vendredi 31 juillet 2020

Charles Perrault / Biographie de l'auteur des "Contes de ma mère l'Oye"

Charles Perrault - elFinalde
Charles Perrault

Charles Perrault : biographie de l'auteur des "Contes de ma mère l'Oye"

BIOGRAPHIE DE CHARLES PERRAULT - Membre de l'Académie française, Charles Perrault est un écrivain français. Il est passé à la postérité pour avoir écrit les "Contes de ma mère l'Oye, ou histoires du temps passé".
Biographie courte de Charles Perrault - Charles Perrault naît le 12 janvier 1628, dans une famille tourangelle installée à Paris, bourgeoise et lettrée. Cadet d'une fratrie de sept enfants, le jeune Charles se passionne très tôt pour les lettres. Adolescent, il traduit en vers burlesques certains passages de l'Enéide. En 1651, il devient avocat, et marche dans les traces de son père et de son frère aîné. Cependant, ses fonctions l'ennuient, aussi il trouve une place auprès de son autre frère, alors receveur des finances, et commence une carrière politique. Il assiste Jean-Baptiste Colbert, le ministre d’État sous Louis XIV, et œuvre pour les sciences, les lettres et les arts. En 1671, Charles Perrault entre à l'Académie française, qu'il contribue à réformer, en déclenchant une célèbre querelle entre académiciens.

Les œuvres de Charles Perrault

Comme beaucoup d'écrivains de son temps, Charles Perrault s'essaie à la poésie, et compose différents poèmes et textes galants. Le 27 janvier 1687, il lit devant ses pairs de l'Académie française son poème le Siècle de Louis le Grand. Ce poème fait de Charles Perrault l'instigateur de la célèbre querelle des Anciens et des Modernes : il scandalise l'Académie par un discours audacieux, qui récuse l'admiration pour les auteurs antiques, et prône les œuvres contemporaines. D'autres écrivains rejoignent le débat, qui divise les hommes de lettres jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Perrault publie également son essai Parallèle des anciens et des modernes en quatre volumes, entre 1688 et 1698. Il termine également un recueil de biographies en 1701, intitulé les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle. Mais c'est bien pour ses contes que Charles Perrault passe à la postérité.

Les contes de Charles Perrault

En 1697, alors qu'il a abandonné sa carrière politique, Perrault publie les Contes de ma mère l'Oye, ou histoires du temps passé, sous le nom de son jeune fils, Pierre d'Armancourt. Il transcrit dans ce petit volume des récits bien connus de la tradition orale, qui se transmettent autour du feu, mais ont rarement été couchés sur papier. Le recueil comporte à la fois de longs poèmes en vers et des contes en prose, que Charles Perrault a composés au cours des années qui précèdent. Le volume comprend les contes Peau d'ÂneBarbe BleueCendrillon, ou encore Le Petit Chaperon rouge. Le succès de cet ouvrage est immédiat, au point que de nombreuses contrefaçons circulent rapidement. Un genre littéraire est né, celui du conte merveilleux. Charles Perrault décède à Paris six ans plus tard, le 16 mai 1703, à l'âge de 75 ans.

