mercredi 2 septembre 2015

De Shakespeare à Sagan / Dix films où l'écrivain crève l'écran

J. D. Salinger

De Shakespeare à Sagan, dix films où l'écrivain crève l'écran


Caroline Besse
Publié le 02/09/2015. Mis à jour le 02/09/2015 à 15h37.

En attendant qu'Hollywood mette en images la jeunesse du mythique J.D. Salinger, petite sélection de biopics classiques ou d'évocations plus fantaisistes qui ont donné le premier rôle à de grands auteurs.


C'est donc l'acteur Nicolas Hoult (notamment vu dans la saga X-Men dans le rôle de Fauve) qui va incarner le célèbre écrivain américain J.D. Salinger au cinéma. Le film, Rebel in the Eye, est une référence à The Catcher in the Rye, son roman phare sur la fin de l'adolescence (L'Attrape-cœurs en français). A sa sortie en 1951, le livre bouleverse la littérature américaine, devenant instantanément un classique qui sera étudié aux Etats-Unis, au Canada, mais aussi dans certains lycées de France. Selon Variety, le film réalisé par Danny Strong se concentrera sur la jeunesse « rebelle » de J.D. Salinger, son expérience de soldat pendant la Seconde Guerre mondiale (l'auteur, né en 1919, avait 20 ans quand le conflit a éclaté), et l'histoire derrière L'Attrape-cœurs.
Bien sûr, ce n'est pas la première fois qu'un écrivain est au centre d'un film. Vies forcément romanesques, faites d'excès (Truman Capote, Françoise Sagan), de démêlés avec la justice (Shakespeare, Beaumarchais), d'engagements féministes (Jane Austen)... L'écrivain est en soi un sujet de cinéma. Voici une sélection de dix films, dans lesquels dix écrivains, poètes ou dramaturge crèvent l'écran.

A la rencontre de Forrester de Gus Van Sant (2001)


A la rencontre de Forrester, Gus Van Sant.

Rebel in the Eye n'est pas le premier film à mettre en scène la vie de J.D. Salinger. Dans A la rencontre de Forrester (2000), Gus van Sant s'en inspire (très) largement pour son personnage d'écrivain reclus, auteur d'un unique succès : copie conforme du destin de Salinger. La variante personnelle du réalisateur : son personnage rencontre un jeune Noir, basketteur talentueux originaire de Brooklyn qui cache aussi un QI hors normes... On reproche majoritairement à ce film (le huitième de Gus Van Sant, et peut-être le plus méconnu) une morale un peu lourde et un scénario ultra-basique (deux personnes que tout oppose vont vivre une « lune de miel »), mais on salue majoritairement la performance des deux acteurs : le mastodonte Sean Connery face au jeune débutant Rod Brown.

Le Festin nu de David Cronenberg (1992)


Le Festin Nu, David Cronenberg.

Le film de Cronenberg est l'adaptation du chef-d'œuvre de l'écrivain américain William S. BurroughsLe Festin nu, plongée dans les méandres de l'esprit d'un junkie qui va connaître une inévitable descente aux enfers. De nombreux critiques littéraires ont assimilé les personnages du livre au seul et même William Lee, héros du roman, lui-même analysé comme l'avatar de l'écrivain, qui souffrait aussi d'addictions diverses. Dans le film du réalisateur canadien, William Lee devient Bill Lee (dans le film Sur la route de Walter Salles, le personnage représentant William Burroughs est d'ailleurs aussi été rebaptisé Bill Lee...)

Truman Capote de Bennett Miller (2006)


Truman Capote, de Bennett Miller.

C'est une des œuvres majeures de Truman Capote qui est au centre du film : De sang-froid. Son livre, inspiré d'un fait divers découvert dans le New York Times, va profondément bouleverser sa vie. L'écrivain mène une magistrale enquête sur le massacre d’une famille du Kansas par deux délinquants, qu'il va rencontrer pour sonnon fiction novel. Surtout, Truman Capote est remarquablement interprété par le regretté Philip Seymour Hoffman dans, n'ayons pas peur des mots, le rôle de sa vie (il remporte l'Oscar en 2006).
L'année suivante, Truman Capote était au cœur d'un autre biopic : Scandaleusement célèbre de Douglas McGrath, toujours autour de l'écriture de De sang-froid. Rappelons que le livre avait lui-même été adapté au cinéma par Richard Brooks (De sang-froid, 1967).

Jane de Julian Jarrold (2007)


Jane, Julian Jarrold.

La très talentueuse et populaire Jane Austen, romancière anglaise as de la satire sociale, est le personnage principal de ce biopic. Malheureusement, le réalisateur choisit comme objet principal du film un soupirant que la romancière a réellement connu au cours de l'hiver 1795... au détriment de l'écriture et du féminisme, sujet majeur qui court dans son œuvre toute entière. Dommage : les biopics sur les écrivains femmes se comptent sur les doigts d'une main et cette version simplette de la vie de la romancière ne lui rend pas hommage.

