A partir de trois portraits d’ un professeur, qui cherche auprès de ses étudiants les réponses qui lui font défaut, tant dans sa carrière d’ écrivain que dans sa vie affective, Julian Barnes signe une fable sarcastique inspirée d’ une nouvelle méconnue de Hemingway, dont elle adopte l’ inventivité formelle. Prenant un malin plaisir à confondre les frontières qui existent entre la sphère de la réalité et celle de la fiction, l’ auteur joue de la narration palimpseste jusqu’ à obtenir un effet de mise en abyme étourdissant : “Ce n’ était pas seulement le lecteur qui se retrouvait pris au piège de cette légende, mais parfois l’ écrivain lui-même.”
Il s’ en tint là, en espérant que ses élèves réfléchiraient aux conjectures que nous faisons machinalement sur les gens – et même à la possibilité que ces deux-là aient été des touristes heureusement mariés, et que le mari se fût toujours habillé et eût toujours porté sa barbe comme ça. Il espérait aussi qu’ ils réfléchiraient à l’ influence de la vie sur l’art, et de l’ art sur la vie. Et s’ ils avaient posé la question, il aurait répondu que, pour lui, le Hemingway romancier était comme un athlète dopé aux stéroïdes.
Ce texte a paru pour la première fois dans le New Yorker, en juillet 2011.
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