mercredi 29 août 2018

Robert Desnos / J’ai tant rêvé de toi

Katarzyna Rzontkowska

Robert Desnos
J’ai tant rêvé de toi

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.
Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant
et de baiser sur cette bouche la naissance
de la voix qui m’est chère ?
J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
au contour de ton corps, peut-être.
Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante
et me gouverne depuis des jours et des années
je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie
et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi,
je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres
et le premier front venu.
J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme
qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant,
qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement
sur le cadran solaire de ta vie.




mardi 28 août 2018

Robert Desnos / La furtive


Robert Desnos
La furtive
La furtive s’assoit dans les hautes herbes
pour se reposer d’une course épuisante
à travers une campagne déserte.
poursuivie, traquée, espionnée, dénoncée, vendue.
hors de toute loi, hors de toute atteinte.
a la même heure s’abattent les cartes
Et un homme dit à un autre homme : “A demain.”
Demain, il sera mort ou parti loin de là.
A l’heure où tremblent les rideaux blancs sur la nuit profonde,
Où le lit bouleversé des montagnes
béant vers son hôtesse disparue
Attend quelque géante d’au-delà de l’horizon,
S’assoit la furtive, s’endort la furtive
Dans un coin de cette page.
Craignez qu’elle ne s’éveille,
Plus affolée qu’un oiseau se heurtant aux meubles et aux murs.
Craignez qu’elle ne meure chez vous,
Craignez qu’elle s’en aille, toutes vitres brisées,
Craignez qu’elle ne se cache dans un angle obscur,
Craignez de réveiller la furtive endormie.


lundi 27 août 2018

Georges Moustaki / La Métèque

Georges Moustaki

La Métèque




Georges Moustaki

“La Métèque”

Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de patre grèc
Et mes cheveux aux quatre vents
Avec mes yeux tout délavés
Qui me donnent l’air de rêver
Moi qui ne rêve plus souvent
Avec mes mains de maraudeur
De musicien et de rôdeur
Qui ont pillé tant de jardins
Avec ma bouche qui a bu
Qui a embrassé et mordu
Sans jamais assouvir sa faim
Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de patre grèc
De voleur et de vagabond
Avec ma peau qui s’est frottée
Au soleil de tous les étés
Et tout ce qui portait jupon
Avec mon coeur qui a souffert
Souffrir autant qu’il a souffert
Sans pour cela faire d’histoires
Avec mon âme qui n’a plus
La moindre chance de salut
Pour éviter le purgatoire
Avec ma gueule de métèque
De Juif errant, de patre grèc
Et mes cheveux aux quatre vents
Je viendrai, ma douce captive
Mon âme soeur, ma source vive
Je viendrai boire de tes vingt ans
Et je serai prince de bleu sang
Rêveur ou bien adolescent
Comme il te plaira de choisir
Et nous ferons de chaque jour
Toute une éternité d’amour
Que nous vivrons avant mourir
Et nous ferons de chaque jour
Toute une éternité d’amour
Que nous vivrons avant mourir


dimanche 26 août 2018

samedi 25 août 2018

Josef Koudelka / Être en exil



Josef Koudelka

Josef Koudelka
Être en exil

« Être en exil, c'est tout simplement le fait d'avoir quitté son pays et de ne pas pouvoir rentrer. Chaque exil est une expérience individuelle, différente. Moi je voulais voir le monde et photographier. Cela fait quarante-cinq ans que je voyage. Je ne suis jamais resté nulle part plus de trois mois. Quand je ne trouvais plus rien à photographier, il fallait que je parte. Quand j'ai pris la décision de ne pas rentrer, je savais que je voulais développer une expérience du monde que je ne pouvais pas envisager quand j'étais en Tchécoslovaquie. »

— Josef Koudelka, Le Monde, 23 mai 2015.



vendredi 24 août 2018

Josef Koudelka raconté par Michel Frizot / Un photographe né de l'exil

Josef Koudelka



Josef Koudelka raconté par Michel Frizot

Dimanche 5 mars 2017

Josef Koudelka est un photographe né de l'exil. Son langage, c'est l'image et il n'aime pas commenter ses photos. C'est donc l'historien Michel Frizot qui nous présente son œuvre.






