mercredi 31 décembre 2014

Comme les amours / Una déambulation troublante dans le jardin de bien et du mal


COMME LES AMOURS DE JAVIER MARÍAS: UNE DÉAMBULATION TROUBLANTE DANS LE JARDIN DU BIEN ET DU MAL ….
«Vous me croyiez mort, n’est-ce pas, comme je vous croyais morte? Notre position est vraiment étrange ; nous n’avons vécu jusqu’à présent l’un et l’autre que parce que nous nous croyions morts, et qu’un souvenir gêne moins qu’une créature, quoique ce soit chose dévorante parfois qu’un souvenir.» Alexandre Dumas, extrait Les trois mousquetaires.
Editrice madrilène à l’existence discrète, lasse des atermoiements des auteurs dont elle a la charge, María prend chaque matin à proximité de son lieu de travail un petit-déjeuner qu’elle accompagne d’une contemplation: celle d’un couple dont la perfection enchante ses journées et en rend tolérable l’ennui.
Un émerveillement de courte durée quand elle apprend l’assassinat sauvage de l’homme, Miguel Desvern, producteur de renom et époux de Luisa avec laquelle il composait cette partition de conte de fées. Privée de tout optimisme, la vie de María reprend un cours sans saveur et lorsqu’elle croise à nouveau la femme elle ose enfin décliner son identité et lui révéler la joie que lui procurait leur couple. Dévastée par l’absence de l’être aimé, Luisa évoque la ténacité du chagrin et c’est par la petite porte des confidences qu’elle autorise María à entrer dans son intimité, lui présentant quelques proches dont le très séduisant Javier Díaz-Varela, qui fut l’ami de son compagnon. Très vite, le hasard mettra Díaz-Varela sur le chemin de María. De cette rencontre imprévue naîtra une mélodie bien plus sombre, une variation empreinte de duplicité où s’invitera un tout autre deuil: celui de la perte des illusions…
Unaniment salué de par le monde littéraire, le savoir-faire de Javier Marías prend dans ce roman une dimension de conte philosophique à faire pâlir d’envie Monsieur Perrault en personne. S’aidant d’une langue altière et impeccable dont il demeure l’un des indiscutables garants, Javier Marías livre une réflexion exigeante sur les insuffisances de nos jeux de l’amour et du hasard et c’est avec une cruauté délectable qu’il nous invite à méditer sur les roueries et petits arrangements dont peuvent s’entourer les plus nobles sentiments. En choisissant de se glisser dans la psyché et les palpitations d’une narratrice, il témoigne de sa vaste connaissance de l’intériorité féminine et de de sa disposition séculaire à tomber en amour pour ce qui lui échappe, laissant ainsi à l’homme un autre emploi bien connu: celui du prédateur à l’effleurement sensuel animé par la convoitise.
En filigrane de cette incursion dans la fable, Javier Marías se réapproprie avec agilité une autre thématique: celle de la mort et plus largement celle de notre faculté d’oubli. Car une fois la perte du proche acceptée, souhaitons-nous vraiment la réapparition des défunts dans nos vies? Ne préférons-nous pas l’espace cotonneux du souvenir? Une savante digression qu’il met en abyme en nous offrant une relecture admirable de modernité du Colonel Chabert auquel Honoré de Balzac fit dire cette phrase tristement célèbre «J’ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre.»
Un très grand roman, une écriture délectable parce que rare. Saisissant et venimeux . Beau et imparfait «comme nos amours»…
ASTRID MANFREDI

mardi 30 décembre 2014

Javier Marías / Une brillante déambulation dans les méandres de la conscience

Javier Marías
Javier Marías
COMME LES AMOURS
une brillante déambulation 
dans les méandres de la conscience


