David Foster Wallace |
David Foster Wallace, 1962-2008
Alexander Knetig
Publié le 15/09/2008. Mis à jour le 15/09/2008 à 20h21.
L’écrivain américain David Foster Wallace s’est suicidé ce week-end, chez lui, en Californie. Il avait 47 ans. Retour sur une grande figure de la littérature américaine dont l’œuvre reste pourtant méconnue en France.
Difficile de rendre hommage à un homme qui détestait les clichés plus que tout et qui vient de mettre fin à ses jours en se pendant, à son domicile... Ex-champion junior de tennis, passionné de philosophie, l'Américain David Foster Wallace publie son premier livre, La Faille dans le système, dès 1987. Il y fait montre d'une incroyable maîtrise de la langue anglaise, et, dès lors, ses admirateurs n'hésiteront pas à le comparer à James Joyce, de nombreux critiques littéraires le considérant quant à eux comme le plus grand auteur américain depuis Thomas Pynchon.
Malgré ces éloges, Foster Wallace est resté quasi inconnu en France. Et pour cause : ses livres, terriblement complexes, sont un véritable défi pour les traducteurs. Seuls deux de ses recueils ont été publiés dans l’Hexagone, aux éditions Au diable Vauvert : Un truc soi-disant super auquel on ne me reprendra pas et Brefs Entretiens avec des hommes hideux, remarquable ouvrage où se côtoient violeurs et nettoyeurs de toilettes évoluant dans un monde profondément malade de lui-même.
Son œuvre majeure, Infinite Jest (publié aux Etats-Unis en 1996), patiente depuis plusieurs années dans les services de traduction et sera peut-être (enfin) publiée l’année prochaine. Les 1 079 pages – ornées de plus de cent notes de bas de page – de ce roman aux phrases alambiquées sont très représentatives de l’univers wallacien : cette satire monumentale se déroule dans un futur proche, où tout tourne autour d’un film magique appelé Infinite Jest (« Plaisir sans fin ») qui rend dépendant tous ceux qui le voient.
En 2004, son dernier recueil, Oblivion : Stories, est une ode à la dépression, au terrifiant manque de sens d’une vie totalement tournée vers la consommation, sous l'emprise implacable de la publicité.
« On ne peut pas être au monde sans vivre dans la douleur », avait observé l'écrivain dans une interview. La littérature semblait être pour Foster Wallace un outil pour supporter la vie. Cela ne semble malheureusement pas avoir été suffisant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire