lundi 4 mai 2015

Biographies / Boris Vian

Boris Vian

Boris Vian : Biographie

Chronologie synthétique de la vie et l'œuvre de Boris Vian (1920-1959). 


Ingénieur et musicien de jazz, il fréquente les cafés de Saint-Germain-des-Prés. Le scandale provoqué par son pastiche des romans noirs américains, J'irai cracher sur vos tombes, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, l'un des best-sellers de l'année 1947, occultera ses autres textes publiés sous son vrai nom et auxquels il accordait plus de valeur littéraire. Celui qui avait toujours dit qu’il n’aurait jamais quarante ans meurt à 39 ans pendant la projection du film J'irai cracher sur vos tombes au cinéma Marbeuf.

Bien que plébiscité par ses amis Raymond Queneau et Jean-Paul Sartre – le Jean-Sol Partre du roman –, qui en avait publié des extraits dans le numéro d’octobre 1946 des Temps modernes,L'Écume des jours n’aura aucun succès du vivant de son auteur. Depuis, ce roman devenu culte a été lu par des millions d’adolescents dans le monde entier.


1920 – Naissance le 10 mars à Ville-d’Avray. Il est le second fils (Lélio est né en 1918) de Paul Vian, rentier, et d’Yvonne Ravenez. Famille aisée. Deux autres enfants, Alain en 1921 et Ninon en 1924.

1927 – Études primaires au lycée de Sèvre.

1929 – Ruine de la famille consécutive à la crise boursière. Ils sont obligés de louer leur maison à la famille Menuhin et s’installent dans une plus petite sur le domaine.

1932 – Santé fragile, premières manifestations de rhumatisme cardiaque. Entre au lycée Hoche de Versailles. Élève brillant malgré des absences liées à la maladie.

1933 – Paul Vian se reconvertit dans la vente de produits pharmaceutiques en banlieue parisienne.

1935 – Fièvre typhoïde. Il obtient néanmoins sa première partie du baccalauréat (latin-grec).

1936 – Lycée Condorcet à Paris.

1937 – Seconde partie du baccalauréat (philosophie et mathématiques). Opte pour des classes préparatoires en mathématiques. Se passionne pour le jazz et joue de la trompette. Adhère au Hot Club de France dont le président d’honneur est Louis Armstrong.

1939 – Réussit le concours d’entrée à l’École Centrale des arts et manufactures. Sa maladie lui évite d’être mobilisé

1940 – Études à Angoulême où s’est repliée l’École Centrale. Fermeture de l’école, la famille se retrouve à Capbreton dans les Landes. Rencontre Michelle Léglise et Jacques Loustalot, dit « Le Major ».

1941 – Mariage le 3 juillet de Boris Vian avec Michelle Léglise. Il commence à écrire Cent sonnets.

1942 – Naissance de leur fils Patrick le 12 avril. Rencontre Claude Abadie, polytechnicien et banquier et rejoint son orchestre de jazz amateur où jouent également ses frères Lélio et Alain. Diplômé de l’École Centrale. Entre en août à l’Association française de normalisation (Afnor) en qualité d’ingénieur affecté à la normalisation de la verrerie. Écrit Conte de fées à l’usage des moyennes personnes (publié en 1943) et Trouble dans les Andains (publié post-mortem en 1966).

1943 – Il écrit Vercoquin et le plancton.

1944 – En mai début de la rédaction du cycle de poésie Un seul Major, un Sol majeur. Son père est assassiné en novembre dans la maison de Ville d’Avray. Le crime ne sera jamais élucidé. Publie ses premiers textes dans le magazine Jazz Hot.

1945 – Collaboration à la revue Les amis des arts. Signature de son premier contrat chez Gallimard. Apparition dans le film de Jean de Marguenat, Madame et son flirt. L’orchestre Abadie triomphe au tournoi de jazz amateur de Bruxelles.

