lundi 3 octobre 2022

Les trésors de Hiraizumi, un monde à l’image de la Terre pure du Bouddha

 

Lieux sacrés du Japon

Les trésors de Hiraizumi, un monde à l’image de la Terre pure du Bouddha

Culture Tourisme 

Hiraizumi est une rare cité médiévale ayant été modelée sur l’idéologie bouddhique, plus précisément celle de la Terre Pure. En 2011, l’Unesco a inscrit six sites de cette petite ville de la préfecture d’Iwate, au nord-est du Japon, sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Découvrons le plus célèbre trésor qu’elle recèle.

L’âge d’or de Hiraizumi

Le clan Fujiwara est une puissante famille de la noblesse liée à de nombreux empereurs japonais de l’époque médiévale. L’un de leurs membres, Fujiwara no Kiyohira (1056-1128), le fondateur de la lignée des Fujiwara du Nord, a installé son quartier général à Hiraizumi à la fin du XIe siècle. Après avoir passé de longues années sur les champs de bataille et fait l’expérience des atrocités de la guerre, cet intrépide guerrier souhaitait apaiser les âmes des victimes des combats, instaurer la paix et créer un monde à l’image du paradis de la Terre pure, la doctrine bouddhique la plus répandue en Asie du Sud-Est.

C’est ainsi que Hiraizumi a connu un véritable âge d’or où elle a vécu dans la paix et la prospérité sous la houlette de trois générations de Fujiwara. Cette période brillante a pris fin en 1189, lorsque Minamoto no Yoritomo (1147-1199) – le grand chef de guerre qui a installé son gouvernement à Kamakura – s’est emparé des possessions des Fujiwara du Nord. En dépit des dégâts occasionnés par les combats, un grand nombre de pavillons, de pagodes et de jardins inspirés le bouddhisme de la Terre pure ont subsisté et sont à présent les témoins éloquents du passé remarquable de Hiraizumi.

Reconstitution graphique assistée par ordinateur des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco du Muryôkô-in et du mont Kinkei, tels qu’ils devaient se présenter à l’apogée de Hiraizumi (avec l’aimable autorisation du Conseil pédagogique de Hiraizumi).

Portrait de trois des chefs successifs de la branche des Fujiwara du Nord, conservé au temple du Môtsûji de Hiraizumi (avec l’aimable autorisation du Môtsûji).

Le Chûson-ji est le plus célèbre des sites de Hiraizumi classés au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. La construction de ce vaste ensemble architectural s’est faite à l’initiative de Fujiwara no Kiyohira, et a duré quelque vingt années. Ce faisant, le premier chef des Fujiwara du Nord entendait apaiser les âmes de tous les morts, alliés ou ennemis, victimes des nombreux combats qui s’étaient déroulés dans la région au cours de la seconde moitié du XIe siècle. La voie d’accès principale du Chûson-ji, appelée Tsukimizaka (littéralement « la montée d’où contempler la lune »), est bordée d’immenses cyprès du Japon (sugi) plantés il y a trois à quatre siècles.

À un moment donné du parcours, elle offre une vue panoramique sur la ville de Hiraizumi. Elle finit par déboucher sur une série d’édifices qui faisaient partie du Chûson-ji au moment de sa fondation : pavillon principal (honden) reconstruit en 1909 ; scène de  en plein air située à côté du sanctuaire Hakusan, où ont encore lieu des représentations notamment au mois d’août ; pavillon des sutras réédifié durant la période de Kamakura (1185-1333) avec des matériaux datant de son époque d’origine.

La montée Tsukimizaka qui mène au Chûson-ji a une longueur d’environ 560 mètres.


Le Konjiki-dô, le joyau étincelant de Hiraizumi

Le Konjiki-dô du Chûson-ji est surmonté par un édifice récent, le Shin-ôidô qui forme une sorte de gaine protectrice en béton autour de lui.

Le Konjiki-dô, ou « Pavillon doré », est le plus impressionnant des multiples édifices du Chûson-ji, et c’est aussi le seul à avoir conservé son aspect d’origine. Il est entièrement recouvert avec de la feuille d’or à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est là que reposent les restes momifiés des quatre chefs des Fujiwara du Nord, à savoir Kiyohira, Motohira, Hidehira et Yasuhira. Les piliers, les poutres et les estrades du Konjiki-dô sont tous ornés d’un décor extrêmement raffiné à base, entre autres, de laque noire et d’incrustations de nacre et d’ivoire, qui témoignent de façon éclatante de la prospérité d’une région dont l’or et les chevaux avaient fait la fortune. Le pavillon d’or est aujourd’hui entouré par une structure de béton où il est à l’abri des éléments.

Le décor extraordinaire du Konjiki-dô du Chûson-ji est constitué de laque rehaussée de poudre d’or et d’argent, d’incrustations de nacre et d’ivoire et d’ornements métalliques (avec l’aimable autorisation du Chûson-ji).

Le site du Chûson-ji comporte un autre édifice du plus grand intérêt, le musée Sankôzô situé en face du Konjiki-dô. Le Sankôzô contient plus de 3 000 trésors nationaux et biens culturels importants, en particulier la statue tutélaire du pavillon principal représentant Amida Nyorai (le bouddha de l’Ouest et de la Terre Pure) et deux grandes sculptures du bouddha dit « Jôroku » (littéralement « de 4,85 mètres » de hauteur) datant de l’époque de Heian (794-1185). On peut aussi y admirer des copies de sutras et de textes sacrés illustrés qui montrent à eux seuls le grand degré de raffinement atteint par l’art bouddhique au temps des Fujiwara du Nord.

Informations

Le Chûson-ji

  • Adresse : 202 Hiraizumi Koromonoseki, Hiraizumi-chô, Nishi-Iwai-gun, Iwate-ken 029-4102
  • Accès : de la gare JR Hiraizumi, prendre le bus Iwate-ken Kôtsû en direction d’Aeon Maesawa Store ; descendre à l’arrêt Chûson-ji
  • Horaires : tous les jours de 8h30 à 17h (16h30 du 4 novembre à la fin du mois de février)
  • Ouvert toute l’année
  • Tarifs : adultes 800 yens ; lycéens 500 yens ; collégiens 300 yens ; écoliers 200 yens
  • Site Internet (en anglais)
  • Brochures et audio guide en français

Une pause à la maison de thé

À côté du pavillon principal du Chûson-ji, il y a une paisible maison de thé sobrement décorée, le Shôjuan. L’endroit idéal pour faire une pause en toute tranquillité. Après la montée Tsukimi-zaka, arrêtez-vous au Shôjuan et dégustez un bol de thé matcha accompagné d’une confiserie japonaise.

Un thé matcha avec une confiserie japonaise, 1 000 yens (environ 7,50 euros)

Informations

Maison de thé Shôjuan

    Photo de titre : le Konjiki-dô du Chûson-ji entièrement recouvert de feuilles d’or à l’extérieur comme à l’intérieur. Photo avec l’aimable autorisation du temple Chûson-ji. Reportage, texte et photos sauf mention contraire : Shoe Press)

    NIPPON

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