CHARLES PERRAULT : DATES CLÉS

12 janvier 1628 : Naissance de l'écrivain Charles Perrault
Charles Perrault, considéré comme l'un des grands auteurs du XVIIe siècle, naît le 12 janvier 1628 à Paris dans une famille bourgeoise. Il est le dernier d'une fratrie de 7 enfants. Il fait des études littéraires brillantes au collège de Beauvais.
1651 : Charles Perrault devient avocat, puis se lance en politique
Charles Perrault obtient sa licence de droit en 1651, et devient avocat. Très vite lassé, il entame rapidement une carrière au service du roi grâce à son frère. Il assiste Jean-Baptiste Colbert, alors ministre d'État sous Louis XIV, et œuvre pour les sciences, les lettres et les arts.
23 novembre 1671 : Introduction de Charles Perrault à l'Académie française
Charles Perrault prononce son discours de réception à l'Académie française. Il siège au 23ème fauteuil.
27 janvier 1687 : La querelle des Anciens et des Modernes
Charles Perrault présente à l’Académie française son poème Le siècle de Louis le Grand qui déclenche une polémique dans le domaine littéraire. Dès lors, deux groupes d'écrivains s'opposent sur la direction à prendre dans ce domaine. Les Anciens, dont font partie La FontaineBoileau ou encore Racine, prônent l'imitation et l'adaptation d'œuvres antiques dans leurs ouvrages. Les Modernes, emmenés par Perrault, soutiennent que les œuvres de l'Antiquité grecque et romaine peuvent être dépassées en qualité par des formes artistiques nouvelles.
1697 : Charles Perrault publie les "Contes de ma mère l'Oye"
Le recueil Les Contes de ma mère l'Oye est publié en 1697, comprenant huit contes de fées, à destination des enfants. Il reprend toutes les personnes clés des contes à savoir, l'ogre, la fée, le loup et insère aussi les complexes rapports familiaux de l'époque et des objets magiques. Tous ces contes sont accompagnés d'une morale, destinée à éduquer les enfants.
16 mai 1703 : Décès de Charles Perrault
Auteur de contes pour enfants, écrivain et académicien français, Charles Perrault décède à son domicile parisien, le 16 mai 1703. Il est inhumé à l'église Saint-Benoît-le-Bétourné. Auteur émérite, il est entré dans l'histoire grâce à son recueil de contes de fées, publié vers la fin de sa vie.
LINTERNAUTE


jeudi 30 juillet 2020

Ashley Judd autorisée à poursuivre Harvey Weinstein pour harcèlement sexuel

L'actrice Ashley Judd et Harvey Weinstein.
Frederick M. Brown et Yann COATSALIOU

Ashley Judd autorisée à poursuivre Harvey Weinstein pour harcèlement sexuel

L'actrice accuse le producteur déchu d'avoir ruiné sa carrière pour avoir résisté à ses avances. La cour d'appel, saisie par la comédienne, estime que le rapport de force entre Harvey Weinstein et Ashley Judd était à la faveur du premier 

Publié jeudi 30 juillet 2020 à 05:26
Modifié jeudi 30 juillet 2020 à 07:08

L'actrice américaine Ashley Judd peut finalement poursuivre pour harcèlement sexuel le producteur déchu Harvey Weinstein, a jugé mercredi une cour d'appel de Californie.
En première instance, un juge fédéral de Los Angeles avait au contraire estimé en janvier 2019 que le harcèlement sexuel n'était pas applicable dans le cas de la comédienne, qu'il avait toutefois à l'époque autorisée à entamer des poursuites civiles.
Ashley Judd, 52 ans, fut l'une des premières à avoir brisé le silence sur les agissements d'Harvey Weinstein, accusé de harcèlement, d'agression sexuelle ou de viol par plus de 80 femmes, dont des stars comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou encore Léa Seydoux.


mercredi 29 juillet 2020

Chéri Hérouard / Léger et coquin


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Chéri Hérouard, léger et coquin

Chéri Hérouard (1881 – 1961), de son vrai nom Chéri-Louis-Marie-Aimé Haumé, est un illustrateur français qui a commencé par illustrer des contes pour la jeunesse avant de travailler pour les revues type La Vie ParisienneLe Sourire… Son dessin très maîtrisé et précis, son goût du détail et du (sous)vêtement l’ont rendu très populaire dans son genre (la jolie Parisienne un peu déshabillée). Il est capable aussi de créer des personnages fantastiques ou caricaturaux, ce qui le distingue de ses collègues.


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mardi 28 juillet 2020

Corinne Desarzens / La Lune bouge lentement mais elle traverse la ville / Critique

 

Corinne Desarzens


LE50 MEILLEURS 

LIVRES DE 2020


par Ami Lou Parsons
28.07.2020

Dans les premières pages de La Lune bouge lentement mais elle traverse la ville, Corinne Desarzens évoque quelques termes albanais, qu’elle avait choisi de prononcer pour conclure une rencontre dans le cadre de Lausanne-Méditerranée. Elle semble ainsi établir un projet applicable au reste de l’ouvrage. En effet, c’est un désir qui se dessine: «Mettre le doigt. Réveiller. Réactiver. Honorer aussi, surtout. […] Retrouver, simplement, pouvoir nommer» avec «des mots parfaitement banals. Des mots qui pour moi n’étaient autres que de petits tapis volants sur lesquels j’avais pris place autrefois pour me laisser emporter. Pas loin des formules magiques. Et gratuits». Et elle va en effet nous inviter dans un parcours sous forme de déclaration d’amour aux langues, aux mots, avec un appétit pour le voyage et la connaissance.