Si Laura Kasischke joue avec le lecteur et l’inconscient, Javier Marías place la manipulation au cœur même de son sujet avec une brillante déambulation dans les méandres de la conscience. Une performance à déconseiller aux amateurs de péripéties musclées, mais qu’apprécieront les passionnés de grande littérature.
À force de prendre son petit déjeuner chaque matin dans la cafétéria à côté de son bureau, María Dolz remarque l’heureuse complicité qui anime un couple d’habitués. Petit à petit, leur présence agit comme un rituel réjouissant avant de commencer une ennuyeuse journée de travail. Elle ne s’inquiète guère de ne plus les voir à son retour de vacances jusqu’à ce qu’elle apprenne que l’homme, Miguel Deverne a été assassiné de seize coups de couteau par un sdf déséquilibré qui l’accusait de vouloir spolier ses deux filles de leur héritage.
Bouleversée, elle rend visite à Luisa, sa veuve qui la reconnaît, l’accueille et lui confie vivre un chagrin insurmontable. Lors de cette entrevue, elle fait la connaissance du meilleur ami de la victime, Javier Díaz-Varela, un séduisant parleur dont elle pressent qu’il est amoureux de Luisa et avec qui elle entame néanmoins une liaison. Involontairement, María va se retrouver au cœur d’une conspiration diabolique en relation avec la mort de Miguel qui l’obligera à sonder ses propres gouffres, tester son courage, sa loyauté ou sa lâcheté, sa capacité à se convaincre d’une version ou d’une autre, suivant qu’elle apaise ses états d’âme ou non.
Que savons-nous de ceux qui nous entourent? De leurs pensées intimes, de leurs réelles intentions ou de ce qu’ils ont fait par le passé? Quelle vérité nous parvient d’eux au bout du compte? Et quelles mains invisibles pétrissent parfois notre propre destin? D’introspection en fausses pistes, de correspondances littéraires en rebondissements, Javier Marías élabore une réflexion machiavélique sur l’amour, la mort, le deuil et le travail falsificateur du temps.
Par une multitude de circonvolutions, toujours pertinentes, qui passent par une relecture étonnante du Colonel Chabert, ainsi que des références à Shakespeare ou Dumas, il diffuse, à dose homéopathique, un suspense dont les digressions étudient la moindre palpitation du cheminement de María. Mensonges, trahisons, autosuggestion alimentent cette construction philosophique complexe, qui explore chaque recoin de nos douteux arrangements avec la vérité et la morale.
BÉATRICE ARVET
La Semaine, 3 Novembre 2013

lundi 29 décembre 2014

Javier Marías / Comme les amours / Roman



Javier Marías
COMME LES AMOURS
Roman

Une inconnue s'immisce dans la vie d'une veuve dont le couple parfait a été violemment brisé. Une réflexion poétique sur l'amour, le deuil et l'oubli.

Sélection “Télérama”

Par Nathalie Crom

Le réel n'est pas que tangible, événements, faits, lieux, mots prononcés – il est cela, bien sûr, mais à quoi s'ajoute la somme sans fin des pensées et de leurs revirements, des intentions, des intuitions, des éclats de désir ou de mémoire, des hypothèses, des possibles demeurés inaccomplis. C'est de ce réel vertigineux, inaccessible parce que sans contour, sans limite, que se saisit l'écrivain Javier Marías dans Comme les amours, exercice romanesque éblouissant fonctionnant tout ensemble comme un roman à suspense et une fable métaphysique déployant une méditation captivante sur les thèmes forcément mêlés de l'amour, de la mort.

Tout commence donc comme une narration classique, plutôt attrayante : tous les matins, à la terrasse du café où elle prend son petit déjeuner, une jeune femme prénommée María, la narratrice du roman, observe discrètement un couple qu'elle a surnommé le Couple parfait – parce que le spectacle non ostentatoire mais éclatant de leur amour, de l'harmonie qui règne entre eux deux, lui « donne plaisir et quiétude », confère à sa journée à venir une aura d'optimisme. Cela dure des mois, jusqu'au jour où María apprend que l'homme est mort brutalement, poignardé par un sans-domicile-fixe déséquilibré. Le Couple parfait disparaît donc de son paysage, mais un beau jour, à la terrasse du café, réapparaît la femme, seule donc désormais, et dont María décide de s'approcher, mue par un sentiment mélangé de sympathie et de curiosité.

Le défunt s'appelait Miguel Deverne ou Desvern – sur cette question, le flou persiste... –, apprend María, son épouse se nomme Luisa Alday, ­accablée par le deuil et l'absence de l'homme qu'elle aimait. Instantanément, voilà María comme aspirée par ce chagrin, obsédée et mentalement envahie par cette femme navrée et par ceux qui l'entourent, notamment le ­dénommé Javier Diaz-Varela, qui fut le meilleur ami de Miguel et veille désormais sur Luisa.

