lundi 28 janvier 2019

Joyce Mansour / Une étrange demoiselle




Joyce Mansour
Une étrange demoiselle 


En 1956, Joyce Mansour (1928-1986) quitte définitivement l’Égypte pour la France. À Paris, elle retrouve les surréalistes. Avec André Breton elle parcourt les puces et les galeries en quête d’objets insolites. Elle participe activement au mouvement tel qu’il se réinvente alors, apportant d’abondantes contributions aux expositions, revues et autres jeux quotidiens du groupe. Son œuvre à la fois ludique et violente, ses « histoires nocives » et ses « contes pour hommes faits », font d’elle le dernier grand poète surréaliste du XXe siècle.

Quelques clichés nous montrent cette femme élégante, d’une beauté troublante, fumant le cigare au milieu de ses splendides collections de tableaux ou d’objets océaniens. Son salon fut à Paris, comme ceux de Marie-Laure de Noailles et de Lise Deharme, un lieu de rencontre mondain pour les artistes de passage mais aussi pour la haute société parisienne. Banquiers et industriels y croisaient ses amis : Henri Michaux, André Pieyre de Mandiargues, Pierre Alechinsky.

Abondamment illustrée, s’appuyant sur les archives laissées par Joyce Mansour (correspondances et inédits) et sur les publications surréalistes, cette biographie révèle l’étonnante personnalité de l’« étrange demoiselle ». Marie-Laure Missir suit avec passion cet itinéraire insolite tout en proposant une histoire inédite du surréalisme d’après-guerre.




jeudi 24 janvier 2019

Amants célèbres / Gustave Flaubert et Louise Colet






Amants célèbres
Gustave Flaubert et Louise Colet

En Août 1846, à Paris, il rencontre Louise Collet, une poétesse déjà connue, qui deviendra sa maîtresse et sa muse. Leur liaison orageuse dure jusqu'en 1848. Puis elle reprendra de 1851 à 1854. Malheureusement je n'ai pas trouvé beaucoup de détails sur le net de cette liaison. Mais ce n'est pas grave, je citerais tout de même quelques extraits des nombreuses correspondances qui ont eu lieu entre les deux... et qui en disent long sur leur amour !

Jeudi soir, 11 heures. 6 Août 1846. 
Ta lettre de ce matin est triste, et d'une douleur résignée. Tu m'offres de m'oublier si cela me plaît. Tu es sublime. Je te savais bonne, excellente, mais je ne te savais pas si grande. Je te le répète : tu m'humilies, par la comparaison que je fais de toi à moi. Sais-tu que tu me dis des choses dures ? et ce qu'il y a de pire, c'est que c'est moi qui les ai provoquées. Tu me rends donc la pareille ; c'est une représaille. Ce que je veux de toi ? Je n'en sais rien. Mais, ce que je veux moi, c'est t'aimer, t'aimer mille fois plus."

Samedi 8 Août 1846
"Oui je te désire et je pense à toi. Je t'aime plus que je ne t'aimais à Paris. Je ne puis plus rien faire ; toujours je te revois dans l'atelier, debout près de ton buste, les papillottes remuantes sur tes épaules blanches, ta robe bleue, ton bras, ton visage, que sais-je ? tout. Tiens ! maintenant la force me circule dans le sang. Il me semble que tu es là ; je suis en feu, mes nerfs vibrent... tu sais comment... tu sais quelle chaleur ont mes baisers. "

Nuit de samedi au dimanche, minuit. 8-9 AOût 1846. 
"Le ciel est pur ; la lune brille. J'entends des marins chanter qui lèvent l'ancre pour partir avec le flot qui va venir. Pas de nuages, pas de vent. La rivière est blanche sous la lune, noire dans l'ombre. Les papillons se jouent autour de mes bougies, et l'odeur de la nuit m'arrive par mes fenêtres ouvertes. Et toi, dors-tu ? Es-tu à ta fenêtre ? Penses-tu à celui qui pense à toi ? Rêves-tu ? Quelle est la couleur de ton songe ? Il y a huit jours que s'est passée notre belle promenade au bois de Boulogne. Quel abîme depuis ce jour-là !"

