mardi 31 mai 2016

Vanessa Paradis et Lily-Rose Depp défendent Johnny Depp

Vanessa Paradis et Lily-Rose Depp défendent Johnny Depp

CULTURE 7 CINÉMA

Par Alice Develey
Mis à jour le 29/05/2016 à 17:28
Publié le 29/05/2016 à 16:43

«Les récentes allégations portées à l'encontre de Johnny Depp sont scandaleuses». Vanessa Paradis est en colère. Non seulement l'ex-compagne de l'acteur américain ne croit pas aux accusations de Amber Heard, mais elle se dit choquée d'imaginer le père de ses deux enfants, un homme aussi «sensible» que lui, jeté ainsi en pâture.
À l'instar de Mickey Rourke, Paul Bettany et Lori anne Allison (la première épouse de Johnny Depp) qui ont récemment apporté leur soutien à la star de Pirate des Caraïbes, accusée de violences conjugales et de «comportement agressif» voire «paranoïaque», Vanessa Paradis est montée au créneau.
Dans une lettre manuscrite que s'est procurée le site américain TMZ, la chanteuse et actrice française a pris la vive défense de son ex-mari. Elle explique ne pas croire une seule seconde aux allégations de Amber Heard.
«Johnny Depp est le père de mes deux enfants. C'est un homme sensible, aimant et aimé, écrit Vanessa Paradis. Et, je crois au plus profond de mon coeur que les récentes accusations portées à son encontre sont outrancières.»

L'actrice qui a été en couple avec l'acteur de 1998 à 2012 assure ne pas reconnaître son ex-mari dans le portrait «violent» qui a été dressé par Amber Heard devant le tribunal de Los Angeles, ce vendredi 27 mai. «Il n'a jamais eu aucun comportement violent avec moi, depuis que je le connais, précise la chanteuse. Ces allégations ne ressemblent absolument pas à l'homme avec qui j'ai pu vivre durant 14 ans et merveilleuses années.»
L'interprète de Divine Idylle a choisi son camp. Tout comme sa fille, Lily-Rose Depp qui a adressé un message d'amour à son père sur le réseau social Instagram. «Mon père est l'homme le plus gentil et le plus aimant de toutes les personnes qu'il m'a été donné de rencontrer, écrit la jeune fille. Il a toujours été un père merveilleux pour moi et mon petit frère. Toutes les personnes qui le connaissent diront la même chose que moi.»

Pour rappel, l'actrice Amber Heard a demandé le divorce à Johnny Depp en début de semaine, après avoir évoqué des «différends irréconciliables», puis accusé l'acteur de l'avoir violemment «agressée verbalement et physiquement» à plusieurs reprises durant toute leur relation. Vendredi 27 mai, le tribunal de Los Angeles a émis une ordonnance restrictive à l'encontre de Johnny Depp, interdisant l'acteur d'approcher son ex-future femme à moins de 100 mètres jusqu'au 17 juin.

LE FIGARO






lundi 30 mai 2016

Johnny Depp jugé «agressif» n'a plus le droit d'approcher Amber Heard

Amber Heard et Johnny Depp
Johnny Depp jugé «agressif» n'a plus le droit d'approcher Amber Heard

CULTURE / CINÉMA
Par AFP agence, Alice Develey
Mis à jour le 29/05/2016 à 15:33
Publié le 29/05/2016 à 09:50


Johnny Depp s'est vu interdire vendredi 27 mai par un tribunal de Los Angeles d'approcher sa femme, l'actrice Amber Heard, qui affirme avoir été battue par la star hollywoodienne dont elle veut divorcer.
Un juge de Los Angeles a «émis une ordonnance» qui interdit à Johnny Depp, l'un des plus grands noms d'Hollywood, de l'approcher à moins de 100 mètres jusqu'au 17 juin. L'actrice de 30 ans, apparue vendredi au tribunal avec des bleus au visage, avait demandé plus tôt cette semaine le divorce et une pension alimentaire après 15 mois de mariage, évoquant des «différends irréconciliables», tout en soulignant sa personnalité «paranoïaque».
D'après le site américain TMZ, la star de Pirate des Caraïbeslui aurait lancé au visage son iPhone samedi. Le journal a publié une photo de la comédienne avec l'oeil rougi d'hématomes, qui aurait été présentée au juge dans un dossier de 40 pages de documents et photos, lors d'une audience à huis-clos.

