lundi 30 septembre 2019

David Lynch / «Twin Peaks», rendez-vous dans vingt-cinq ans

«Twin Peaks», rendez-vous dans vingt-cinq ans

Il est heureusement impossible de dresser une conclusion de la troisième vie de «Twin Peaks». Signalons deux grands moments, la fin de la Dame à la bûche et le triomphe de Dougie, ou Jacques Tati dans un mall. Et si «Twin Peaks» continuait?
Nicolas Dufour
Publié jeudi 14 septembre 2017 à 20:44, modifié vendredi 15 septembre 2017 à 07:37

On l’admet sans peine, tirer une conclusion globale du retour de Twin Peaks se révèle impossible. Je parcours les propos de mes collègues: il s'agit de David Lynch, avec Mark Frost, et donc l’avis exhaustif et d’autorité relève du fantasme. Tant mieux.
Pendant 18 épisodes, les deux auteurs nous ont emmenés dans un voyage plus troublant encore que ce que l’on pouvait imaginer. Ce n’est pas le déconcertant ultime chapitre – alors, Laura ne serait-elle pas morte? Ou est-elle sauvée a posteriori? – qui remettra en cause ce constat.

Kyle MacLachlan superstar

Avec l’incroyable talent complice de l’acteur Kyle MacLachlan, Twin Peaks: The Return a condensé les univers de David Lynch, les identités troubles, les substitutions, les mystères de partout, les couches électriques du réel… Et ses obsessions visuelles, à commencer par les phares de voitures sur les routes forestières de l’Etat de Washington.

La «Log Lady», vedette du salon

Dans ce foisonnement, je retiens deux points forts. La Dame à la bûche d’abord, cette bonne mère au cœur du mystère, dont la seule image, avec son bout de bois tenu comme un bébé au coin de la lampe de chevet, porte Twin Peaks. Par sa proximité téléphonique avec l’adjoint Hawk, elle a ramené de l’esprit local dans ces nouveaux épisodes. Le décès de l’actrice Catherine E. Coulson, en 2015, confère à ces moments une émotion particulière. Cette disparition, honorée à propos du personnage lui-même dans un épisode, marque comme un retour du réel, douloureux et touchant.

Dougie, celui qui révèle tout

Et puis, souvenons-nous de Dougie, c’est-à-dire le personnage de l'agent Cooper tendance ahuri, découvrant chaque trait de la société américaine, incapable de parler autrement qu’en répétant la fin des phrases de ses interlocuteurs. Baragouinant et faisant des petits dessins, ce légume intellectuel réussit à déjouer une immense escroquerie à l’assurance, à sécuriser financièrement sa famille, et à éviter nombre de conflits.
Une figure bien lynchienne, comme le souffle de Jacques Tati dans les centres commerciaux des périphéries américaines. De quoi faire de Dale Cooper le personnage le plus protéiforme de l’histoire des séries TV. Il y a quelques jours, David Lynch n’a pas exclu de remettre l’ouvrage Twin Peaks sur le métier. Qui sait?



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