James Earl Jones |
«Je suis ton père»: James Earl Jones, géant du théâtre américain et voix de Dark Vador, s’est éteint
Le grand public le connaissait, peut-être, surtout pour avoir prêté sa voix au grand méchant casqué de la trilogie originale de Star Wars. L’acteur a également connu une immense carrière sur les planches et a reçu deux Tony Awards, un Grammy et un Oscar d’honneur
«Non, je suis ton père»: acteur aux multiples talents, James Earl Jones a inspiré la peur à des millions d’amateurs de cinéma grâce à sa voix sépulcrale de Dark Vador dans la saga «Star Wars». Il s’est éteint lundi à l’âge de 93 ans, ont annoncé ses agents. Au-delà de ses rôles de doublage, notamment en tant que Mufasa dans «Le Roi lion», l’acteur afro-américain, souvent affublé d’une moustache en chevron, est reconnu pour sa longue carrière tant sur le grand écran que sur les planches.
Rien ne le prédestinait pourtant à devenir l’une des voix les plus emblématiques de l’histoire du cinéma: jusqu’à ses 8 ans, le jeune James Earl Jones ne parlait quasiment pas en raison d’un important bégaiement. «Bégayer est douloureux. Au catéchisme, j’essayais de lire les cours et les enfants derrière moi se roulaient par terre de rire», raconte-t-il en 2010 au Daily Mail.
Né en 1931 dans le Mississippi, Etat ségrégationniste du Sud, James Earl Jones déménage à 5 ans avec sa famille dans le Michigan, dans le nord des Etats-Unis. Il retrouve finalement le contrôle de son élocution grâce à la récitation de poèmes, à l’initiative de son professeur d’anglais, lui-même poète.
«Je ne pensais pas devenir acteur»
Le jeune homme n’envisage pour autant pas encore une vocation artistique, mais plutôt des études de médecine, voire de rentrer dans les ordres. «Je ne pensais pas devenir acteur. Même quand j’ai commencé des études de comédien, je m’imaginais soldat. Et l’idée d’être acteur ne m’est pas venue avant la fin quasiment de mon service militaire», explique James Earl Jones en 1998 à la chaîne publique américaine PBS.
Après avoir terminé son engagement dans l’US Army au grade de lieutenant, il déménage à New York au milieu des années 1950 pour tenter de devenir acteur, tandis que la nuit il travaille comme concierge. «J’ai nettoyé pas mal de toilettes», dit-il à la radio NPR en 2014. L’acteur fait ses débuts à Broadway en 1958 avec la pièce «Sunrise at Campobello» au théâtre Cort, renommé en 2022 théâtre James Earl Jones. Entre 1961 et 1964, il joue à New York dans «The Blacks», la pièce de Jean Genet intitulée «Les Nègres» en français, aux côtés notamment de la poétesse Maya Angelou.
La guerre comme fil rouge
Son premier rôle au cinéma intervient avec «Docteur Folamour» de Stanley Kubrick, où il incarne le lieutenant Zogg à bord d’un bombardier B-52. La thématique militaire reviendra fréquemment dans sa filmographie, notamment à travers son rôle de l’amiral Greer dans la saga de films «Jack Ryan» («A la poursuite d’Octobre Rouge», «Jeux de guerre», «Danger immédiat»), ou encore d’un sergent-major dans «Jardins de pierre» de Francis Ford Coppola en 1987.
Sa première reconnaissance par le milieu arrive en 1969 avec sa victoire aux Tony Awards, récompenses du théâtre américain, pour son rôle-titre dans la pièce «L’Insurgé». Elle raconte L’histoire vraie de Jack Johnson, premier boxeur afro-américain champion des poids lourds, et du «grand espoir blanc» attendu par le public blanc américain pour le détrôner.
Succès critique, la pièce sera adaptée en film dès l’année suivante. James Earl Jones y reprend le rôle de Jack Johnson et sa performance lui vaudra une nomination aux Oscars et une victoire aux Golden Globes. En tout, l’acteur sera nommé quatre fois aux Tony Awards entre 1969 et 2012, et en remportera deux, de même qu’un Tony spécial pour l’ensemble de sa carrière en 2017. Le cinéma le distingue également en 2011 avec un Oscar d’honneur.
«Un gars qui bégaie» pour Dark Vador
Son rôle le plus emblématique ne le verra jamais apparaître à l’écran cependant. George Lucas, le créateur de Star Wars, le choisit en effet, après avoir envisagé Orson Welles, pour interpréter la voix de celui qui deviendra le méchant le plus célèbre de l’histoire du cinéma, Dark Vador. «George voulait une voix plus sombre. Donc il a embauché un gars né au Mississippi, qui a grandi dans le Michigan, qui bégaie, et cette voix, c’est moi», raconte James Earl Jones dans une interview de 2009 à l’American Film Institute.
L’acteur ne voulait pas au départ que son nom apparaisse au générique des premiers épisodes de Star Wars, estimant que son travail s’apparentait plus à des effets spéciaux, et préférant que la reconnaissance revienne à l’acteur derrière le masque, David Prowse, selon le magazine spécialisé Far Out. Parmi ses autres rôles proéminents, figure celui du roi Jaffe Joffer dans «Un prince à New York», ou le méchant Thulsa Doom dans «Conan le barbare».
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