La police de Los Angeles est intervenue samedi soir à la suite d'un appel d'urgence de la comédienne mais n'a toutefois «pas vu de preuves» de violences conjugales, et «la victime n'a pas voulu faire de main courante», d'après une porte-parole. Les enquêteurs du LAPD ont «estimé qu'aucun crime n'avait été commis», ajoute-t-elle.

Une demande de divorce, deux jours après la mort de la mère de Johnny Depp

Dans les documents accompagnant la demande d'ordonnance de l'actrice, celle-ci a affirmé que «pendant toute la durée de notre relation, Johnny l'avait agressée verbalement et physiquement». Elle précise également que son mari a historiquement connu «des problèmes de drogue et d'alcool», qualifiant Johnny Depp de «paranoïaque» et se disant «pétrifiée» à l'idée qu'il regagne leur domicile.
Johnny Depp, qui aura 53 ans dans quelques jours, fait actuellement la promotion de son dernier film, Alice de l'autre côté du miroir, et n'était pas présent au tribunal vendredi.
Ses avocats n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP. L'une des avocates de Depp, Laura Wasser, s'est contentée de déclarer à la sortie de l'audience que le juge avait accordé l'ordonnance à Amber Heard mais avait refusé d'autres demandes.TMZ affirme notamment que l'actrice voulait aussi faire interdire à l'acteur d'approcher de son chien Pistol, ce qui lui aurait été dénié.
La demande de divorce lundi a été déposée par Amber Heard deux jours après la mort de Betty Sue Palmer, la mère de Johnny Depp, qui était âgée de 81 ans. Une porte-parole de Depp a déclaré au magazine People que «vu la brièveté de ce mariage et la disparition récente et tragique de sa mère, Johnny ne répondra à aucune des fausses informations, ragots, et mensonges sur sa vie personnelle», ajoutant espérer une «dissolution (...) rapide de cette union éphémère».
Le couple s'était rencontré sur le tournage de la comédie Rhum Express (2011), alors que Johnny Depp vivait encore avec Vanessa Paradis, dont il a partagé la vie de 1998 à 2012.




dimanche 29 mai 2016

Johnny Depp / Acteur aux mains d'or

Johnny Depp
Johnny Depp, acteur aux mains d'or

Aurélien Ferenczi
Publié le 22/01/2008. Mis à jour le 23/01/2008 à 17h29.



Tim Burton a un peu grossi, il n’a pas vu un peigne depuis la sortie d’Edward aux mains d’argent (en 1990), et par une matinée pluvieuse d’hiver londonien, il porte d’épaisses et incongrues lunettes noires qui lui donnent un drôle d’air d’insecte repu. En revanche, le jeune homme qui l’accompagne – jean troué mais sortant de la machine, T-shirt immaculé sous une chemise à gros carreaux, façon apprenti bûcheron du Kentucky – respire la joie de vivre. Sa silhouette est fluette, sa moustache et sa courte barbiche bien taillées, il a les cheveux propres, l’œil qui pétille : un gendre idéal. On lui donnerait 24 ans, il en a vingt de plus. Il s’appelle John Christopher Depp, dit Johnny, et il rayonne à la conférence de presse donnée pour la sortie anglaise de la comédie musicale gothique Sweeney Todd. 


Ce matin-là, l’apparence de la star – paisible, souriante, disposée à signer quelques dizaines d’autographes pendant les courtes minutes de son apparition publique – contraste avec sa récente prestation filmique. Dans la sanglante comédie musicale de Stephen Sondheim que Tim Burton a portée à l’écran, il a les traits las, et presque lourds, d’un homme accomplissant comme malgré lui la plus violente des vengeances : barbier londonien, il rase ses clients en profondeur, gorge et trachée comprises. Le sang gicle, mais son visage n’exprime ni dégoût, ni satiété. Presque un automate de l’horreur et de la destruction. 



Tim Burton, qui a dirigé Johnny Depp à six reprises, se souvient avec délice d’un moment précis du tournage : la scène où Sweeney Todd, le barbier, retrouve après tant d’années ses instruments (de travail et bientôt de mort), ses « amis », comme il le chante dans My friends. « J’ai regardé Johnny en train de chanter ce qui est littéralement une déclaration d’amour à des rasoirs, et j’ai pensé qu’on n’était jamais allés aussi loin, lui et moi, dans la folie. » L’avenir proche dira quels types de récompenses inédites – l’oscar suivra-t-il le Golden Globe ? – le rôle de Sweeney Todd vaudra à Johnny Depp. Mais celui-ci est à ce jour l’apothéose d’une carrière singulière, celle d’un bad boy devenu acteur « le plus rentable de 2007 » (dixit les statisticiens de Hollywood), d’une superstar hyperdiscrète qui plaît aux ados, aux bobos et aux intellos, d’un sex-symbol formant avec Vanessa Paradis le plus vertueux des couples people. 



