jeudi 15 août 2024

Purge, de Sofi Oksanen


Sofi Oksanen



Purge, de Sofi Oksanen

Sarah Gandillot

Le livre vient tout juste de recevoir le prix du roman Fnac. Et les lectrices de notre Club ont eu la chance de le lire en avant-première. Il s'agit de Purge, de Sofi Oksanen. Un roman puissant dont Nancy Huston a dit : « Un vrai chef-d’oeuvre. Une merveille. J’espère que tous les lecteurs du monde, les vrais, liront Purge. » Et nos lectrices, qu'en ont-elles pensé ?

Un roman extraordinaire ! Une écriture merveilleuse ! Purge est un chef-d’œuvre et je l’ai adoré de bout en bout.

Il est construit avec un fin suspens où la vérité se dévoile progressivement et m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Pour cette raison je l’ai lu très rapidement. L’écriture de Sofi Oksanen, fine, juste, se goûte comme un nectar : les mots suggèrent plus qu’ils ne décrivent donnant au roman une grande puissance émotionnelle. Cette jeune écrivaine mérite vraiment tous les prix et les éloges qui lui sont accordés actuellement dans le monde entier !

Au travers de deux histoires de femmes, qui vont subir dans leur chair les outrages de l’Histoire et des hommes, Sofi Oksanen nous parle d’atrocités de guerre, de régime communiste et de prostitution, dans l’histoire du bloc soviétique. Ces femmes, dans le silence, conservent un passé que rien ne viendra soigner, mais que les générations suivantes portent en elle. Cela donne à réfléchir sur les choix que l’on fait quand on est confronté à l’extrême, à ce que la violence de l’autre ne peut nous enlever. Surtout, c’est un hommage à la force immense des femmes et à leur délicatesse.

Purge, un titre de roman par très engageant, qui fait plutôt froid dans le dos et ne nous donne pas forcément envie d’ouvrir le livre : c’est ma première impression. La deuxième, c’est un début dans lequel j’ai du mal à entrer, peut-être à cause de ce titre et de ce qu’il laisse présager, des premiers chapitres où je ne me sens pas à l’aise. Et soudain arrive le moment où le roman nous tient et ne nous lâche plus : je ne sais pas exactement à quel moment c’est arrivé, mais on y est entré : dans la vie des personnages, dans leur passé, leur intimité, leurs moments forts et douloureux. Le lien entre les personnages se dessine petit à petit sur fond d’amour, de trahisons, de terreurs et de souffrances. Deux femmes, deux époques, deux histoires tragiques, mais un combat tout aussi intense pour survivre aux épreuves, se libérer et espérer un jour atteindre ses rêves.

Le style de Sofi Oksanen est souvent très direct, très incisif mais extrêmement efficace pour faire comprendre aux lecteurs l’atmosphère des lieux, les tragédies, les angoisses, les détresses des personnages.

Au final, un très beau livre, qui amène le lecteur à se poser certaines questions notamment sur les temps d’occupation, la collaboration, les trahisons, les violences faites et subies… un roman qui ne laisse pas indifférent.

J’ai trouvé le roman de Sofi Oksanen à la fois déroutant, inquiétant et instructif. Déroutant car d’emblée la rencontre entre les deux protagonistes, une jeune russe Zara, apeurée et en fuite, traumatisée par les coups reçus de son souteneur, et une vieille estonienne bourrue et méfiante, Aliide Tru, laisse planer un mystère : quel lien existe entre ces deux femmes que l’âge et la nationalité semblent séparer ?

Un roman inquiétant car chaque personnage est sur le qui-vive. Le lecteur ressent la pression exercée sur le peuple estonien lors de l’occupation soviétique dans les années 1940 et dont il ne s’est pas encore débarrassé dans les années 80, la nécessité de se surveiller sans cesse pour ne pas alerter le voisinage prompt à dénoncer quiconque. L’ambiance est pesante et les descriptions réalistes : l’auteur évoque avec précision les scènes de torture vécues par Aliide ou encore la misère actuelle, la détresse des jeunes filles russes semblables à Zara, et la violence de leur proxénète. Un roman instructif : j’ai apprécié le côté mystérieux de chacun des personnages, le rôle joué par l’Histoire dans leur vie et le questionnement qui en résulte : peut-on se racheter après avoir trahi ?


FEMME ACTUALLE


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