samedi 27 février 2016

Mort d'Umberto Eco / Les réactions émues du monde de la culture

Umberto Eco

Mort d'Umberto Eco : les réactions émues du monde de la culture


Le décès du romancier et sémiologue italien a fait réagir de nombreuses personnalités, qui ont salué l'ambition de ses travaux romanesques, son érudition et sa passion infaillible pour le monde des lettres.

Son départ laisse un trou béant dans le monde de la littérature et de la culture. Ce samedi matin 20 février, l'émotion, les réactions et les citations fleurissaient sur les réseaux sociaux et dans les médias, à l'annonce de la mort de l'Italien Umberto Eco, décédé à l'âge de 84 ans, des suites d'un cancer.

Audrey Azoulay, nouvellement nommée ministre de la Culture, a honoré pour la première fois sur son fil Twitter la mémoire d'un grand homme de la culture. «Un créateur génial dont l'œuvre a traversé les frontières du monde et des lettres», écrit-elle.
Dans son communiqué, partagé sur le site et le compte Facebook du ministère de la Culture, la ministre souligne encore à quel point Umberto Eco était un «grand intellectuel italien et européen» et un écrivain dont l'«oeuvre romanesque [était] à la fois brillante et populaire». Elle ajoute: «L'érudition, la curiosité sans limite, l'immense culture et la passion d'Umberto Eco vont nous manquer, mais ses idées, son sens du récit et son écriture malicieuse resteront à jamais et accompagneront de nombreuses générations.»
De son côté, le président de la République a salué dans un communiqué ce philosophe et linguiste qui «s'intéressait à tout car il pensait que tout est signe dans une société». Un homme «jamais fatigué d'apprendre et de transmettre son immense érudition avec verve et humour». «Les bibliothèques ont perdu un lecteur insatiable, l'université un professeur éblouissant et la littérature un écrivain passionné», a encore ajouté François Hollande.
Sur France Info, le réalisateur Jean-Jacques Annaud a également partagé sa peine ce samedi matin. «C'est un homme avec lequel j'ai gardé un rapport d'admiration totale et de plaisir de vie», a-t-il déclaré. Le cinéaste avait adapté pour le grand écran son célèbre roman Le Nom de la rose en 1986, avec Sean Connery dans le rôle de Guillaume de Baskerville. «Un livre extrêmement réjouissant mais qui a découragé trop de lecteurs», a-t-il encore indiqué, tout en nuances. «C'était un personnage tout à fait fascinant, parce que d'une érudition embarrassante, qui vous fait toujours sentir un petit peu crétin, et d'une gaieté de vie stupéfiante, un mélange détonnant», a-t-il également confié.
Sur Twitter, Bernard Pivot y est allé de ses bons mots pour saluer à son tour Eco, «le nom le plus court pour l'œuvre abondante d'un sémiologue, romancier, historien, philosophe, humoriste et journaliste». Tout en mentionnant également en guise de clin d'oeil sa passion pour les mots d'esprits de l'Italien et celles pour les listes qu'il n'a cessé de dresser tout au long de sa vie.
Les personnalités politiques ont aussi salué cet homme de lettres, telles Fleur Pellerin, Christiane Taubira, Alain Juppé, Valérie Précresse, Anne Hidalgo ou encore Najat Vallaud-Belkacem.



Harper Lee o les ambiguïtés

 


Harper Lee ou les ambiguïtés

par Claude Grimal
27 janvier 2016
© Michael Brown

Harper Lee © Michael Brown 

Jusqu’à l’an dernier, Harper Lee (née en 1926 dans l’Alabama) appartenait à cette intrigante catégorie d’auteurs très populaires ou très importants qui n’ont écrit qu’une seule œuvre, dans son cas, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, un roman publié en 1960. Ce n’est désormais plus le cas depuis la parution récente de Va et poste une sentinelle, chez Grasset.


Harper Lee, Va et poste une sentinelle. Trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Demarty. Grasset, 336 p., 20,90 €.


Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur s’est longtemps trouvé et se trouve encore au programme de presque tous les établissements secondaires américains parce qu’il est plein de charme, et qu’il défend une morale sympathique (aux fondements et implications cependant discutables). Le livre d’Harper Lee raconte quelques années d’une enfance dans le Sud profond au milieu des années trente ; l’épisode central est celui où le père de l’héroïne, Atticus Finch, avocat et homme merveilleux, qui au cinéma prit les traits de Gregory Peck, défend un noir accusé d’avoir violé une blanche. La présence centrale de personnages jeunes, l’amusante voix narrative de la petite héroïne, Scout, la leçon d’antiracisme et le confortable renvoi à des décennies antérieures de l’obscurantisme racial ont donc fait de ce livre un objet idéal pour les collèges et les lycées.

Mais Harper Lee, tout en restant grâce à son Oiseau moqueur une mine d’or pour ses éditeurs (30 millions d’exemplaires vendus), ne publia ensuite rien pendant cinquante-cinq ans. À intervalles réguliers, elle faisait savoir qu’elle était en train de rédiger un nouveau roman ; à un moment elle signalait même, avec humour (?), qu’il devait s’appeler The Long Goodbye (« Le long adieu », titre pourtant déjà préempté dans le domaine du polar par Raymond Chandler). Et pourtant toujours rien. Le cas est relativement rare. Au XXe siècle, parmi les « mono-romanciers » d’importance, si l’on exclut ceux à qui la mort s’est chargée d’ôter la plume de la main avant qu’ils ne puissent la replonger dans l’encrier, ne viennent à l’esprit que quelques noms comme le compatriote de Harper Lee, Ralph Ellison, auteur de Homme Invisible, pour qui chantes-tu ? (1953), ou Juan Rulfo, mexicain, auteur de Pedro Páramo (1955), bien que tous deux aient cependant de leur vivant publié aussi quelques nouvelles, et soient – il faut le dire – d’une autre trempe littéraire que Harper Lee.

Enfin, en juillet 2015, parut le roman Va et poste une sentinelle (Go Set a Watchman). Alléluia ! mais alléluia fort bien préparé depuis février par l’éditeur Harper Collins qui avait fait savoir qu’un inédit avait été retrouvé et allait être publié avec l’accord de l’auteur (alors âgée de presque 90 ans, victime huit ans auparavant d’une attaque cérébrale, et privée de la présence de sa sœur aînée qui gérait ses intérêts). S’ensuivit un chœur de communiqués de presse et d’annonces publicitaires ; les bonnes feuilles parurent dans le Wall Street Journal et dans le Guardian. Pas une gazette ne manqua à l’appel pour parler du trésor recouvré.

Le roman, apprenait-on, était en fait un manuscrit antérieur à L’Oiseau Moqueur que les éditions Lippincott avaient refusé en 1957 à la jeune Harper Lee ; les mêmes personnages que ceux de L’Oiseau moqueur y apparaissaient mais vingt ans après. C’était une éditrice avisée de Lippincott, sensible aux qualités de l’écrivaine débutante qui lui avait conseillé de réécrire son texte ; ce que cette dernière fit de manière substantielle en effectuant, entre autres modifications, le passage de la narration de la troisième personne à la première, et en transportant l’action dans la prime jeunesse de Scout ; cette posture littéraire de la vision enfantine naïve, perspicace et drôle, était une sorte de mode aux États-Unis où dans les années quarante et cinquante quelques jolies œuvres avaient été écrites en l’adoptant – comme L’Attrape Cœur de Salinger, La Harpe d’Herbe de Truman Capote, ou Frankie Adams de Carson McCullers. La perspicacité d’une éditrice et le talent d’un écrivain avaient ainsi contribué à créer cet Oiseau Moqueur dont le ramage fut et reste séduisant.

Quant au tapage bruyant et confus de Harper Collins autour de Va et poste une sentinelle, il ne fut pas du goût des méticuleux (comment ça, il n’y a pas d’introduction pour expliquer d’où sort ce livre ?), ni des soupçonneux (pourquoi l’auteure qui n’a jamais voulu publier cet ouvrage le fait-elle maintenant ?) Mais laissons les grognons grognonner, la maison d’édition avait obtenu les droits et les services de santé (sous la forme de l’Alabama Securities Commission) avaient déclaré après enquête (?) que Harper Lee « semblait au courant des tractations autour de son livre et des contrats le concernant. » Et bien sûr, un public captif et passionné attendait l’ouvrage : il se vendit à plus d’un million d’exemplaires la semaine de sa sortie. Qu’importe tout ce batelage juridique et médiatique, pourrait-on penser, si l’ancien nouveau livre de Harper Lee est un ouvrage de qualité et améliore l’appréciation ou la compréhension que l’on a déjà de l’écrivain. Non sur le premier point : l’éditrice de Lippincott avait raison, le livre n’est pas très bon. Oui et non sur le second car ce que le roman s’efforce de faire, et ce assez piètrement, passe mal.