Au crépuscule des années 80, personne n’aurait misé 1 dollar sur la longévité de la vedette proprette de 21 Jump Street, dispensable série pour teen-agers. Le jeune homme présente alors le pedigree classique de l’arrogante classe biberon hollywoodienne : il a déjà touché au sexe (à 13 ans), aux drogues (à 14 ans) et au rock’n’roll (il gratte la guitare du groupe The Kids, qui jouera quelquefois en première partie d’Iggy Pop). Il est venu au cinéma par hasard. Il est mignon, on lit sur son visage les traces de son ascendance cherokee ; il est aussi un peu fade et on redoute que sa séduction soit éphémère. 



Tim Burton change son destin. Le cinéaste se rappelle – toujours avec précision – leur première rencontre, fin 1989, « dans un coffee shop d’un hôtel de Los Angeles ». Auréolé du succès de Batman, Burton a les mains libres : il s’apprête à tournerEdward aux mains d’argent et cherche son acteur principal. Il a rencontré Tom Cruise, par politesse. Depp se présente à lui sans illusions, sachant que son statut de vedette télé le handicape : il déteste la série, s’y sent prisonnier « comme un steak dans un hamburger ». 



La rencontre est quasi silencieuse : deux grands timides à la tignasse en bataille qui se toisent. « Je l’avais à peine vu jouer, raconte Burton, je le connaissais surtout par les magazines pour ados ! Mais j’ai tout de suite su qu’il était parfait pour le rôle. Parce qu’il n’était pas du tout le personnage lisse qu’on décrivait partout. Exactement comme le héros d'Edward aux mains d’argent, victime des fausses idées qu’on se fait de lui. Il y avait un drôle d’effet miroir entre l’acteur et le personnage. » Sa prestation dans le film lui vaudra une nomination aux Golden Globes, et lance une carrière qu’il veut atypique. 



Le grand jeu, au début des années 90, est de comptabiliser toutes les super­productions (de Speed à Entretien avec un vampire ) que Depp a refusées… C’est l’époque des quatre cents coups. Ses liaisons – avec l’actrice Winona Ryder ou la mannequin Kate Moss – sont la cible des paparazzi. Plus tard, son amitié virile avec l’écrivain-journaliste Hunter S. Thompson (qu’il interprète dans Las Vegas Parano ) comportera des jeux étranges, consistant par exemple à faire exploser des bonbonnes de nitroglycérine au fond du jardin. Et il traînera avec Marlon Brando, le réprouvé – le dirigeant dans son unique réalisation, désarmante de naïveté, The Brave, plongée dans le sous-prolétariat indien et risée du festival de Cannes 1997. Mais entre chaque frasque, il brille sous la direction de Tim Burton, qui l’aide à grandir, à se construire. Après avoir tiré les larmes dans Edward aux mains d’argent(1990), blessant sans le vouloir de ses doigts tranchants, il épate dans Ed Wood(1994) en jouant, avec le sourire, le « plus mauvais cinéaste du monde », qui dirigeait ses films fauchés en jupe et pulls angora. Puis s’amuse en détective rationaliste et froussard dans Sleepy Hollow (1999).



Chaque nouvelle rencontre avec Burton est pour Depp l’occasion de parfaire sa méthode, très personnelle, qui lui servira au gré des quelque quarante films tournés en moins de vingt ans, parfois avec des grands noms (Emir Kusturica, Roman Polanski, Jim Jarmusch, Terry Gilliam). Il s’agit toujours de construire patiemment un personnage à base d’ingrédients disparates, inattendus, de références improbables, puisées dans la culture populaire. Johnny Depp est un caméléon. Edward, l’homme qui a des ciseaux en guise de mains, est inspiré… d’un chien et des quelques animaux domestiques qu’il a eus pendant son enfance. Pour composer Ed Wood, l’acteur se souvient de« l’optimisme de Ronald Reagan, de l’Homme en fer-blanc du Magicien d’Oz et des poupées des ventriloques ». 