1946 – Démission de l’AFNOR pour l’Office du papier. Écrit L’écume des jours. La collaboration àJazz Hot devient régulière. Fréquente Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir par l’intermédiaire de Raymond Queneau. Vian publie ses « Chroniques du menteur » dans la revueLes temps modernes, ainsi qu’une nouvelle, « Les fourmis » (fin de la collaboration à la revue en 1947 qu’il juge trop politique). En juin, candidat malheureux au Prix de la Pléiade, décerné sur manuscrit pour L’Écume des jours. Se consacre alors un temps à la peinture et expose ses toiles. Écrit en deux semaines, durant ses vacances d’août, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan J’irai cracher sur vos tombes, roman qu’il prétend avoir traduit de l’américain. De septembre à novembre écrit L’Automne à Pékin.

1947 – Publication de son premier roman, Vercoquin et le Plancton, chez Gallimard, dans la collection La Plume au vent dirigée par Raymond Queneau. Scandale autour de  J’irai cracher sur vos tombes : représenté par Daniel Parker, le Cartel d’action sociale et morale dépose une plainte. Inauguration en avril du Tabou, un club qui sera emblématique de l’histoire de Saint-Germain-des-Prés. Parution le même mois de L’écume des jours. Écriture de sa première pièce de théâtre, L’Équarrissage pour tous, tout en concevant la version anglaise « originale » deJ’irai cracher sur vos tombes pour tenter de calmer la polémique. Licencié, le 26 juin, de l’Office du papier. Il réalise alors ses premières traductions (Le Grand horloger de Kenneth Fearing) et fonde avec Michel Arnaud et Raymond Queneau, la société de production de films Arquevit. Les éditions du Scorpion publient L’Automne à Pékin. Une loi d’amnistie, votée le 16 août, arrête les poursuites contre J’irai cracher sur vos tombes.

1948 – Parution du deuxième Sullivan, Les morts ont tous la même peau, aux éditions du Scorpion. Décès accidentel, le 7 janvier, de Jacques Loustalot, dit le Major. France-Dimanchepublie les épisodes du troisième Vernon Sullivan, Et on tuera tous les affreux. Naissance le 16 avril de sa fille Carole. Le 22 avril, création au Théâtre Verlaine, de J’irai cracher sur vos tombes. Le 4 juin, au pavillon de Marsan, Vian prononce sa première conférence intitulée « Approche discrète de l’objet » qui sera publiée dans le n° 12 des Cahiers de ‘Pataphysique. Vian change de cave pour le Club Saint-Germain. Les éditions du Scorpion publient Et on tuera tous les affreux, les Deux Menteurs publient Barnum ‘5 Digest, dix poèmes illustrés par Jean Bouillet. Le Cartel d’action sociale et morale dépose d’une seconde plainte visant les éditions deJ’irai cracher sur vos tombes parues après la loi d’amnistie et contre Les morts ont tous la même peau. Boris Vian est entendu en novembre par le juge d’instruction : il reconnaît être l’auteur des deux pastiches poursuivis. Après différents reports, le procès aura lieu à huis clos le 29 avril 1950. Il avouera entretemps être l’auteur de ces livres.

1949 – Présentation en mai au Club Saint-Germain, de Cantilènes en gelée, publié chez Rougerie éditeur. Sortie en juillet des Fourmis par les éditions du Scorpion. Un arrêté ministériel interdisant la vente de J’irai cracher sur vos tombes. En septembre, membre du jury, au Festival international du film amateur de Cannes. Henri Salvador crée la chanson C’est le be-bop.

1950 – Première, le 11 avril, de L’équarrissage pour tous au Théâtre des Noctambules. Le 13 mai Vian est condamné à une amende de 100 000 francs pour « outrage aux mœurs par la voie du livre ». Il rencontre le 8 juin, lors d’un cocktail chez Gallimard, Ursula Kübler, danseuse des Ballets Roland Petit. Parution aux éditions du Scorpion du quatrième et dernier Sullivan, Elles se rendent pas compte. Publication aux éditions Toutain de L’Herbe rouge, de L’équarrissage pour tous et du Dernier des métiers. En fin d’année, il écrit sa première comédie musicale :Giuliano.