Mardi dans l'après-midi. 11 Août 1846. 
"Tu donnerais de l'amour à un mort. Comment veux-tu que je ne t'aime pas ? Tu as un pouvoir d'attraction à faire dresser les pierres à ta voix. Tes lettres me remuent jusqu'aux entrailles. N'aie donc pas peur que je t'oublie ! Tu sais bien qu'on ne quitte pas les natures comme la tienne, ces natures émues, émouvantes, profondes."





lundi 21 janvier 2019

Jeane Manson / Avant De Nous Dire Adieu

https://www.youtube.com/watch?v=vpwT9JxNrIU

Jeane Manson 

Avant De Nous Dire Adieu


Avant De Nous Dire Adieu Faisons l'amour avant de nous dire adieu Avant de nous dire adieu Faisons l'amour puisque c'est fini nous deux Puisque c'est fini nous deux Faisons l'amour comme si c'était la première fois Encore une fois toi et moi puisque l'amour s'en va Faisons l'amour avant de nous dire adieu Avant de nous dire adieu Faisons l'amour puisque c'est fini nous deux Puisque c'est fini nous deux Faisons l'amour comme si c'était la première fois Encore une fois toi et moi puisque l'amour s'en va Je peux tout te pardonner Et faire semblant d'oublier Je veux bien fermer les yeux Et faire tout ce que tu veux Je veux bien te partager Et ne veux te supplier Mais reste encore Je me ferai si petite Que tu ne me verras pas Et je me ferai si tendre Que demain tu m'aimeras Je serai toute d'amour Et je serai toute à toi Mais reste encore Faisons l'amour avant de nous dire adieu Faisons l'amour puisque c'est fini nous deux Faisons l'amour comme si c'était la première fois Encore une fois toi et moi puisque l'amour s'en va Faisons l'amour avant de nous dire adieu Avant de nous dire adieu Faisons l'amour puisque c'est fini nous deux Puisque c'est fini nous deux Faisons l'amour comme si c'était la première fois Encore une fois toi et moi puisque l'amour s'en va


https://www.youtube.com/watch?v=kSBU-L-OQWc


FICCIONES

DE OTROS MUNDOS
LAS CANCIONES MÁS BELLAS DEL MUNDO

RIMBAUD



samedi 19 janvier 2019

Joe Dassin / A toi


https://www.youtube.com/watch?v=xwiPiQFqD-U


Joe Dassin

A toi
Par Pierre Delanoë, Claude Lemesle, Joe Dassin et Jean Baudlot
A la façon que tu as d'être belle A la façon que tu as d'être à moi A tes mots tendres un peu artificiels Quelquefois A toi A la petite fille que tu étais A celle que tu es encore souvent A ton passé, à tes secrets A tes anciens princes charmants A la vie, à l'amour A nos nuitées, à nos jours A l'éternel retour de la chance A l'enfant qui viendra Qui nous ressemblera Qui sera à la fois toi et moi A moi A la folie dont tu es la raison A mes colères sans savoir pourquoi A mes silences et à mes trahisons Quelquefois A moi Au temps que j'ai passé à te chercher Aux qualités dont tu te moques bien Aux défauts que je t'ai caché A mes idées de baladin A la vie, à l'amour A nos nuitées, à nos jours A l'éternel retour de la chance A l'enfant qui viendra Qui nous ressemblera Qui sera à la fois toi et moi A nous Aux souvenirs que nous allons nous faire A l'avenir et au présent surtout A la santé de cette vieille terre Qui s'en fout A nous A nos espoirs et à nos illusions A notre prochain premier rendez-vous A la santé de ces milliers d'amoureux Qui sont comme nous A la vie, à l'amour A nos nuitées, à nos jours A l'éternel retour de la chance A l'enfant qui viendra Qui nous ressemblera Qui sera à la fois toi et moi



