vendredi 17 septembre 2021

The Wire / Des scènes censurées à la demande de la police

 


The Wire : des scènes censurées à la demande de la police


Par Jordan Meynard
Publié le 14/04/2015 à 13:19

LE SCAN TÉLÉ - La série d'HBO a été contrainte de changer à plusieurs reprises de son scénario pour ne pas révéler au grand public des moyens d'échapper à la surveillance policière.

La série The Wire (Sur écoute, en VF est-elle trop authentique? Qualifiée de «meilleure série de tous les temps» pour son réalisme et son système de narration, la série d'HBO diffusée entre 2002 et 2008 a pour sujet la criminalité dans la ville de Baltimore, à travers la vision de ceux qui la vivent au quotidien (policiers, trafiquants, hommes politiques...).

Interrogé par le Baltimore Sun, journal dans lequel il a travaillé pendant 12 ans, le coordinateur de la série David Simon a révélé que les services de police de la ville de la côte est des Etats-Unis ont demandé aux auteurs de ne pas exploiter les failles des systèmes d'écoute dans la série. «Il y a dix ans, la transition entre le téléphone fixe et le mobile a laissé la police vulnérable», a expliqué David Simon.

Dans le détail, la police était incapable de mettre sous surveillance certains téléphones vendus par l'opérateur téléphonique Nextel. Les communications passées avec le service dit de «Push-to-Talk» pouvaient être similaires à des échanges entre talkie-walkies. Les utilisateurs pouvaient ainsi parler à tous en même temps, et ce, jusqu'à 100 personnes.

«Mettre en lumière certaines vulnérabilités de la police auraient imprudemment permis aux criminels de dissimuler leurs communications»

Ed Bruns, co-créateur de The Wire

Et quand on demande au coordinateur de la série s'il a volontairement censuré son programme pour répondre à la demande des autorités, il répond par l'affirmative: «Mettre en évidence cette vulnérabilité dans notre série aurait, de façon irresponsable, chassé les communications de chaque association de malfaiteurs dans un trou noir, impénétrable». Pour sa part, le co-créateur de la série Ed Burns estime que «mettre en lumière, dans notre série, certaines vulnérabilités auraient imprudemment permis aux criminels de dissimuler leurs communications», a-t-il déclaré.

Même si certains épisodes ont été écrits sous la houlette de la police, David Simon et ses équipes ont su également prendre quelques libertés.

Dans la même interview, le Baltimore Sun a également révélé que la police de la ville de Baltimore avait eu récemment recours à un service de surveillance téléphonique portable baptisé Stringray, qui consiste à mettre sur écoute un téléphone mobile en se faisant passer pour un relais téléphonique. Un dispositif similaire du nom de Triggerfish avait déjà été utilisé par l'inspecteur Freamon dans la saison 3 de la série, en 2004. «The Wire dépeignait avec précision le jeu du chat et de la souris qui se jouait à cette époque-là, avec les officiers de police qui couraient après le retard pris pendant la transition téléphone fixe-portable. Tout cela continue aujourd'hui et oui, le Triggerfirsh de The Wire a mué en Stingray», a conclu David Simon.

LE FIGARO



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