mercredi 31 août 2022

Joël Dicker quitte les Editions de Fallois pour créer sa propre structure

Jöel Dicker

 


Joël Dicker quitte les Editions de Fallois pour créer sa propre structure


L’écrivain créera sa propre maison d’édition, très probablement en Suisse romande, au 1er janvier 2022

Lisbeth Koutchoumoff Arman
Publié mercredi 3 mars 2021 à 10:33
Modifié mercredi 3 mars 2021 à 16:03

Joël Dicker l’a annoncé à ses lecteurs par une vidéo sur Instagram: il quitte la maison d’édition Bernard de Fallois à la fin de l’année et créera sa propre structure éditoriale au 1er janvier 2022. En 2012, Bernard de Fallois avait été le seul éditeur à percevoir le potentiel de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert et avait mis toute son énergie et son savoir-faire pour le publier à la rentrée littéraire cette année-là. Le coup de dé s’est révélé un coup de maître: à la surprise générale, le jeune auteur genevois est devenu un phénomène éditorial, combinant succès public et prix littéraire. L’éditeur est décédé en janvier 2018.

Sa propre maison

Joël Dicker a toujours affirmé sa reconnaissance et son attachement indéfectible à son éditeur. «Vous vous en doutez, c’est une décision qui a été difficile à prendre […]. Mais j’avais le sentiment, depuis quelques années, depuis la disparition de Bernard de Fallois, qu’il allait falloir que je prenne un nouveau chemin et en même temps j’ai toujours dit qu’après Bernard il n’y aurait personne d’autre. J’ai donc décidé d’ouvrir ma propre maison d’édition», explique-t-il.

Marché suisse

La nouvelle structure éditoriale verra le jour en janvier 2022 et sera diffusée en Suisse par  Interforum Suisse, filiale du groupe Editis basée à Givisiez (FR). L’écrivain ne donne pas plus d’informations et son service de presse ne précise pas pour le moment le lieu d’implantation de la nouvelle maison. Des sources proches du dossier évoquent toutefois une installation en Suisse. L'écrivain précise par ailleurs qu'il a acquis les droits de ses romans publiés chez de Fallois. Outre le lieu d'implantation de la future maison, reste à savoir si Joël Dicker entend lancer une enseigne éditoriale, c'est-à-dire développer un catalogue et éditer d'autres écrivains que lui. Ou s'il s'agira avant tout de s'éditer lui-même.

LE TEMPS

lundi 29 août 2022

Joël Dicker / Un nouveau roman qui arrive à point nommé


Joël Dicker à Paris
Novembre 2018
Joel Saget


Joël Dicker: un nouveau roman qui arrive à point nommé

En vente dès aujourd’hui, «L’Enigme de la chambre 622» accompagne le déconfinement des lecteurs et des libraires


Lisbeth Koutchoumoff Arman
Publié mardi 19 mai 2020 à 14:02
Modifié mardi 19 mai 2020 à 14:03

Cinquième roman de Joël Dicker, L’Enigme de la chambre 622 devait initialement paraître le 17 mars. Pandémie oblige, et comme des centaines d’autres titres, il a dû patienter, et les fans de l’auteur genevois aussi. Le voici dès aujourd’hui dans les rayons des librairies, à point nommé pour participer à l’élan du déconfinement. Le retour à la normale n’ayant pas encore complètement sonné, il n’y aura pas de dédicaces publiques, moments clés pour la relation que Joël Dicker a nouée avec son public. Pour ce printemps 2020, il a fallu imaginer des dédicaces «à distance». Les lecteurs envoient par e-mail les mots qu’ils souhaitent. «Nous avons posé une limite au nombre de dédicaces, autrement Joël Dicker aurait pu rester plusieurs jours enfermé dans un bureau à signer ses livres», sourit Bénédicte Kuchcinski, gérante de Payot Pépinet.

