Caitriona Balfe |
Mes héros sont des héroïnes
Beaucoup de séries mettent en avant des femmes de tempérament. Des modèles pour la vie réelle? Des soutiens sans faille, en tout cas!
Marie-Pierre GenecandPublié mardi 19 avril 2016 à 10:56
Je regarde beaucoup de séries. «Grey’s anatomy», «Girls», «The affair», «Outlander» et, récemment «The Fall» avec la sublime Gillian Anderson. Aucun lien entre le monde hospitalier de Seattle, la galère new yorkaise à 20 ans, un adultère compliqué, une chronique écossaise à travers les âges et la traque d’un tueur en série à Belfast? Un point commun pourtant: ces séries reposent toutes sur des femmes de tempérament.
Des courageuses qui ne se laissent pas abattre au premier coup de vent. La palme de l’exploit revient sans doute à Claire Randall, infirmière de guerre de 1945 qui, dans «Outlander», se retrouve brusquement transportée dans l’Ecosse de 1743 et doit s’adapter aux mœurs rugueuses des Highlanders, ces guerriers révoltés. Un défi que l’Irlandaise Caitriona Balfe relève avec talent, en évitant le ridicule associé aux sauts dans le temps, alors que les Monthy Python semblaient avoir accroché pour toujours le procédé aux cimes de l’humour. Claire Randall souffre, aime pour de bon et on souffre, on aime avec elle. Bon, les femmes en tout cas, car, j’avoue, je ne connais aucun fan masculin de cette série...
La question: ces héroïnes exercent-elles une influence sur ma vie? La réponse: oui. Dans mon entourage, j’ai beaucoup d’amies formidables qui gèrent crises et revers avec grandeur. Pourtant, souvent, lorsque je bute sur un obstacle, ce n’est pas à ces proches que je pense, mais à mes héroïnes de fiction. Si ces warriors ont surmonté une explosion, un deuil, un abandon, je dois bien pouvoir régler cet infime problème de piston. L’héroïne est pratique. On peut en faire sa meilleure copine sans concession. On développe pour elle un attachement qui ne demande aucun engagement. Pareil avec un roman. Combien de personnages n’ai-je pas convoqués, en rêve ou éveillée, pour résoudre une difficulté? Ils, elles sont là, immuables, bienveillants, à disposition…
Je me demande si, vendredi dernier, Nathalie Leclerc-Pelan a pensé à Claire Randall lorsque cette patronne de bar-tabac à Champ-du-Boult, en Normandie, a mis une raclée à un jeune homme armé qui voulait la dépouiller. Au quotidien Ouest France, la gérante a raconté qu’elle a d’abord cru à une blague, d’où son aplomb. Mais son courage n’a pas faibli quand elle a réalisé que le malfrat ne rigolait pas. Elle l’a poussé vers la sortie, en le corrigeant plusieurs fois, comme on le faisait jadis avec les gosses mal élevés. Des raclées à main nue sur un homme armé? Souvent, dans la vie comme dans les films, mes héros sont des héroïnes.
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