Résumons Va poste une sentinelle : pendant la période des droits civiques, Scout, l’héroïne âgée à présent de vingt-six ans, revient en Alabama rendre visite à son père et découvre qu’il n’est pas l’humaniste qu’elle croyait mais un vieux raciste, favorable à la ségrégation tandis que sont passées en revue au travers de différents personnages diverses positions vis-à-vis de « la question raciale ». Harper Lee a certes le droit de briser le cœur de ceux, nombreux, pour qui la figure paternelle idéale avait toujours été représentée par le personnage d’Atticus Finch, mais moins celui de le faire en donnant son aval à des positions douteuses tant du point de vue éthique, historique, sociologique que logique.

Par exemple, Scout reconnaît que si elle est pour l’égalité, en théorie, elle ne voudrait jamais épouser un Noir pour autant. Ou bien elle suggère que la violence dans le Sud n’est advenue qu’avec la période de déségrégation des années cinquante et, qu’auparavant, les « gens comme il faut » de sa ville n’avaient aucun préjugé racial ; ou bien encore, faisant preuve d’un essentialisme redoutable sous une couche de vernis compassionnel, en affirmant que certains naissent racistes, méchants, violents, et d’autres non (curieusement ceux qui sont génétiquement irrécupérables appartiennent tous au monde des « petits Blancs »). Et donc Scout, qu’à plusieurs reprises Va et poste une sentinelle présente comme « color-blind » (ce qui signifie « daltonienne », mais littéralement « aveugle à la couleur »), ne cesse de se confronter au mystère qui fait qu’un tel naît ou non avec telle caractéristique – et d’ailleurs pour les Noirs, signalons-le, celle d’être souvent un peu « enfantins ». Gageons cependant que Harper Lee en savait un peu plus, au fond d’elle-même, que Scout sur ce qu’induisent des siècles d’oppression et d’injustice et sur la bienveillance dont le suprématisme blanc pouvait faire preuve tant qu’il n’avait pas été remis en question. Mais ceci, semble-t-il, elle ne pouvait l’avouer ni l’écrire.

Va et poste une sentinelle ne rend donc pas service à Harper Lee ni sur le plan esthétique ni sur le plan moral. Ceci dit, il permettra à ceux qui sont capables de ne pas trop souffrir en voyant leur héros Atticus déboulonné de son piédestal, de mieux évaluer dans L’Oiseau moqueur, livre aimable et plein d’excellentes intentions, les ambigüités et les contradictions des préjugés qui y sont déjà présents.

EN ATTENDANT NADEAU

vendredi 26 février 2016

Umberto Eco / Le Nom de la Rose / Citations



Umberto Eco
LE NOM DE LA ROSE
Citations

“La science ne consiste pas seulement à savoir ce qu'on doit ou peut faire, mais aussi à savoir ce qu'on pourrait faire quand bien même on ne doit pas le faire.”



Laisse parler ton coeur, interroge les visages, n'écoute pas les langues...”


Les faiblesses des méchants sont les mêmes que celles des saints.”



“Rien ne communique plus de courage au peureux que la peur d'autrui.”


“Chacun des livres d'Aristote a détruit une partie de la science que la chrétienté avait accumulée tout au long des siècles.”


“Avant, nous regardions vers le ciel, maintenant nous regardons vers la terre, et nous croyons au ciel sur le témoignage de la terre.”


“Chaque mot du Philosophe, sur qui désormais jurent même les saints et les souverains pontifes, a renversé l’image du monde.”



“Tu n’élimines pas le rire en éliminant le livre.”



“Le rire distrait le vilain de la peur. Mais la loi s'impose à travers la peur, dont le vrai nom est crainte de Dieu.”



“Le livre pourrait enseigner que se libérer de la peur du diable est sapience.”


“Le rire libère le vilain de la peur du diable, parce que le diable apparaît comme pauvre et fol, donc contrôlable.”