Proche des lecteurs

La responsable constate que la parution d’un «nouveau Dicker» suscite une émotion particulière chez les clients: «Du jeune écrivain inconnu à la star internationale, ils l’ont vu grandir. Et surtout, Joël Dicker est resté disponible et proche des lecteurs.» Un lectorat qui frappe par sa diversité: «On ne peut pas dresser de portrait type du lecteur de Joël Dicker; il touche à la fois les dévoreurs de livres et ceux qui lisent peu, de tous les âges», constate Bénédicte Kuchcinski.

Depuis 2012, année de son premier succès, Joël Dicker a ouvert la voie du thriller à d’autres écrivains romands comme Marc Voltenauer ou Nicolas Feuz, qui sort également un nouveau titre ces jours-ci. Et c’est une Romande, Christine Pompéï, autrice jeunesse, qui a été numéro un des ventes la semaine dernière, et qui cultive aussi une forte relation de proximité avec ses lecteurs.

Genève et Verbier

L’Enigme de la chambre 622 suscite une attente particulière puisque le roman se déroule en Suisse. Pour la première fois, Joël Dicker quitte le décor des Etats-Unis et situe son intrigue entre Genève et Verbier. Autre élément porteur: l’écrivain se met lui-même en scène. Comme dans La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, on retrouve le procédé d’un narrateur écrivain en train d’écrire le livre que le lecteur tient dans ses mains. Mais cette fois-ci, le narrateur Joël Dicker a pris de la bouteille, il est véritablement devenu un écrivain à succès. Et il pleure son mentor, l’éditeur Bernard de Fallois, décédé en janvier 2018, à qui il doit, écrit-il, son succès et sa notoriété: «Lorsque je l’avais rencontré, j’étais un auteur même pas publié: il avait fait de moi un écrivain lu dans le monde entier.»

Jeune poulain

Le roman tresse deux mystères: l’un, fictif évidemment, qui a lieu dès la première page, un meurtre découvert dans la chambre du palace de Verbier (fictif aussi); et l’autre, la façon dont l’éditeur Bernard de Fallois, grand spécialiste de Marcel Proust, éminence de la scène éditoriale française, s’y est pris pour lancer son jeune poulain avec la réussite que l’on sait. Pour la partie fictive, on retrouve le rythme de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert avec des éléments du soap familial du Livre des Baltimore, surtout pour la relation père-fils, au cœur du drame, ici aussi.

Banque privée

C’est le milieu, fertile en intrigues, de la banque privée genevoise qui sert de cadre à la saga. On ne peut s’empêcher de chercher des ressemblances avec des personnages réels mais le roman n’est pas à clé. L’Enigme de la chambre 622 n’est pas un roman noir non plus, pas de questionnement ou de critique de la société. Joël Dicker affirme sa ligne: divertir et donc tenir à distance le poids du monde et les sujets qui fâchent. Les coups de théâtre, chausse-trapes et révélations s’inspirent de la pantomime et du feuilleton populaire, c’est aussi le côté vintage, assumé, de l’auteur. Les fans recherchent justement le côté évasion, loin, très loin de toutes les pandémies possibles. Les autres restent sur leur faim, tant pis pour eux.

Avec l’hommage rendu à l’éditeur Bernard de Fallois, Joël Dicker livre beaucoup de lui-même et de ses débuts. Une cartographie de la Genève de son enfance se dessine, avec le parc Bertrand en pôle important. Le dosage entre part personnelle et intrigue à multiples couches est équilibré. L’Enigme de la chambre 622 est indéniablement un bon cru.

LE TEMPS




samedi 27 août 2022

Une erreur débusquée dans le dernier Joël Dicker

 

CANNES, FRANCE - APRIL 07: Joel Dicker attends "The Truth About the Harry Quebert Affair" Photocall during the 1st Cannes International Series Festival on April 7, 2018 in Cannes, France. (Photo by Pascal Le Segretain/Getty Images) — © Pascal Le Segretain


Une erreur débusquée dans le dernier Joël Dicker

Dans les dernières pages de «La disparition de Stephanie Mailer», les noms de deux personnages centraux ont été intervertis. Sur France Inter, le chroniqueur François Morel s’étonne d’une erreur aussi grossière, qui concerne quelque 300 000 exemplaires du roman

Virginie Nussbaum
Publié vendredi 27 avril 2018 à 12:39
Modifié vendredi 27 avril 2018 à 16:07

Si vous avez lu le dernier roman de Joël Dicker, peut-être vous êtes-vous senti légèrement… perplexe en découvrant son dénouement. Après avoir déroulé pendant 600 pages une intrigue policière à tiroirs, celle du meurtre de la famille Gordon et d’une joggeuse dans la station balnéaire américaine d’Orphea, La disparition de Stephanie Mailer brouille une dernière fois les pistes. Involontairement.