Rimbaud Verlaine d'Agnieszka Holland (1997)


Rimbaud Verlaine d'Agnieszka Holland.

Comme le titre l'indique, le film évoque la vie de deux poètes français majeurs : Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, à travers leur tumultueuse relation amoureuse, faite de rivalité, de passion, le tout largement arrosé d'absinthe... C'est Leonardo DiCaprio — juste avant le raz-de-marée Titanic — qui incarne le fougueux Rimbaud et David Thewlis, Paul Verlaine. Ici encore, ce que l'on retient avant tout est le jeu intense des acteurs.

The Hours de Stephen Daldry (2001)


The Hours de Stephen Daldry.

Ce grand film de Stephen Daldry entremêle le destin de trois femmes, à trois époques différentes, toutes liées par le roman Mrs. Dalloway et son célèbre incipit :« Mrs. Dalloway said she would buy the flowers herself », une phrase immensément célèbre, au cœur du film, puisqu'il était beaucoup question d'émancipation féminine. La première héroïne est Virginia Woolf elle-même, auteur de cet ouvrage majeur de la littérature britannique (Nicole Kidman reçut l'Oscar pour ce rôle). La seconde, Laura Brown (Julianne Moore), une lectrice pour qui la découverte du livre au milieu des années 50 est un choc. Et la troisième enfin, Clarissa Vaughn (Meryl Streep), une éditrice contemporaine surnommée « Mrs. Dalloway » par son entourage. Un casting en or au centre du film — lui-même adapté du roman éponyme de Michael Cunningham.

Sagan de Diane Kurys (2007)


Sagan de Diane Kurys.

A peine trois ans après sa mort, Françoise Sagan est l'objet d'un biopic. L'écrivain, incarnée par Sylvie Testud, menait en effet une vie hautement cinématographique. La petite fille aux origines bourgeoises écrivit à 18 ans le chef-d'œuvre de sa vie,Bonjour tristesse, au succès fulgurant. Grâce à l'argent du Prix des critiques et à son deuxième succès, Un certain sourire,  le « charmant petit monstre » aux mœurs hédonistes a mené une vie de bohème et d'excès, avant la déchéance (financière, surtout). Le film de Diane Kurys s'attarde d'ailleurs un peu trop sur la fin tragique de la romancière émancipée.

Beaumarchais, l'insolent d'Edouard Molinaro (1996)


Beaumarchais, l'insolent d'Édouard Molinaro.

Qui d'autre que Fabrice Luchini pour incarner le libre-penseur que fut Beaumarchais, illustre dramaturge, parmi tant d'autres métiers et activités — trafiquant d'armes, agent secret de Louis XV entre autres et libertin assumé ? C'est donc lui que le réalisateur Edouard Molinaro a choisi pour ce personnage historique, provocateur, cultivé, badin et... insolent. Le film (adapté de la pièce de Sacha Guitry) se concentre sur la vie de l'homme, nettement moins connue que ses célèbres œuvres : Le Mariage de Figaro et Le Barbier de Séville.

Les Sœurs Brontë d'André Téchiné (1979)


Les Sœurs Brontë, André Téchiné.

Par la voix de Charlotte Brontë, aînée de la fratrie composée d'Emily, d'Anne et de leur frère Branwell (ils avaient aussi deux grandes sœurs, Maria et Elizabeth, décédées précocement de la tuberculose), André Téchiné raconte le destin de cette famille littéraire hors normes dont les trois filles devinrent des poétesses et romancières reconnues dans l'Angleterre du XIXe siècle. Charlotte (Marie-France Pisier), auteur de Jane Eyre, se souvient ainsi de son enfance avec ses sœurs (Isabelle Adjani et Isabelle Huppert) et son frère, tous les quatre élevés par leur père pasteur. Son roman fut d'ailleurs adapté plusieurs fois au cinéma, tout comme Les Hauts de Hurlevent, de sa sœur Emily.

Shakespeare in Love de John Madden (1999)


Shakespeare in Love, de John Madden.

Le scénaristes de ce film qui eut son petit succès critique s'en sont donné à cœur joie pour imaginer une partie de la vie du jeune Shakespeare (Joseph Fiennes). Criblé de dettes, celui-ci tombe amoureux de Viola De Lesseps, personnage totalement fictif (Gwyneth Paltrow), une jeune femme qui vénère les poèmes de Shakespeare et se déguise en homme afin de pouvoir accéder au rôle de Roméo (être actrice était à l'époque interdit aux femmes). Une passion qui va nourrir l'écriture de la célèbre pièce. Le film reçut en 1999 une pluie d'Oscars : meilleur film, scénario, décors, actrice, costumes...





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