Les langues, et leur composants minimaux, les mots, sont au cœur de la vie de l’autrice. Gourmande apprentie toujours ravie mais jamais rassasiée, elle nous propose une trentaine de fragments qui, en plus de nous fournir quelques rudiments de géorgien ou d’arménien, sont autant de déclinaisons autour de la valeur et la saveur des mots que des aperçus de l’intériorité de l’autrice. En effet, le langage est étroitement lié à l’écriture. C’est donc sans surprise qu’il se révèle être un embrayeur de souvenirs, une source de plaisir et de fascination, et ce de l’intérêt linguistique en tant que tel à la découverte d’une culture ou d’un pays.

Source de plaisir quand elle nous fait part, avec poésie et malice, des subtilités imagées du dialecte suisse alémanique ou encore d’expressions états-uniennes, forgées avec un art adroit de la métaphore, mêlant noms de régions ou d’États et comparatif ironique ( «a charleston butterfly reste loin du papillon: plus crûment, c’est une blatte»). D’autres langues possèdent des termes dont le français ne connait pas d’équivalent et qui ne peuvent se traduire que par une périphrase, tel le terme en boro, langue du fin fond de l’Inde, «khale», signifiant «exprimer de la colère par un regard oblique».

Chez Corinne Desarzens, les langues vont de pair avec le voyage. Plusieurs fragments se présentent comme souvenirs d’une exploration curieuse de différentes régions du monde. De là surgissent des récits de rencontres, de retrouvailles ou de dégustation. Car l’autrice parle des mots avec gourmandise, comme elle évoque les pâtisseries dans «che bella combinazione!», le chapitre consacré à l’italien, et à la rencontre de Vincenzo Gagliano, guide improvisé à Palerme, réservoir à anecdotes que nous restitue l’écrivaine. Attentive voyageuse, elle témoigne d’un plaisir de la description, tant de lieux que de personnes ou de nourritures, dans de savoureux paragraphes toujours agrémentés de termes dans d’autres langues. Pourtant le contexte politique n’est jamais loin, pour celle qui enseigne le français à des immigrés aux situations compliquées.

Le voyage et les langues, ce sont aussi des rencontres, des amitiés d’un instant, ou s’étirant à travers les décennies sous forme de lettres, comme la correspondance avec Janet, académicienne texane, dans «TX 77845-519». C’est avec tendresse que ce fragment rend hommage à cette relation à distance, en donnant à lire la voix de Janet par le biais de quelques extraits de ses lettres, en anglais et sans traduction, en un patchwork bilingue.

Les langues, quand elles ne sont pas maternelles, nécessitent un apprentissage rigoureux. L’écrivaine se souvient, dans «IL.MU.MAINT.ES.RAI.DA.L’ETERNITA» (inscription sur une maison signifiant «le moment est roi d’éternité»), des cours qu’elle a suivi, dans les Grisons, pour apprendre le romanche et retrace le parcours qui l’emmène en Engadine, et dans la poésie de Luisa Famos. Elle raconte les motivations de ses collègues d’apprentissage et nous fournit les siennes: «Quelque chose entre le souhait et le besoin. Un exemple vivant. Une cause perdue pas encore tout à fait perdue. Par peur du vide. Pour le vertige de l’infini de ce qui reste à connaître. Parce que c’est difficile. Parce qu’il n’y a pas de raccourci et que ça fait travailler la mémoire. Parce qu’aucune machine ne peut vous l’inoculer. Parce que ça demande des efforts». Tout est prétexte à une réflexion nourrie, et à une ouverture au monde qui l’entoure.

