samedi 24 juillet 2021

Pornhub veut rendre les grands musées plus sexy... sans leur consentement


L'actrice italienne de films pornographiques Cicciolina recrée La naissance de Vénus de Botticelli dans la vidéo promotionnelle de «Classic Nudes» de Pornhub. Pornhub/Capture d'écran Youtube

Pornhub veut rendre les grands musées plus sexy... sans leur consentement

Le site pornographique propose un guide interactif sur l'art érotique. Le Louvre et le Musée d'Orsay ont déclaré ne pas avoir été informés de l'utilisation de leurs œuvres. Le musée des Offices à Florence envisage d'engager des poursuites.

Pour Pornhub, la plupart des gens pensent que les musées sont «ennuyeux, guindés ou fades». Mais pas de panique, la plateforme de vidéo pornographique a trouvé la solution : proposer un guide interactif de «quelques-unes des scènes les plus sexy de l'histoire dans les musées les plus célèbres du monde». Voici le projet ambitieux de son nouveau site web : «Classic Nudes», lancé le 13 juillet dernier.

«C'est le moment de laisser tomber ces audioguides ennuyeux et de profiter de chaque coup de pinceau de ces œuvres d’art érotiques avec moi», s'est amusée l'actrice porno américaine et ambassadrice de la marque, Asa Akira. Elle a été choisie pour présenter l'Origine du monde de Courbet, le Déjeuner sur l'herbe de Manet ou la Grande Odalisque d'Ingres. Tandis que l'actrice italienne, la Cicciolina est devenue l'égérie de la vidéo promotionnelle de «Classic Nudes» où elle incarne une Vénus (plus très fraîche) de Botticelli.

Du Louvre, au MET (New York) en passant par la National Gallery (Royaume-Uni), c'est plus d'une trentaine d'œuvres d'art qui sont mises à «l'honneur». L'ambition serait donc de dépoussiérer l'image des musées et inciter le public à se rendre dans des institutions qui ont récemment rouvert, après une fermeture forcée en raison du Covid-19. L'idée n'a pas eu l'heur de plaire aux musées.

Un projet lancé sans l'accord des musées

Interrogé par le Figaro, le Louvre a tenu à rappeler qu'il «n'est pas partenaire de cette opération et n'a en aucun cas collaboré avec cette plateforme». La direction du musée a également tenu à démentir la rumeur selon laquelle le musée avait lancé une action en justice contre Pornhub. «Nous découvrons» cette initiative a ajouté la direction, visiblement interloquée par cette campagne. Même son de cloche pour le Musée d'Orsay qui, pour l'instant, ne souhaite pas commenter cette affaire.

Le musée des Offices de Florence a décidé pour sa part de monter au créneau. Dans les colonnes du journal italien Il Fatto quotidiano la direction de l'institution a déclaré : «C'est un des nombreux cas d'utilisation commerciale de nos images sans aucune autorisation. Dans ces cas de figure, nous faisons toujours la même chose, il y a une loi précise et nous voulons qu'elle soit respectée.» Selon la presse italienne, l'institution aurait d'ores et déjà envoyé une mise en garde à la société canadienne MindGeek, propriétaire de Pornhub. Que feront le MET, le Prado et les autres grands musées dont les œuvres sont utilisées sans leur consentement à des fins érotico-commerciales ?

Ce n'est pas la première fois que Pornhub est au cœur d'une polémique. En décembre 2020, dans un article du New York Times, le site était accusé d'avoir diffusé des contenus pédopornographiques. Faux avait répondu la plateforme, l'une des plus fréquentées dans le monde, avant de supprimer de nombreux contenus. Le mois dernier aux États-Unis, 34 femmes ont aussi porté plainte contre Pornhub, qualifiée d' «entreprise criminelle classique» diffusant des rapports non consensuels.

LE FIGARO


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