mercredi 12 janvier 2022

« Le cinéma que je fais » / Duras cinéaste par Duras

 

Marguerite Duras


« Le cinéma que je fais » – Duras cinéaste par Duras

Diane Lestage
14 DÉCEMBRE 2021


Sous-titré « Écrits et entretiens », Le cinéma que je fais, paru en octobre dernier aux éditions P.O.L. est un corpus de textes de Marguerite Duras consacrés à son cinéma. Ces écrits recueillis par François Bovier et Serge Margel traversent la filmographie de Duras.

« C’est parce que je n’ai pas la force de ne m’occuper à rien que je fais des films. » écrit Marguerite Duras. Celle qui ne s’arrêtait jamais d’écrire : romans, pièces de théâtre, scénarios, etc. entreprit dans les années 1960 de passer derrière la caméra car qui mieux que Duras pouvait adapter Duras  ? Alors elle poursuit son écriture en faisant des ponts entre ses différents textes à travers ses scénarios. Les personnages durassiens traversent toute son oeuvre littéraire, tandis qu’elle transforme au cinéma son écriture en traduction cinématographique.

Les images de Marguerite Duras s’offrent en contemplation et poésie à l’image de tous ses écrits. L’ouvrage d’environ 500 pages navigue de films en films parmi les dix-neuf qu’elle a réalisée. Certains comme La Musica ou India Song sont des adaptations d’elle-même. D’autres sont des oeuvres filmées originales écrites pour le cinéma à l’instar de Nathalie Granger, Le Camion ou L’ Homme Atlantique.

Une démarche teintée de radicalité

«  Elle est toujours au bord de ne pas écrire, elle est toujours sur le point de tout quitter, et les mots et la vie. Et cependant non. Elle vit. Elle écrit. Elle aime. Tout.  »

Cet amour-là de Yann Andréa

De 1967 à 1988, de La Musica à Varia, l’autrice raconte vingt ans de réalisations cinématographiques à travers des notes d’intentions, notes aux acteurs, extraits de scénario, lettres, longs entretiens publiés dans Les Cahiers du cinéma. Chaque archive – dont certaines sont complètement inédites – permet de mieux comprendre le cinéma si particulier de Duras, qui ne ressemble à aucun autre. Par ailleurs, elle y dissèque sa manière de travailler, sa vision du septième art, la radicalité de sa démarche. Chacune de ses phrases, chacune de ses réponses d’interview est écriture durassienne. Et c’est ce qui fait la beauté du Cinéma que je fais : lire Duras.

Le cinéma que je fais de Marguerite Duras, éditions P.O.L, 24 euros.

© P.O.L.

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