Les textes sont émaillés de multiples références littéraires plus ou moins discrètes et fournies avec précision en fin d’ouvrage «pour traverser la ville au rythme que vous voudrez», allant d’Ossip Mandelstam à Sei Shonagon en passant par Jean Potocki, Bram Stocker ou encore Edith Durham, dont les textes ont été traduits et présentés par l’autrice en 2017 sous le titre Honorée Mademoiselle (L’Aire). Ainsi apparaissent des extraits de poèmes, des souvenirs de lecture, et la culture d’une fervente lectrice insatiable. Mais il s’agit néanmoins de ne pas se laisser abuser par cet impressionnante collection littéraire: Corinne Desarzens, bien qu’elle semble connaître sur le bout des doigts les œuvres d’écrivains connus ou confidentiels, apprivoise aussi les mots du quotidien, entre formules de politesse, mots d’usage ou encore ceux écrits sur des affiches, ou les objets de consommation courants. Elle s’amuse par exemple, dans «Sur le Bosphore», chapitre autour du turc, d’une bouteille d’eau en pet de marque PINAR ».

Si le mot est une unité minimale, alors les histoires se situeraient à l’autre extrême du spectre de la langue. Parfois, l’autrice raconte la vie étonnante de personnages réels, découverts lors d’une résidence comme Heinrich-Maria Ledig-Rowohlt, éditeur allemand prolifique et aux amis éminemment connus, Edith Durham, Lawrence d’Arabie et encore d’autres personnalités nomades, à la curiosité toujours renouvelée et dont le destin étonnant témoigne d’une grande ouverture sur le monde. Des anecdotes historiques viennent aussi compléter certains fragments.

Enfin, le mot et la langue, au-delà de leur aspect sémantique ou communicationnel, ont aussi une dimension graphique. Celle-ci est particulièrement tangible dans les chapitres consacrés au japonais ou à l’arabe, qui nécessitent l’apprentissage d’un ou plusieurs alphabets. C’est avec poésie que l’autrice nous confie ses moyens mnémotechniques pour se rappeler des idéogrammes et la façon dont ils s’écrivent: «le mot électricité contient la pluie et un éclair. Milles bouches composent le verbe parler, Zèbre se dit cheval rayé, et image, fil emmêlé. Journal est une oreille qui se glisse par un portail pour se coller à la nouveauté». Autant d’interprétations visuelles qui font écho aux dessins parsemant l’ouvrage, souvent au crayon de couleur et qui viennent trouver leur sens dans le texte qui les accompagnent.

Entre chroniques, récits de voyages, de souvenirs ou de lectures, les foisonnants textes de Corinne Desarzens sont rédigés d’une plume poétique, précise, et se teintant parfois d’une tendre ironie. Venant de celle qui considère les mots comme des cadeaux, cette démonstration de sa façon d’appréhender le monde constitue un généreux partage.



samedi 25 juillet 2020

Photographe spagnol / Ramón Masats


Moral de Calatrava

PHOTOGRAPHE SPAGNOL
Ramón Masats

Casa de Campo, Madrid, 1959

Mercado de San Antonio, Barcelona, 1955

Cádiz, 1963

jeudi 23 juillet 2020

Juan Marsé / Le rêveur de réalité


Juan Marsé
Par Sciammarella


Juan Marsé,
le rêveur de réalité

Pour l'auteur catalan, écrire, c'est écrire à, et sur, Barcelone. En particulier sur le Carmelo et le Guinardo, quartiers populaires où, enfant, il jouait avec ses amis à inventer des histoires ancrées dans la vie quotidienne.

Par Raphaëlle Rérolle 
Publié le 02 février 2012 à 11h04 
Mis à jour le 02 février 2012 à 11h04


Une seule fois, Juan Marsé s'est éloigné durablement de Barcelone. C'était en 1961, et c'était la dictature. Pas un courant d'air, garde-à-vous de rigueur, censure à tous les étages : l'Espagne moisissait doucement sous le couvercle du franquisme. Le jeune homme, lui, rêvait d'aller respirer ailleurs - n'importe où, pourvu que l'imagination n'y fût pas tenue pour un vice. Or voici que l'occasion se présenta, l'année même où il publiait son premier roman (Enfermés avec un seul jouet, Gallimard). Ce serait Paris, un hôtel minable, un boulot de garçon de laboratoire à l'Institut Pasteur (jusque-là, il avait été apprenti joaillier à Barcelone), et la perspective d'apprendre le français. De ce séjour plutôt bref, deux ans, il ne lui reste aujourd'hui que des souvenirs et pas assez de vocabulaire pour alimenter une conversation un peu longue. Des souvenirs, mais aussi une conviction absolue : pour écrire, il sait maintenant qu'il a besoin de sa ville natale. Un peu comme si ce voyage, pourtant savoureux, avait tué dans l'oeuf tous les autres. "C'est un besoin physique", précise, sans affectation, celui qui, devenu un monsieur de 79 ans, reçoit désormais dans les beaux quartiers. Barcelone, ses rues, ses odeurs, les reliefs escarpés du Carmelo et surtout du Guinardo, faubourgs populaires où il a grandi.