Sur le tournage du premier Pirates des Caraïbes (2003), l’excentricité qu’il donne au personnage de Jack Sparrow (partiellement inspiré, on le sait, du Rolling Stone Keith Richards) inquiète Disney, qui finance le film : Depp les rassure en allégeant son Sparrow de quelques dents en or. Bingo, le film cartonne, devient série, propulse l’acteur au sommet du box-office. Il est désormais intouchable : quand le même studio s’inquiète de la dégaine de Willy Wonka, milliardaire dingo, dans Charlie et la chocolaterie (2005), de Burton, croyant voir à l’écran un clone de Michael Jackson (et les rumeurs de pédophilie qui vont avec), Johnny Depp répond juste qu’il a bâti le rôle d’après son ami Marilyn Manson… Un rockeur sataniste dans un film pour enfants ? Ça passe !



« Avec le visage qu’il a, Johnny pourrait se contenter d’aligner les rôles de jeune premier, souffle Timothy Spall, l’acteur fétiche de Mike Leigh, son partenaire dansSweeney Todd. Mais il aime trop jouer : c’est un immense acteur de composition. » Tim Burton confirme : « character actor », comme on dit en anglais. « Des tas de stars bâtissent leur carrière en jouant le même rôle. Si vous aimez Clint Eastwood, vous aimez le voir en Clint Eastwood. Il ne mettra jamais un faux nez et des habits extravagants. Johnny, lui, aime explorer sans cesse de nouveaux territoires. PourSweeney Todd, on a beaucoup parlé de Peter Lorre, de Boris Karloff, des stars horrifiques des années 30, qui savent exprimer la souffrance et la douleur d’un simple regard. Et aussi de Humphrey Bogart dans Le Retour du Dr X, son seul film d’horreur. » 

Amis dans la vie, le cinéaste et l’acteur s’échangent des DVD, qu’ils commentent à chaque retrouvaille… Mais confier son éducation cinéphilique à Tim Burton, c’est évidemment se laisser emmener vers l’étrange. Au chapitre des influences récentes, l’acteur cite volontiers une rareté, The Penalty, film muet de Wallace Worsley, où le versatile acteur Lon Chaney joue un paralytique, s’obligeant à traîner ses jambes mortes comme si elles pesaient des tonnes. « La référence au cinéma muet n’est pas innocente, commente Burton. Vous devez imaginer ce qu’était le plateau de Sweeney Todd, où la musique résonnait en permanence : on se serait cru au temps du muet… Johnny était parfait. J’ai failli faire le film il y a dix ans, et je ne pense pas qu’à l’époque il aurait été assez mûr pour le rôle. Il faut avoir vécu pour pouvoir rendre toute la noirceur du personnage. » La noirceur passe aussi dans le drôle de chant murmuré qu’a choisi l’acteur : presque une voix d’outre-tombe, une voix sans souffle, écrasée par le fatum, très singulière dans une comédie musicale…


La question est de savoir où, au-delà de l’imitation des maîtres, Johnny Depp puise-t-il ce singulier et effrayant sens tragique ? A fortiori à l’heure où sa vie rangée – partagée entre sa villa du Plan-de-la-Tour, dans le Var, et sa maison de Los Angeles, qui appartint jadis à Bela Lugosi – relègue loin derrière les excès d’antan. Dans ses rares interviews, sa seule ambition semble se limiter à « être un bon père » pour les deux enfants qu’il a eus avec Vanessa Paradis, Lily Rose et Jack. Ce jour-là, à Londres, il est à deux pas, on pourrait, on voudrait en savoir plus, et lui parler aussi de son prochain film, Public Enemies, de Michael Mann, où il jouera le dangereux gangster Dillinger. Mais, pris par une promo minutée, le beau jeune homme est déjà ailleurs, enfui, volatilisé. Le propre d’un acteur de composition : les rôles extravagants qu’il s’amuse à inventer sont toujours plus intéressants que l’histrion qu’ils recouvrent. Seul le masque compte. Le reste n’est que mystère. Ou normalité.

TÉLÉRAMA





vendredi 27 mai 2016

“Un autre monde est possible” / Le discours très politique de Ken Loach recevant sa Palme d'or

Ken Loach
Poster by T.A.

“Un autre monde est possible” : le discours très politique de Ken Loach recevant sa Palme d'or
Publié le 22/05/2016. 
Mis à jour le 22/05/2016 à 21h48.


