mercredi 27 janvier 2021

Blutch / «Herbie Hancock m’a plus influencé que Franquin»

Blutch


Blutch: «Herbie Hancock m’a plus influencé que Franquin»

 

Figure de proue de la bande dessinée d’auteur, Blutch est l’invité d’honneur du Festival BDFIL, de Lausanne. Rencontre avec un créateur protéiforme passé de Mickey à Resnais.



Antoine Duplant
Publié vendredi 4 septembre 2015 à 20:09


Blutch: «Herbie Hancock m’a plus influencé que Franquin»

Figure de proue de la bande dessinée d’auteur, Blutch est l’invité d’honneur du festival BD-FIL de Lausanne. Rencontre avec un créateur protéiforme passé de Mickey à Resnais

Il aurait pu s’appeler Barkson, ou Fils de Rahan, ou Mitchumson, ou Hincky Luke, ou Placid Brando, ou Chris Wayne, ou Muzo McQueen… Mais il s’appelle Blutch. Parce que ses copains d’école lui trouvaient une ressemblance physique et morale avec Blutch, le petit caporal «mal embouché, tire-au-flanc, râleur» des Tuniques bleues, de Lambil et Cauvin.


Blutch

Il assume le parrainage. Le sobriquet est resté, c’est son nom d’auteur, tout le monde l’appelle Blutch, y compris ses parents. ll est pourtant né Christian Hincker, le 27 décembre 1967, à Strasbourg. Les albums du Petit Christian offrent quelques aperçus d’une enfance alsacienne sans histoire hormis celles lues dans Pif ou Mickey, et celles que se racontent les gosses imaginatifs. La passion du dessin le mène aux arts décoratifs de Strasbourg. A 20 ans, il remporte un concours de dessin qui lui ouvre les portes de Fluide Glacial.

Contrairement à la plupart des auteurs de BD, Blutch ne se résume pas à un personnage ou une série. Créateur protéiforme, poussé par une curiosité insatiable, il puise dans le cinéma, la peinture, la littérature, la bande dessinée son inspiration d’une œuvre convulsive. En noir et blanc ou en couleurs, par aplats fuligineux ou hachurages furieux, entre onirisme et humour noir, érudition et érotisme, il explore diverses voies narratives et se pose en chef de file du nouveau roman graphique. Il publie dans Spirou(A Suivre)LibérationCharlie HebdoThe New Yorker, Jazzman. Il a quelque vingt-cinq albums à son actif. Il collabore avec Alain Resnais. En 2009, le Festival d’Angoulême lui décerne son Grand Prix. Comme l’écrit Dominique Radrizzani, directeur de BD-FIL dans Bédéphile, premier numéro de la revue annuelle éditée par le festival: «Blutch est Tuniques».



Blutch reçoit en espadrilles trouées chez lui, dans la banlieue parisienne. Comme un chat, il se roule en boule, comme un caméléon il se fond dans le canapé gris de la terrasse, le long duquel il se meut avec des lenteurs d’iguane. Il parle d’une voix douce, presque fantomatique, que démentent l’intelligence du propos, l’acuité de la réflexion et le feu de la passion.

Samedi Culturel: Eprouvez-vous une forme de nostalgie lorsque vous travaillez sur une exposition rétrospective comme celle que BD-FIL présente à Lausanne?

Blutch: Ah non, pas du tout. C’est plutôt comme quand on range sa chambre. Ça permet de retrouver des choses oubliées. Et surtout de mettre de l’ordre dans ses idées. Je ne regarde pas trop le passé. Ce genre d’événement, que vous appelez «rétrospective», un mot aussi effrayant que «nostalgie», je l’ai déjà vécu à l’occasion du Grand Prix d’Angoulême. Ça me permet de renouer avec des préoccupations qui me sont sorties de la tête. Je n’ai pas de regrets. Je ne suis pas l’archiviste de mon propre travail. Tout est jeté en vrac dans le grenier. J’ai perdu et dispersé beaucoup de choses. Là je vois ce qui me reste. Mon travail est intimement lié à la vie, et la vie est un mouvement perpétuel. On perd, on oublie beaucoup de choses en route… Si vous me demandez ce que j’ai mangé à midi le 22 juillet 2014, je ne pourrais pas vous répondre. C’est pareil pour le dessin.

Vous présidez aussi le Concours des jeunes talents de BD-FIL. Selon quels critères jugez-vous les travaux?…

Je déteste faire partie d’un jury! J’ai mis un point d’honneur à ne plus juger les travaux de mes pairs. La situation est ici un peu différente, puisque ce sont des débutants. Je me sens donc un peu comme un parrain. Si je peux donner un coup de pouce à des jeunes, c’est très bien. Je cherche un regard, une manière de voir le monde. Je cherche la verve. Une histoire peut ne pas être très bien dessinée, mais si elle est bien racontée, bien écrite, si les dialogues sont enlevés, ça me va.

Y a-t-il une première image qui a déterminé votre vocation?

Pas vraiment. Carl Barks, Hergé? Picsou, Tintin? Je ne sais pas… Je dessinais beaucoup de camions quand j’étais tout petit. Je devais être marqué par les camions que nous croisions sur la route. C’était comme des cases de BD avec des mots sur les bâches.