Rien d'étonnant, donc, si ces lieux imprègnent chaque recoin d'une oeuvre magnifique, qui a reçu toutes les grandes récompenses littéraires espagnoles et notamment la plus prestigieuse d'entre elles, le prix Cervantès. Cette oeuvre, que beaucoup d'autres écrivains, comme Mario Vargas Llosa ou Michel del Castillo, tiennent pour l'une des plus importantes du XXe siècle, en langue espagnole. De livre en livre, à travers le réalisme poétique de Juan Marsé, le lecteur découvre un quartier qui est infiniment plus que lui-même. Comme le Yoknapatawpha de Faulkner, le Guinardo de Marsé est un monde en réduction, un bateau dans une bouteille. Mais, contrairement au comté inventé par l'Américain, les endroits décrits par le Catalan existent vraiment, à deux pas du parc Güell (des tour-opérateurs y proposent d'ailleurs une visite qui porte son nom). Derrière la pénombre angoissante et l'immobilisme de l'ère franquiste, toutes les passions humaines s'y déchaînent et, bien souvent, s'y fracassent.
"Je pars d'images, plus que d'idées. Des images précises que j'ai en mémoire et qui font une histoire, en fonction de la manière dont elles s'assemblent." Dans son nouveau roman, Calligraphie des rêves, on trouve ainsi deux figures de femmes inoubliables. Vicky Mir et sa fille, Violeta, sont en fait des boutures, largement trafiquées par l'imaginaire, de silhouettes que Marsé a croisées mille fois dans son enfance. "Une mère et sa fille endimanchées, trop maquillées, se souvient-il, qui s'en allaient au bal chaque dimanche, été comme hiver, pour trouver un mari à la fille." Elles lui semblaient, ajoute-t-il, "l'image même de la solitude et de l'échec, mais je ne voulais pas formuler les choses comme ça. Juste raconter l'histoire. Dans un bon roman, ce n'est pas l'intellect qui doit briller, mais autre chose : une beauté surgie des formes".
Pour Juan Marsé, raconter des histoires est une passion qui prend ses racines dans le passé. Une occupation qu'il pratiquait avec des amis, et dont la description surgit à plusieurs reprises, au fil de son oeuvre. Dans Calligraphie des rêves, comme dans La Nuit de Shanghaï ou Adieu la vie, adieu l'amour (Christian Bourgois, 1992, 1995), on voit des gamins du Guinardo se réunir en bande pour se livrer au jeu des "aventis". Autrement dit, des histoires inventées, complétées à tour de rôle, qui puisent dans le grand réservoir des films et des BD, mais aussi des choses entendues à la maison, ces conversations palpitantes où l'on évoque à demi-mot les pères absents, les oncles emprisonnés, les frères passés de l'autre côté des frontières. A ce jeu-là, Juan Marsé n'était pas le meilleur, confie-t-il, mais il savait très bien écouter.
Toute sa vie, il a joué aux "aventis", écrivant ses rêves et les réécrivant dans une langue musicale, où le catalan de son enfance et de son âge adulte (c'est la langue qu'il parle encore en famille) a cédé le pas devant un castillan très pur. Mais il aura fallu ce dernier livre pour que le grand raconteur d'histoires consente à mettre en scène la plus fabuleuse de toutes - la sienne. Ou comment un chauffeur de taxi, dont la femme venait de mourir en couches, prit un jour dans sa voiture un couple en pleurs, devant la maternité de Barcelone. Les jeunes parents éplorés venaient de perdre un nouveau-né, un garçon. Qu'à cela ne tienne, le chauffeur leur proposa le sien. Après tout, ce bébé, il ne savait qu'en faire. Tope là ! Affaire conclue. C'est ainsi que Juan Marsé devint le fils adoptif d'une mère pieuse qui lui voyait des talents de dessinateur et d'un père ultrarépublicain, bouffeur de curés, bon vivant et surtout n'ayant pas froid aux yeux. Aucun des deux n'avait le moindre commerce avec la littérature. "Ce qui leur importait, note Marsé, c'est que je sois heureux, mais ils ne pouvaient absolument pas relier cela avec l'écriture."
Et pour lui, le bonheur ? "On ne réussit jamais 100 % de ce qu'on voudrait faire. Le bonheur est un mot trompeur. On a des moments de bonheur, c'est tout. Par exemple, quand on a beaucoup travaillé un chapitre et que, soudain, un petit détail illumine tout le reste, lui donne du sens. Un détail que, souvent, le lecteur ne verra même pas." Brusquement, alors que Calligraphie des rêves était déjà très avancé, son auteur a ainsi "vu" le mouvement de jambes bien particulier d'Alonso, l'infirme qui disparaît un jour de la vie de Vicky et de Violeta.
Sans doute cet art du détail a-t-il partie liée avec la recherche de vérité. Il ne s'agit pas de réalisme - le réalisme ne suffit jamais, en soi. Mais cette quête-là fait partie du jeu des "aventis", dans sa version adulte. "Dire la vérité par la littérature, oui, j'y pense toujours, affirme Juan Marsé. La vérité a des visages différents et parfois contradictoires. On doit toujours pactiser, d'une manière ou d'une autre, avec la réalité, c'est là la seule vérité." Chaque livre est un pacte. Dans tous ses romans, l'écrivain fait cohabiter le rêve, l'idéal et la pauvre réalité dont il ne se satisfait évidemment pas. "Si l'on écrit, souligne-t-il avec une pointe d'ironie, c'est bien qu'on ne se satisfait pas de ce qui existe. On essaie de corriger le réel, d'en donner d'autres versions."
La réflexion n'est pas neuve, mais elle prend, chez l'écrivain catalan, un véritable poids politique. Car ce désir de donner des "versions" alternatives est né, chez lui, au temps de la dictature. Une époque où "une seule version des faits était autorisée, rappelle-t-il. Pourtant je sentais bien que la vérité authentique était ailleurs, dans ce que je vivais chaque jour. En écrivant, j'ai décidé de récupérer ces voix, de donner la version non autorisée de la réalité." Soixante ans après, Juan Marsé annonce avec un calme un peu goguenard qu'il n'en a "pas fini avec ce territoire". Les rues du Carmelo et du Guinardo n'ont pas livré tous leurs secrets. Et c'est tant mieux. Mille fois tant mieux.