“Au moment où il rit, peu importe au vilain de mourir.”



“Du livre pourrait naître l'aspiration à détruire la mort à travers l’affranchissement de la peur.”


“Du livre découlerait la pensée que l’homme peut vouloir sur la terre l’abondance même du pays de Cocagne.”


jeudi 25 février 2016

Un livre posthume d'Umberto Eco sortira le 26 février

Umberto Eco

Un livre posthume d'Umberto Eco sortira le 26 février

Par Julien Percheron
Mis à jour le 22/02/2016 à 17:37
Publié le 22/02/2016 à 17:35



Une semaine après la mort d'Umberto Eco, la maison d'édition italienne La Nave di Teseo publiera vendredi 26 février le dernier livre de l'écrivain, Pape Satan Aleppe. La sortie de l'ouvrage était normalement programmée en mai. Sous-titré «chroniques d'une société liquide», l'essai rassemble des textes publiés depuis les années 2000 dans l'hebdomadaire italien L'Espresso auquel collaborait Umberto Eco. Le titre du livre reprend les trois premiers mots qui ouvrent le chant VI de l'Enfer de La Divine comédie de Dante Alighieri. Le sens, assez mystique, donne lieu à des quantités d'interprétations, mais selon les mots de l'écrivain philosophe et linguiste, l'expression est «suffisamment “liquide” pour caractériser la confusion de notre temps».
Volonté de protéger son indépendance

Pape Satan Aleppe sera le premier ouvrage à être publié par La Nave di Teseo, la maison d'édition d'Umberto Eco. En novembre 2015, l'écrivain italien avait en effet quitté sa maison d'édition historique, Bompiani, en raison de son rachat par le groupe Mondadori, propriété de la famille Berlusconi. À l'époque, plusieurs auteurs italiens prestigieux, dont Umberto Eco et Sandro Veronesi (auteur de Chaos calme, publié par Gallimard), avaient affirmé leur volonté de protéger leur indépendance et défendre la diversité éditoriale.
Umberto Eco, auteur du célèbre roman Le Nom de la rose, est mort des suites d'un cancer dans la nuit de vendredi à samedi 20 février, à l'âge de 84 ans. Après l'annonce de son décès, de nombreux hommages ont fleuri sur les réseaux sociaux. Le réalisateur Jean-Jacques Annaud, qui a adapté Le Nom de la rose en 1986, a notamment déclaré: «C'était un personnage tout à fait fascinant, parce que d'une érudition embarrassante, qui vous fait toujours sentir un petit peu crétin, et d'une gaieté de vie stupéfiante, un mélange détonnant.»




mercredi 24 février 2016

Umberto Eco / Si Dieu existait, il serait une bibliothèque

Umberto Eco
Umberto Eco
SI DIEU EXISTAIT

“Peut-on vraiment être à la fois adepte du DOS et catholique traditionaliste ? Par ailleurs, Céline aurait-il écrit avec Word, Wordperfect ou Wordstar ? Enfin, Descartes aurait-il programmé en Pascal ?”

Umberto Eco / Comment voyager avec un saumon ?


“Une poule est l'artifice qu'utilise un oeuf pour produire un autre oeuf.”


“Si Dieu existait, il serait une bibliothèque.”

De Umberto Eco / L’événement du Jeudi - 9 Avril 1998 


“La télévision rend intelligent les gens qui n’ont pas accès à la culture et abrutit ceux qui se croient cultivés.”


“Le sommeil diurne est comme le pêché de la chair : plus on en a eu, plus on le voudrait.”


“Les thèmes de la tragédie sont universels, alors que ceux de la comédie sont plus ancrés dans les cultures.”


“Il y a quatre types idéals : le crétin, l'imbécile, le stupide et le fou. Le normal, c'est le mélange équilibré des quatre.”

Umberto Eco / Le pendule de Foucault 


“Dans le monde entier, il existe un moyen infaillible de reconnaître un chauffeur de taxi : c'est quelqu'un qui n'a jamais de monnaie.

De Umberto Eco / Comment voyager avec un saumon 



“L'écrivain essaie d'échapper aux interprétations, non pas nécessairement parce qu'il n'y en a pas, mais parce qu'il y en a peut-être plusieurs et qu'il ne veut pas arrêter les lecteurs sur une seule.”

