Le Bal au Kremlin,
de Curzio Malaparte:
aristocratie communiste décadente
Écrivain toscan narcissique au style cruel et étincelant, aux idées baroques, outrancières et contradictoires, Malaparte a été correspondant et diplomate.
Cela lui a permis d'observer les grands de ce monde, depuis son point de vue grinçant, fascisant bien qu'antinazi. Ce roman inachevé, réédité pour une rare fois, s'ouvre sur une scène à grand déploiement qui décrit ce qu'il appelle l'aristocratie communiste décadente, au cours d'un bal offert par l'ambassade anglaise, à Moscou. Malaparte met en lumière avec mépris la vulgarité de cette nouvelle caste en comparaison avec la vraie aristocratie européenne, son goût du luxe et du toc. Il soutient aussi que le prolétariat russe n'a rien de révolutionnaire: il aimerait bien un retour à la société d'avant la révolution d'Octobre, survenue une douzaine d'années plus tôt, à condition qu'elle ne soit plus dirigée par les Romanov. Cette chronique romancée est prétexte à de longues digressions parfois confuses sur la mort d'un point de vue communiste, sur la poésie puisque Malaparte fréquentait Maïakovski à l'époque de son suicide, sur la nordicité aussi. Le tout est émaillé d'innombrables allusions à la peinture et à la littérature françaises qui témoignent de la grande érudition de l'auteur de La peau et de Kaputt, ces deux romans modèles d'une condamnation de la guerre.
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Le Bal au Kremlin, de Curzio Malaparte
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L'imaginaire Gallimard 178 pages
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