Lors de la cérémonie de clôture de ce 69e Festival de Cannes, le réalisateur britannique qui recevait une deuxième Palme d'or pour “Moi, Daniel Blake” en a profité pour prononcer un discours en accord avec ses idées politiques.
Avec Moi, Daniel Blake, portrait d'un vieil « indigné » décidé à se battre jusqu'à son dernier souffle, Ken Loach a donc reçu sa deuxième Palme d'or (après Le Vent se lève en 2006).
Après les remerciements (en français) à son équipe, au jury et au Festival, le réalisateur a prononcé un discours très politique : « Recevoir la Palme, c'est quelque chose d'un peu curieux car il faut se rappeler que les personnages qui ont inspiré ce film sont les pauvres de la cinquième puissance mondiale qu'est l'Angleterre.
C'est formidable de faire du cinéma, et comme on le voit ce soir c'est très important. Le cinéma fait vivre notre imagination, apporte au monde le rêve mais nous présente le vrai monde dans lequel nous vivons. Mais ce monde se trouve dans une situation dangereuse. Nous sommes au bord d'un projet d'austérité, qui est conduit par des idées que nous appelons néo-libérales qui risquent de nous mener à la catastrophe. Ces pratiques ont entraîné dans la misère des millions de personnes, de la Grèce au Portugal, avec une petite minorité qui s'enrichit de manière honteuse. Le cinéma est porteur de nombreuses traditions, l'une d'entre elles est de présenter un cinéma de protestation, un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants, j'espère que cette tradition va se maintiendra.
Nous approchons de périodes de désespoir, dont l'extrême-droite peut profiter. Certains d'entre nous sont assez âgés pour se rappeler de ce que ça a pu donner. Donc nous devons dire qu'autre chose est possible. Un autre monde est possible et nécessaire. »


jeudi 26 mai 2016

Park Chan-wook / Mademoiselle / Posters



 Park Chan-wook

“Mademoiselle”


THE HANDMAIDEN

Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme est engagée comme servante d’une riche japonaise, vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…
MADEMOISELLE Extrait
Un film réalisé par Park Chan-wook
Avec Kim Min-Hee, Kim Tae-ri, Jung-woo Ha
Date de sortie au cinéma en France : 5 octobre 2016
Genre : Drame, Romance, Thriller
MADEMOISELLE Bande Annonce (Park Chan-wook – Cannes 2016)


mercredi 25 mai 2016

“Mademoiselle” / Avec son thriller érotique, Park Chan-wook ne baisse pas la garde

“Mademoiselle” : avec son thriller érotique, Park Chan-wook ne baisse pas la garde


Pierre Murat
Publié le 14/05/2016. Mis à jour le 15/05/2016 à 17h32.

Le réalisateur d“Old Boy” met en scène avec un plaisir sadique et une mise en scène clinquante un jeu de dupe dans la Corée des années 30. Thriller érotique efficace et intelligent, “Mademoiselle” est présenté en compétition à Cannes.
Park Chan-wook assagi ? Devenu « classieux », plutôt, avec pour but, désormais, l'élégance et non plus la violence. Tout de même, à la fin de Mademoiselle, pour se (et nous) rassurer, pour se (et nous) prouver qu'il n'a pas changé, il organise une jolie petite séance de doigts et de phalanges coupés, et même une menace, tout juste évitée, de castration. Comme dit le héros, philosophe : « Je meurs, mais avec ma bite entière »… Avec Park Chan-wook, il faut savoir se contenter de peu...
Donc, avec pour base un roman anglais, Du bout des doigts, de Sarah Waters, transposé dans la Corée des années 30, occupée par le Japon, le cinéaste se livre à un plaisant jeu de dupes où des manipulateurs manipulent des manipulés plus manipulateurs qu'eux. Avec un peu plus de rigueur dans la mise en scène (mais Park Chan-wook et la rigueur…) et des dialogues plus mordants, on se croirait chez Mankiewicz : comme dans Eve ou L'Affaire Cicéron, les mots sont des menaces et les sentiments, des pièges.
Un escroc qui se fait passer pour noble fait engager une jeune Coréenne – visage d'ange et âme noire – comme servante d'une jeune Japonaise riche, plus ou moins séquestrée par un oncle érotomane et bibliophile. Mission de la Coréenne : convaincre sa maîtresse d'épouser le bel escroc qui l'arracherait, ainsi, des griffes du fan du marquis de Sade. Défense de lui révéler, bien sur, qu'une fois mariée, elle atterrirait dans un asile de fous pour que l'escroc, enfin riche, fasse les quatre cents coups avec sa fortune. Mais rien ne va se passer comme prévu...