La piste de lecture de Comme les amours ouverte par les toutes premières pages du livre, celle qui relève presque du roman policier, tourne rapidement court, tandis que l'on pénètre toujours plus avant dans le patient, précis et enveloppant dispositif narratif que met en place Javier Marías. Si enquête il y a, son objet n'est pas tant de savoir qui a guidé la main de l'assassin de Miguel Deverne/Desvern – on le saura, de fait, mais peu importe ou presque – que de réfléchir à la place qu'occupent les morts auprès des vivants. De quelle façon pèsent sur ces derniers la mémoire de ceux qui ne sont plus là, les promesses qui leur ont été faites ? Quelle sorte de crime est l'oubli ? Que devient l'amour lorsque celui ou celle qui le suscitait n'est plus là ? Quelle ambivalente curiosité, ou secrète perversité, nous incite parfois à imaginer la mort d'un être proche, aimé ? De quel meurtre, quel sacrilège nous rendons-nous alors coupable ? Ce ne sont là que quelques-unes des interrogations que soulève, examine, évalue moralement et poétiquement le roman hautement spéculatif de Javier Marías. Lequel convoque, en outre, en guise d'interlocuteurs privilégiés, Balzac (Le Colonel Chabert), Dumas (Les Trois Mousquetaires) et Shakespeare (Macbeth), pour avec eux, non pas en marge de la narration mais à travers elle, converser sur l'amour, la mort, la folie, le meurtre.
Le 21/09/2013 - Mise à  jour le 20/09/2013 à  23h45

 - Telerama n° 3323



dimanche 28 décembre 2014

Une vente de livres de Jules Verne rapporte 278.000 euros


Des exemplaires des œuvres de Jules Verne décorés par Hetzel, en 2006.

Une vente de livres de Jules Verne rapporte 278.000 euros


Par Violaine Morin, AFP agence
Publié le 13/06/2014 à 07:02

Des ouvrages de l'auteur de Vingt Mille Lieues sous les mers, décorés par l'éditeur Hetzel, ont décuplé leur estimation, mercredi chez Arcurial.


Jules Verne n'a pas fini de plaire. L'auteur français le plus traduit au monde, dont les romans ont été habillés par l'éditeur de génie Hetzel, a rapporté 277.368 euros en vente aux enchères mercredi chez Arcurial. Au total, 300 volumes des «Voyages extraordinaires» de Jules Verne étaient à vendre mercredi. Une date qui coïncidait avec le bicentenaire de la naissance de Pierre-Jules Hetzel (1814-1886), inventeur de l'édition moderne.
Certains lots ont décuplé leur estimation, comme le roman «Une ville flottante», estimé 1.500 à 1.800 euros, et vendu 14.500 euros. Dans l'ensemble, la vente a doublé son estimation et 96% des lots ont trouvé preneurs, selon la maison d'enchères.
Débutée en 1863, l'odyssée Jules Verne-Hetzel dura plus de quarante ans. «Les Voyages extraordinaires» se composent de soixante-deux romans qui ont donné le jour à plus de 2000 variantes de cartonnages rivalisant de décors et de couleurs. Un coup de maître éditorial qui fait la fortune des Éditions Hetzel et séduira les collectionneurs. En 1868, Jules Verne écrivait à Hetzel: «Votre Verne, celui que vous avez inventé».
La technique du cartonnage permettait, avec un prix de revient bien inférieur à celui du cuir, de décliner à l'infini les plaques servant à la gravure.



samedi 27 décembre 2014

Jules Verne / La légende du Nautilus

Gravures grand format et manuscrit original pour une immersion dans l'œuvre de Jules Verne.

Jules Verne : la légende du Nautilus

Par Bruno Corty
Publié le 18/12/2014 à 07:00

Diffusé en feuilleton en 1869 et 1870, Vingt Mille Lieues sous les mers, le plus célèbre des Voyages extraordinaires de l'écrivain français, paraît en édition de luxe.


Quel gamin n'a pas un jour rêvé d'embarquer à bord duNautilus et, comme Pierre Aronnax, son domestique Conseil et le géant canadien Ned Land, d'y faire la connaissance du capitaine Nemo? Nos aïeux ont découvert ce roman du cycle des Voyages extraordinaires en feuilleton dans Le Magazine d'éducation et de récréation. Journal pour toute la famille du 20 mars 1869 (numéro 121) au 20 juin 1870 (numéro 151). Cette revue fut créée par l'éditeur Jules Hetzel, qui publia ensuite l'histoire de Verne en deux volumes puis en un seul en 1871.

