mardi 28 juin 2016

Vera Felicidade / L’intimité


L’intimité

Entièrement tourné vers l’autre, tourné vers ce qui se passe


19 JUIN 2016
Par VERA FELICIDADE DE ALMEIDA CAMPOS


L’intimité avec l’autre, avec les contextes c’est ce qui caractérise les relations en tant que présence et présent.
Percevoir l’autre et ce qui arrive, au travers de référentiels médiateurs, métamorphose les situations.
Dans l’instant présent et total, être avec l’autre, avec ce qui se passe, c’est ne pas avoir de référentiels médiateurs. Le contact direct c’est la communication qui permet intimité et familiarité. Cette rencontre c’est « l’être en présence », c’est percevoir (connaître), qui mène à des catégorisations, à savoir, aux reconnaissances significatives et déterminantes.
Percevoir l’autiste, par exemple, savoir qu’il existe une attitude sollicitée, crée, quand cette expérience est acceptée, une distance structurante. Il est fréquent dans les situations d’isolement, comme c’est le cas dans l’autisme, que la propre mère n’existe pas en tant que dialoguant. Elle est comme un empêchement, pas un signal de participation. Cette configuration – n’être pas un signal de participation - peut permettre des expériences d’acceptation des empêchements, d’acceptation de la solitude et de l’isolement, elle peut créer l’intimité avec la limite.
Au travers de l’acceptation de ce qui est évident – possibilités et impossibilités - nous dispensons les appuis et les protections qui nous tiennent à distance de ce qui arrive. Percevoir et accepter ces évidences signifie que l’on commence à comprendre ce qui a déjà été métamorphosé par Nietzsche, quand il disait : « L’homme est une corde tendue entre la bête et le surhumain, - une corde sur l’abîme ».
Être un chemin, pour moi, c’est être ouvert aux contradictions, c’est être toujours en devenir, c’est se rendre capable de transcender les limites jusqu’à les percevoir et les accepter.
Dans des situations extrêmes, avec des référentiels réduits (comme c’est le cas dans les relations avec les autistes), être ensemble, devenir intime des impossibilités de l’autre, est ce qui est propice à la relation, c’est ce qui est propice à la transformation. Absorber et intégrer la limite, développe, crée l’intimité en neutralisant les référentiels d’espacement. Les organisations perceptives, relationnelles, qui permettent le discernement, résultent de ces expériences.
Être intime c’est s’approprier des les données, c’est appréhender l’inhabituel, c’est prédire l’inhabituel (La loi de clôture - Gestalt), c’est se saisir des accords qui contextualisent les relations, la communication avec les données mises en évidence, donc, ce qui se substitue à nos attentes. Le désir, les attentes, créent des illusions, ils anticipent le non encore existant autant qu’ils enterrent, qu'ils ruinent ce qui est entrain de se passer.
Il suffit d’être avec l’autre, d’être présent à ce qui est entrain de se passer, pour que la magie de l’intimité se révèle, ouvrant, ainsi, d’infinies possibilités. Quand ce qui arrive est perçu en tant que ce qui arrive, indépendamment des interprétations fabriquées dans divers contextes autres que ce qui est entrain de se passer, les signifiants de l’expérience apparaissent. Être et paraître sont identiques, ce ne sont pas des référentiels qui se croisent pour créer des points d’élucidation. Le relationnel cesse d’être une énigme qui devrait être déchiffrée ou quelque chose qui devrait être complété. Les énigmes disparaissent (« devine ou je te dévore » disait le Sphinx) et l’homme paraît, l’être, les faits avec leurs structurants, des explications qui peuvent être globalisées surgissent, appréhendées dans un focus non agressif, ce processus est bien différent de la création d’hybrides résultant de modèles préfabriqués.
Avoir de l’intimité implique d’être disponible, entièrement tourné vers l’autre, tourné vers ce qui se passe. C’est un processus qui n’est pas courant, donc, on est constamment entrain d’assembler, de réparer, de coller, toujours à essayer de réaliser des objectifs, toujours à tenter d’atteindre quelque chose, toujours à s’efforcer d’améliorer.
Traduit du portugais par Gilda Bernard
Vera Felicidade de Almeida Campos