La faute à ce qui semble être une erreur d’inattention: à la page 626, soit à la toute fin du livre, les noms de deux personnages centraux, tous deux maires de leur état, ont été intervertis. Un unique passage, court mais néanmoins crucial, puisqu’il révèle les manœuvres croisées qui ont mené à deux meurtres. De quoi surprendre, voire interloquer les détectives en herbe en quête du fin mot de l’histoire.

Discret erratum

Depuis, l’erreur a été corrigée. Si seul le premier tirage du roman est concerné, il touche tout de même quelque 300 000 exemplaires, parus en mars dernier, comme le relevait François Morel sur les ondes de France Inter vendredi. «Quand vous vous tapez 626 pages pour qu’on vous trompe sur l’identité de l’assassin, c’est quand même un petit peu ballot», ironise l’acteur dans une chronique intitulée sarcastiquement «Qui a tué le correcteur?».

Et François Morel de pointer du doigt l’éditeur du romancier genevois, les Editions de Fallois. «[Ils] ne se sont pas gênés, ils ont écoulé les 300 000 premiers exemplaires, n’ont pas prévenu les libraires qui sont quand même les premiers contacts des lecteurs et se sont juste fendus d’un discret erratum sur leur site en bas de l’article consacré au dernier livre de Joël Dicker.» L’erratum est en effet expéditif et plutôt discret: «Une erreur s’est malencontreusement glissée page 626, ligne 2, dans la première impression. Il faut lire «maire Gordon» au lieu de «maire Brown.»

Les risques du métier

Contacté par téléphone, l’éditeur reconnaît sa bévue: «Nous avons été pris par le temps au moment de la relecture. Ce genre de coquille peut arriver, c’est les risques du métier sur un ouvrage aussi important. Mais ça n’excuse en rien notre erreur.»

Quant à savoir si le maximum a été fait pour réparer la confusion nominale, l’éditeur est formel: «Les libraires ont été prévenus. Mais il s’agissait d’une masse importante d’exemplaires vendus qu’il aurait été difficile de récupérer. Certains lecteurs n’ont rien remarqué, d’autres oui, et ils nous ont envoyé un certain nombre de messages auxquels nous avons tenté de répondre au plus vite.»

LE TEMPS

vendredi 26 août 2022

Le Suisse Joël Dicker a été l'auteur francophone le plus lu en 2018



Le Suisse Joël Dicker a été l'auteur francophone le plus lu en 2018

L’auteur de «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert» domine un classement des ventes de livres en 2018. Il est suivi par le dernier lauréat du Goncourt Nicolas Mathieu, et celui de 2013, Pierre Lemaître

AFP
Publié mercredi 6 février 2019 à 08:35
Modifié mercredi 6 février 2019 à 08:35

Le Genevois Joël Dicker a été l'écrivain francophone le plus lu en 2018, suivi par le dernier lauréat du Goncourt Nicolas Mathieu et celui de 2013 Pierre Lemaître, selon le palmarès annuel L'Express, RTL et Tite Live, rendu public mercredi.

Ce palmarès, dévoilé chaque année début février et basé sur des ventes en France (hors poches), compte au total 34 noms. Y figure cette année celui de l'ancien chef de l'État François Hollande (18e auteur le plus lu) qui a fait un tabac en librairie avec Les leçons du pouvoir, livre-bilan de son quinquennat qui doit sortir en édition de poche en avril.