Le manuscrit, dans sa deuxième version, la seule complète connue à ce jour, fut cédé par Michel Verne, le fils de l'écrivain, au prince Roland Bonaparte en 1906. La bibliothèque du prince fut ensuite léguée à la Société de géographie puis en 2010 à la BnF au département des cartes et des plans.
C'est cette version qui est aujourd'hui publiée par les Éditions des Saints Pères, qui nous offrirent en début d'année l'incroyable manuscrit du Voyage au bout de la nuit de Céline.
Restauré, en série limitée et numérotée (1000 exemplaires), dans un coffret assemblé à la main, cet inédit de 500 pages est enrichi des gravures de l'époque signées Alphonse de Neuville et Édouard Riou, présentées pour la première fois en grand format.

«J'espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs des mers et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner.»
Lettre de George Sand à Jules Verne
On se souvient que l'idée du livre fut en grande partie inspirée par George Sand. Après avoir dévoréCinq Semaines en ballon et Voyage au centre de la Terre, la romancière écrivit à Jules Verne: «J'espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs des mers et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner.» Verne se lance en 1865. Le livre s'appelle alors Voyage sous les eaux. Puis viendront Vingt Mille Lieues sous les eauxVingt Mille Lieues sous les océansMille Lieues sous les océans… avant le titre définitif en 1868.


Entre l'écrivain et son éditeur, le dialogue est âpre. Jules Verne voulait que le capitaine Nemo soit un Polonais, victime des Russes. Hetzel refuse. Hetzel souhaitait que Nemo soit un anti-esclavagiste. Verne refuse. En 1868, le romancier, angoissé, écrit à Hetzel: «Si je ratais ce livre-là, je ne m'en consolerais pas. Je n'ai jamais eu un plus beau sujet entre les mains.»
Le résultat est à la hauteur de ses espérances. Et, à l'heure des liseuses, de la littérature électronique, il est tout simplement magique de pouvoir relire cette histoire fantastique avec l'écriture de Verne, belle, régulière, aérée dans la première partie, beaucoup plus nerveuse, serrée dans la deuxième. La personnalité sombre de Nemo, les naufrages, attaques de calmars géants, le piège des glaces, l'Atlantide: on est émerveillé par l'imaginaire du génial Nantais.

Vingt Mille Lieues sous les mers, le manuscrit de Jules Verne, Éditions des Saints Pères, 512 p. 189 €.


vendredi 26 décembre 2014

Le remake de Jules Verne par Disney tombe à l'eau

La version 3D de <i>Vingt Mille Lieues sous les mers</i>, produite par les studios Disney, ne verra pas le jour.

Le remake de Jules Verne par Disney tombe à l'eau


Par Margaret Alwan
Mis à jour le 23/07/2013 à 23:28
Publié le 23/07/2013 à 16:57

L'adaptation du roman Vingt Mille Lieues sous les mers, sous la direction de David Fincher, n'aura finalement pas lieu. En cause, un budget trop coûteux pour la maison de Mickey, qui peine à se remettre de l'échec cuisant de Lone Ranger.


Le projet ambitieux faisait rêver. Il ne verra malheureusement pas le jour. L'adaptation du célèbre roman de Jules VerneVingt Mille Lieues sous les mers, produit par les studios Disney et réalisé par David Fincher, n'aura pas lieu. D'après le blog The Playlist du site américain Indiewire, le remake en 3D du film de Richard Fleischer (en salles en 1954), également produit par la maison de Mickey, ne pourra pas se faire en raison d'un budget trop conséquent, évalué à 200 millions de dollars. Un coût d'autant plus onéreux que les studios Disney se remettent tout juste de l'échec retentissant de Lone Ranger, le western du réalisateur à l'origine de la saga Pirates des Caraïbes, Gore Verbinski.
Le long-métrage, qui raconte les aventures du justicier légendaire John Reid (Armie Hammer) et de son acolyte, le guerrier indien Tonto (Johnny Depp), a non seulement été mal accueilli par la critique anglo-saxonne mais a surtout récoltédes résultats catastrophiques au box-office américain. Au premier jour de sa sortie outre-Atlantique, le film, dont la sortie française est prévue pour le 7 août prochain, a totalisé 10 millions de dollars de recettes pour un budget de 250 millions. Des problèmes rencontrés en production parmi lesquels un tournage interrompu en août 2011 et une coupe budgétaire importante (avec une baisse de 20% des salaires), laissaient déjà entrevoir au producteur Jerry Bruckheimer cette fâcheuse performance.
Dans la même lignée, les mauvais résultats de l'autre superproduction John Carter, réalisée par Andrew Stanton,avaient engendré des pertes d'environ 200 millions de dollars sur le deuxième trimestre fiscal, clos au 31 mars 2012. Face à ces deux gros flops aux lourdes conséquences, les studios Disney ne veulent pas prendre le risque de s'engager sur un projet d'une telle ampleur.