Les camions qui passent emmènent votre imagination…

L’imagination s’accroche à tout, tout le temps. Je vous parle et en même temps je me dis «Ah tiens c’est amusant la manière dont les plantes (un sedum incertain, ndlr) tombent, se mettent à couler le long du pot.» Je cherche sans doute une grammaire pour représenter ça. Le végétal est un grand sujet de préoccupation, une passion. C’est continuel en fait. Votre veste tachée, la plante, je fais mon miel de tout, perpétuellement (rires).

Vous cultivez votre graphisme?

Certainement, mais pas à la manière d’un musicien qui fait ses gammes. Le dessin est une pratique qui repose sur le regard. C’est l’œil qui décide. Donc je regarde beaucoup, je révise, je consulte des dessinateurs vivants ou morts. J’essaie d’être tout le temps curieux. Quand je ne dessine pas, je ne suis pas très en forme physiquement. C’est vraiment organique. Mais je ne suis pas du tout compulsif, comme Robert Crumb. Je peux être au restaurant sans griffonner sur la nappe. Le dessin n’est pas du tout un refuge quand je suis dans le monde.

Vous avez souvent répété que le Petit Christian ce n’est pas vous. Mais c’est quand même vous et tous les enfants du monde…

Oui. Ce n’était pas conçu pour être autobiographique dans le sens d’une représentation de mon nombril. J’avais envie d’une histoire universelle dans laquelle le lecteur puisse se reconnaître. Tout le récit, basé sur mes souvenirs, tend vers ça. Ce n’est pas une «rétrospective», mais une représentation directe, concrète, qui se passe au présent. Le Petit Christian a été inventé il y a une trentaine d’années. A l’époque mon enfance n’était pas si lointaine. Avec le temps, à mesure que je m’éloigne des lieux de mon enfance, que les acteurs de mon enfance s’effacent, c’est le Petit Christian qui me sert de repère. Je discutais avec mon frère, qui a vécu à peu près la même chose, et pour cause! Il a des souvenirs complètement différents. On pourrait refaire Le Petit Christian dans une forme de contrechamp. L’autobiographie est une étiquette qui m’embête.

Vous avez même dit que l’autofiction vous répugnait…

Je ne comprends pas ce que ça veut dire, «autofiction». Il y a des mots que je comprends pas. Rétrospective… Autofiction… Nostalgie… Enfin, ce dernier, je le comprends à moitié. Ce mot me séduit. Il y avait une histoire de Picsou dans Mickey Parade qui s’appelait Le Milliardaire nostalgique. Elle m’avait touché au cœur en partie à cause de ce titre et de ce mot que je ne comprenais pas. Autofiction… Je pense que chaque artiste paie de sa personne. Je suis obligé de puiser dans mes expériences pour approcher d’une forme d’émotion, pas même de vérité. Je ne sais pas comment ça s’appelle. L’Actor’s Studio… Je suis un acteur, je ne me coûte pas cher à faire bouger. Woody Allen ou Sacha Guitry jouent dans des films qu’ils ont écrits des personnages qui leur ressemblent, mais ce ne sont pas eux. En toute modestie je m’inscris dans cette filiation. Je joue, j’interprète. J’ai toutefois le tort de me représenter dans mes albums. Je ne devrais pas faire ça. C’est une solution de facilité. Pour Lune l’envers, j’étais fermement décidé à ne pas donner mon apparence au personnage de Lantz. J’ai dessiné plusieurs pages avec un autre physique. En fin de compte, je me suis résolu à me dessiner. Ça sonnait mieux.

Quand vous élaborez un récit, comment s’organisent la part narrative et la part graphique?

Elles sont absolument indissociables. Tout se fait strictement en même temps, dans des carnets qui se remplissent de mots et de griffonnages. Il n’y a aucune hiérarchie. C’est un fouillis entre l’idée écrite et l’idée dessinée, liées de manière effrayante, organique. Je suis le seul à pouvoir m’y retrouver.

Vous avez fait beaucoup d’illustrations de jazz. Voyez-vous un lien entre votre travail et le jazz?

Oui, oui. Le jazz m’a beaucoup influencé. Je pense souvent à la construction d’un morceau de jazz quand je travaille, et au destin de certains musiciens. Leur recherche perpétuelle me séduit. La forme évolue constamment, rien n’est arrêté. John Coltrane, c’est l’anti ligne claire, c’est foisonnant, hirsute. Il a poussé sa démarche vers un paroxysme jusqu’à s’anéantir lui-même. Miles Davis a mené une révolution formelle continue. L’esprit de ces gens m’a beaucoup marqué. Wayne Shorter ou Herbie Hancock m’ont plus influencé que Hergé ou Franquin dans le sens où je n’aurais jamais été capable d’animer un personnage durant des décennies.

Et écrire un roman, vous passer du dessin?

Non. Je ne crois pas en être capable. Je ne suis ni un plasticien ni un romancier frustrés. Je suis un miniaturiste. Moi, ça me plaît d’aligner des cases. C’est un moyen d’expression vraiment merveilleux, tellement mystérieux.

Vous avez dessiné un «Donjon». Vous aimez entrer dans l’univers d’un autre?