Amélie Nothomb superstar

La star de ce palmarès, célébré à l'hôtel Lutetia, est la romancière belge Amélie Nothomb (13e du classement), la seule auteure à avoir toujours figuré dans le palmarès annuel de L'Express. «Chaque année, je suis dans la liste», se félicite l'auteure des Prénoms épicènes.

Jusqu'à son décès en décembre 2017, Jean d'Ormesson était également assuré d'être dans le palmarès. D'ailleurs, son nom y figure encore cette année, à deux reprises, pour Et moi, je vis toujours (7e) et Un hosanna sans fin (8e).

L'ancien chef d'État-Major des Armées, le général Pierre de Villiers, deviendra-t-il également un habitué du palmarès? Présent dans le classement des auteurs les plus lus en 2017 avec son livre Servir, il est de retour dans le classement 2018 (à la 29e place) pour son nouveau livre, Qu'est-ce qu'un chef?.

Les prix bénéficient aux auteurs

Sans surprise, le palmarès compte les noms de lauréats de plusieurs grands prix littéraires de l'année écoulée dont ceux de Philippe Lançon (4e du classement pour Le lambeau) ou David Diop (23e avec Frère d'âme). On y trouve également la jeune auteure belge Adeline Dieudonné à la 16e place pour La vraie vie, son premier roman et les poids lourds de la littérature francophone comme Guillaume Musso (5e avec La jeune fille et la nuit) ou Marc Levy (10e avec Une fille comme elle).

Ravi de se trouver parmi cet aréopage, François Hollande a expliqué que ses tournées «dans les librairies de France» lui ont permis de découvrir «un public nouveau». Il raconte avoir connu une séance de dédicaces qui a duré sept heures. «Et j'ai senti, dès l'automne, monter le sentiment d'une distance entre les Français et le pouvoir», a glissé l'ancien président.

LE TEMPS

RIMBAUD
Joël Dicker / La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert / L’Académie française célèbre le roman à "l’américaine"
Joël Dicker / «J’ai tout dans la tête, c’est comme ça que j’avance»
Semaine de la langue française / Les expressions suisses préférées de Joël Dicker
Joël Dicker / "J’ai écrit soixante versions 'La disparition de Stephanie Mailer'!"
Le Suisse Joël Dicker a été l'auteur francophone le plus lu en 2018


jeudi 25 août 2022

De Leïla Slimani à Pierre Lemaitre, la saga se porte bien

Leïla Slimani


De Leïla Slimani à Pierre Lemaitre, la saga se porte bien

L’écrivaine marocaine publie «Regardez-nous danser», deuxième volet de son feuilleton familial débuté en 2020. Et Pierre Lemaitre, avec «Le Grand Monde», entame un nouveau cycle d’aventures consacré aux Trente Glorieuses


Lisbeth Koutchoumoff Arman
Publié jeudi 3 février 2022 à 12:55
Modifié jeudi 3 février 2022 à 14:58

Leïla Slimani s’est fait un nom avec des romans tendus comme des peaux de percussion, des intrigues resserrées sur l’intimité de quelques personnages à peine, dans un Paris contemporain et dur. Après Chanson douce, Prix Goncourt 2016, inspiré d’un double infanticide commis par une nounou, l’écrivaine s’est lancée dans une fresque romanesque, Le Pays des autres, à large spectre historique: le Maroc, de la fin des années 1940 à aujourd’hui, vu par les yeux d’une famille, fortement inspirée par celle de la romancière et en particulier par le couple hors norme que formaient ses grands-parents maternels.

Après le premier volet intitulé La guerre, la guerre, la guerre, paru en mars 2020, voici le tome 2, Regardez-nous danser, en librairie dès le 3 février. On retrouve le couple formé par Mathilde, Alsacienne, et Amine Belhadj, né à Meknès au Maroc et engagé pendant la Seconde Guerre mondiale dans un régiment de spahis. Après leur mariage en Alsace, ils s’installent au Maroc, sur les terres familiales. Le projet d’Amine est de créer une exploitation agricole modèle. Les obstacles à la réalisation de son projet sont nombreux dans un pays encore sous le joug colonial. La plus grande partie du premier tome était consacrée aux années sanglantes qui ont précédé la fin du protectorat français en 1956 et aux déchirements que la période a provoqués au sein de la famille d’Amine.

