lundi 14 juin 2021

Des livres qui aident les enfants à grandir

 


Des livres qui aident les enfants à grandir

Pour les petits, c’est une rentrée particulière, plus angoissante que d’ordinaire. Pour les aider à gagner en confiance, à s’endormir le soir, à jouer sans l’obsession de la gagne, à partager ou, plus délicat encore, à comprendre l’autisme, les artistes déploient tout leur talent. Sélection

Marie-Pierre Genecand
Publié lundi 5 octobre 2020 à 12:24
Modifié vendredi 23 octobre 2020 à 14:53

Le plus beau et le plus exigeant

Dans L’Ile de Victor, l’auteure Marie Sellier et l’illustratrice Catherine Louis relèvent avec brio un défi délicat: expliquer l’autisme aux enfants. Sur des fonds jaune et gris vaporeux, les dessins à l’encre noire traduisent parfaitement le sentiment de solitude et d’éloignement dont souffre Victor, petit prince perché sur une minuscule planète ronde, «tel un pommier aux fruits rabougris». Avec beaucoup de tact et des illustrations d’une beauté saisissante, l’ouvrage explique pourquoi Victor évite le regard, pourquoi il est maladroit, pourquoi il refuse de parler et pourquoi le moindre bruit le met dans tous ses états.


Dans le crâne d’un enfant différent

Les pages les plus marquantes? Celles qui nous emmènent dans le crâne de cet enfant différent et montrent avec quelle violence il perçoit des éléments pour nous anodins. La lumière du jour? Un flash aveuglant – deux pages jaunes, trouées de blanc. Les bruits et mouvements ambiants? Un ballet infernal de maisons et de personnes – des silhouettes, la tête à l’envers, qui dansent autour de l’enfant affolé. Et lorsque, agressé, Victor «se jette par terre, crie et griffe», Catherine Louis dessine un immense gribouillage striant les pages.

L’affaire n’est pas légère, mais, à la fin de l’ouvrage publié aux éditions lausannoises Loisirs et pédagogie, le visage de Victor s’éclaire. Le héros se libère de sa cage de verre et regarde avec douceur une camarade qui s’approche pour jouer. «Il va dompter ses peurs, Victor. Il faut juste lui laisser le temps», dit le texte associé. Cette note finale n’est pas le seul point rassurant du livre. Une fiche pédagogique tisse aussi un lien entre Victor et les jeunes lecteurs en invitant ces derniers à dessiner leur île-refuge, à choisir leur animal totem, à raconter leur manière à eux de se calmer. Une belle façon de rendre plus familier ce trouble si particulier.

Le plus ingénieux

«Une histoire à lire dans les deux sens pour voir la vie différemment.» A l’enseigne de la collection Père Castor aux éditions Flammarion Jeunesse, Agnès Ledig propose Mazette aime bien gagner/jouer et Mazette est trop/très sensible. Dans chaque titre, le terme coupable est biffé et remplacé par son prolongement vertueux. Mais le plus frappant, c’est ce principe de lecture dans les deux sens qui fonctionne et permet de revisiter le même événement à travers une perspective améliorée. Mazette et son ami Mouton ont d’abord le démon de la gagne avant de comprendre que le jeu gratuit est plus festif que toutes les médailles. Dans le second recueil, la petite fille à la longue tresse et le mammifère laineux (dessins de Frédéric Pillot) pensent que «les larmes sont ridicules» avant de comprendre que «s’autoriser à pleurer est la meilleure solution pour se sentir bien». Les petits malins trouveront leur compte dans cette édification à double entrée.


Le plus moral

Pas facile de départager deux enfants qui veulent le même jouet. Dans Quel égoïste! l’auteure anglaise Clare Helen Welsh imagine une histoire basique où le canard Coin-Coin et le petit garçon Lulu se disputent un bâton. Le premier veut en faire un drapeau, le second, une épée. La fable, qui passe par la bagarre, la ruse et la bouderie, montre que l’égoïsme aboutit à l’ennui, car jouer seul avec son trophée est bien moins rigolo que partager le butin. Les dessins d’Olivier Tallec sont stimulants et la traduction française signée Alice Delarbre, efficace. Cet ouvrage, également paru dans la collection Père Castor aux éditions Flammarion Jeunesse, a aussi son équivalent axé sur les usages. Dans Quel malpoli!, les deux héros apprennent les rudiments du savoir-vivre.


Le plus touchant

C’est sans conteste l’ouvrage le plus émouvant de cette sélection. D’ailleurs, ma collègue de bureau a écrasé une larme au terme de sa lecture. Mon Monstre et Moi, toujours issu de la Collection Père Castor aux éditions Flammarion Jeunesse, raconte très simplement comment un petit garçon manque à tel point de confiance en lui qu’il renonce à dormir ou à jouer avec ses amis. La belle idée? Représenter ce manque de confiance par un monstre jaune et géant, pas antipathique au demeurant, mais tellement énorme qu’il prend toute la place et écrase le petit garçon à la peau mate – l’inclusion culturelle est assez rare pour être soulignée.

Le monstre omniprésent ronfle la nuit, s’assied sur les jouets, impose sa loi et, comble de l’injustice, est invisible aux yeux du frère et des parents. Désespéré, le petit garçon court chez sa grand-mère pour confier ses tourments. Là, miracle: il constate que le simple fait d’en parler rend son monstre tout petit. Imaginé par Nadiya Hussain, auteure basée en Angleterre et illustré de manière très expressive par Ella Bailey, ce livre a connu un grand succès l’an dernier en Grande-Bretagne. La traduction française, parue cet été, est signée Anne Kalicky.


Le plus édifiant

Si le sommeil des bébés est souvent une épine dans le pied des parents, quand les enfants grandissent, c’est l’endormissement qui devient parfois un moment difficile à négocier. Pour accompagner cette étape, les éditions Actes Sud ont la bonne idée de sortir Au dodo les animaux! une encyclopédie illustrée qui présente la variété des sommeils du monde animal. Chaque double page recèle son lot d’infos et, à la fin du livre, un résumé recense, de 1 à 20, les chiffres-clés de ces particularités.


Le cachalot, par exemple, dort à la verticale et accomplit des siestes fulgurantes de quinze minutes. Tandis que les canards dorment onze heures, en file indienne, en veillant à ce que le premier et le dernier montent la garde. Et les moutons? Ils dorment groupés, c’est plus sûr et plus chaud. Le flamant rose dort sur une patte… qu’il alterne sans se réveiller et le dauphin dort en nageant en rond, car il n’éteint qu’une partie de son cerveau! Ancienne sprinteuse israélienne, Orith Kolodny signe à la fois les textes et les illustrations en papier découpé de ce très joli ouvrage qui navigue dans les tons noir et violet, les tons d'une nuit douce et apaisée.

LE TEMPS



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