « officielle » donna lieu à une veillée en présence d’une centaine de personnes dont la Première ministre de l’époque et s’accompagna de discours, de lectures de poèmes ainsi que de la pose d’une plaque commémorative. Depuis, de par le monde, bien d’autres offices des ténèbres ont été célébrés…
Les Cairngorms, dans les Highlands (Écosse) © CC3.0/Oliver Arend
EN ATTENDANT NADEAUHunt, à la dernière page du livre, trouve un petit motif de réjouissance. Le Sphinx des Cairngorms, minuscule plaque de glace et unique reliquat gelé permanent de toutes les îles britanniques, serait réapparu, contrairement aux prévisions des observatoires de montagnes écossais qui gardent depuis des décennies l’œil sur sa décroissance. Comme il est content, notre Hunt ! Las, sa remarque date de 2018. Il est plus que probable que le Sphinx (qui ne faisait plus à l’été 2017 que quelques mètres carrés de surface) n’aura pas résisté aux dernières canicules. Reste à savoir si Nicola Sturgeon se rendra à ses obsèques (avec Liz Truss).