Vera Felicidade de Almeida Campos est une psychologue brésilienne - elle a reçu une formation en psychologie à l'Université Fédérale de Rio de Janeiro. Elle a travaillé à l’hôpital psychiatrique et travaille depuis les années soixante dans le domaine de la psychothérapie. Elle est la créatrice de la Psychothérapie Gestaltiste (Psicoterapia Gestaltista), théorie psychothérapeutique présentée et developpée dans ses livres, le premier publié en 1973 et le dernier en 2015, chacun d'entre eux porte sur le développement de sa théorie psychothérapique (elle est l'auteur de 10 livres). Ses principales influences sont la Gestalt Psychology, la Phénoménologie et le Matérialisme Dialectique. Outre son travail quotidien dans la psychothérapie clinique et l'écriture de livres, elle publie régulièrement des articles dans les magazines et les journaux (en portugais). Les livres originaux ne sont disponible qu'en portugais: “Psychothérapie Gestaltiste - Conceptualisations”, “Changement et Psychothérapie Gestaltiste”, “Individualite, Questionnement et Psychotherapie Gestaltiste”, “Relationnel - Trajectoire de l’Humain”, “Terre et Or sont Egaux - Perception en Psychotherapie Gestaltiste”, “Désespoir et Cruauté - Etudes Perceptives Relation Figure-Fond”, “La Question de l’Etre, du Soi-Même et du Je”, “Realidade da Ilusão, Ilusão da Realidade”, “Langage et Psychothérapie Gestaltiste - Comment on apprend à parler”.

WALL STREET INTERNATIONAL












dimanche 26 juin 2016

Le chanteur Steven Tyler annonce la séparation du groupe Aerosmith




Le chanteur Steven Tyler annonce la séparation du groupe Aerosmith

C'EST LA FIN - Invité sur les ondes d'une radio américaine, Steven Tyler confirme les rumeurs : Aerosmith fera une tournée d'adieu en 2017 avant de se séparer pour de bon.


Au départ, Steven Tyler – invité au micro de l’animateur radio Howard Stern - ne devait parler que de son premier album solo attendu le 15 juillet prochain. Mais la conversation a vite été détournée pour s’intéresser au futur plus ou moins proche du groupe Aerosmith.
Le rockeur a d’abord tenu à rassurer les fans et a balayé d’un revers de bras les rumeurs qui affirment que les membres seraient brouillés entre eux. "J’adore ce groupe, je l’aime vraiment", a-t-il déclaré avant d’ajouter qu’il "souhaite détruire toute pensée négative que les gens peuvent avoir concernant cette tournée". 
Des adieux difficiles 


Cette tournée  sera la dernière pour la bande de Steven Tyler. Il annonce en effet : "On fait une tournée d’adieux, seulement parce que c’est le bon moment." Au printemps dernier, Joe Perry expliquait que cela faisait cinq ans que le groupe envisageait une tournée d’adieu mais que personne n’était encore vraiment prêt pour cette rupture. 


Ce serait donc le clap de fin après quarante ans de carrière et quinze albums studio pour Aerosmith ? L’animateur demande alors à Steven Tyler s’il est sûr de ce qu’il avance, ce à quoi il répond : "Je pense oui", ajoutant que la tournée d'adieux débutera en 2017. Combien de temps durera-t-elle ? "Probablement pour toujours", plaisante le rockeur habitué à souffler le chaud et le froid. Le dernier album d’Aerosmith, Music From Another Dimension, est sorti en 2012.



jeudi 23 juin 2016

Biographies / Elena Ferrante


Elena Ferrante

(1943)



Probablement née à Naples, ville présente dans ses deux romans, Elena Ferrante (un pseudonyme) vivrait selon certains en Grèce. Selon d'autres, elle serait retournée s'installer à Turin. 