Josef Koudelka
Josef Koudelka © Editions Xavier Barral

Josef Koudelka

Je suis le résultat de tous les pays par lesquels je suis passé et de toutes les rencontres que j’ai pu faire. Je suis devenu nomade, pour prendre des photos.
Né en Moravie (Tchécoslovaquie) en 1938, Josef Koudelka est d’abord ingénieur aéronautique avant de se lancer à plein temps dans la photographie à la fin des années 1960. En 1968, il photographie l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie et publie ses clichés sous le pseudonyme P.P. (Prague Photographer). Ce travail lui vaudra le prix Robert Capa, décerné anonymement. Quarante ans plus tard, un nombre important de ses photographies, accompagnées de textes de référence, est publié sous le titre Invasion Prague 68. Koudelka quitte la Tchécoslovaquie en 1970. Il devient apatride, avant d’obtenir l’asile politique en Grande-Bretagne. Peu après, il rejoint Magnum Photos. En 1975 est publiée la première édition de son livre Gitans (une édition revue et augmentée est sortie en 2011). La première édition d’Exils est publiée en 1988 par le Centre national de la photographie. Ensuite Koudelka publie dix recueils de photographies panoramiques qui s’intéressent à la relation entre l’homme et le paysage, notamment Black Triangle (1994), Chaos (1999), Lime (2012) et Wall (2013). Koudelka a exposé au MoMA et dans le monde entier. Il a reçu le prix Nadar (1978), le Grand Prix national de la photographie (1989), le Grand Prix Cartier-Bresson (1991), le Prix international de la photographie de la fondation Hasselblad (1992) et la médaille du Mérite de la République tchèque (2002). En 2012, il a été nommé commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture. Il vit entre Paris et Prague.






Rencontre entre  Josef Koudelka, Michel Frizot et Brigitte Patient lors du vernissage de l'exposition
Rencontre entre Josef Koudelka, Michel Frizot et Brigitte Patient lors du vernissage de l'exposition / Fanny Leroy

Josef Koudelka: Je ne prévois pas mes photos, la seule chose que je cherche c’est l’endroit où une photo va m’attendre...

Michel Frizot







Michel Frizot invité de Brigitte Patient
Michel Frizot invité de Brigitte Patient / Anne Audigier

Eléments de parcours
Historien et théoricien de la photographie, commissaire d’expositions ,Michel Frizot est directeur de recherche émérite au CNRS (EHESS). Il a été chargé de mission au Centre national de la photographie (1982-1989) pour les expositions et l’édition et a enseigné à l’université Paris IV, à l’École du Louvre et à l’EHESS. Il a dirigé la Nouvelle Histoire de la photographie (1994 ; éd. anglaise 1998). Il est l’auteur de nombreux articles, essais, catalogues et livres : Photomontages (1987), Histoire de voir (1989), Étienne-Jules Marey, Chronophotographe (2001), Photo trouvée (2006), Henri Cartier-Bresson, Scrapbook (2006), VU, le magazine photographique (2009), André Kertész (rétrospective, 2010),Toute photographie fait énigme (2014), Germaine Krull (2015), Entre sculpture et photographie (2016).
La vie de Koudelka est très austère, il vit avec très peu de choses, et dort le plus possible en plein air. A cette vie ascétique correspond une méthode photographique ascétique, ainsi, sur 300 000 prises de vues, il ne conserve qu’une soixantaine d’images pour constituer le livre" Exils". M. F.






Michel Frizot, invité de Regardez voir
Michel Frizot, invité de Regardez voir / Anne Audigier

Photos choisies et commentées par Michel Frizot

Koudelka ne s’est jamais positionné en ethnologue, il voulait vivre avec les gitans, pour avoir un regard diffèrent sur eux, plus complice… il a essayé de comprendre quel était le sens de leur vie et il a créé des portraits symboliques de leur identité.






France 1973
France 1973 / Josef Koudelka / Magnum Photos

M. Frizot: La photo est une énigme, un objet auquel on pose des questions, le fait de rester dans la suspension est un état intéressant et Koudelka participe de ce mouvement.






France 1980
France 1980 / Josef Koudelka, Magnum Photos

Cette image, encore une fois, nous perd, où sommes-nous, quand ? Rien n’est dit… en la regardant on est comme en exil nous-même…






France, 1987
France, 1987 / Josef Koudelka, Magnum Photos

LIVRES

La Fabrique d’Exils n'est pas une nouvelle version des livres précédents, mais un ouvrage qui explore la genèse et la construction de ce périple photographique. Il propose une association des images de la série par Koudelka lui-même, enrichie de photographies inédites notamment plusieurs autoportraits. Un texte de Michel Frizot, issu de longues heures d’entretien avec le photographe, et accompagné de nombreux documents d’archives, précise les positionnements, les engagements et le mode de vie qui ont conduit à cette série iconique.