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RIMBAUD


jeudi 17 janvier 2019

Joe Dassin / Salut


https://www.youtube.com/watch?v=xkXq1wAltxA

Joe Dassin
SALUT

Salut, c'est encore moi / Hi, it's me again Salut, comment tu vas? / Hi, how are you? Le temps m'a paru très long / The time seemed too long Loin de la maison j'ai pensé à toi / Far from home I've thought of you J'ai un peu trop navigué / I have traveled far Et je me sens fatigué / And I'm tired Fais-moi un bon café / Make me a good coffee J'ai une histoire à te raconter / I have a story to tell you Il était une fois quelqu'un / Once upon a time someone Quelqu'un que tu connais bien / Someone that you know well Il est parti très loin / He left very far Il s'est perdu, il est revenu / He is lost, he has returned Salut, c'est encore moi / Hi, it's me again Salut, comment tu vas? / Hi, how are you? Le temps m'a paru très long / The time seemed too long Loin de la maison j'ai pensé à toi / Far from home I've thought of you Tu sais, j'ai beaucoup changé / You now, I've changed a lot Je m'étais fait des idées / I've made ideas Sur toi, sur moi, sur nous / For you, for me, for us Des idées folles, mais j'étais fou / Foolish ideas, but I was mad Tu n'as plus rien à me dire / You have nothing more to say to me Je ne suis qu'un souvenir / I'm just a memory Peut-être pas trop mauvais / Maybe one that's not too bad Jamais plus je ne te dirai / Never more will I say to you Salut, c'est encore moi / Hi, it's me again Salut, comment tu vas? / Hi, how are you? Le temps m'a paru très long / The time seemed too long Loin de la maison j'ai pensé à toi / Far from home I've thought of you



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RIMBAUD



lundi 14 janvier 2019

Amants célèbres / Gala, Paul Eluard et Dali



Dali et Gala


Amants célèbres
Gala, Eluard et Dali

Quand Paul Eluard fait la connaissance d’Helena Diakonova, dite GALA en 1913 à Clavadel, Helena a 19 ans. Elle vient de Russie (elle est née sur la Volga ) mais parle français et allemand couramment. Ses parents étant séparés, sa mère rencontre un grand avocat qui devient le véritable père d'Helena, lui permettant d'évoluer dans un milieu social favorisé. 


Assez jeune, elle fait preuve d'un certain don pour les études et elle apprend le latin et le grec. Lorsqu'elle rencontre le jeune poète, elle lui sert d'initiatrice en lui enseignant aussi bien la mythologie que l'histoire de son pays. Elle aime beaucoup la littérature russe (Tolstoï, Gorki, Dostoïevski...) et les fait aimer également au jeune homme. 

Dali et Gala




Le rôle de Gala semble donc être pour beaucoup dans l'orientation que prend la vie de Paul Eluard. Inspiré par elle, il écrit de nombreux vers. La guerre les sépare, mais ils finissent par se retrouver pour se marier en 1916, avoir ensemble un enfant et connaître le long désenchantement de la fin d'une passion. En effet, Gala n'est pas fidèle : elle a beaucoup d'aventures et Paul le sait. Il reste toutefois patient, amoureux, conciliant.



C’est lors de son deuxième voyage à Paris en 1929, à l’occasion du tournage du film de Buñuel Un chien andalou, auquel Dali participa vivement au scénario, que Miro l’introduisit dans le groupe surréaliste. Il rencontra pour la première fois la jeune russe Helena Diakonova, Gala , qui est alors la femme de son ami Paul Eluard. Dali invita le couple Eluard à Cadaqués dès l’été dans son refuge de Portlligat. Pendant ce court séjour, Gala et Dalí s'éprennent l'un de l'autre et Gala prend une décision ferme: "Nous ne nous séparerons plus". ("Ya no nos separaremos nunca más".)