1951 – Vian quitte sa femme Michelle pour vivre peu après avec Ursula. Il traduit L’Histoire d’un soldat (les Mémoires du général Bradley), et entame la rédaction du Goûter des généraux, du Traité de civisme et de Tête de méduse, son premier vaudeville. En collaboration avec Michel Pilotin, il lance en octobre dans Les temps modernes l’un des premiers manifestes en faveur de la science-fiction. Premières chroniques de jazz dans Arts. Création avec Michel Pilotin, Pierre Kast et Raymond Queneau du Club des Savanturiers.

1952 – Collabore à Constellation. En avril, création de Cinémassacre et les Cinquante ans du septième art à La Rose rouge sur un scénario et des dialogues de Vian. Admis le 8 juin au Collège de ‘Pataphysique. Divorce prononcé à ses torts. En septembre, au Théâtre Babylone,Mademoiselle Julie, une pièce d’August Strindberg, traduite par ses soins. Participe, en octobre, à la mise en scène de la revue Paris varie ou Fluctuat nec mergitur au night-club des Champs-Élysées.

1953 – Boris et Ursula s’installent au 6 bis, cité Véron. Publication, le 15 janvier, de L’Arrache-cœur, aux éditions Vrille. Collaboration à la revue de Jacques Laurent, La Parisienne. Devient membre, le 11 mai, du corps des Satrapes du Collège de ‘Pataphysique. Création en août duChevalier de neige au Festival d’art dramatique de Caen.

1954 – Mariage le 8 février de Boris Vlan et d’Ursula Kübler. Écrit Le déserteur le 29 avril. Traduit L’Homme au bras d’or de Nelson Algren qui sera publié en feuilletons dans Les Temps modernes. Mise en scène à Nantes de sa pièce écrite vingt ans plus tôt, Série blême.

1955 – En janvier, premiers tours de chant au Théâtre des Trois Baudets puis à La Fontaine des Quatre Saisons. En mars, à la Rose rouge, Dernière heure, spectacle de science-fiction. Il enregistre au studio Apollo ses Chansons possibles et impossibles puis part en tournée agitée en province. Réalise chez Philips un catalogue de jazz. Écrit avec Michel Legrand, Alain Goraguer et Henri Salvador les premiers airs de rock français. En novembre, au cabaret L’Amiral, première revue nue de science-fiction, Ça c’est un monde.

1956 – Embauché au département variétés de la société Philips. Graves soucis de santé : œdèmes pulmonaires. Joue le rôle d’un cardinal dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy.

1957 – Nommé le 1er janvier directeur artistique adjoint de la société Philips. En janvier, le Chevalier de neige, à Nancy, dans une version opéra. Écrit à Saint-Tropez Les Bâtisseurs d’empire. Commentaires et rôle dans La Joconde, film d’Henri Gruel. Tourne dans Un amour de poche de Pierre Kast. Nouvelle alerte cardiaque et œdème pulmonaire. Sortie chez Gallimard de sa traduction de Van Vogt, Les Joueurs du À. Écrit un opéra, Arne Saknussem ou Une regrettable histoire, sur une musique de Georges Delerue.

1958 – Directeur artistique chez Fontana, filiale de Philips. Publie en octobre, aux éditions du Livre contemporain, En avant la zizique... et par ici les gros sous. Création en octobre à l’Opéra de Berlin de Fiesta : musique de Darius Milhaud, livret de Vian. Collabore au Canard enchaîné.

1959 – Quitte Fontana en janvier. Problèmes autour de l’adaptation cinématographique de J’irai cracher sur vos tombes. Parution en février des Bâtisseurs d’empire dans les Cahiers du Collège de ‘Pataphysique. Joue le rôle de Preval dans Les liaisons dangereuses de Roger Vadim. En avril, directeur artistique des disques Barclay. En mai, diffusion d’une émission sur la ‘pataphysique à la radio. Fête ‘pataphysique, le 11 juin, sur la terrasse de la cité Véron. Le 23 juin, mort de Boris Vian, à 10 h 10, au cinéma Marbeuf, lors de la projection privée de J’irai cracher sur vos tombes.

Joseph Vebret



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