EXPOSITION

En 2016, Josef Koudelka a fait don au Centre Pompidou – Musée national d'art moderne des 75 tirages d'Exils. Conçue par Clément Chéroux, l’exposition du Centre Pompidou réunit les images les plus emblématiques du projet, accompagnée de quelques tirages inédits dont une série d’autoportraits réalisée par Josef Koudelka au cours de ses voyages et jamais montrée jusqu'à présent. L’exposition présente également pour la première fois les pages extraites de ses katalogs.

Regardez voir aussi

La Playlist de l’émission
  • LONDON GRAMMAR : Big picture (2017)
  • Rodolphe BURGER: Happy hour (2017)
  • THE NEVILLE BROTHERS : Yellow moon (1989)



FICCIONES

DE OTROS MUNDOS

DRAGON

RIMBAUD

DANTE



jeudi 23 août 2018

Josef Koudela / L’œil nomade


France, 1980 / Collection Centre Pompidou, Paris / © Josef Koudelka / Magnum Photos


Josef Koudela 
L’œil nomade


Par Bertrand Raison

20 AVRIL 2017


Laissons provisoirement de côté les introductions et les facilités explicatives car d’emblée les photographies de Josef Koudelka vous attrapent les yeux et vous bousculent physiquement. On se demande bien ce que l’on regarde sans pouvoir s’en détacher. Ça vous prend d’un coup. Ses photos sont de nulle part et d’un endroit très précis. L’Europe est là, le nom des différents pays en témoigne. Mais cela ne réduit en rien leur capacité à dérouter. Car voilà exactement leur sujet : déraper dans l’immobilité et peu importe que nous soyons au Portugal ou en Écosse. Si ce n’est que cette seule mention favorise le glissement du sens puisque la géographie se dissout dans la convocation d’un nom bien fragile.

Irlande, 1976 / Collection Centre Pompidou, Paris / © Josef Koudelka / Magnum Photos



Oui, certes, l’Espagne ou ailleurs, mais la carte finalement reste anonyme, muette, instable. Cette photographie de 1978 a beau être prise en Angleterre, l’indication n’apporte rien ou si peu face aux éléments qu’elle dévoile : des empreintes de pneu sur une route enneigée la nuit, des flocons et le triangle phosphorescent d’un panneau de signalisation. La localisation incertaine accentue d’ailleurs le sentiment confus du danger. Où est-on vraiment ? Que se passe-t-il ? À cet égard, les photographies noir et blanc de Josef Koudelka ne sont guère bavardes et préfèrent de loin la corde raide à tout éparpillement narratif. Elles accumulent leur charge sans rien lâcher de ce qu’elles retiennent obstinément tout en se maintenant au plus près de leur point d’incandescence. Pas de déminage possible, l’artificier a créé une image sous tension, n’allez pas lui demander d’ôter la mèche. En fait, le présent de l’instant est si intense qu’il évacue l’avant et l’après si bien que l’on se trouve aimanté et démuni par ce que l’on perçoit ou ce que l’on croit distinguer.
France, 1987 / Collection Centre Pompidou, Paris / © Josef Koudelka / Magnum Photos

Cerbère

Ainsi ce chien noir (France, 1987) au premier plan d’une allée enneigée fuyant vers l’horizon monopolise toutes les interprétations possibles sans laisser échapper le moindre indice. Mué en cerbère, il a le don de précipiter ce jardin très classique aux portes de l’imprévisible sinon aux confins obscurs de l’enfer et de nous y égarer.

À sa suite, pourrait-on dire, sur la même ligne de suspens, les quatre hommes alternativement alignés dans l’étroit corridor d’une pissotière (Irlande, 1976) nous tournent le dos tout en ayant l’air de se livrer à d’autres occupations. Que fomentent-ils donc ainsi disposés dans l’entonnoir de la perspective ? L’ordinaire de leur action bascule brusquement à la trappe, ouvrant la scène à d’autres hypothèses sans que l’on sache laquelle choisir. Or, cette indécision ne désagrège pas le contenu de l’image, au contraire, elle le leste d’un poids singulier avec cette impression d’assister à un moment unique libre de toute signification imposée, affranchi à jamais des pesanteurs de la description.Koudelka / Magnum Photos

Si ces quelques exemples caractérisent l’univers de Josef Koudelka, ils traduisent surtout la manière dont il questionne l’acte photographique, interrogeant inlassablement la relation de réciprocité qu’il instaure entre sa façon de voir et le choix de ses sujets. Son approche photographique s’inscrit profondément dans son histoire personnelle.
Josef Koudelka

