samedi 13 juin 2015

Biographies / Eugène Durif


Eugène Durif

Auteur, comédien, dramaturge

Né à Saint-Priest, Rhône. Études de philosophie. Écrit pièces de théâtre, récits, poèmes, nouvelles et aussi pour la radio. À partir de 1985, ses pièces sont régulièrement montées Charles Tordjman crée Tonkin-Alger (1990), Anne Torrès monte B.M.C. (1991) et Expédition Rabelais (1994), Éric Elmosnino Le Petit Bois (1991), Joël Jouanneau Croisements, divagations (1992), Patrick Pineau crée Conversation sur la montagne (1993) et On est tous mortels un jour ou l’autre (2007), Nordine Ahlou Via Négativa (comédie) (1993) repris par Lucie Bérélowitsch dans une nouvelle version Les Placebos de l’histoire (2006), Alain Françon Les Petites Heures (1997), Jean-Michel Rabeux Meurtres hors champ (1999), Jean-Louis Hourdin Même pas mort (2003), Catherine Beau Le Plancher des Vaches (2003), Karelle Prugnaud Cette fois sans moi et Bloody Girl (2005) et A même la peau (2006), Philippe Flahaut L’Enfant sans nom (2007). En 1991, il fonde avec Catherine Beau la Compagnie L’Envers du décor, implantée dans le Limousin. Également comédien, Il réalise avec elle plusieurs mises en scène : De nuit alors il n’y en aura plus, Il faut que l’une ait raison pour que l’autre ait tort, Cabaret mobile et portatif, Cabaret des bonimenteurs vrais, Quel est ce sexe qu’ont les anges ? Maison du peuple, puis Filons vers les îles Marquises (opérette), Les Clampins songeurs, Divertissement bourgeois. Il rend hommage à Jean-Pierre Brisset en adaptant et jouant avec Catherine Beau Les Grenouilles qui vont sur l’eau ont-elles des ailes? (2002) et Quand les grenouilles auront des ailes (2007). Eugène Durif écrit Nefs et naufrages (Sotie) pour la classe de Dominique Valadié au CNSAD de Paris , Pochade Millénariste pour les élèves du TNS (Actes Sud-Papiers, 2002), Les Masochistes aussi peuvent souffrir pour les élèves du conservatoire de Bordeaux (mise en scène Christophe Rouxel, 2003), et aussi Pauvre folle Phèdre (2001), Hier c’est mon anniversaire (2003), Le Banquet des aboyeurs (2004), L’Enfant sans nom (Actes Sud-Papiers, 2005), "Variations Antigone" (2009), "Loin derrière les collines" ( Actes Sud papiers, 2009), "Le fredon des taiseux" (Actes Sud papiers, 2010)

Plusieurs de ses pièces ont été réalisées par France Culture (notamment dans le « Nouveau répertoire dramatique » de Lucien Attoun). Il écrit également des pièces pour le jeune public dont : La Petite Histoire, Mais où est donc Mac Guffin ?, Têtes farçues, toutes trois publiées à L’École des Loisirs. Le Baiser du Papillon a été mis en scène au TEP en 2006 par Stéphane Delbassé. En 2001, il publie un premier roman Sale temps pour les vivants chez Flammarion, en 2004 De plus en plus de gens deviennent gauchers chez Actes Sud et en 2008 Laisse les hommes pleurer également chez Actes Sud.

Comédien, il a joué récemment dans « la Nuit des Feux » (également auteur) mis en scène par Karelle Prugnaud au Théâtre National de la Colline en 2008, dans « Artaud, pièces courtes » mis en scène par Diane Scott (le 104, Maison de la Poésie – Paris) et « Le Cauchemar », de Jean Michel Rabeux au Théâtre de la Bastille et à la Rose des vents (Scène Nationale de Villeneuve-d’Ascq) en 2009, « C'est la faute à Rabelais » (écrit par lui même et mis en scène par Jean-Louis Hourdin) en 2010/11.