Vitesse grand V et panos circulaires
On mesure le plaisir du réalisateur à montrer des Coréens se jouer de ses ennemis de l'époque. Mais on voit, surtout, son bonheur à jouer avec tous les moyens magiques qu'offre le cinéma pour raconter une histoire romanesque, extravagante et spectaculaire. A lui les travellings arrière, vitesse grand V, les panos circulaires, et même les zooms : qu'ils soient les plus voyants du monde ne le gêne pas du tout. Et cette histoire, il l'interrompt – pour raconter le passé d'un des personnages, par exemple. Et il la dédouble, suivant la version des divers narrateurs.
On a cité Mankiewicz, et c'est exagéré. C'est l'ambiance de deux réalisateurs moins prestigieux, mais passionnants, que rappelle Mademoiselle. Et notamment un film à la même esthétique agressive, à la même sensualité équivoque, à la même ironie devant l'inutilité des hommes face au pouvoir des femmes. Ce film, c'est Bound (1996), des frères Wachowski – Andy et Larry – devenus, depuis, comme chacun sait, deux sœurs, Lana et Lili… Plane sur Mademoiselle une sensualité trouble qui ajoute au charme de ce thriller efficace et intelligent.




mardi 24 mai 2016

Cannes 2016 / Avec “Café Society”, Woody Allen prouve qu'il est l'égal de Lubitsch




Cannes 2016 : avec “Café Society”, Woody Allen prouve qu'il est l'égal de Lubitsch


Pierre Murat
Publié le 11/05/2016. 

Mis à jour le 11/05/2016 à 11h30.
Un chassé-croisé amoureux dans les années 1930... A priori rien de neuf chez le New-Yorkais, dans ce “Café Society” présenté en ouverture de Cannes. Si ce n'est la maîtrise de sa mise en scène, d'une élégance digne de l'âge d'or de la comédie américaine.
C'est presque un jeu pour ses fans : découvrir dans chaque nouveau Woody Allen des traces du passé. Un geste. Une réplique. Un gag. Car tous ses films, comme les pièces de celui qu'il admire le plus au monde, Anton Tchekhov, se ressemblent. Tchekhov croyait écrire des comédies et s'étonnait qu'on puisse y pleurer. Woody Allen a réalisé des drames et est surpris qu'on en sourie. Le Russe si russe et l'Américain si new-yorkais auront finalement toujours été des guetteurs, à l'affût des bizarreries du monde et de l'extravagance de leurs contemporains. Avec des pièces et des films où l'espoir, continuellement, caresse le désenchantement.

lundi 23 mai 2016

Woody Allen / Café Society / Cannes 2016




Woody Allen
CAFÉ SOCIETY
Cannes 2016

Blake Lively and Kristen Stewart with Woody Allen. It’s the first film
that both actors have made with the director.
Photograph: Alberto Pizzoli

Blake Lively stars as a woman who Eiseneberg’s character also falls for.
Photograph: Guillaume Horcajuelo

Jesse Eisenberg stars as a young man, new to Hollywood, who falls in love
with Kristen Stewart’s character in Allen’s 47th film.
Photograph: Guillaume Horcajuelo

