samedi 24 mai 2025

La vipère et la femme

 


LA VIPÈRE ET LA FEMME

Il était une fois une vipère, prisonnière sous un rocher, qui se débattait et appelait à l’aide. Une femme, passant au loin, fut touchée par sa détresse et accourut pour la délivrer.

À peine libérée, la vipère la fixa de ses yeux luisants et lui dit froidement :

— J’ai juré de mordre quiconque me tendrait la main.

Ébahie, la femme s’écria :

— Mais je viens de te sauver ! Comment peux-tu songer à me faire du mal ?

La vipère répondit avec un calme glaçant :

— Je te mordrai, sans pitié. C’est dans ma nature. Et la nature ne change pas, quoi qu’il advienne.

La femme, d’une sagesse tranquille, proposa alors :

— Allons. Demandons au premier animal que nous croiserons s’il te donne raison. Et si c’est le cas, tu pourras me mordre.

Elles marchèrent un moment, puis croisèrent un loup. Elles lui racontèrent toute l’histoire, avec ses moindres détails.

Le loup, sceptique, déclara :

— Je ne peux juger qu’en voyant la scène de mes propres yeux. Reproduisez-la pour moi.

Alors la femme remit prudemment la vipère sous le rocher, comme elle l’avait trouvée, et dit au loup :

— C’était ainsi, tout à l’heure.

Le loup hocha la tête et dit d’un ton grave :

— Laisse-la là. Celui qui trahit la main tendue ne mérite jamais qu’on la lui tende à nouveau. On ne récolte pas toujours la gratitude en offrant le bien. Et celui qui s’est nourri d’ingratitude ne changera jamais, quoi que tu fasses.



mardi 1 avril 2025

Kafka trahi par son ami

 

Max Brod et Franz Kafka


KAFKA TRAHI PAR SON AMI...

POUR LA BONNE CAUSE

Toute sa vie, Franz Kafka travailla pour une

compagnie d'assurances praguoise, qui indemnisait les victimes d'accidents du travail. Bénéficiant d'horaires avantageux, il disposait de ses après-midi et de ses soirées pour se consacrer à sa grande passion : l'écriture.

De constitution fragile, hypersensible, hypocondriaque et phobique, Kafka fut mis en retraite anticipée en 1922, à cause de sa santé qui se dégradait.

Très affaibli par une tuberculose, il s'éteignit en 1924, à l'âge de 40 ans, dans un sanatorium autrichien.

Malgré le temps considérable qu'il avait consacré à l'écriture, Kafka n'avait publié de son vivant qu'un très petit nombre d'œuvres, comme La Métamorphose ou Le Verdict.

À sa mort, il laisse de nombreuses œuvres inachevées, mais, surtout, un testament qui exige de son proche ami, le poète Max Brod, la destruction par le feu de l'ensemble de ses manuscrits, carnets, ébauches de textes, et même de ses lettres.

Brod se trouve alors devant un grave dilemme : désobéir aux dernières volontés de son ami, ou priver le monde d'un monument de littérature ? Du reste, Kafka désirait-il vrai-ment, au fond de son cœur, que l'ensemble de son œuvre disparaisse?

Quoi qu'il en soit, Max Brod décide qu'il ne doit pas accéder à la demande du défunt, quitte à trahir sa mémoire.

Dès la fin des années 1920, il commence à publier l'œuvre de Kafka, à titre posthume.

Mais Brod n'est pas en possession de l'ensemble des textes de Kafka. 

En 1933, à Berlin, où il a vécu quelque temps, les nazis saisissent et détruisent un grand nombre de manuscrits de cet auteur juif.

Puis, en 1939, ils envahissent Prague. Max Brod parvient à s'enfuir vers la Palestine, emportant dans ses bagages ce qu'il possède des écrits de son ami.

Par la suite, c'est de là-bas qu'il publiera progressivement toute l'œuvre de Kafka, du moins tout ce qui n'a pas été perdu.

Sans Max Brod, personne n'aurait jamais eu la possibilité de découvrir Le Procès ni Le Château. Étant donné l'importance majeure de Franz Kafka dans la littérature du 20° siècle, on peut considérer que c'était pour la bonne cause qu'il a « trahi » son ami.

S͟o͟u͟r͟c͟e͟ : Encyclopédie de Culture Générale Insolite par 𝐆𝐮𝐲 𝐒𝐨𝐥𝐞𝐧𝐧