Oui. Ça me repose de moi-même. J’en ai parfois un peu soupé de me trimballer. Alors me mettre entre les griffes d’un d’autre, écrire des mots qui ne sont pas les miens, ça me repose. En ce moment, je travaille sur une histoire écrite par mon frère, un épisode de Tif et Tondu. Je me sens déresponsabilisé. C’est une grande liberté de ne se préoccuper que du dessin.

C’est vrai que vous dessinez au stylo-bille?

Ça m’est arrivé. C’est une hérésie mais à une époque, je recherchais les matériaux les plus pauvres… Ça m’intimidait d’acheter une plume à 100 FF, du papier à 50 FF. Le luxe m’intimide. Alors j’allais vers les matériaux les plus humbles, le stylo à bille et le papier machine. Là je reviens à un papier un peu plus rigide.

Vous n’avez donc pas le fétichisme de l’original?

Non. C’est pour ça que je ne voulais pas faire de l’Art avec un grand A, de la peinture. Ça me plaisait était de faire une forme d’art industriel. Le travail n’est pas fini quand on termine la planche mais quand le livre sort de presse. L’œuvre, c’est le livre, reproductible à des milliers d’exemplaires. Donc je me fichais comme d’une guigne de classer mes originaux. Je suis un peu moins négligent maintenant, parce qu’il y a un marché, et puis on vieillit, on s’embourgeoise, et puis on a des enfants, et qu’est-ce qu’on va leur laisser…

Un de vos récents albums s’intitule «Pour en finir avec le cinéma». On dirait plutôt que le cinéma commence pour vous, entre votre travail avec Resnais et même des figurations chez Amal­ric ou Podalydès…

Oui. Mon premier rôle au cinéma c’était avec Depardieu chez Delépine-Kervern dans Mammuth. Dans La Chambre bleue d’Amalric, je fais le psychiatre. J’ai commencé une petite filmographie, mais je n’ai pas d’ambitions spéciales. Ce sont des amis et ça me repose de dire des textes qui ne sont pas de moi. J’aime bien les gens et faire des choses en groupe, c’est agréable, parce qu’avec les années, on se dessèche d’être toujours seul à sa table à dessin. Travailler avec d’autres personnes, ne pas avoir le dernier mot, c’est une école de l’humilité. Je suis prêt à me mettre au service de quelqu’un. J’ai appris ça avec Alain Resnais: c’est lui qui avait le dernier mot.

Comment se passait votre collaboration avec Alain Resnais?

Il est venu me chercher. Oui, oui… (silence) Je pense souvent à lui. Il avait des idées très précises, mais l’air de rien. Il entretenait une sorte de flou. «Oh, on verra», disait-il en sachant déjà très bien ce qu’il voulait. Il imprimait son rythme à toute chose, c’était impressionnant. Il était solide comme un roc. C’était un bel artiste, je peux vous le dire. Un artiste immense. C’est rare dans ce milieu où bataillent les égocentriques, les hystériques et les carriéristes. Evidemment, on s’attendait à la disparition d’Alain. Il était en sursis depuis très longtemps, enfin comme vous et moi. Il est resté créatif jusqu’au bout. Comment un esprit, une mémoire, un regard aussi vifs peuvent-ils s’éteindre? J’ai ressenti une même interrogation quand Moebius/Giraud est décédé. Je pensais qu’il ne mourrait pas. Je savais qu’il était rongé par le cancer depuis quelques années, mais il avait un tel ego, une telle force, il était une telle autorité, je pensais que ça le ferait tenir. En fait non. Il est mort quand même. Je ne comprends pas. J’ai vu partir des gens qui étaient au bout du rouleau. Mais des créateurs pleins de projets disparaissent aussi. C’est le jeu. Il faut le prendre avec philosophie, comme on dit. Quand Giraud est mort je me suis dit qu’il n’y aurait plus de dessins de lui. Et quand je mourrai, il n’y aura plus de dessins de moi, ce sera fini. Il faut que je dessine maintenant, et bien, parce qu’il n’y a pas de second tour.

Comment voyez-vous l’avenir de la bande dessinée?

Je n’en ai aucune idée. Je vieillis et je continue à en lire. Les générations futures vont-elles continuer à acquérir et lire des livres avec des dessins dans des cases? Mon fils en lit, ses amis je ne sais pas. Disney a laissé tomber les garçons, parce qu’ils s’évadent dans des jeux vidéo, pour s’axer sur les filles. La chaîne Disney, c’est très rose, très girly, comme on dit. Ceci dit, le dénuement des trois traits d’encre qui font un strip a nourri une partie des jeux vidéo, du cinéma et de l’animation. Quasiment tout le cinéma de divertissement, les superhéros, sont issus des comics. Peut-être la bande dessinée va-t-elle devenir un produit de luxe pour des gens un peu argentés et éduqués qui peuvent s’acheter de beaux albums?

Vous lisez beaucoup de bandes dessinées?

Oui. Je relis beaucoup de vieilles choses, Corben, Guido Crepax. Je regarde les nouveautés, mais évidemment pas de manière exhaustive. J’aime bien les vieux auteurs – j’allais dire les morts, ha ha! – car on ne risque pas d’être déçu. Il ne va plus rien se passer. On peut s’enticher d’un jeune auteur et être vite déçu. La bande dessinée est un moyen d’expression que j’adore. Un plaisir lié à l’enfance, et qui m’a sauvé, car il n’y avait aucun livre à la maison. Pourquoi? Comment? Je l’ignore. Mais, effectivement, je suis le même chemin depuis l’âge de 3 ans. Des petits dessins avec des mots au-dessus. Cela fait quarante-cinq ans que mon activité n’a pas changé. C’est un peu effrayant.