Kristen Stewart with Blake Lively.
Photograph: James Gourley/REX/Shutterstock

dimanche 22 mai 2016

Paul Auster / Chronique d’hiver et Excursions dans la zone intérieure

Paul Auster



Paul Auster, Chronique d’hiver et Excursions dans la zone intérieure

Christine Marcandier 
 6 janvier 2016

Comme l’écrit Edna O’Brien — phrase que Philip Roth cite en exergue de La Bête qui meurt (2003) —, « l’histoire d’une vie s’inscrit dans le corps tout autant que dans le cerveau » : là est le sujet même deChronique d’hiver selon Paul Auster, le récit du rapport qu’entretient un homme avec son corps, comme d’Excursions dans la zone intérieure (publié l’année suivante), chronique d’un cerveau et d’une pensée, de l’éveil au monde d’une conscience.Chronique d’hiver, publié en 2012 aux États-Unis, traduit en 2013 chez Actes Sud, est le quatrième volume autobiographique de Paul Auster, après L’Invention de la solitude (1982), Le Carnet rouge (1993) et Le Diable par la queue (1996). Et avantExcursions dans la zone intérieure, publié l’année suivante (2013 aux USA, 2014 chez Actes Sud). Cinq volumes autobiographiques viennent donc doubler l’oeuvre de fiction, dans une forme totalement autre, fragmentaire, sans linéarité ou chronologie. Cinq, ce qui est beaucoup pour quelqu’un qui se dit peu intéressé par lui-même et n’userait du « tu » dans cette Chronique d’hiver que pour se dissocier de son propre je (ou se trouver dans le Je est un autre rimbaldien) et s’adresser, dans un même temps, directement à son lecteur.
61+SRuFk-vLC’est pourtant bien de Paul Auster qu’il est question dans ce journal d’hiver, variation musicale sur des expériences physiques, des sensations : la découverte de la sexualité, les bras cassés, bosses et bleus, le plaisir et la douleur, le deuil impossible de la mère, ses vertiges, ses déchirures de la cornée. Il faut dire le corps pour se dire, parce que ce corps n’a de cesse de le trahir : c’est Auster adolescent qui ne parvient à assouvir sa soif sexuelle qu’en « battant le record nord-américain de masturbation », Auster et sa mère, Auster et sa femme (l’écrivain Siri Hustvedt), Auster, 64 ans au moment de la rédaction de cette Chronique d’hiver, qui veut « parler tout de suite avant qu’il ne soit pas trop tard » — « il ne reste plus beaucoup de temps finalement ».
51LonfFqGcL._SX308_BO1,204,203,200_L’hiver, dans cette chronique, est saison mentale et, sans doute, crépuscule d’une vie. Mais il n’y a aucune volonté de saisir la logique d’une existence, chez Auster, de renoncer au fragment pour tenter de circonscrire et donner sens. Le moi est ici puzzle et mosaïque, avec quelques moments fondateurs, repris de livres en livres. Ainsi la mort du père, la blessure terrible du rapport au père, largement exposée dans L’Invention de la solitude et concentrée en une phrase dans la Chronique : « Il ne fait aucun doute que tu es un individu imparfait et blessé, un homme qui porte en lui une blessure depuis le tout début. » « Il ne fait aucun doute » en effet pour qui a lu Auster et entend l’intertexte, mais aucune explicitation n’est donnée aux autres lecteurs quant à cette douleur essentielle de n’avoir pu prouver au père, mort avant les premiers succès, que l’écriture était une voie possible, la douleur de toujours écrire face à ce mur de silence et de mystère.
Là sont les pages les plus denses de la Chronique d’hiver : celles qui évoquent une année 2002 tissée de deuil (la mère, la sidération face au corps inerte qui vous a donné la vie) et de hontes (un accident de voiture idiot, Auster au volant, toute sa famille qui échappe par miracle à la mort). Celles qui contournent, comme la page consacrée au nouveau visage de New York depuis le 11 septembre 2001 ; la force de cette Chronique d’hiver est là, dans ces silences, ces évitements, à l’image des tours qui « vibrent dans le souvenir, toujours présentes sous la forme d’un trou vide dans le ciel ». Et c’est la mise en lumière de ces « trous vides » que permet la forme fragmentaire, le silence sur certains noms, les listes, la litanies de « combien ». Il faut rendre compte, malgré la mesure impossible, dire les rencontres qui modifient le cours d’une vie, arpenter pour tenter de se dire et, sans doute, contrer l’angoisse de la perte, de la disparition, tenter de cerner le lieu dans lequel s’origine l’écriture.
9782330031923Excursions dans la zone intérieure est le second volet de cette exploration, cette fois mentale. Même « tu » en adresse constante à soi comme à un je devenu autre ou à ce tu du lecteur, semblable et frère (« tu estimes être comme n’importe qui et comme tout le monde »). Même poétique du fragment qui compose certes la fresque d’une vie mais sans en réduire les lignes de faille, contradictions ou pertes de sens. Du corps à l’esprit, en quelque sorte, du temps à l’espace, se forme un itinéraire double et parallèle que le lecteur pourra reconstituer d’un volume à l’autre, mais sans certitudes, sans vérités assénées. Davantage un hologramme qu’une image fixe, des essais plus qu’une confession fermée.
Par ces Excursions, plurielles, dans la zone intérieure (vaste, abyssale), Paul Auster annonce avoir fait le choix « de ne pas franchir la limite des douze ans, car au-delà de douze ans, tu n’as plus été un enfant ». Ce sont ces années de formation qu’il fouille et explore, un « qui étais-tu, petit homme ? », qui s’ouvre sur une « illumination transcendante », une épiphanie à 6 ans, « jusqu’à ce matin, tu étais seulement. Désormais, tu savais que tu étais ». La plongée dans ces « vestiges », depuis ce matin fondateur, analyse mues et métamorphoses, dit la fascination du même et autre : « en dépit des apparences, tu es toujours celui que tu as été même si tu n’es plus la même personne ». De quoi naît-on ? Où puiser ce qui nous tient lieu d’identité ? « Exhume les vieilles histoires, fouille autour de toi pour trouver ce que tu peux, puis élève les tessons vers la lumière pour les examiner. Fais-le. Essaie ».
Alors, Auster raconte, par fragments qui finissent par former un labyrinthe : l’animisme de l’enfant — pour lequel tous les objets sont vivants (les nuages ont des noms, les ciseaux marchent, la calandre de la voiture sourit, Félix le chat existe…) —, la fascination pour le cinéma — et deux films L’Homme qui rétrécit et Je suis un évadé qui, tels deux « coups sur la tête », « ont modifié la composition de ton monde intérieur » —, la découverte des livres, l’incompréhension face à certains romans lus trop tôt dans une famille qui lisait peu, le base-ball et le football américain. Mais aussi la solitude, fondamentale, l’importance de l’ennui, une liberté puisée dans cette solitude et cet ennui jusqu’à « devenir un homme qui a passé le plus clair de sa vie à rester assis tout seul dans une pièce ». Parce qu’un jour, le jeune homme a découvert son identité : « celui qui devient artiste en retournant vers l’extérieur ce qui est en lui ».
Au-delà de l’enfant qu’il fut, ce sont les États-Unis des années 50 que retrouve l’écrivain : le New Jersey d’un garçon né « au milieu du siècle » (en 1947) même s’il ignore alors que son « petit monde » se trouve dans un plus grand. Et l’enfant regarde, parfois sans comprendre, les adultes, le fonctionnement de la société, il perçoit que le monde n’est pas ce qu’il prétend être — Edison, le héros dont il découvre l’envers —, il raconte une enfance sous influence (la « grandeur américaine », assénée, la peur des Rouges, le silence sur les Noirs et les Indiens), la découverte de ce que signifie être juif, dans les années 50-60, « faire partie des choses et néanmoins ne pas en faire partie. Être accepté par la plupart des gens et regardé cependant avec suspicion par d’autres. Après avoir embrassé, petit garçon, le récit triomphal de l’exceptionnalisme américain, tu as commencé à t’exclure de ce récit, à te rendre compte que tu appartenais à un autre monde en plus de celui dans lequel tu vivais, que ton passé était ancré dans un ailleurs ». Cette zone intérieure est là sans doute : un « ailleurs », la découverte d’une singularité absolue,l’invention de la solitude, le « récit » autre.
C’est toute une formation intellectuelle qui se donne à lire, l’identité d’un adulte qui se forge, le journal d’un écrivain en devenir, avec les objets et les figures tutélaires d’une vie (que l’on retrouve dans un album, une centaine d’illustrations et photographies en fin de volume). Le tour de force de ces Excursions est dans sa forme : un dialogue du passé avec le présent, entre soi et l’autre en soi, du texte avec l’image ; un livre non pour retrouver (c’est impossible) mais « imiter le point de vue d’un enfant », « plonger dans un esprit qui n’est pas le sien », ou plus tout à fait le sien, miracle littéraire qu’en 2013 Paul Auster se souvient avoir découvert, enfant, chez Stevenson.