Soif de liberté

Regardez-nous danser débute en 1968, dans un Maroc indépendant où la famille Belhadj, grâce à son exploitation désormais florissante, a fait son entrée dans une bourgeoisie à peine déstabilisée par la fin du pouvoir colonial. Entre soif de liberté, quête d’identité et pouvoir autoritaire, les personnages devront faire des choix difficiles.

Trafics ignobles


Autre nouveauté très attendue, autre saga familiale, celle que Pierre Lemaitre débute avec Le Grand Monde. Après avoir écrit des romans policiers et des romans noirs qui ont marqué les annales du genre (Travail soigné, Alex, etc.), Pierre Lemaitre a marqué tout autant les esprits avec Au revoir là-haut (Goncourt 2013), roman sur les lendemains de la Grande Guerre en France, avec ses trafics ignobles, le tout servi par des personnages inoubliables d’anciens poilus, immortalisés en 2017 au cinéma par Albert Dupontel.

Au revoir là-haut était en fait la première pierre d’un édifice romanesque ambitieux et ample là encore: une traversée du XXe siècle, en neuf romans d’aventures, divisés en trois feuilletons ou sagas familiales. La première, intitulée Les Enfants du désastre, centrée sur la famille Péricourt, s’est conclue par Miroir de nos peines et la débâcle de 1940. C’est la famille Pelletier qui se déploie maintenant dans Le Grand Monde et qui ouvre une nouvelle trilogie consacrée aux Trente Glorieuses. La guerre d’Indochine est cette fois dans le viseur du romancier qui excelle dans la description des réseaux de corruption, des trafics et des compromissions qui constituent les coulisses de l’histoire et nourrissent la trame des meilleures fictions.

LE TEMPS

mercredi 24 août 2022

A New York, le monde littéraire rend hommage à Salman Rushdie

 

Salman Rushdie


A New York, le monde littéraire rend hommage à Salman Rushdie

La Rédaction avec AFP

Des figures du monde littéraire américain, comme les écrivains Paul Auster et Gay Talese, se sont rassemblées vendredi pour une lecture de l'oeuvre de Salman Rushdie, en soutien à l'auteur gravement blessé dans une attaque au couteau la semaine dernière.

Des figures du monde littéraire américain, comme les écrivains Paul Auster et Gay Talese, se sont rassemblées vendredi pour une lecture de l'oeuvre de Salman Rushdie, en soutien à l'auteur gravement blessé dans une attaque au couteau la semaine dernière . Une dizaine d'écrivains reconnus, dont des proches de M. Rushdie, se sont exprimés sur les marches de la majestueuse bibliothèque publique de Manhattan. L'auteur a été invité à suivre l'événement en ligne, depuis sa chambre d'hôpital.

Le 12 août, Salman Rushdie , qui a écrit "Les Versets sataniques", s'apprêtait à s'exprimer lors d'une conférence dans le nord de l'Etat de New York quand un homme a fait irruption sur scène et l'a poignardé à plusieurs reprises, au cou et à l'abdomen. Evacué en hélicoptère vers un hôpital, il avait dû être brièvement placé sous respirateur avant que son état ne s'améliore. L'écrivain et journaliste Gay Talese, coiffé de son chapeau fedora fétiche, a lu un extrait du roman "La Maison Golden", tandis que l'auteur irlandais Colum McCann a récité un passage de l'essai "Out of Kansas", publié par Salman Rushdie dans la revue New Yorker en 1992. M. Rushdie "s'est toujours montré à la hauteur du moment", a déclaré M. McCann. "Je pense qu'il aura quelque chose de profond à dire", une fois rétabli, a-t-il poursuivi.

"Anti-création"

L'Américaine A.M. Homes - dont certains des livres, comme "La fin d'Alice", ont créé la controverse - a lu des extraits du texte "On Censorship" ("Sur la Censure"). "Aucun écrivain ne veut vraiment parler de la censure", a-t-elle déclamé. "Les écrivains veulent parler de création, et la censure est anti-création." Salman Rushdie avait embrasé une partie du monde islamique avec la publication des "Versets sataniques" en 1988, conduisant l'ayatollah iranien Khomeiny à émettre une fatwa réclamant son assassinat.