En janvier à Angoulême, quelques jours après l’attentat contre «Charlie Hebdo», vous avez prononcé un discours puissant. L’artiste doit reprendre la parole politique?

Non. Au contraire. Le monde est un cloaque, les entreprises humaines n’ont aucun sens, ce qui nous attend c’est le néant, alors il faut se consacrer à son travail, et se tenir à l’écart des idées, des mouvements de groupe, qui sont effrayants. Il n’y a pas d’issue de toute façon. L’époque est désespérante. On va bien réussir à la foutre en l’air, cette planète. Pourtant on le sait maintenant que la Terre est essoufflée, ça n’empêche pas les gens de laisser tourner le moteur de leur voiture. On va réussir à tous crever. Franchement il n’y a rien à faire; je ne suis pas engagé, je ne vote plus. Je ne sais pas si j’ai tort ou raison.

En attendant, votre discours était fort et digne…

J’ai dit maladroitement que la religion n’était qu’un prétexte dans cette histoire. Les assassins étaient de pauvres imbéciles frustrés qui ont pris une vengeance sociale. Ils ont quand même réussi à tuer Charlie Hebdo. C’est devenu une marque. L’époque n’est pas du tout à la transgression. En BD, on est libre. C’est aussi pour ça que j’aime bien la bande dessinée: comme ça ne coûte pas cher, il n’y a pas trop de comptes à rendre.

Vous lisez toujours les «Tuniques bleues»?

Oui. Et j’ai un fils qui est grand fan. C’est toujours digne. Lambil et Cauvin vont arriver au 60e titre de la série! Lambil vient à BD-FIL. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup.

Vue sur le lac, de Blutch. Dargaud, 186 p. Bédéphile, revue annuelle de bande dessinée # 1. Les Editions Noir sur Blanc, 288p. BD-FIL. Lausanne. Du je 10 au di 10 septembre.

,

Blutch

Auteur de bandes dessinées

«Quand je ne dessine pas, je ne suis physiquement pas très en forme. C’est vraiment organique»


LE TEMPS

mardi 26 janvier 2021

Blutch révise ses classiques

Blutch révise ses classiques


Avec «Variations», le dessinateur propose un album de reprises. Trente standards de la bande dessinée européenne sont réinventés dans un exercice alliant le geste de l’enfant et la quête d’un mystère. Un livre fascinant



Antoine Duplant
Publié vendredi 20 octobre 2017 à 23:38
Modifié vendredi 12 avril 2019 à 20:05

Qui est donc ce hippie blond qui nous toise en couverture de Variations? Il a le gros pif et la moustache de Freewheelin’Frank, le leader des Freak Brothers, mais ses yeux ronds sont dépourvus de toute hargne. Par Toutatis! C’est Astérix! Le petit Gaulois comme on ne l’a jamais vu, en civil, tête nue, les cheveux tombants après la douche…

Hommage lucide

Présenté dans un grand format et sous un dos toilé, Variations, dédié à Alain Resnais et Marcel Gotlib, regroupe 30 planches dans lesquelles Blutch interprète l’œuvre de 30 maîtres de la bande dessinée, des grands anciens (Pellos, né en 1900) aux jeunes contemporains (Goossens, né en 1954). Ni hommage empesé d’admiration, ni pastiche suintant la goguenardise, ces exercices perpétuent le geste de l’enfant qui recopie Tintin ou Lucky Luke. «Tout à fait lucide, je me rends compte que depuis 45 ans, une grande part de mon travail est consacrée à une forme de recopiage, médite le dessinateur. Depuis que je tiens un crayon, je fais des variations. Je tourne autour d’une idée primitive, un peu nébuleuse, impossible à matérialiser. Peut-être est-ce simplement le plaisir de dessiner…»

Dessinateur virtuose, créateur protéiforme puisant son inspiration dans la musique, la peinture, la littérature ou le cinéma, Blutch, né Christian Hincker en 1967, à Strasbourg, ne se définit pas par un personnage ou une série, mais par une curiosité insatiable. Grand Prix à Angoulême en 2009, invité d’honneur de BDFIL à Lausanne en 2015, il explore de nouvelles voies narratives et de nouvelles techniques, publie des albums tenant du nouveau roman (Lune l’envers) ou du manifeste (Pour en finir avec le cinéma), collabore à des revues de jazz, au New Yorker, à des projets cinématographiques…

Blutch compare ses variations à John Coltrane déstructurant «My Favorite Things», la ritournelle de La Mélodie du bonheur. «Au début, je pensais fortement au jazz. Je voulais distordre des standards. Les 30 classiques que j’ai choisis me sont proches. Ils me structurent, même le Michel Vaillant de Jean Graton. Ce ne sont pas des lectures oubliées ou des réminiscences vagues de l’enfance, mais des livres toujours à portée de main.» Défraîchis, maculés, les albums de son enfance l’ont accompagné. «Petit, je dessinais dans les livres même. Si je trouvais qu’il n’y avait pas assez de chapeaux dans Tintin, je rajoutais des chapeaux… Ces livres étaient des terrains de jeux.»