Umberto Eco / Le Point - 15 Février 2002 


“L'important ce n'est pas tellement d'avoir des souvenirs, c'est toujours de régler ses comptes avec eux.”

De Umberto Eco / Le Point - 15 Février 2002 


“Le prix à payer pour avoir Einstein d’un côté, c’est d’avoir un imbécile de l’autre côté !”

De Umberto Eco / Télérama - 10 Septembre 2003 



“C'est votre père qui est votre obligé, et non point le contraire : vous payez de bien des années de larmes un sien moment de plaisant chatouillement.”

De Umberto Eco / L’île du jour d’avant 


“Chaque écrivain raconte toujours une même obsession.”

Umberto Eco / Télérama - 10 Septembre 2003 



“Nous savons que nous allons vers la mort et, face à cette occurrence inéluctable, nous n’avons qu’un instrument : le rire.”

Umberto Eco / Télérama - 10 Septembre 2003 


“Tous les grands écrivains sont des grands lecteurs de dictionnaires : ils nagent à travers les mots.”

Umberto Eco / Télérama - 10 Septembre 2003 


“La fonction essentielle d'une bibliothèque est de favoriser la découverte de livres dont le lecteur ne soupçonnait pas l'existence et qui s'avèrent d'une importance capitale pour lui.”


“Moi, je dis qu’il existe une société secrète avec des ramifications dans le monde entier, qui complote pour répandre la rumeur qu‘il existe un complot universel.”

Umberto Eco / Le Pendule de Foucault




mardi 23 février 2016

Umberto Eco / Je suis proustien



Umberto Eco
JE SUIS PROUSTIEN

Le plaisir de l’érudition est réservé aux perdants. Plus quelqu’un sait de choses, plus elles lui sont allées de travers.



Je suis prisonnier du "Nom de la rose" comme Garcia Marquez l'était de "Cent Ans de solitude".
Le Figaro littéraire, 16 mai 2015 





“Je suis proustien : je trouve le sens de la vie dans les souvenirs de l'enfance !”

Le Figaro littéraire, 21 mai 2015 





Umberto Eco récompensé pour son humour



 

Umberto Eco 
récompensé pour son humour

Le prix Alphonse Allais qui célèbre l'esprit de l'écrivain français a couronné le philosophe et romancier italien pour l'ensemble de son oeuvre.


Par Françoise Dargent
Publié le 05/02/2015 à 18:04


Comme tout aréopage très sérieux, l'académie Alphonse Allais intronise régulièrement des membres et couronne ses pairs. Sa matière préférée est l'absurde, chère à son mentor éponyme. Le premier lauréat du prix Alphonse Allais fut, en 1954, très logiquement Eugène Ionesco. Voilà plus de soixante ans que cela dure. C'est ainsi que sera remis courant mai à l'écrivain italien Umberto Eco, la «Comète de Allais», trophée symbolique qui récompense chaque année une personnalité.
Après avoir élu le cinéaste Jean-Pierre Mocky, les humoristes Laurent Gerra ou François Morel, le journaliste Bernard Pivot, le dessinateur Sempé ou le chanteur Pierre Perret, les membres du jury ont distingué, en 2015, l'auteur du Nom de la Rose «pour l'ensemble de son œuvre».
Voilà qui devrait lever un malentendu sur un auteur dont l'érudition profonde ne saurait cacher aux communs des lecteurs le sens aiguisé de l'humour. Alain Casabona, le grand chancelier de l'académie a donc tenu à préciser qu'Umberto Eco a été distingué pour «son admiration de l'œuvre d'Alphonse Allais» notamment dans une thèse de 1992, Lector in fabula (Grasset). Dans sa biographie pléthorique qui compte quelques fameux best sellers, on distingue des livres pouvant relever du genre comme Comment voyager avec un saumon dans lequel il pastiche l'encyclopédie. Autre recueil, Pastiches et postiches. Le philosophe explore les stratégies de l'ironie et de la distance dans les textes célèbres.
On note aussi qu'Umberto Eco a traduit en italien les Exercices de style, de Raymond Queneau dont il était ami et admirateur, féru lui aussi de l'Oulipo. On le retrouve dans sa veine plus sérieuse dansConstruire l'ennemi et autres écrits occasionnels (Grasset), son dernier livre traduit en 2014.