samedi 27 décembre 2014

Jules Verne / La légende du Nautilus

Gravures grand format et manuscrit original pour une immersion dans l'œuvre de Jules Verne.

Jules Verne : la légende du Nautilus

Par Bruno Corty
Publié le 18/12/2014 à 07:00

Diffusé en feuilleton en 1869 et 1870, Vingt Mille Lieues sous les mers, le plus célèbre des Voyages extraordinaires de l'écrivain français, paraît en édition de luxe.


Quel gamin n'a pas un jour rêvé d'embarquer à bord duNautilus et, comme Pierre Aronnax, son domestique Conseil et le géant canadien Ned Land, d'y faire la connaissance du capitaine Nemo? Nos aïeux ont découvert ce roman du cycle des Voyages extraordinaires en feuilleton dans Le Magazine d'éducation et de récréation. Journal pour toute la famille du 20 mars 1869 (numéro 121) au 20 juin 1870 (numéro 151). Cette revue fut créée par l'éditeur Jules Hetzel, qui publia ensuite l'histoire de Verne en deux volumes puis en un seul en 1871.

Le manuscrit, dans sa deuxième version, la seule complète connue à ce jour, fut cédé par Michel Verne, le fils de l'écrivain, au prince Roland Bonaparte en 1906. La bibliothèque du prince fut ensuite léguée à la Société de géographie puis en 2010 à la BnF au département des cartes et des plans.
C'est cette version qui est aujourd'hui publiée par les Éditions des Saints Pères, qui nous offrirent en début d'année l'incroyable manuscrit du Voyage au bout de la nuit de Céline.
Restauré, en série limitée et numérotée (1000 exemplaires), dans un coffret assemblé à la main, cet inédit de 500 pages est enrichi des gravures de l'époque signées Alphonse de Neuville et Édouard Riou, présentées pour la première fois en grand format.

«J'espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs des mers et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner.»
Lettre de George Sand à Jules Verne
On se souvient que l'idée du livre fut en grande partie inspirée par George Sand. Après avoir dévoréCinq Semaines en ballon et Voyage au centre de la Terre, la romancière écrivit à Jules Verne: «J'espère que vous nous conduirez bientôt dans les profondeurs des mers et que vous ferez voyager vos personnages dans ces appareils de plongeurs que votre science et votre imagination peuvent se permettre de perfectionner.» Verne se lance en 1865. Le livre s'appelle alors Voyage sous les eaux. Puis viendront Vingt Mille Lieues sous les eauxVingt Mille Lieues sous les océansMille Lieues sous les océans… avant le titre définitif en 1868.


Entre l'écrivain et son éditeur, le dialogue est âpre. Jules Verne voulait que le capitaine Nemo soit un Polonais, victime des Russes. Hetzel refuse. Hetzel souhaitait que Nemo soit un anti-esclavagiste. Verne refuse. En 1868, le romancier, angoissé, écrit à Hetzel: «Si je ratais ce livre-là, je ne m'en consolerais pas. Je n'ai jamais eu un plus beau sujet entre les mains.»
Le résultat est à la hauteur de ses espérances. Et, à l'heure des liseuses, de la littérature électronique, il est tout simplement magique de pouvoir relire cette histoire fantastique avec l'écriture de Verne, belle, régulière, aérée dans la première partie, beaucoup plus nerveuse, serrée dans la deuxième. La personnalité sombre de Nemo, les naufrages, attaques de calmars géants, le piège des glaces, l'Atlantide: on est émerveillé par l'imaginaire du génial Nantais.

Vingt Mille Lieues sous les mers, le manuscrit de Jules Verne, Éditions des Saints Pères, 512 p. 189 €.


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