Le choix des sujets s’est opéré au feeling. Il peut dérouter. Ainsi la séquence Blake & Mortimer, tirée du Piège diabolique, se centre sur Mortimer lançant le chronoscaphe dans l’abîme du temps. Visuellement, elle est nettement moins excitante que la suivante, incluant élasmosaure et ptéranodons. «Oui, c’est vrai, admet Blutch. J’essaie de me remémorer l’élément qui m’a frappé. Là, c’est l’enfermement dans la sphère, l’angoisse du départ pour un voyage sans retour. Ça m’avait vraiment glacé. Cela dit, ce n’est pas ma page la plus réussie. Je la trouve assez scolaire. Je n’ai pas réussi à tordre le cou aux ornements d’Edgar P. Jacobs. Je suis resté prisonnier de sa grammaire.» Toutefois, les «images terrifiantes» qui assaillent le professeur dévalant les corridors du temps ont une connotation autrement sexuelle que les originales… «Oui, petite pirouette», élude le polisson avec un petit rire.

Sur Alix de Jacques Martin, il n’a pas manqué cet épisode de Iorix le grand dans lequel une frêle blonde, outragée par un soudard, a marqué la libido de plus d’un adolescent, Blutch inclus: «Oui cette scène est d’une brutalité assez intolérable. Je me souviens que j’étais choqué et en même temps troublé. Une forme d’érotisme se dégage entre l’indignation et l’excitation. Là j’ai dû modifier la mise en scène. Martin serre trop sur ses personnages. J’ai élargi le cadre.»

L’ombre de Gotlib

Il y a des variations insensibles ou tangentielles, comme un élément de décor qui change dans le Nestor Burma de Tardi ou les simiens de La Planète des singes qui s’invitent dans Les Naufragés du temps de Paul Gillon. Ailleurs, Blutch prend des libertés frôlant l’iconoclasme. Un hommage à Franquin permute les personnages de Gaston Lagaffe et de M. de Mesmaeker, juste pour le plaisir de dessiner le gaffeur en costume trois pièces. Le western suscite des délires transgenres: Blueberry et Angel Face ont changé de sexe, tandis que Blutch, le petit pleutre des Tuniques bleues à qui Christian Hincker doit son pseudonyme, surprend la baignade d’un gros moustachu plutôt que d’une charmante demoiselle.

La variation sur Gotlib a une saveur particulière. Car Blutch s’est approprié la Rubrique-à-Brac qui parodie Lucky Luke dans le style du western spaghetti. «Je trouvais judicieux de faire une variation de variation. Je pensais que cela amuserait Marcel. Je regrette qu’il ait raccroché avant de voir ce dessin.» Marcel Gotlib, maître de l’Amusement, de l’Humour, de la Dérision, de l’Hilarité et de toutes ces sortes de choses est décédé en décembre dernier. Quinze jours avant sa disparition, il envoyait à Blutch une plume, qui a servi à réaliser certaines variations, dont celles de Fred et Alexis, deux amis du maître. «Malheureusement, en faisant la page de Druillet, j’ai brisé la plume de Marcel. Elle s’est atomisée.» Il admet que cette fracture fasse sens avec Druillet: l’architecture non-euclidienne de la tour cyclopéenne conçue par le visionnaire halluciné est un défi aux lois naturelles…

Ça ne schtroumpfe pas

Variations se définit aussi par ses absents. Pas de Schtroumpfs, car Blutch les trouve «laids, pervertis par les dessins animés et les figurines». Picsou, auquel il voue un culte, n’est pas de la partie, car le travail se concentre sur les auteurs européens et exclut la bande dessinée animalière. Bécassine? «J’avoue que je ne l’ai pas lue. Les dessins sont très beaux, mais les récits ne m’ont jamais attiré.» Le dessinateur tient pourtant le rôle du père de la petite bonne bretonne dans le prochain film de Bruno Podalydès. «C’est Bruno qui m’a entraîné vers Bécassine, pas le contraire...» Quant à Tif & Tondu, c’est comme Miles Davis reprenant Porgy & Bess, puisque Blutch travaille sur une grande aventure des deux détectives: 33 planches sont déjà prêtes.

Il reste une question susceptible de rendre fou et de mettre en péril l’équilibre du monde: qui fera des variations sur Blutch? Le Grand Variateur se marre: «On ne va pas faire des variations à partir de ces variations-là. Et pourtant, l’autre jour, René Pétillon m’a dit: «Tiens? J’aimerais bien faire une variation d’après ta variation sur Jack Palmer». Pétillon va-t-il redessiner ce que Blutch a redessiné? Une mise en abyme vertigineusement borgésienne s’esquisse…


Blutch, «Variations», Dargaud, 68 p.

LE TEMPS


lundi 25 janvier 2021

Tif et Tondu reviennent de loin


 

Tif et Tondu reviennent de loin

Aventuriers et détectives, le chauve et le barbu ont fait la joie des lecteurs du «Journal de Spirou». Sortis des mémoires, ces héros de bande dessinée de seconde division reprennent vie sous le pinceau du grand Blutch dans «Mais où est Kiki?». Une résurrection de première classe!