Adieu Channing Tatum, bonjour Ben Affleck

Les spectateurs avaient pourtant l'espoir de voir l'adaptation de Vingt Mille Lieues sous les mers se réaliser en apprenant au mois de février dernier qu'une aide financière de 12 millions de dollars venant du gouvernement australien serait apportée à David Fincher, et que l'acteur abordableChanning Tatum remplacerait le coûteux Brad Pitt dans la peau du capitaine Nemo.
Le cinéaste prisé, à l'emploi du temps chargé, a de nombreux projets pour se consoler. David Fincher tournera cet automne Gone Girl, l'adaptation du polar à succès de Gillian Flynn, paru en France en août 2012 sous le titre Les Apparences. Un roman certes moins spectaculaire que celui de Jules Verne mais tout aussi prometteur, en témoigne le casting faisant figurer Ben Affleck dans le rôle principal. Andrew Kevin Walker, initialement choisi comme scénariste de Vingt Mille Lieuessous les mers, travaille avec David Fincher sur la suite de Millenium, d'après le roman de Stieg Larsson La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, avec Daniel Craig toujours de la partie sous les traits du journaliste Blomkvist.
D'après The Playlist, les studios Sony Pictures, qui produisent la suite des aventures de Lisbeth Salander, ne sembleraient pas ravis face au risque que le tournage du polar empiète sur celui du nouveau volet de la saga, qui devrait débuter en janvier 2014. On fait confiance au brillant David Fincher pour que ça ne soit pas le cas.



jeudi 25 décembre 2014

David Fincher peine à financer son remake de Jules Verne


David Fincher compte faire un remake du film de 1954, réalisé par Richard Fleischer.

David Fincher peine à financer son remake de Jules Verne


Par Raphaël Bosse-Platière
Publié le 15/02/2013 à 14:29

Malgré l'appui de Disney, le projet d'adaptation de 20.000 lieues sous les mers a du mal à voir le jour. La situation pourrait se débloquer, grâce à l'aide du gouvernement australien, et de certaines faveurs fiscales.


Le vaisseau Nautilus pourrait jeter l'ancre au large des côtes australiennes. David Fincher, qui prévoit d'adapter 20.000 lieues sous les mers de Jules Verne, pourrait bénéficier d'importantes réductions fiscales pour tourner son film en Australie, selon The Daily Telegraph.
Le gouvernement fédéral aurait proposé à Disney, qui produit ce film en 3D, une aide financière de 12 millions de dollars, qui pourrait grimper jusqu'à 19,2 millions en additionnant la contribution des régions concernées. Cette somme résulterait d'un abattement de taxes de 30%, contrairement aux 16,5% appliqués normalement, pour ce blockbuster au budget si pharaonique, que David Fincher cherche des financements depuis près de trois ans.
Selon des sources citées par le Hollywood Reporter (THR), le tournage se ferait dans deux lieux principaux. Le premier est le Village Roadshow Studios, dans le Queensland, au Nord-Est du pays. C'est là-bas que la série Terra Nova a été filmée. Le deuxième studio serait celui de la Fox à Sydney, où The Wolverine à été réalisé. Ce dernier aurait rapporté 2.000 emplois et généré 80 millions de dollars à la région.

Brad Pitt ne sera pas au générique, Angelina Jolie peut-être

Simon Crean, le ministre en charge des questions artistiques, a confié à ABC que le projet de David Fincher «sera encore plus gros» que Wolverine. D'après lui, James Mangold et l'équipe du film avec Hugh Jackman ont passé le meilleur tournage de leur vie en Australie.

L'affiche du film de 1954. Crédits photo: Disney.