L'auteur avait été contraint de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cachette en cachette. Hari Kunzru, romancier et journaliste britannique, a récité le début de ce livre qui a radicalement transformé la vie de Salman Rushdie. "Salman a écrit un jour que le rôle d'un écrivain est de nommer l'innommable, de montrer les imposteurs, de prendre parti, de lancer des débats, de façonner le monde et de l'empêcher de s'endormir", a-t-il dit. "Voilà pourquoi nous sommes ici."

"Héros"

Arrêté immédiatement après les faits, l'agresseur de M. Rushdie, Hadi Matar, Américain d'origine libanaise de 24 ans, a plaidé jeudi non coupable de tentative de meurtre et d'agression lors d'une première comparution après son inculpation par un grand jury. "Pas même une lame à travers la gorge ne pourrait faire taire la voix de Salman Rushdie", a affirmé vendredi Suzanne Nossel, présidente de l'association de défense des écrivains dans le monde, PEN America, à l'origine du rassemblement. Avant de lire un texte à son tour, l'auteure britannique Tina Brown s'est adressée directement à Salman Rushdie: "tu n'as jamais demandé à tenir le rôle d'un héros", a-t-elle dit. "Tu voulais simplement écrire", a poursuivi Mme Brown. "Mais la ténacité avec laquelle tu as défendu la liberté d'expression fait de toi un héros, et tu as payé un lourd tribut."

Pour l'écrivaine et historienne Amanda Foreman, la mobilisation de vendredi "montre que les gens n'ont pas peur". "Nous sommes tous prêts à défendre ce en quoi nous croyons", a-t-elle déclaré à l'AFP. Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, vivait à New York depuis vingt ans et était devenu citoyen américain en 2016. En dépit de la menace, il était apparu de plus en plus fréquemment en public, souvent sans protection visible, tout en continuant de défendre dans ses livres la satire et l'irrévérence. Lors d'un entretien donné au magazine allemand Stern quelques jours avant l'attaque de vendredi, il s'était dit "optimiste" et avait confié: "Depuis que je vis aux Etats-Unis, je n'ai plus de problèmes (...) Ma vie est de nouveau normale."

PARIS MATCH

mardi 23 août 2022

«House of the Dragon» bat un record d’audience pour son premier épisode

 


«House of the Dragon» bat un record d’audience pour son premier épisode

Clémentine Rebillat, Mis à jour le 

La série «House of the Dragon», prequel de «Game of Thrones» a battu un record d’audience dimanche sur HBO.

Après le dernier épisode de «Game of Thrones» , les fans de la saga n’avaient pas caché leur déception, jurant de se tenir éloignés de tout nouveau contenu qui pourrait être créé. Mais HBO, diffuseur historique de la série, n’avait pas dit son dernier mot. En coulisses, se préparait un nouveau projet, tout aussi grandiose que le premier. «House of the Dragon», dont les évènements se déroulent 172 ans avant les drames et les guerres de «Game of Thrones» , a fait ses grands débuts à la télévision américaine dimanche soir. Et la colère des amoureux de cet univers semble être retombée.

Le premier épisode de la saison qui doit en compter dix a battu un record d’audience. Le site IndieWire rapporte que 9,986 millions de téléspectateurs étaient scotchés devant leur écran pour suivre les nouvelles aventures de la Maison Targaryen, ses dragons, ses luttes de pouvoirs et ses futurs ennemis. Jamais un premier épisode d’une série créée par HBO n’avait obtenu un tel succès. «C'était merveilleux de voir des millions de fans de "Game of Thrones" revenir avec nous à Westeros hier soir. "House of the Dragon" présente une distribution et une équipe incroyablement talentueuses qui ont mis tout leur cœur et leur âme dans la production, et nous sommes ravis de la réponse positive des téléspectateurs», a déclaré Casey Bloys, directeur du contenu de HBO et HBO Max, lundi soir. En comparaison, le tout premier épisode de «Game of Thrones» avait rassemblé un peu plus de deux millions de téléspectateurs. En moyenne, la saison 1 de la série avait été suivie par 2 515 000 de téléspectateurs.