Antoine Duplan
Publié samedi 15 février 2020 à 16:42
Modifié samedi 15 février 2020 à 16:44



Au milieu de la nuit, un bruit a tiré du sommeil l’antiquaire Patrice Goret de Saint-Guy. Pistolet au poing, il découvre un intrus qui force au chalumeau la chambre forte. «Les mains en l’air», lance-t-il. Le cambrioleur réplique d’un sarcasme, et son complice assomme l’antiquaire. Quelques heures plus tard, les deux voleurs masqués quittent les lieux. Ils ôtent leur cagoule: c’est Tif et Tondu! Deux vieux amis perdus de vue! De retour! Et dessinés par Blutch qui plus est! Le shot de nostalgie s’accompagne d’une promesse graphique excitante.

Tout le monde connaît Spirou. Mais les contemporains du groom espiègle, ses collègues Tif et Tondu, sont sortis des mémoires. Le 21 avril 1938, Tif est pourtant au sommaire du premier numéro de Journal de Spirou. A la cinquième planche de ses aventures, le glandeur glabre tombe sur un naufragé hirsute. Tif le chauve trouve en Tondu un alter ego à poil dru partageant une même robuste bonne humeur. Leurs tribulations se ressentent de l’imaginaire de l’époque. Sur les traces de Tintin, ils se risquent Au Pays des gangsters avant d’aller voir ce qui se passe Au Congo belge.

Génie du mal

En 1955, Dineur cède ses personnages à Willy Maltaite, dit Will (1927-2000), un dessinateur, illustrateur, art director et fin décoriste (pour Spirou ou Benoît Brisefer) dont le trait vif allie aimablement l’efficacité et la rondeur. Le scénariste Maurice Rosy introduit un rien d’étrangeté et crée Monsieur Choc, un génie du mal dissimulant son visage sous un heaume d’armure.

La Villa du Long-Cri instille un climat inquiétant avec ses automates ambigus; dans Le Réveil de Toar, Monsieur Choc ranime un robot géant forgé au Moyen Age et, dans Le Grand Combat, il parasite les rêves de ses adversaires; La Matière verte invente un extrait de chlorophylle susceptible de transformer Tif en superballe…

Touche féminine

A la fin des années 60, Maurice Tillieux, le créateur de Gil Jourdan, remplace Rosy. Cet amateur d’ambiances simenoniennes donne un tour plus réaliste à la série, empruntant aussi bien à H.G. Wells (L’Ombre sans corps) qu’au French Connection de Friedkin (Tif et Tondu à New York). Il amène une touche féminine bienvenue avec la comtesse Amélie d’Yeu, dite Kiki.

Après le décès de Tillieux, le cycle perd la grâce. On touche le fond avec La Tentation du bien (1989), dans lequel Tif infiltre un groupuscule d’extrême droite et flingue sans états d’âme les ennemis. Will jette l’éponge et se consacre à des projets plus proches de sa sensibilité comme Isabelle, situé dans le monde des fées, des albums en couleur directe, des peintures érotiques. Relancée avec une nouvelle équipe, la série s’arrête en 1997 dans l’indifférence.

Mollusque abyssal

Né en 1967, Blutch a rencontré Tif et Tondu dans Sorti des abîmes, un album publié en 1972. Il n’a jamais oublié les premières pages de ce récit qui confronte les héros à un mollusque abyssal terrorisant Londres: «La R16 jaune, Douvres sous la pluie, Kiki au volant et les deux vieux garçons en costume bleu… Ces images m’ont fait forte impression. Je suis entré avec elles dans Tif et Tondu… Et je n’en suis pas ressorti.» Les deux héros rondouillards ont séduit le dessinateur par «leurs silhouettes, leur côté interchangeable, comme deux bonshommes Playmobil».

L’idée de ressusciter Tif et Tondu a germé en 2011. Robber, le frère de Blutch, met un terme à sa vie de patachon (terminologie officielle) pour rédiger un scénario sous la forme d’une nouvelle très dialoguée de quelque 40 pages. Blutch découpe, transforme la matière littéraire en récit dessiné. «Mon travail est un travail d’interprétation. La partition, c’est mon frère», précise cet amateur de jazz et de variations graphiques. La réalisation de Mais où est Kiki? s’avère un travail de longue haleine: les premiers dessins ont été dévoilés en 2015 à Lausanne, au festival BDFIL…

Nonchalant rigolo

Au cours des huit décennies précédentes, l’activité professionnelle de Tif et Tondu n’a jamais été précisée. Aventuriers, redresseurs de torts, ils évoquent parfois des «mémoires» à rédiger. Blutch a donné une seule indication à son cadet: «Ils sont romanciers.» Et plus précisément «justiromanciers», beau néologisme fusionnant l’enquête et l’écriture. «Les héros sans emploi ne me dérangent pas. C’est la licence poétique de la bande dessinée, médite le dessinateur. Ils partent à la conquête d’un espace inviolé ou capturent des méchants. Cela me suffit. Tif et Tondu m’a toujours semblé relativement réaliste, plus adulte que d’autres publications de Spirou. Il y a des morts, une certaine âpreté. Dans ce contexte, il me semblait naturel de leur donner un métier.»