Cette opération séduction n'est pas sans rappeler celle de la Nouvelle-Zélande pour The Hobbit. Sous la menace de voir le tournage filer en Irlande, John Key, le premier ministre néo-zélandais, avait consenti à faire une croix sur 34 millions de dollars de recettes fiscales supplémentaires. En tout, le film aurait rapporté environ 1,5 milliard de dollars au pays.
Aucune date de tournage n'a encore été annoncée pour ce projet porté par Fincher depuis trois ans, et dont Disney avait annoncé le gel il y a quelques semaines. Scott Z. Burns (Contagion) avait écrit une première version du scénario, avant que celle-ci ne soit remaniée par Andrew Kevin Walker (Seven).
Initialement annoncé au casting, Brad Pitt ne fera finalement pas partie de cette aventure, selonTHR. Sa femme, Angelina Jolie, devrait quant à elle faire partie du projet de remake du film de 1954. Avec James Mason dans la peau du capitaine Nemo, cette adaptation du roman de Jules Verne avait reçu deux Oscars.
David Fincher, qui avait remporté de nombreuses récompenses avec The Social Network, vient de retrouver l'acteur du film, Justin Timberlake. Pour lui, il vient de signer un clip de sa chanson Suit & Tie .



mercredi 24 décembre 2014

Les cartonnages extraordinaires de Pierre-Jules Hetzel

Pierre-Jules Hetzel, découvreur de talent et imprimeur de génie.

Les cartonnages extraordinaires 

de Pierre-Jules Hetzel


Par Valérie Sasportas 
Publié le 05/06/2014 à 07:00

Plus de 300 volumes de Jules Verne publiés par ce grand éditeur seront à vendre chez Artcurial, le 11 juin.


L'une des plus fabuleuses épopées d'un écrivain génial du XIXe siècle et d'un éditeur au flair légendaire, revient aux enchères. Trois cents volumes des Voyages extraordinaires de Jules Verne édités par Pierre-Jules Hetzel vont être dispersés chez Artcurial à Paris le 11 juin. Il n'y a plus eu pareille vente depuis la mort en 2010 de Michel Roethel, grand expert ès Verne. Cette année-là, sous le marteau d'Hervé Poulain, 246 lots ont totalisé 293.000 euros. «On a cantonné ce grand auteur dans un purgatoire d'auteur pour enfants, c'est grotesque! Savez-vous que son œuvre est la deuxième la plus publiée au monde derrière la Bible?», avait coutume de marteler Michel Roethel. Quelques années auparavant, le libraire assurait l'expertise de la vente «vernienne -hetzélienne» de Michel Serrault, à Drouot.



Dans la salle, la réflexion d'un libraire aux journalistes est restée dans les annales: «Ce qui fait l'intérêt pour le bibliophile ce n'est pas Jules Verne, mais Hetzel.» Avant de nuancer: «Enfin, dites bien aux jeunes que l'essentiel, c'est d'abord de lire Jules Verne.» Hetzel fut l'éditeur de Verne. Mieux, il l'a «inventé», selon les mots de l'écrivain. («Votre Verne, celui que vous avez inventé», écrit le romancier à son éditeur, en 1868). Leur rencontre a lieu en 1862. Hetzel est alors un éditeur réputé de 48 ans, qui a publié Balzac (La Comédie humaineen 1841), Alphonse Daudet, George Sand et Victor Hugo depuis leur exil commun en Belgique après le coup d'État du 2 décembre 1851. De retour en France, le républicain Hetzel a un projet: «Réconcilier la science et la fiction en associant écrivains et illustrateurs.» Verne sera l'homme idéal pour assouvir cette ambition. À la lecture du Voyage en l'air, le manuscrit que le jeune écrivain de 34 ans lui soumet en cette année 1862, l'éditeur pressent un exceptionnel talent. Un an et de multiples corrections plus tard (ce sera une manie, une obstination, ou un secret du succès, c'est selon), l'éditeur publie le texte, sous le titre Cinq semaines en ballon.