Le vagabond céleste

Né en Moravie, il aborde la photographie à la fin des années 1960 après une formation d’ingénieur aéronautique. Ses clichés de l’occupation soviétique, en 1968, signées P.P (Prague Photographer) obtiennent à titre anonyme le prix Robert Capa. Il finira par quitter la Tchécoslovaquie, en 1970, pour l’Angleterre où il rejoint peu après l’agence Magnum. Promotion prestigieuse, certes, à ce détail près qu’avec la bénédiction d’Henri Cartier-Bresson, l’un des fondateurs de la désormais célèbre coopérative photos, il refusera de travailler à la commande.
Un refus synonyme de liberté que l’on retrouve dans ses multiples pérégrinations européennes au cours desquelles, après son départ de Tchécoslovaquie, il passe d’un festival de musique à une fête religieuse sans désemparer. Muni du strict nécessaire, son matériel photo et un sac de couchage, il dort où il peut, à la belle étoile, chez des amis de rencontre. Ses agendas notent avec précision ses constants déplacements. Dès 1971, il entame, écrit Michel Frizot [1], l’itinéraire de ses lieux de prédilection. On le voit en Espagne, à Grenade, à Cadix pour la Semaine Sainte, à Jerez de la Frontera (foire aux chevaux), en France aux Saintes-Maries-de-la-Mer, à Lourdes au pèlerinage gitan, en Hollande à la Haye à la convention des gitans, en Angleterre pour le Derby d’Epsom, puis en Irlande pour un pèlerinage à Clonmacnoise.

Ce circuit finira par englober la Suisse, le pays de Galles, la Turquie, la Grèce, l’Italie, l’Allemagne voire les États-Unis. Cette déambulation vagabonde fournira, au prix d’une sélection drastique, les soixante-quinze photographies de la troisième édition du livre Exils(2014), objet de l’exposition présentée au Centre Pompidou.
Josef Koudelka

Habiter l’exil

Elle revient notamment sur la réalisation d’Exils et ses conditions d’exécution montrant en parallèle une partie des clichés d’Exils et ceux où l’on voit Josef Koudelka allongé sur un tapis de sol prêt à achever ou à commencer sa journée de travail. Dormir dans le paysage comme s’il fallait à tout prix n’être retenu par rien et ne rien posséder de ce qui peut vous encombrer. Se détacher en somme pour mieux se fondre dans l’environnement, et c’est ce qui lui arrive très exactement. À force de fréquenter les mêmes lieux, il en devient le familier, celui à qui on ne prête plus attention.
Nomade oui, viscéralement nomade, une revendication qu’il va porter au paroxysme puisque très curieusement, il n’enregistre rien des multiples fêtes auxquelles il assiste. Il se déporte vers les marges, attiré par les bas-côtés, ces instants de pause où les personnes s’absentant de l’événement se révèlent brusquement, offrant au regard l’inédit d’un geste, d’un comportement ou d’un regroupement. Alors, il faut peut-être entendre l’exil à la lettre : non seulement celui du photographe mais encore celui de la photographie qui, enfin exemptée de son assignation à tout révéler, rôde dans l’inconnu.
[1] Cf. Catalogue de l’exposition La Fabrique d’Exils, sous la direction de Josef Koudelka et de Clément Chéroux p.122, éditions du Centre Pompidou, éditions Xavier Barral.

REVEUDESDEUXMONDES



FICCIONES

DE OTROS MUNDOS

DRAGON

RIMBAUD

DANTE





mercredi 22 août 2018

Josef Koudelka / Ascète de l’image






Josef Koudelka, ascète de l’image





Qui est Josef Koudelka ? Né en Tchécoslovaquie en 1938, il a d’abord été ingénieur en aéronautique avant de se plonger à plein temps dans sa passion, la photographie. Ses premières photos, il les prends sur les planches. Férus de théâtre, le photographe déambulait sur scène et déclenchait au gré des expressions et des visages qui se dévoilaient à lui. Nous sommes alors au début des années 1960. Et c’est en 1962 que la photographie cesse d’être un hobby. Koudelka s’intéresse aux populations gitanes en Moravie et en Slovaquie. « Il voulait absolument vivre avec [eux], avoir un regard de complicité », raconte Michel Frizot, qui connaît bien Koudelka.