Selon Will, Tif et Tondu étaient «deux boules faciles à dessiner». Tillieux affine la dualité des faux jumeaux: Tondu est le principe actif, l’élément raisonnable, Tif le nonchalant rigolo. Robber et Blutch précisent le profil de ces Boileau-Narcejac qui font le coup de poing: intello un peu ronchon, le barbu rédige les romans, tandis que le chauve active ses indics, boit des coups et rigole avec les filles.

Kiki se morfond dans la bonbonnière rose où un ravisseur énigmatique la détient

Situé en 1986, avant l’invention du téléphone portable, Mais où est Kiki? perpétue une tradition de roman noir frotté d’humour. Robber et Blutch subliment jusqu’au grotesque la bizarrerie inhérente à ces héros de seconde division. Truculent, extravagant, le récit se construit autour de deux intrigues parallèles qui ne se rejoignent pas à l’infini, les auteurs préférant conclure sur la plage de Deauville balayée par le vent plutôt que sur un retour à l’ordre, éventuellement assorti d’une morale «à la Blake et Mortimer, où l’on crie «God Save the Queen!» rigole Blutch.

Nain hargneux

Dédicaçant leur dernier livre, L’Antiquaire sauvage, les justiromanciers reçoivent un message qui demande «Mais où est Kiki?». Puis une blonde hystérique fait du grabuge dans la librairie. Elle veut venger son papa, l’antiquaire véreux. Quant à l’amie Kiki, elle a effectivement disparu…

Les pistes mènent à une villa plus sinistre que celle du Long-Cri et au Goulag Club où la fine fleur de la pègre mondiale est réunie pour la présentation du Roborobber, une machine de guerre indestructible. L’antiquaire s’évade, Tif et Tondu se font rosser par un nain hargneux et attaquer par un homme invisible avant de se fritter avec les truands les plus patibulaires des cinq continents, tandis que Kiki se morfond dans la bonbonnière rose où un ravisseur énigmatique la détient.

Pinceau virtuose

Est-il difficile d’oublier Will quand on reprend Tif et Tondu? «Question compliquée, juge Blutch. Je suppose que Jacobs est plus écrasant pour les repreneurs de Blake et Mortimer et Pratt pour ceux qui animent Corto Maltese. Will n’a pas une présence autoritaire.» D’un pinceau virtuose, le dessinateur brouille la ligne claire, prend ses distances avec les canons de la bande dessinée franco-belge et revendique l’influence graphique de Pellos, le dessinateur des Pieds Nickelés – «Je voulais retrouver sa vivacité, sa rapidité. Mais je n’y suis évidemment pas parvenu»…

L’image de couverture montre Kiki tombant d’une falaise devant Tif et Tondu affolés

Un point pour les yeux, une bouche comme s’ils avalaient une saucisse en largeur: Tif et Tondu, selon Blutch, restent graphiquement simples. Ces figures «presque schématiques, presque enfantines» croisent des personnages tout à fait réalistes, basés sur des photos, des souvenirs, des personnalités réelles (Pierre Bellemare) ou des références amusantes (le Chinois au yatagan vient de L’Héritage de Rantanplan).

«J’ai toujours mélangé les registres sans calculer si ça allait être harmonieux. Des éléments disparates se retrouvent dans mes histoires, alors que Will dessinait tout de la même manière et parvenait à une harmonie générale. Je n’ai pas cet esprit de synthèse. J’espère qu’il n’y a pas trop de fausses notes, que l’ensemble tient.»

Bleu ardoise

L’image de couverture montre Kiki tombant d’une falaise devant Tif et Tondu affolés. Cet instantané de nature onirique ne correspond à aucune séquence du livre. Blutch assume sereinement cette supercherie dont Morris était coutumier: les couvertures de Lucky Luke ne reproduisent jamais une scène mais «condensent et symbolisent l’esprit du livre». Quant aux couleurs de Mais où est Kiki?, elles ne ressemblent à rien de connu. Ce sont des aplats de bleu ardoise et cobalt, de jaune soufre, de rouille et de terracotta… Cette palette glauque contribue à l’ambiance hard boiled et traduit la gueule de bois des années 80.

Mais où est Kiki? s’accompagne d’un bonus épatant, L’Antiquaire sauvage, un roman de Tif et Tondu. Dans ce petit polar, écrit par Robber et illustré par Blutch, Tondu raconte l’enquête qui a abouti à l’incarcération de Patrice Goret de Saint-Guy. L’épilogue du vrai faux roman correspond aux trois premières planches de la bande dessinée. Cette translation introductive est délectable.

Contrairement à certains Astérix, ou Lucky Luke, ou Tintin (Les Bijoux de la Castafiore), aucun des 45 albums de Tif et Tondu ne peut être considéré comme un chef-d’œuvre, observe Blutch. Mais chacun réserve «des moments de grâce, quelque chose de magique, un mélange de mystères et de poésie.» Ces éléments s’exacerbent aujourd’hui. Les personnages créés par Fernand Dineur auront attendu 82 ans pour inspirer un premier chef-d’œuvre. Passez muscade!


Bande dessinée

«Mais où est Kiki?»
Blutch et Robber
Dupuis
78 p.

Roman policier

«L’Antiquaire sauvage, un roman de Tif et Tondu»
Robber et Blutch
Dupuis
92 p.

