La France vue d'ailleurs - Orhan Pamuk : «Sempé, c'est la France ! Tout y est : l'ironie et la tendresse»
Des livres traduits dans 60 langues, 13 millions d'exemplaires vendus. Le 23 avril à Paris, où il étiat venu présenter son dernier roman, "Les nuits de la peste".
La France vue d'ailleurs - Orhan Pamuk : «Sempé, c'est la France ! Tout y est : l'ironie et la tendresse»
Portrait Philippe Labro
, Mis à jour le
Philippe Labro a rencontré le grand romancier turc, Prix Nobel de littérature, dans le bar légendaire des auteurs de Gallimard
Pour rencontrer un Prix Nobel de littérature, est-il un endroit plus adéquat qu’un « hôtel littéraire » ? C’est ainsi que se définit l’hôtel Pont Royal, situé rive gauche à Paris. Dans le hall, face à la réception, sur les murs, des dizaines de photos en noir et blanc. On peut y voir de nombreux écrivains du XXe siècle : Malraux, Sagan, Cocteau, Breton, Sartre, Camus (plusieurs fois), Giono, Gide, Gary etc. Nul doute que, un jour, celui que j’aborde trouvera sa place sur ces murs. Il devrait, d’ailleurs, déjà l’avoir. Cet hôtel est chargé d’histoires. Je me souviens du bar du sous-sol du Pont Royal, qui a disparu. Dans les années 1950, on y voyait Sartre et Beauvoir buvant leur scotch, on y croisait Raymond Queneau et Roger Nimier, il y régnait ce que mon interlocuteur, Orhan Pamuk, appelle « cette atmosphère littéraire si française ».
Car c’est lui, Pamuk, prix Nobel en 2006, auteur d’une récente fresque, dense, riche, de 688 pages, « Les nuits de la peste » (éd. Gallimard), à qui, pour le troisième volet de la série commandée par Match (après Follett et Kennedy ), je me dois de poser quelques questions sur sa vision de la France. Son roman raconte une pandémie dans l’île fictive de Mingher, similaire à la Crète, au début du siècle dernier. Pamuk a souvent dit qu’après avoir lu, pour la première fois à l’âge de 19 ans, « La peste », de Camus, il s’était promis d’écrire à son tour un roman sur le même sujet. Mais ce livre puissant va au-delà, traitant non seulement de la peste, mais de la vanité du pouvoir, de l’amour et de l’émancipation des femmes, de la paranoïa d’un calife, de l’agonie de l’Empire ottoman. C’est construit avec l’habileté d’un roman policier, la documentation et la précision d’un livre d’histoire, l’imagination d’un conteur oriental, ou plutôt d’une conteuse, puisque la narratrice s’appelle Mîha. C’est un roman dont la dimension et l’ambition ont été saluées par toute la critique lors de sa sortie. C’est une œuvre typique de ce Prix Nobel de littérature.
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