L'auteur dont quasiment rien n'est connu avec certitude, refuse d'être un personnage public et ne s'est pas présentée à la remise des prix, à savoir le Prix Oplonti et le Prix Procida Elsa Morante, que son premier roman "L'Amour harcelant" (1992) avait obtenu. 


Elle n'accorde aucune interview, à l'exception de celle parue dans le journal "L'Unitá" en 2002. 


Son deuxième roman "I giorni dell' abbandono" ("Les jours de mon abandon") est sorti en 2002.


Ferrante a également publié "La Frantumaglia" (2003), un recueil de lettres à son éditeur, de textes et de réponses à ses lecteurs où l'auteure parle d'elle-même, de son travail et de son observation du monde. Elle tente de faire comprendre ses raisons de demeurer dans l'ombre, parle d'un désir d'auto-préservation de sa vie privée, d'un souci quelque peu névrotique d'inaccessibilité, de son souci de maintenir entre elle et son lectorat une certaine distance et de ne pas se prêter aux jeux des apparences où risquent de l'entraîner les contacts avec la presse. Elle est fermement convaincue que ses livres n'ont pas besoin d'une 4ème de couverture reproduisant sa photographie et entend qu'ils soient perçus comme des organismes auto-suffisants auxquels la présence de l'auteure ne pourrait rien ajouter de décisif.


"L'Amore Molesto" a été porté à l'écran en 1995 par Mario Martone, avec Anna Bonaiuto dans le rôle de Delia, la fille. 




Roberto Faenza a adapté "I Giorni dell' Abbandono" en 2005. 


En 2011 a été publié le premier volume du cycle "L'Amica geniale" ("L'amie prodigieuse") suivi en 2012 du second volume "Storia del nove cognome" ("Le nouveau nom", paru en français début 2016) . En 2013 paraît "Storia di chi fugge e di chi resta", suivi en 2014 du quatrième et dernier volume, "Storia della bambina perduta". Ces deux derniers volumes ne sont pas encore édités en français.


En 2015, Roberto Saviano propose la candidature de son roman "L’amica geniale" au prix Strega, ce que l’auteur accepte.

BABELIO



FICCIONES

DE OTROS MUNDOS




mardi 21 juin 2016

Elena Ferranter / Le nouveau nom


Elsa Ferrante

LE NOUVEAU NOM


Par Elsa Damien
07 janvier 2016



Naples, années soixante. Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l'a trahie en s'associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le quartier et qu'elle déteste depuis son plus jeune âge. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l'épicier, c'est le début d'une période trouble : elle méprise son époux, refuse qu'il la touche, mais est obligée de céder.


Elle travaille désormais dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat avec les Solara. De son côté, son amie Elena Greco, la narratrice, poursuit ses études au lycée et est éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu'elle connaît depuis l'enfance et qui fréquente à présent l'université. Quand l'été arrive, les deux amies partent pour Ischia avec la mère et la belle-soeur de Lila, car l'air de la mer doit l'aider à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano. 

La famille Sarratore est également en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino. Le nouveau nom est la suite de L'amie prodigieuse, qui évoque l'enfance et l'adolescence de Lila et Elena. Avec force et justesse, Elena Ferrante y poursuit sa reconstitution d'un monde, Naples et l'Italie, et d'une époque, des années cinquante à nos jours, donnant naissance à une saga romanesque au souffle unique.+



LA CRITIQUE DE LA RÉDACTION
Par François Dargent (le Figaro Littéraire)

Le livre évoque la force prodigieuse d'une amitié indéfectible, la solidité d'un lien qui jamais ne rompra quelles que soient les routes que l'on prenne, les rêves que l'on réalise et ceux que l'on abandonne. Lorsque les amies se retrouvent en vacances à Ischia, parenthèse enchantée, l'épouse et l'étudiante redeviennent ce qu'elles ont dû cesser d'être brutalement, des adolescentes pétries de vie et de désirs, un état que la grâce de l'écriture d'Elena Ferrante parvient à sublimer. Cette narration par l'intime fait la force d'un ouvrage qui explore l'univers féminin dans toute sa complexité, tour à tour tendre et féroce. Partant des deux femmes, la romancière élargit le champ pour dessiner le portrait d'un pays, l'Italie, en prêtant la même attention infinie aux multiples personnages secondaires qui peuplent et nourrissent ce grand roman italien.


