dimanche 25 septembre 2016

Notre top 5 des films de Brad Pitt

Brad Pitt

Notre top 5 des films de Brad Pitt



Sélection : Jérémie Couston
Publié le 04/12/2012. Mis à jour le 04/12/2012 à 19h01.
Il revient en tueur cool dans “Cogan : Killing Them Softly”, d'Andrew Dominik. L'occasion de dresser la liste de nos films préférés avec Brad Pitt.
La première fois qu'on l'a vu au cinéma, c'était en auto-stoppeur bien gaulé, ramassé et consommé par Geena Davis dans Thelma et Louise, de Ridley Scott. En une sauvage scène (de sexe), la carrière de Brad Pitt était lancée. Si ses choix capillaires sont discutables (ces cheveux filasses et ce bouc...), ses choix de carrière sont plutôt respectables. Après quelques films au début des années 90 où il n'était retenu que pour son avantageuse plastique, il a tourné avec les meilleurs réalisateurs hollywoodiens (Fincher, Tarantino, Scorsese, Soderbergh, Coen, Malick, Scott...) et se bonifie avec l'âge. A l'occasion de la sortie, mercredi 5 décembre, de Cogan : Killing Them Softly, d'Andrew Dominik, voici nos cinq Brad Pitt préférés.



1- L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Andrew Dominik (2007)

Le 3 avril 1882, Jesse James, 34 ans, monte sur une chaise et, tournant le dos aux frères Ford, les ultimes membres de son gang, commence à épousseter un tableau accroché au mur. Robert Ford, le cadet, 20 ans, arme alors le pistolet que Jesse James lui a offert quelques jours plus tôt et fait feu, à 1,50 mètre du bandit. De cette exécution, la doxa fit immédiatement une infamie, un acte de couardise, qualifiant à jamais Bob Ford de « dirty little coward », sale petit lâche… Le film montre comment un héros de l’Ouest sauvage, fût-il un « brigand bien-aimé », devient un jour un archaïsme, une icône périmée : il faut le tuer, comme on tue un père, pour que s’instaure la Loi, et il faut aussi un Judas, autant victime que bourreau, pour qu’advienne au terme de son geste le monde moderne. La beauté engourdie de l’image et, aussi, la dilatation du temps dessinent une sorte de fruste paradis perdu. C’est ce parti pris esthétique qui donne au film une ambition, une épaisseur singulières. A.F.



2- L’Etrange Histoire de Benjamin Button, David Fincher (2008)

Dans la nouvelle de Fitzgerald, Benjamin Button, l’homme à l’horloge biologique inversée, naît vieillard, avec la taille et l’intellect d’un adulte. Le film propose une variante astucieuse : le bébé Button, venu au monde en 1918, a la peau ridée mais le gabarit d’un nouveau-né ordinaire. Cette superposition des âges de la vie, renouvelée tout au long du récit, décuple la force expressive de chaque mutation, comme quand la puberté irradie le corps de Benjamin senior…
Et si David Fincher fait fructifier les possibilités infinies du numérique, le film transcende, par son lyrisme, tout effet gadget. Un exemple ? Il se fait déjà tard dans la vie du héros. Soudain, après une ellipse de quelques années, et face à Cate Blanchett, l’amoureuse vieillissante : Brad Pitt jeune. Pas jeune comme aujourd’hui. Jeune comme dans Thelma et Louise. La prouesse technologique, entièrement au service du romanesque, laisse alors toute la place à l’enchantement tragique que l’adolescence retrouvée provoque à ce stade de l’histoire. Car Benjamin Button, ce n’est pas le mythe de l’éternelle jeunesse. La sophistication surréaliste de l’argument débouche sur l’expérience toute humaine du provisoire et de la perte. Ce blockbuster high-tech réussit à faire jaillir, tels les grands mélodrames, la mélancolie déchirante des adieux. L.G.