FISHEYE



mardi 21 août 2018

Hélène Cardona / Travail d’orfèvre





Hélène Cardona 
Travail d’orfèvre



Si je pouvais rassembler toute la tristesse du monde,
toute la tristesse que je possède
à l’intérieur d’une gourde,
je la secouerais de temps en temps
pour qu’elle chante
et me rappelle qui j’étais.
Je la bénierais pour ce qu’elle m’a appris
et la regarderais avec amour
pour qu’elle ne s’échappe pas de son récipient.

Hélène Cardona 
Life in Suspension
Salmon Poetry, 2016


lundi 20 août 2018

Disparition d'Aretha Franklin / Redécouvrez les morceaux qui ont fait sa légende



Aretha Franklin



Disparition d'Aretha Franklin : redécouvrez les morceaux qui ont fait sa légende


Par Sarah-Lou Bakouche
Mis à jour le 16/08/2018 à 16:33
Publié le 16/08/2018 à 16:09


5 chansons inoubliables d'Aretha Franklin

De la diablement entraînante "Think, en passant par l'émouvante "I say a little prayer for you", petite sélection de 5 chansons qui ont marqué les fans de la diva de la soul et l'histoire de la musique.

L'héritage d'Aretha Franklin est considérable. La chanteuse américaine, qui vient de s'éteindre, est tout simplement l'artiste féminine qui a hissé le plus de morceaux au classement Billboards pour la période 1955-2012. Pas moins de 88 de ses tubes ont figuré dans le top 100 pour ces années. Artiste généreuse, acclamée par le public, elle laisse une collection de hits qui ont traversé les générations, toujours avec le même succès. Beaucoup de ses chansons marquent aussi des étapes cruciales dans la carrière de la star, avec des titres charnières dans son évolution musicale. Le Figaro vous propose une incursion - forcément lacunaire - parmi les hits de l'impétueuse icône de la soul.

● I Never Loved a Man (The Way I Love You) (1967)

Au lendemain de son départ de Columbia Records et de sa signature chez Atlantic Records, encadrée par Jerry Wexler à la production, les circonstances sont parfaites pour que la star s'épanouisse. Ce premier enregistrement chez Atlantic marque le démarrage en trombe de sa carrière et donne naissance à la reine de la soul.

● Respect (1967)

Aretha Franklin fait un pari: reprendre un morceau du grand Otis Reeding. Mais la version d'Aretha Franklin se distingue de l'originale. Elle renouvelle le titre et y rajoute de nouvelles paroles, lui donnant une tout autre signification. Le morceau devient un hymne féministe dans un contexte de lutte pour les droits des femmes.

● (You Make Me Feel Like) A Natural Woman (1967)

Ce morceau à retardement, dont l'explosion touche même les plus sensibles en plein cœur, est plus qu'une déclaration d'amour. C'est un cri de l'âme. En 2015, Aretha l'interprète au gala annuel «Kennedy Center Honors» à Washington. Devant un public transcendé, elle arrache une larme au président Barack Obama.

● I Say a Little Prayer (1967)

Aretha s'attaque encore une fois à une chanson bien connue, de Dionne Warwick cette fois-ci. Encore une fois, elle se l'approprie de la plus magistrale des manières. Sa voix se mélangeant au chœur donne un résultat mélangeant pop et gospel irrésistible.

● Think (1968)

Peu de temps après RespectThink s'érige aussi comme un autre hymne féministe. En utilisant sa propre plume, Aretha met ses revendications en chanson, en criant sa soif d'empowerment ethnique et féministe. Le public redécouvre la chanson quand Aretha la porte à l'écran dans The Blues Brothers en 1980, en y intégrant les voix de ses sœurs Carolyn et Erma.

● Ain't No Way (1968)

Ain't No Way offre une plongée intimiste dans l'univers d'Aretha Franklin. La chanson est écrite par sa sœur Carolyn. Le style de la chanteuse n'est pas celui qu'on lui connaît. Plus posée, sa voix y est des plus touchantes, le chœur renforcant les propos de l'artiste.

 Sisters Are Doin' It for Themselves (1985)

La chanson, qui mêle pop, rock et soul, est interprétée en duo avec la chanteuse Annie Lennox du groupe Eurythmics. Dans la veine des morceaux cultes de la chanteuse, le titre peut être lu comme un hymne féministe moderne.

 I Knew You Were Waiting (For Me) (1986)

Le duo Aretha Franklin-George Michael est un succès retentissant, qui sera numéro un puis numéro deux des charts pendant de longues semaines. Le succès du couple musical sera récompensé par un Grammy.