Le premier épisode de la saison 8 de «Game of Thrones» -la dernière- avait quant à lui été regardé par plus de 11 millions de téléspectateurs rien qu'aux Etats-Unis. Le final de la série avait pour sa part battu les records historiques d'audiences de HBO en rassemblant (toutes plateformes confondues) 19,3 millions de téléspectateurs. Reste à savoir si les téléspectateurs seront aussi fidèles à «House of the Dragon». En France, la série est diffusée en exclusivité sur OCS.

PARIS MATCH


dimanche 14 août 2022

La France vue d'ailleurs - Orhan Pamuk : «Sempé, c'est la France ! Tout y est : l'ironie et la tendresse»


Des livres traduits dans 60 langues, 13 millions d'exemplaires vendus.
Le 23 avril à Paris, où il étiat venu présenter son dernier roman,
"Les nuits de la peste".

La France vue d'ailleurs - Orhan Pamuk : «Sempé, c'est la France ! Tout y est : l'ironie et la tendresse»

Portrait Philippe Labro

, Mis à jour le 

Philippe Labro a rencontré le grand romancier turc, Prix Nobel de littérature, dans le bar légendaire des auteurs de Gallimard

Pour rencontrer un Prix Nobel de littérature, est-il un endroit plus adéquat qu’un « hôtel littéraire » ? C’est ainsi que se définit l’hôtel Pont Royal, situé rive gauche à Paris. Dans le hall, face à la réception, sur les murs, des dizaines de photos en noir et blanc. On peut y voir de nombreux écrivains du XXe siècle : Malraux, Sagan, Cocteau, Breton, Sartre, Camus (plusieurs fois), Giono, Gide, Gary etc. Nul doute que, un jour, celui que j’aborde trouvera sa place sur ces murs. Il devrait, d’ailleurs, déjà l’avoir. Cet hôtel est chargé d’histoires. Je me souviens du bar du sous-sol du Pont Royal, qui a disparu. Dans les années 1950, on y voyait Sartre et Beauvoir buvant leur scotch, on y croisait Raymond Queneau et Roger Nimier, il y régnait ce que mon interlocuteur, Orhan Pamuk, appelle « cette atmosphère littéraire si française ».

Car c’est lui, Pamuk, prix Nobel en 2006, auteur d’une récente fresque, dense, riche, de 688 pages, « Les nuits de la peste » (éd. Gallimard), à qui, pour le troisième volet de la série commandée par Match (après Follett et Kennedy ), je me dois de poser quelques questions sur sa vision de la France. Son roman raconte une pandémie dans l’île fictive de Mingher, similaire à la Crète, au début du siècle dernier. Pamuk a souvent dit qu’après avoir lu, pour la première fois à l’âge de 19 ans, « La peste », de Camus, il s’était promis d’écrire à son tour un roman sur le même sujet. Mais ce livre puissant va au-delà, traitant non seulement de la peste, mais de la vanité du pouvoir, de l’amour et de l’émancipation des femmes, de la paranoïa d’un calife, de l’agonie de l’Empire ottoman. C’est construit avec l’habileté d’un roman policier, la documentation et la précision d’un livre d’histoire, l’imagination d’un conteur oriental, ou plutôt d’une conteuse, puisque la narratrice s’appelle Mîha. C’est un roman dont la dimension et l’ambition ont été saluées par toute la critique lors de sa sortie. C’est une œuvre typique de ce Prix Nobel de littérature.

PARIS MATCH


vendredi 12 août 2022

Le dessinateur français Jean-Jacques Sempé est mort

Jean-Jacques Sempé


Le dessinateur français Jean-Jacques Sempé est mort

La disparition d'un génie. Le dessinateur Jean-Jacques Sempé est mort à l'âge de 89 ans. 