LE MONDE



mercredi 22 juillet 2020

L’écrivain espagnol Juan Marsé est mort

Juan Marsé


L’écrivain espagnol Juan Marsé est mort

Le romancier catalan, auteur de quinze romans en près de soixante ans et lauréat du prestigieux prix Cervantès en 2008, est mort à l’âge de 87 ans.

Le Monde avec AFP 
Publié le 19 juillet 2020 à 12h20 - Mis à jour le 19 juillet 2020 à 13h08

L’écrivain espagnol Juan Marsé, narrateur de sa ville de Barcelone, est mort samedi 18 juillet à 87 ans. « Nous regrettons profondément la mort de Juan Marsé (Barcelone, 8 janvier 1933 - 18 juillet 2020). Repose en paix, cher Juan », a annoncé son agence littéraire, Balcells, ce dimanche sur Twitter.
« La littérature est un règlement de comptes avec la vie » qui est rarement comme on l’espérait, disait Juan Marsé, auteur de quinze romans en près de soixante ans.

Censure du régime de Franco

L’un des plus célèbres, Teresa l’après-midi (1966), est la chronique d’une passion transgressive et finalement calamiteuse entre un fils de pauvre qui voudrait ne plus l’être et une étudiante des quartiers chics. Une œuvre inacceptable pour l’Espagne puritaine et « nationale-catholique » de Francisco Franco, où la censure trancha : « Le roman présente différentes scènes scabreuses, son fond est franchement immoral et il y fait de nombreuses mentions politiques à caractère gauchiste. » Un livre notamment inspiré de son séjour dans les années 1960 à Paris, où il donna des cours de conversation en espagnol à Teresa, fille du pianiste Robert Casadesus.
Dans un autre roman écrit en 1973, Adieu la vie, adieu l’amour, Marsé introduisit tout un pan d’histoire de la résistance antifranquiste à Barcelone à partir de 1945 : « un manifeste pour la liberté d’expression », selon l’écrivain Antonio Muñoz Molina, d’abord primé et publié au Mexique avant d’être édité en Espagne après la mort de Franco en 1975.