3- Inglourious Basterds, Quentin Tarantino (2009)

Dans les films de guerre américains, on parle en général l'anglo-américain et that's all rightInglourious Basterds, lui, se fait un principe d'honorer trois langues – l'anglais, l'allemand, le français –, avec un bonus – irrésistible ! – en italien. Le mérite en revient surtout au colonel Hans Landa, génie du mal qu'on adore haïr. Ce chasseur de Juifs polyglotte débarque dans une ferme au moment de l'Occupation et s'entretient avec le fermier en parlant un français impeccable. L'entretien vire à l'interrogatoire pervers et délirant, les circonlocutions et les digressions servant d'instruments de torture cuisants. De l'action, des fusillades, le film en comporte, mais on s'y bat surtout avec des mots. La plupart des séquences sont des joutes d'esprit, autour d'une table.
Pour mettre fin à l'abjection du IIIe Reich, les méthodes diffèrent. La plus brutale est celle des fameux « Bâtards », groupe de scalpeurs américains menés par Brad Pitt. Plus civilisées, la technique du lieutenant britannique (Michael Fassbender) ou celle de l'actrice aristocrate devenue espionne (Diane Kruger). Tous ces personnages forment une parade où Tarantino exploite les archétypes de la Résistance et les réinvente à sa sauce, onctueuse à souhait. Changer le cours de l'Histoire, la fiction le peut. C'est ce pouvoir formidable que Tarantino célèbre, en utilisant directement la pellicule nitrate – extrêmement inflammable – comme arme réelle de combat contre le nazisme. Beau geste, schöner Film, happy end. J.M.




4- Spy Game, jeux d’espions, Tony Scott (2001)

A ma gauche, Robert Redford, un pro de l’espionnage ; à ma droite, Brad Pitt, son alter ego juvénile, qu’il a formé mais qui vient de sérieusement déconner. La CIA est prête à le sacrifier. Mais, heureusement, le père putatif veille. Mi-Schéhérazade, mi-Keyser Söze, Redford active en douce ses réseaux perso, tout en endormant ses supérieurs du copieux récit d’exploits passés. Vingt ans de politique extérieure américaine, de l’Extrême au Moyen-Orient, via le rideau de fer. Un récit simplifié mais plaisant, d’autant que chaque séquence ménage sa dose d’action et d’émotion. Des microsuspenses, spectaculaires, inscrits au sein d’un suspense plus général : habile construction qui enrichit le récit, approfondit les personnages et relance sans cesse l’intérêt. Une séquence cocasse atteste l’ambition de Tony Scott (ou de ses scénaristes) : des Chinois véreux monnaient chèrement leurs services sans quitter des yeux un épisode d’Alerte à Malibu. Le message est clair : jadis, les Etats-Unis exportaient de la démocratie, aujourd’hui, ce sont des programmes télé. Comme tombeau du cinéma d’espionnage, Spy Game a de la gueule. A.F.



5- Seven, David Fincher (1995)

William Somerset, vieux flic noir usé et érudit, s'apprête à décrocher. Il a sept jours pour former son remplaçant, l'impétueux David Mills. Sept jours pour résoudre sept crimes atroces : un pour chaque péché capital. Un rébus biblique et sanglant, composé par un mystérieux serial killer... Dès la découverte du premier corps, chairs obèses et torturées qu'une lumière tremblotante arrache à la pénombre, on échappe aux lieux communs du crime. Plongés en apnée dans un univers glauque (grâce à la superbe photographie de Darius Khondji), emmurés dans une ville noire comme au fond d'un tombeau, les personnages de Seven jouent un simulacre d'apocalypse, où la décomposition des corps répond à celle de toute une société. Complaisant, David Fincher entretient une fascination morbide pour son tueur. Il enlumine le meurtre, l'orne d'or et de vermine, jusqu'à la nausée. Mais, magistralement interprété, gênant,Seven ouvrait, à sa sortie, une brèche dans la routine hollywoodienne. C.M.




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