PRESSE :

Poète protéiforme et, comme Protée, insaisissable, Eugène Durif est un jongleur de mots qui mélange les tons, du pathétique au burlesque, de la violence imprécatoire à la légèreté de l'opérette, de l'approche chuchotée des êtres à la charge ubuesque.
Poète, les mots, il les savoure, il va les débusquer dans les recoins des dictionnaires et chez les vieux auteurs (comme ce "gélodacrye" - ce rire aux larmes - qu'il a déniché chez Marot) ; les mots il les bouscule et les combine, et ses bagages sont pleins de mots-valises. Ce sont eux, les mots, qui font le liant d'oeuvres disséminées en une quarantaine de titres. Certaines comme De nuit il n'y en aura plus ou Nefs et naufrages relèvent directement des débauches verbales chères aux auteurs de fatrasies et de soties du moyen-âge, tandis que d'autres se mettent au diapason d'un Jean-Paul Brisset, auteur d'une cosmogonie bâtie sur une phonologie délirante. Il y a des "à la manière de" chez Durif : du Meilhac et Halévy dans Filons vers les îles Marquise, du Jarry dans Têtes farçues, des enfilades de fausses platitudes dans Les Irruptés du réel.
Durif a une trop haute idée de la fonction du poète pour s'en tenir à ces jeux : la langue parlée, il la saisit dans ses balbutiements, quand la pensée colle encore à la bouche et que la phrase reste comme suspendue. Ce qui permet à Durif de se faire le capteur du cheminement obscur et proprement indicible de pulsions enfouies (dans Le Petit Bois ou Les Petites Heures), d'avoir un oeil tourné vers le dedans et l'enfance, d'être hanté par le sentiment de la perte.
Sa relation aux mots le place dans un rapport privilégié avec le monde : le monde de la nature qu'il pénètre avec une intimité presque panthéiste (dans L'Arbre de Jonas) ; le monde de ses personnages qu'il n'enferme jamais dans la prison étroite du sens. Sens qui, fluide et tremblé, traverse le langage (dans Conversations sur la montagne). Ce qui veut dire plus précisément, en termes de théâtre, que l'identité des "il" dont la pièce parle ou du "je" qui parle est indiscernable et fuyante. Croirait-on que Durif s'inscrit dans la lignée des Pierrots lunaires, constructeurs d'un monde évanescent ? Il s'en faut. Comme il le dit : "On voudrait dire le réel, tout, rien que le réel, on s'épuiserait bien avant lui. Des entraperçues. Seulement des figures qui défilent et on voudrait retenir des personnages et des vrais paysages". Il les saisit, ces personnages vrais, dans Tonkin-Alger B.M.C., ou dans Comme un qui parle tout seul et Meurtres hors champ.
C'est en réfractant le monde des choses et des gens dans le monde que Durif parvient le mieux à le saisir et à en restituer les douleurs et les beautés. 
(Michel CORVIN)

"Eugène Durif fait entendre, en vérité, un poème: les mouvements de la conscience transmués en poésie. Le vent. Le silence peuplé de la nuit, un train, des chiens, le cri bref d'un rêveur, l'orage qui s'éloigne sans être passé sur nous. Les deux hommes, au petit matin, qui repartent, vers où? Petit matin, "petites heures". (...) L'écriture qui enjambe les siècles. L'homme en robe noire qui parle seul, sous les tilleuls de la route (la clé de l'église oubliée, notait Rimbaud)." 
(Michel Cournot/Le Monde)



“ (…) Le seul fait qu’existe Eugène Durif fout en l’air cette antienne stupide selon laquelle il n’y a pas d’auteurs, ou si peu, en France. Durif est l’un de nos plus sûrs poètes de scène et l’on voit cet homme doux, courtois, l’air un peu dans la lune, porter le fer de la pensée jusqu’à ses plus ultimes conséquences dans le ventre mou du désespoir contemporain (…) ”
( Jean-Pierre Léonardini / L'Humanité)


"Il parle peu. Il parle pas. Lunettes rondes et petits rires gênés, Eugène Durif tient plus du savant lunaire et rêveur que du combatif et militant auteur dramatique... Un peu partout ces textes fragiles et insidieux laissent dans les mémoires des traces d'enfance, réveillent des émotions à peine formulées, traquent doucement nos histoires intimes à travers les sentiers mystérieux de la grande Histoire." 
(Fabienne Pascaud / Télérama) 




"Son univers est celui des petites gens, de la mémoire intime prise dans le maelström des évènements et des souvenirs qu'on occulte ; celui encore du temps suspendu entre l'âge adulte et cette adolescence qu'on voudrait retenir, mais en vain... A la fois pudique et fragile, poétique et en tension permanente avec la parole, son écriture est celle de l'émotion directe. 
(Didier MEREUZE, La Croix) 




"Eugène est un poète, un vrai. Ne riez pas, il faut être fortiche pour être un poète en bord d'abîme des mots, pour leur enlever leur rouille et redonner éclat et violence à leur sens exact et en tirer les conclusions dans sa vie... Poète, Eugène en est un vrai. Il est terrorisé de voir que nous risquons de courir à des choses pas justes, pas lumineuses et il nous voit faire des conneries alors il vient se heurter 
doucement et timidement à nous avec ses mots. Merci " 
(Jean-Louis Hourdin)







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire