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mercredi 14 septembre 2016

Quentin Blake / “Quand je rencontre des petits, je m’adresse à eux comme à des adultes”

Quentin Blake : “Quand je rencontre des petits, je m’adresse à eux comme à des adultes”



Laurence Le Saux
19 / 02 / 2015

Une enfance heureuse malgré la guerre, la passion du dessin dès le plus jeune âge, l’enseignement… Le grand illustrateur nous ouvre l’album de sa vie.
Il fut l’illustrateur de quasi tous les livres de Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, Matilda, Le Bon Gros Géant…). Trésor national anglais, sir Quentin Blake, 82 ans, a marqué les yeux et les esprits. Rencontre avec un épatant dessinateur au trait vif, corrosif, et drôle, qui publie son parcours artistique dans Pages, mots, images.


Quelle enfance avez-vous eue ?
J’étais un petit garçon sérieux, je dessinais beaucoup, j’adorais cela. J’avais un grand frère de dix ans plus vieux que moi, engagé dans la Royal Air Force, ce qui faisait de moi une sorte d’enfant unique. A l’école, j’aimais l’anglais, la littérature – avec le club de théâtre on jouait du Shakespeare. Mon quotidien dans la banlieue de Londres n’était pas très intéressant. Pendant la Seconde Guerre mondiale, je n’ai pas eu le sentiment d’être traumatisé. Certes, je me souviens de lumières inhabituelles dans le ciel, du Blitz, de cavales vers les abris. Mais rien de dramatique. Mon père était fonctionnaire, ma mère restait à la maison : tous deux avaient vécu pendant dix ans en France, avant ma naissance. Ils étaient très gentils, même s’ils ne comprenaient pas ce que je fabriquais, à dessiner toute la journée. Ils ne m’encourageaient ni ne me freinaient. Je me souviens avoir longtemps observé les oiseaux, j’adorais – et j’adore toujours – les représenter, je ne sais pas pourquoi.


A travers vos livres, que tentez-vous de transmettre ?
On peut considérer chaque ouvrage comme une leçon de vie, même si cela paraît prétentieux. Mais je ne cherche pas spécialement à être drôle ou à donner de la joie aux lecteurs, même si cela semble arriver. D’ailleurs, je ne pense pas qu’un illustrateur doive faire passer des intentions particulières : son dessin est vivant, naturel, il s’exprime par lui-même. Je sais bien que mes livres sont lus par des enfants, toutefois je ne dessine pas spécifiquement pour eux. Je m’adapte à l’œuvre que je dois illustrer, pas à l’audience qu’elle vise. D’ailleurs, quand je rencontre des petits, je m’adresse à eux comme à des adultes.


De quelle façon avez-vous abordé votre métier de professeur au Royal College of Art ?
J’ai commencé à enseigner pour l’argent, et j’ai continué pendant vingt ans, même quand je n’en avais plus besoin financièrement… Je considérais mes étudiants comme des artistes, je conversais simplement avec eux. Je ne me sentais pas meilleur qu’eux, j’estimais juste que j’avais pratiqué notre art pendant beaucoup plus longtemps qu’eux !



mardi 13 septembre 2016

Quetin Blake / “Roald Dahl était beaucoup plus méchant que moi !”

Roald Dahl
Quentin Blake

“Roald Dahl était beaucoup plus méchant que moi !”, Quentin Blake, illustrateur espiègle


Nous avons rencontré “la personne qui faisait les livres” de Roald Dahl.

Laurence Le Saux
23 /10 / 2014
Il fut l’illustrateur de quasi tous les livres de Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, Matilda, Le Bon Gros Géant, James et la grosse pêche, Les Deux Gredins…), l'Anglais Quentin Blake, 82 ans, est à l’honneur à la House of Illustration – nouveau musée londonien consacré, comme son nom l’indique, à l’illustration. Jusqu’au 2 novembre 2014, l’exposition « Quentin Blake : inside stories » permet de revisiter la carrière de cet épatant dessinateur, au trait vif, corrosif, et drôle.
Comment vous êtes-vous lancé dans le métier ?
Au lycée, en 1949, ma professeure de latin avait vu les caricatures que je faisais dans mes cahiers. Elle m’a présenté à son mari, à la fois peintre et dessinateur, qui m’a suggéré de les envoyer au magazine Punch. On m’y a tout de suite pris deux dessins, qui n’étaient pas très bons – par la suite j’ai essayé de les détruire, mais on peut encore malheureusement les trouver… J’ai travaillé pour Punch pendant deux ans, avant de m’inscrire en fac de littérature à Cambridge. J’ai aussi suivi des cours de dessin d’après modèle vivant, deux ans durant.
Quetin Blake

Comment avez-vous publié votre premier livre ?
Un de mes amis, l’auteur John Yeoman, m’avait suggéré d’en faire un avec lui. Et puis d’autres gens se sont mis, eux aussi, à me proposer d’illustrer leurs mots. Je travaillais aussi bien en noir et blanc qu’en couleur, j’aime autant les deux.
En 1978, vous travaillez pour la première fois avec Roald Dahl, pour L’Enorme Crocodile.
Notre éditeur commun m’avait demandé des essais – plusieurs dessinateurs étaient probablement en compétition. Pour m’adapter à l’histoire, je devais modifier un peu mon style, être un tout petit peu plus caricatural et agressif dans le trait, utiliser des couleurs plus vives. Roald était souvent insatisfait : mes croquis ne suffisaient pas, il en voulait davantage. J’en ai fait vingt autres en trois jours. Il n’était toujours pas content. J’ai recommencé, et j’ai discuté avec lui, autour d’un dîner avec sa famille. Ce fut le vrai début de notre collaboration. Ensuite, jusqu’à sa mort, en 1990, je fus pour lui « la personne qui faisait ses livres », même s’il y en a deux ou trois que je n’ai pas dessinés. Il avait la réputation d’être difficile, mais ne l’était pas tant que ça. Nous allions dans la même direction, et avions peu de désaccords. Je sentais ce qu’il voulait.
Que voulait-il, justement ?
De l’espièglerie, des bêtises – il était beaucoup plus méchant que moi ! Et beaucoup d’illustrations pour une même histoire.


Clown

Comment travaillez-vous, encore aujourd’hui ?
Je ne dessine pas d’après modèle, je me contente d’imaginer les gens et les choses. Pas besoin d’être parfaitement juste dans la représentation, il suffit de parvenir à déclencher une réaction émotionnelle par le trait. Pour cela, je m’attache à illustrer le moment qui se déroule juste avant l’action : c’est tellement mieux d’anticiper ce qui va se passer, de l’imaginer, plutôt que de le voir entièrement représenté… J’aime le dessin narratif, il me faut toujours raconter une histoire. Cependant, je ne pense pas que je pourrais un jour réaliser une bande dessinée – même si l’un de mes livres,Clown, s’en approche. Pour moi, la BD, avec ses petits cadres, s’apparente au cinéma, alors que l’illustration d’un roman tient davantage du théâtre. J’aime faire évoluer mon trait sur une page blanche entière, chercher la façon d’être le plus suggestif possible.

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