L'AUTEUR

Ecrivain italienne

Probablement née à Naples, ville présente dans ses deux romans, Elena vivrait selon certains en Grèce. Selon d’autres, elle serait retournée s’installer à Turin. L’auteur dont quasiment...




mercredi 15 juin 2016

Jérôme Bosch Un ticket pour l’Enfer

Jérôme Bosch. Le Jardin des délices, 1500-1505.
Triptyque, huile sur panneau, 220 × 389 cm. Museo Nacional del Prado, Madrid
Détail du panneau droit du Jardin des Délices

Jérôme Bosch

Un ticket pour l’Enfer

Par Leïla Vasseur-Lamine
3 JUIN 2016

À l’occasion de l’anniversaire des 500 ans de la mort de Jérôme van Aken dit Bosch ou El Bosco, le musée national du Prado de Madrid organise la plus grande rétrospective consacrée à son œuvre.
Bien que certaines créations de l’artiste restent hermétiques du point de vue du sens, les ouvrages conservés sont encore très populaires aujourd’hui. Voici donc un bon prétexte pour revenir brièvement sur sa vie, et plus longuement sur les particularités de son travail ; en vous donnant quelques clefs utiles à la compréhension générale du traitement des thèmes abordés tout au long de ses travaux.

Une vie prospère et dévote

Né à Hertogenbosh ou Bois-le-Duc, dans les Pays-Bas bourguignons vers 1450-1455, il est le juste héritier du talent de son père, l’artiste peintre Anthonius van Aken (1420-1478). Il reçoit d’ailleurs sa formation au sein de l’atelier paternel aux côtés de son frère aîné. En 1478, il épouse Aleyt Goyarts Van den Meervenne, une riche aristocrate qui l’introduit dans sa sphère et lui permet de vivre pour son art sans autres préoccupations d’ordre pécuniaire. Ensemble ils entrent dans la confrérie Notre-Dame de Bois-le-Duc, dédiée au culte de la Vierge Marie, et Bosch en devient dès lors le peintre attitré.
Les peintures de Bosch furent fort appréciées de son temps ; en effet, l’année 1504, Philippe Ier le Beau lui commande un grand Jugement Dernier et Marguerite d’Autriche lui achète une Tentation de saint Antoine. Par la suite Philippe II d’Espagne, très friand de ses « diableries », achète plusieurs de ses grands tableaux.

