mardi 13 septembre 2016

Quetin Blake / “Roald Dahl était beaucoup plus méchant que moi !”

Roald Dahl
Quentin Blake

“Roald Dahl était beaucoup plus méchant que moi !”, Quentin Blake, illustrateur espiègle


Nous avons rencontré “la personne qui faisait les livres” de Roald Dahl.

Laurence Le Saux
23 /10 / 2014
Il fut l’illustrateur de quasi tous les livres de Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, Matilda, Le Bon Gros Géant, James et la grosse pêche, Les Deux Gredins…), l'Anglais Quentin Blake, 82 ans, est à l’honneur à la House of Illustration – nouveau musée londonien consacré, comme son nom l’indique, à l’illustration. Jusqu’au 2 novembre 2014, l’exposition « Quentin Blake : inside stories » permet de revisiter la carrière de cet épatant dessinateur, au trait vif, corrosif, et drôle.
Comment vous êtes-vous lancé dans le métier ?
Au lycée, en 1949, ma professeure de latin avait vu les caricatures que je faisais dans mes cahiers. Elle m’a présenté à son mari, à la fois peintre et dessinateur, qui m’a suggéré de les envoyer au magazine Punch. On m’y a tout de suite pris deux dessins, qui n’étaient pas très bons – par la suite j’ai essayé de les détruire, mais on peut encore malheureusement les trouver… J’ai travaillé pour Punch pendant deux ans, avant de m’inscrire en fac de littérature à Cambridge. J’ai aussi suivi des cours de dessin d’après modèle vivant, deux ans durant.
Quetin Blake

Comment avez-vous publié votre premier livre ?
Un de mes amis, l’auteur John Yeoman, m’avait suggéré d’en faire un avec lui. Et puis d’autres gens se sont mis, eux aussi, à me proposer d’illustrer leurs mots. Je travaillais aussi bien en noir et blanc qu’en couleur, j’aime autant les deux.
En 1978, vous travaillez pour la première fois avec Roald Dahl, pour L’Enorme Crocodile.
Notre éditeur commun m’avait demandé des essais – plusieurs dessinateurs étaient probablement en compétition. Pour m’adapter à l’histoire, je devais modifier un peu mon style, être un tout petit peu plus caricatural et agressif dans le trait, utiliser des couleurs plus vives. Roald était souvent insatisfait : mes croquis ne suffisaient pas, il en voulait davantage. J’en ai fait vingt autres en trois jours. Il n’était toujours pas content. J’ai recommencé, et j’ai discuté avec lui, autour d’un dîner avec sa famille. Ce fut le vrai début de notre collaboration. Ensuite, jusqu’à sa mort, en 1990, je fus pour lui « la personne qui faisait ses livres », même s’il y en a deux ou trois que je n’ai pas dessinés. Il avait la réputation d’être difficile, mais ne l’était pas tant que ça. Nous allions dans la même direction, et avions peu de désaccords. Je sentais ce qu’il voulait.
Que voulait-il, justement ?
De l’espièglerie, des bêtises – il était beaucoup plus méchant que moi ! Et beaucoup d’illustrations pour une même histoire.


Clown

Comment travaillez-vous, encore aujourd’hui ?
Je ne dessine pas d’après modèle, je me contente d’imaginer les gens et les choses. Pas besoin d’être parfaitement juste dans la représentation, il suffit de parvenir à déclencher une réaction émotionnelle par le trait. Pour cela, je m’attache à illustrer le moment qui se déroule juste avant l’action : c’est tellement mieux d’anticiper ce qui va se passer, de l’imaginer, plutôt que de le voir entièrement représenté… J’aime le dessin narratif, il me faut toujours raconter une histoire. Cependant, je ne pense pas que je pourrais un jour réaliser une bande dessinée – même si l’un de mes livres,Clown, s’en approche. Pour moi, la BD, avec ses petits cadres, s’apparente au cinéma, alors que l’illustration d’un roman tient davantage du théâtre. J’aime faire évoluer mon trait sur une page blanche entière, chercher la façon d’être le plus suggestif possible.

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