Bande dessinée

«Tif et Tondu, L’intégrale 1964-1965 (Choc au Louvre, La Villa du Long-Cri, Les Flèches de nulle part, La Poupée ridicule)»
Will et Rosy 
Dupuis
264 p.

LE TEMPS


samedi 23 janvier 2021

Tif et Tondu, un retour attendu

 



Tif et Tondu, un retour attendu

C’est un retour très attendu, vraiment. Blutch, sur un scénario de son frère Robber, a remis en selle un des duo de héros les plus fondateurs de la BD contemporaine. Tif et Tondu sont à la Une du numéro en date du 27 juillet de Spirou. Bien normal quand on sait que Tif et Tondu y ont fait toute leur carrière, de 1938 à la fin du XXe siècle. Pour ce 80e anniversaire, les deux frères ont signé bien autre chose qu’une simple reprise. Avec Mais où est kiki ?, Blutch et Robber se sont aussi offerts une légère tranche de nostalgie sur fond de polar bien classique, à la Simenon ou à la Léo Malet qu’ils citent dans leurs influences.

Spirou

Un antiquaire véreux trafiquants d’œuvres d’art, Tif et Tondu en gentlemen cambrioleurs, la comtesse Kiki va s’évaporer en ce milieu des années 80. Voilà pour le début de la prépublication dans Spirou de cet album qui devrait faire date. Le trait de Blutch, la narration de son frère, l’intrigue dépassent largement le cadre de la simple reprise. Il y a, de leur part, un fort investissement novateur. De l’humour aussi, des influences comme celle qu’avouent Robber de Gil Jourdan. Le duo est justi-romanciers, justiciers et romanciers.

Spirou n°4241 du 24 juillet 2019, 2,50 €

Tif et Tondu

Cahiers Tif et Tondu

Vient de sortir également le tome 3 des Cahiers de Tif et Tondu. Cela devient une habitude chez certains éditeurs de pré-publier un album à sortir sous forme de gazette, avec des bonus, les coulisses, des story-board des planches pas encore terminées et même cette fois un roman, l’Antiquaire sauvage. On ne dévoilera rien de cet opus qui boucle Mais où est kiki ? Si ce n’est qu’on y a croisé Pierre Bellemare. A suivre et on reparlera de cet album dès sa sortie.

Cahiers Tif et Tondu, Tome 3, Dupuis, 14 €






mercredi 20 janvier 2021

Blutch et Robber

 

Blutch et Robber

Blutch


A propos

Né à Strasbourg en 1967, Christian Hincker, dit Blutch, est diplômé de l'école des arts décoratifs de sa ville natale. Il publie ses premières bandes dessinées dans le magazine 'Fluide glacial' à partir de 1988 ; elles paraîtront en albums sous les titres "Waldo's bar", "Mademoiselle Sunnymoon" et "Blotch", pour lequel Blutch reçoit l'Alph-Art humour du festival d'Angoulême en 2000. La revue 'Lapin' accueille les récits qui deviendront "Sunnymoon, tu es malade" (L'Association, 1994). Cornélius publie "Lettre américaine" (1995), puis la série de cinq fascicules intitulés "Mitchum" (de 1996 à 1999). Pour la revue '(À suivre)', il s'émancipe du registre humoristique en adaptant le "Satyricon" de Pétrone. L'album "Peplum" est publié en 1997 par Cornélius. L'année suivante, il signe "Le Petit Christian", dans lequel il met en scène les souvenirs de son enfance en Alsace dans les années 1970. Il poursuit ce volet autobiographique dans un second tome qui paraît dix ans plus tard, en 2008. En 2002, il intègre la collection « Aire libre », chez Dupuis, avec "Vitesse moderne", lauréat du prix Töpffer international décerné par la ville de Genève. Parallèlement à ses travaux d'auteur, Blutch illustre plusieurs ouvrages pour enfants au début des années 2000, explorant différentes techniques pour offrir des univers graphiques très différents, comme les illustrations de "Contes d'Amérique", d'Henri Gougaud, réalisées au pastel gras. Il a mené depuis une carrière prolifique d'illustrateur, notamment pour le cinéma (affiches des trois derniers films d'Alain Resnais) et la musique (affiches du festival de jazz Banlieues bleues depuis 2012). Il a publié une dizaine de livres ces quinze dernières années, principalement chez Futuropolis ("C'était le bonheur", "La Volupté", "La Beauté"), puis chez Dargaud ("Pour en finir avec le cinéma", "Lune l'envers", "Vue sur le lac", "Variations").

En 2019 , Blutch le strasbourgeois a été triplement mis à l'honneur par sa ville, où son œuvre a fait l'objet de plusieurs expositions dans les différents grands musées de la cité rhénane : Musée Tomi Ungerer, Musée d'Art moderne et contemporain et Médiathèque centrale.

Blutch a reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême en 2009.

Robber


A propos

Robber est né à Strasbourg le 21 septembre 1971. Il est âgé de six ans quand il lit pour la première fois Tif et Tondu contre la main blanche. C'est son grand frère, Blutch, qui le lui a mis entre les mains. Sorti des abîmes s'impose plus tard comme son album préféré.

Robber a décidé de se consacrer à ce que, selon lui, il fait le mieux : raconter des histoires.

DUPUIS