De la déchéance de l’Humanité

Au XVe siècle, dans le Nord de l’Europe, le sentiment général est à la peur et à la volonté de rédemption en vue de la croyance commune de l’arrivée imminente de la fin du monde. Le pape Innocent VIII (1484) écrit une bulle pontificale Summis desiderantes affectibus qui prêche la lutte contre les pratiques païennes ; magie ou sorcellerie. Dans la même optique, l’Inquisition s’attaque aux sorcières et aux alchimistes. Enfin, le traité en vogue à l’époque s’intitule Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières) d’Henricis Institoris et Jacobi Sprengeri, et décrit les pratiques de sorcelleries et les moyens de reconnaitre les sorcières et de les torturer. Le climat est donc propice à toutes les superstitions, extrapolations et autres visions apocalyptiques.
C’est dans cette veine que s’illustre le talent de Bosch. Ses tableaux, impressionnants de maîtrise ; que ce soit les couleurs, la composition ou la minutie, mêlent héritage médiéval et souffle nouveau qui annonce la Renaissance. Rien n’est traité par hasard. Son imagination débordante sert consciencieusement sa foi chrétienne, et l’intention, tantôt traduite par la satire des mœurs profanes de son temps, tantôt exprimée à travers des thèmes strictement religieux, est essentiellement moraliste. De connivence avec la Bible, Jérôme Bosch utilise les symboliques d’usage à son époque ; chrétienne, populaire et alchimiste, pour faire parler ses toiles et mettre en garde le spectateur contre les dérives comportementales relevant du péché, qui mènent tout droit à l’Enfer. Il compose des triptyques absolument délicieux de bizarreries abominables et de supplices en tous genres, tels que les fameux Jardins des délices, Le Jugement dernier ou encore La Tentation de saint Antoine et Le Chariot de foin, ainsi que des peintures qui se moquent de la bêtise humaine comme Le Concert dans l’œuf ou L’Escamoteur.
Ces symboliques en vigueur dans les différents tableaux, nous ouvrent la voie sur des fantasmagories de l’inconscient, comme si les cauchemars du peintre nous étaient représentés.
Afin de pouvoir décrypter davantage les toiles du maître, il est important d’avoir en tête quelques codes picturaux. Commençons avec le bestiaire évoqué par Bosch : dans la symbolique religieuse, le rat représente la fausseté ; le hibou, déchu de son ancienne incarnation de la sagesse, est associé à Satan et signifie aussi l’hérésie : l’un d’eux figure dans le tableau Le Concert dans l’œuf, et se tient sur le sommet du crâne du personnage qui fait office de chef d’orchestre. La grenouille, comme celle qui sort de la bouche de l’homme médusé par le tour de magie, dans le tableau L’Escamoteur, est un symbole de crédulité. Le crapaud quant à lui est un suppôt du diable ; le singe représente le mensonge ; le porc (et parfois seulement le pied de porc) est associé au Malin ; le serpent est l’incarnation du diable ; le poisson mort sans écailles comme celui représenté dans le tableau La Nef des fous est synonyme de péché ; l’ours incarne la luxure. En revanche le poisson avec écailles représente Jésus Christ.
Dans le folklore populaire, le cygne est symbole d’hypocrisie ou signifie l’oubli de la parole divine, la cigogne peut aussi avoir un aspect négatif et induire l’idée de naissance malheureuse, d’handicap ; elle trône par exemple sur la tête du flûtiste dans Le Concert dans l’œuf comme pour indiquer la « nature » des personnages.
L’œuvre de Bosch regorge aussi de créatures hybrides et monstrueuses comme les grylles : figures grotesques ou terrifiantes souvent représentées sous l’apparence d’une tête avec des pieds ou mi-humaine mi-animale, ainsi que des sirènes associées au péché et des sortes de centaures.
Quant aux symboles-objets ils sont nombreux. Certains ont un caractère sexuel comme le couteau et la flèche qui sont des symboles phalliques ; la corne qui est le pendant du sexe masculin ou du sexe féminin si renversée ; l’échelle qui suggère la copulation ; les cerises, symboles de volupté ou de sensualité et présentent notamment dans la Nef des fous, et qui peuvent exprimer le désir répréhensible. D’autres objets sont associés à la folie ou la bêtise ; l’œuf percé est symbole de naissance monstrueuse ou malheureuse, à l’image de celui dans lequel est installée la compagnie musicale de fiers imbéciles qui entonne un chant grivois, dirigée par un moine qui se fait subtiliser sa bourse, de même, l’entonnoir renversé symbolise la folie et figure dans plusieurs toiles de l’artiste.
Enfin dans le tableau Le Chariot de foin, le chariot, figure centrale de l’œuvre induit plusieurs sens. Au départ le chariot est une métaphore populaire du chemin parcouru par l’homme durant sa vie, mais, en le représentant rempli de foin il prend un autre sens ; le foin est associé aux bien terrestres : il y en a en abondance mais le fait que ce soit du foin rend ces biens sans valeur. Ainsi le chariot de foin représente la tentation, l’avarice, l’outrance, les biens matériaux superflus que les hommes amassent à l’encontre de la dépossession et de la retenue prônées par la figure du Christ.
« El Bosco, L’exposition du Ve centenaire », du 31 mai 2016 au 11 septembre 2016, au Musée du Prado de Madrid.
Texte par Leïla Vasseur-Lamine