 Le dessinateur d'humour est mort jeudi, dans sa résidence de vacances, a indiqué Marc Lecarpentier, son biographe et ami.

Yannick Vely , avec AFP, Mis à jour le 

Le dessinateur français Jean-Jacques Sempé, connu pour ses illustrations des aventures du «Petit Nicolas» et ses dessins de presse humoristiques notamment dans Paris Match depuis 1956, est décédé jeudi à l'âge de 89 ans, a annoncé son épouse Martine Gossieaux Sempé à l'AFP. «Le dessinateur d'humour Jean-Jacques Sempé est décédé paisiblement (jeudi) soir, 11 août (2022), dans sa 89e année, dans sa résidence de vacances, entouré de sa femme et de ses amis proches», a indiqué Marc Lecarpentier, son biographe et ami, dans une déclaration à l'AFP.

« Je n’ai pas du tout, du tout l’impression d’avoir fait “une œuvre”, comme ils disent. Ce mot me gêne. J’ai juste fait énormément de dessins, je ne sais faire que cela, mais de qualité très irrégulière...», confiait-il à Paris Match en 2012 « On ne peut pas avoir confiance en soi. A chaque page blanche, tout est remis en cause, on doute tout le temps. Alors je demande l’avis de mes amis, je les torture : “Mais tu as bien compris ? Explique-moi ce que tu as compris !”» Ainsi parlait Jean-Jacques Sempé, à jamais associé dans l'imaginaire national au «Petit Nicolas»­ et à son ami René Goscinny - un film d'animation formidable récompensé au dernier Festival d'Annecy rend d'ailleurs hommage au duo. L'homme était devenu dessinateur, car c'était «le seul métier qu'(il avait) trouvé». «On n’a voulu de moi nulle part. Pour gagner ma vie, j’ai essayé plein de choses : représentant de commerce, livreur à bicyclette. Comme je ne trouvais pas de travail, je me suis engagé dans l’armée qui m’assurait le gîte et le couvert». Mais notre joyeux gaffeur paumait des fusils....

«L'ironie et la tendresse»

Car oui, sans son coup de crayon, le petit Jean-Jacques aurait pu finir voyou. A Bordeaux, où vivait la famille, ses parents ­pauvres et peu éduqués s’entre-déchiraient quasiment tous les soirs. Sa mère lui envoyait « des torgnoles », et son beau-père, ­représentant en conserves, rentrait bourré un soir sur deux et devenait violent. « Ce n’était jamais régulier. On ­pouvait avoir trois jours d’accalmie et deux jours de suite de bagarres. » Alors l'enfant de Pessac, longtemps bègue, pour fuir ce quotidien morose, va observer le monde sans un mot et croquer la vie qui passe. Sur le plan professionnel, il commencera par des petits dessins de presse pour «Sud Ouest» qu'il signe «DRO» (to draw, dessiner en anglais) avant la rencontre décisive et parisienne avec René Goscinny en 1954. Les deux hommes créent «Le Petit Nicolas», qui prend vie après quelques balbutiements en 1959. Il publiait déjà régulièrement des dessins pour Paris Match. « 1956, c’était un tout petit bonhomme qui crie. “Haut les mains !”. Il n’était pas formidable, ce dessin… », avouait-il, toujours en 2012. En 1978, c'est la consécration : le «New Yorker» le contacte pour la couverture : le Graal pour un dessinateur de presse. Là encore, quand on l'interrogeait sur le sujet, en 2009, Jean-Jacques Sempé ne feignait pas son étonnement. «En 1978, une de ses journalistes avait montré au directeur un de mes albums. Il m’a demandé de réaliser des couvertures. J’ai failli avoir une jaunisse car, à ce moment-là, je ne pouvais plus reculer. J’ai travaillé comme un fou, à en être malade. Je ne connaissais rien de New York , je savais que là-bas rien n’est pareil, même les fenêtres...» Le plus bel hommage, c'est peut-être le prix Nobel de littérature turc Orhan Pamuk , qui lui a rendu, dans notre journal : «Sempé, c'est la France ! Tout y est : l'ironie et la tendresse»

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