«Pendant plus de quarante ans, l'auteur et ses éditeurs, père et fils, auront publié une œuvre intemporelle qui fascine encore nos contemporains à l'heure où les innovations technologiques permettent à tout un chacun de voyager en trois dimensions dans l'espace et le temps», affirme le spécialiste de la vente d'Artcurial, Guillaume Romaneix. Une vente constituée en très grande partie, par la collection d'un seul amateur. «Hetzel était un génie. C'est lui qui a fait Jules Verne, ce misanthrope, cet ours qui se réfugiait dans le pigeonnier de sa maison d'Amiens», précise cet ancien haut fonctionnaire qui souhaite garder l'anonymat. Les mots de l'écrivain sont à l'origine cependant de sa collection. «C'était pendant la guerre, j'avais autour de 10 ans. Une de mes tantes qui habitait Calais nous avait confié sa collection Hachette de Jules Verne pour la mettre à l'abri des bombes. L'une d'elles est finalement tombée sur notre maison, mais elle nous a épargnés, les livres et nous. Alors, j'ai tout lu», poursuit-il. Michel Strogofffascine le presque adolescent, qui se lance dans les aventures du Superbe Orénoque, se fait explorateur dans Sans dessus dessous, plongeur dans Vingt mille lieues sous les mers. Le jeune adulte deviendra un peu tout à la fois, trouvant sa voie entre les lignes de ces fabuleux romans d'anticipation. «C'était pour moi un dérivatif», explique humblement cet ingénieur qui a gardé la tête dans les étoiles des fastueux cartonnages.



Un monde merveilleux ressort de ses ouvrages. En 1862, le cartonnage est une technique résolument novatrice qui révolutionne la fabrication des livres en série en permettant, à un prix bien inférieur au cuir, de décliner à l'infini les plaques servant à la gravure. Un rêve au rouge flamboyant, au bleu cobalt, au vert anglais rehaussé de touches d'or ou d'argent. Chaque cartonnage porte un nom:«au miroir», «à la grenade», «aux tulipes», «au pêcheur de perles», «à l'obus», «aux deux éléphants», «au globe doré», «au monde solaire». Un inventaire à la Prévert. Les relieurs choisis par Hetzel sont d'excellente réputation: Magnier, Le Nègre. Et les illustrateurs de renom: Grandville, Gavarni, Gustave Doré, véritables «reporters d'images» qui achèvent d'insuffler aux livres leur énergie créatrice. Les ouvrages mis à l'encan sont en parfait état de conservation. «J'ai cajolé mes cartonnages», reconnaît le collectionneur. Ces éditions offertes jadis pour les étrennes sont accessibles à toutes les bourses: à partir de 50 euros pour Cinq semaines en ballon«à l'obus» vert, jusqu'à 15.000 euros pour Hector Servadac, Voyages et aventures à travers le monde solaire, «au miroir» rouge pâle. Mais ce dernier exemplaire n'appartient pas à notre amateur. Il l'a d'ailleurs découvert à l'occasion de la vente. C'est une pépite inédite assure Guillaume Romaneix: «Le seul exemplaire connu à ce jour dans ce type de cartonnage.»
Artcurial. 7, rond-point des Champs-Élysées, VIIIe. Exposition publique du 7 au 10 juin. Vente le 11 juin à 14 h 30.



mardi 23 décembre 2014

Fabrice Erre / Le plus beau métier du monde

Fabrice Erre
Fabrice Erre


Le plus beau métier du monde



M le magazine du Monde | 25.04.2014 à 08h01 | Par Frédéric Potet





De Titeuf à Ducobu, en passant par le Petit Spirou, Kid Paddle ou encore l'élève Chaprot (créé par Marcel Gotlib dans les années 1960), les relations entre enseignants et écoliers ont toujours abondamment alimenté la bande dessinée. Partant du constat que le point de vue des « chères petites têtes blondes » y est systématiquement adopté, on ne peut que se réjouir de voir enfin un prof – un vrai – apporter sa contribution à l'exercice. Agrégé et docteur en histoire, Fabrice Erre enseigne l'histoire-géographie dans un lycée des environs de Montpellier.

Bédéiste à ses heures doté d'un style élastique rappelant fortement celui de l'Italien Jacovitti, il s'est amusé à raconter une année de cours, au contact d'élèves qui, comme il l'explique dans sa préface, ne sont pas tous « des ados boutonneux à appareils dentaires, affublés de noms composés stupides » n'ayant d'autre obsession que de pianoter sur leur portable en classe. Non, bien sûr que non : ses lycéens à lui regardent « des vidéos trop LOL sur la deuxième guerre mondiale sur YouTube », copient Wikipédia mot à mot pour rédiger leurs devoirs à la maison et font commencer le Moyen Age en 1973, année du choc pétrolier (et année de naissance de l'auteur). Pas en reste, Erre s'est croqué sous les traits d'un prof en fin de carrière ne comprenant rien à la génération zapping. Non dénuées d'une certaine tendresse envers leurs proies, ses saynètes feront rire à gorge déployée tous ceux qui ne se destinent pas au beau métier d'enseignant.