Avec Respect, Aretha Franklin donne un hymne à la cause des femmes
AFP agence
Mis à jour le 17/08/2018 à 12:14
Publié le 16/08/2018 à 17:51
Mis à jour le 17/08/2018 à 12:14
Publié le 16/08/2018 à 17:51
VIDÉO - Otis Redding avait enregistré en premier la chanson en 1965. Deux ans plus tard, avec sa propre reprise, la jeune star montante de la soul transforme le titre en manifeste féministe et politique. Le succès est immédiat et planétaire. Il reste aujourd'hui un incontournable.
«R - E - S - P - E - C - T!» Plus qu'une simple reprise d'Otis Redding, la version deRespect enregistrée en 1967 par Aretha Franklin a transformé la chanson en hymne féministe et politique et consacré son interprète comme nouvelle reine de la soul. Le magazine Rolling Stone a fait de ce tube international la cinquième chanson de «tous les temps» dans un palmarès paru en 2004. Un classement où Aretha Franklin, qui vient de mourir à l'âge de 76 ans, apparaissait comme la première femme derrière Bob Dylan, les Rolling Stones, John Lennon et Marvin Gaye.espect fut écrite et enregistrée par Otis Redding en 1965, mais c'est bien la version revue et corrigée par Aretha Franklin, 25 ans à l'époque, avec son refrain et ses arrangements imparables, qui fait entrer la chanson dans la postérité.
Chez Otis Redding, un homme clame son besoin de respect de la part de sa femme, respect qui lui est dû puisqu'il apporte l'argent au foyer... Mais Aretha Franklin, dans sa version enregistrée le jour de la Saint-Valentin 1967 à New York, bouscule ce schéma traditionnel en mettant ces mots dans la bouche d'une femme forte et énergique.
Aretha Franklin chante Respect
«Une nouvelle âme»
La chanteuse originaire de Détroit conserve les couplets mais inclut un refrain dynamisé par les chœurs, assurés par ses sœurs Erma et Carolyn, et quelques nouvelles expressions, comme ce «Sock it to me» joueur et un brin provocant, expression pouvant se traduire par «Montre-moi de quoi tu es capable»... Et pouvant à l'occasion revêtir une connotation sexuelle, même si Aretha Franklin s'en défendra. Et d'épeler ce «R-E-S-P-E-C-T», qu'elle semble non plus seulement demander mais bien exiger.
«Pour Otis, le respect avait une connotation traditionnelle, dans le sens de l'estime», assurait Jerry Wexler, le producteur d'Aretha Franklin, dans son autobiographie, citée par le magazine Rolling Stone. «La ferveur dans la voix d'Aretha exigeait ce respect, et cela impliquait aussi une attention du point de vue sexuel...»
«Elle n'a pas seulement modifié quelques paroles ou changé le point de vue, elle lui a aussi apporté une nouvelle âme», indique à l'AFP la musicologue américaine Victoria Malawey, professeure au Macalester College de Minneapolis-Saint Paul. Aretha Franklin a modifié la chanson «de façon si radicale, que j'irais jusqu'à dire qu'elle l'a réécrite», ajoute cette spécialiste de musique pop.
La chanson paraît dans l'album I Never Loved A Man The Way I Loved You , son premier chez Atlantic Records, et devient un hymne féministe mais donne aussi une voix - et quelle voix! - à la cause des Noirs en lutte pour leurs droits dans l'Amérique des années 1960.
«C'était la bonne chanson au bon moment»
Respect a ensuite traversé les années et été reprise par de nombreux mouvements de revendication, souligne Victoria Malawey. «C'est quelque chose au-delà du texte et de la mélodie qui nous transporte vraiment, qui a rendu cette chanson si puissante et l'a fait durer si longtemps», explique la musicologue. «C'était la bonne chanson au bon moment», résumait pour sa part Aretha Franklin en 2016, citée dans le magazine Elle, au sujet d'une chanson qui figura deux semaines en tête des meilleures ventes à sa sortie.
Avec ce hit, elle remporte les deux premiers de ses dix-huit Grammy Awards. Et même si elle chante déjà depuis des années, Respect l'installe comme la nouvelle reine de la soul et du R'n'B et marque le début de sa carrière internationale. Ce classique de la musique américaine apparait dans une trentaine de films, commePlatoon, Blues Brothers ou Forrest Gump. Il a été maintes fois repris, aux Etats-Unis par Stevie Wonder mais aussi en France, et en français, par Johnny Hallyday dans sa propre version intitulée Du respect.
Otis Redding, lui, fera contre bonne fortune bon cœur au sujet de cette chanson qu'une «bonne amie» a «emmenée loin» de lui, comme il l'avait dit en souriant sur la scène du Festival de Monterey, quelques mois avant de périr dans un accident d'avion en décembre 1967.
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