« C’est un écrivain et un narrateur-né », disait de lui son agente littéraire Carmen Balcells, morte en 2015, à laquelle il avait promis 10 % de ses cendres s’il disparaissait avant elle…
L’auteur catalan avait reçu en 2008 le prix Cervantès, considéré comme le Nobel des lettres hispaniques, pour son œuvre contant la ville de Barcelone, théâtre d’une enfance au temps du franquisme, sans cesse réinventée dans ses livres. Pour lui, écrire, c’était écrire à et sur Barcelone. Son œuvre littéraire est considérée par beaucoup d’autres écrivains, comme Mario Vargas Llosa ou Michel del Castillo, comme l’une des plus importantes du XXe siècle, en langue espagnole.

Reconstruire le quartier de son enfance

Juste après sa naissance en 1933, sa mère meurt et son père, chauffeur, propose le nouveau-né à un couple sans enfant. Le bébé est ainsi adopté par une infirmière et un « dératiseur » de cinémas et devient Juan Marsé Carbo. Dans l’après-guerre civile, remportée en 1939 par les troupes nationalistes de Franco, son père adoptif va en prison comme « rouge » (communiste) et républicain, racontera-t-il.
Lui-même quitte l’école dès ses 13 ans pour devenir ouvrier en joaillerie : « Le besoin d’apporter un autre salaire à la maison me libéra d’un collège ennuyeux où l’on ne m’apprenait qu’à chanter le Cara al sol [hymne de l’extrême droite et du franquisme] et réciter le rosaire », dira-t-il. A 24 ans, pendant son service militaire, il esquisse son premier roman : Enfermés avec un seul jouet (1960), centré sur une jeunesse bourgeoise désorientée après la guerre civile. L’ouvrier épate d’autant plus le monde littéraire que « presque tous les écrivains, du moins à Barcelone, étaient issus de la bourgeoisie », a-t-il relevé.
Dès lors, il ne va plus cesser de reconstruire dans ses romans le quartier populaire de son enfance, mêlant baraques et terrains vagues, et souvent, faire revivre la Barcelone réprimée sous la dictature : républicaine, catalaniste, laïque. Parlant le catalan en famille, il écrivait en espagnol et valorisa toujours ce qu’il appelait « la dualité culturelle et linguistique de la Catalogne ». Il critiquait durement le mouvement indépendantiste – qui l’ennuyait profondément – comme la projection d’« une Catalogne qui n’existe pas ».
Marsé a reçu de nombreux prix littéraires dont le Planeta 1978 pour La Fille à la culotte d’or. En 2008, à la réception du prix Cervantès, il s’était revendiqué « amoureux inconditionnel de la fiction ». Celle qui, disait-il, parvient à avoir « plus de poids et de solidité que le réel, plus de vie propre et plus de sens ».



Le Monde avec AFP

LE MONDE





mardi 14 juillet 2020

Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin / Natasha Poly




Natasha Poly
Vogue 2011
Par Inez van Lamsweerde et Vinoodh Matadin



November 2011 Vogue Spain Cover
Model: Natasha Poly
Photographers: Inez van Lamsweerde & Vinoodh Matadin
Stylist: Patti Wilson
Makeup: Jeanine Lobell
Hair: Christiaan Houtenbos


samedi 11 juillet 2020

Matthieu Bonhomme / L'homme qui tua Lucky Luke






L'homme qui tua Lucky Luke




Par une nuit orageuse, Lucky Luke arrive dans la bourgade boueuse de Froggy Town. Comme dans de nombreuses villes de l'Ouest, une poignée d'hommes y poursuit le rêve fou de trouver de l'or. Luke souhaite y faire une halte rapide. Mais il ne peut refuser l'aide qui lui est demandée : retrouver l'or dérobé aux pauvres mineurs du coin la semaine précédente. Avec l'aide de Doc Wesnedsay, Lucky Luke mène une enquête dangereuse, car il est confronté à une fratrie impitoyable qui fait sa loi à Froggy Town, les Bone...

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