Paul Auster
Paul Auster

Mais Paul Auster n’arrête pas, contrairement à ce qu’il avait annoncé dans les premières pages, le récit à ses douze ans. Le hasard fait soudain entendre sa musique. Et le lecteur comprend, avec la « Capsule temporelle » en dernière partie de ces Excursions que c’est une vie antérieure qu’explore l’écrivain. « Environ deux mois après avoir entrepris ce livre, tu as reçu un coup de fil de ta première femme, ton ex-femme depuis trente-quatre ans, Lydia Davis ». Elle s’apprête à donner ses papiers, brouillons et lettres à une bibliothèque et veut savoir ce que Paul Auster souhaite faire des lettres qu’il lui a écrites, 500 pages que l’écrivain a en très grande en partie oubliées, à travers lesquels il va découvrir « un inconnu », un inconnu qui appartient pourtant à sa Zone intérieure : lui, avant. Là est l’enjeu de ce livre, bien loin d’une simple confession ou d’une volonté de se souvenir : explorer un lieu en soi, dire le vertige de ce que l’on a cessé d’être pour devenir soi et se mettre face aux gouffres de l’oubli comme aux vestiges et fragments mémoriels, dans une zone d’inconfort dont procède, sans aucun doute, l’écriture.

  • Paul Auster, Chronique d’hiver, traduit de l’américain par Pierre Furlan, Actes Sud, 252 p., 22 € 50 — Lire un extrait — livre désormais disponible en poche, chez Babel, 7 € 70

  • Paul Auster, Excursions dans la zone intérieure (Report from the interior, 2013), traduit de l’américain par Pierre Furlan, Actes Sud, 2014, 368 p., 23 € — Existe en version numérique (16 € 99)