Le 8 août 1958 Dali et Gala se marient à la Chapelle des anges en Espagne Dès lors, Gala ne se séparera plus de Dali. Gala devient alors le modèle, la muse et la compagne inséparable d'un des plus célèbres artistes du XXème siècle, qu'elle suivra dans toutes ses errances, en Europe et aux États-Unis.



En 1981, Dali et Gala se remettaient lentement d’une maladie contractée pendant l’hiver à New York. De plus, Dali était terrifié par la mort. Sentimentalement, il était aussi de plus en plus isolé, et ses relations avec Gala se détérioraient sans cesse. Elle restait cependant le centre de l’univers émotionnel du peintre le 10 juin 1982, Gala mourut à Pubol. Dali en fut très affecté.






mercredi 9 janvier 2019

Amants célèbres / Picasso et Dora Maar

Picasso et Dora Maar
1937
Amants célèbres
Picasso et Dora Maar


Dora Maar fut surtout réputée comme photographe et se fit connaître au monde par ses clichés des stades successifs du chef d’œuvre «Guernica» que Picasso peignit dans son atelier de la rue des Grands Augustins. Elle fut aussi peintre après avoir suivi ses conseils mais ce sont surtout les innombrables portraits photographiques de Picasso qui firent sa célébrité.
Picasso la rencontra en janvier 1936 à la terrasse du café les Deux-Magots. Subjugué par ses yeux noirs et ses cheveux de jais, il obtint du poète Eluard de faire les présentations. 

Dora Maar, née d’un père yougoslave et d’une mère originaire de Touraine, avait été élevée en Argentine. Elle lui répondit en espagnol ce qui eut le don de fasciner Picasso encore plus.

Leur liaison se concrétisa quelques semaines plus tard et sa durée (près de neuf ans) coïncida avec la sombre période allant de la guerre d’Espagne à la Guerre Mondiale.

Dora Maar devint donc la rivale de la blonde Marie-Thérèse Walter qui avait donné une fille prénommée Maya à Picasso. Contrairement aux autres femmes qu’il avait connues, elle était une artiste dotée d’une certaine indépendance d’esprit.

A 55 ans, Picasso fut charmé par cette belle brune et produisit durant leur relation de nombreux croquis, aquarelles et toiles qui témoignent aujourd’hui des instants de bonheur qu’il connut avec elle. Dora Maar les garda jalousement jusqu’à sa mort en 1997 et ce, malgré une existence difficile. A ses yeux, ces témoignages ineffaçables eurent le don de lui faire conserver un souvenir vivace et fervent de cette longue aventure extraordinaire qui fit d’elle une femme célèbre.

Elle dut toutefois se plier aux caprices de Picasso qui n’avait pas abandonné Marie-Thérèse Walter. Il alla ainsi de l’une à l’autre, au gré de ses humeurs et des événements. Elle fut la «Femme qui Pleure», une toile peinte après «Guernica», le tableau - symbole de la souffrance du peuple espagnol et aussi la femme qui partagea la vie douloureuse de Picasso durant la période trouble des années 1936-1944. Dans Paris, encore occupé par les Allemands, il lui laissa en guise d’adieu en avril 1944 un dessin de 1915 représentant Max Jacob.

Durant cette longue liaison, Picasso lui offrit de nombreux dessins, des livres, des bijoux qu’il conçut, des tableaux, des aquarelles et des papiers découpés, déchirés ou brûlés avec des cigarettes. Maintenant, on peut se demander quel fut le rôle exact de Dora Maar auprès du peintre, elle qui après leur séparation ne leva pratiquement pas le voile sur leurs relations.

On peut aisément imaginer qu’elle lui fut soumise tout en étouffant avec difficulté tout esprit de rebellion, qu’elle se laissa basculer dans une sorte de masochisme pour assouvir les désirs du maître qui se satisfaisait d’être son dieu. Mais au fond d’elle-même, elle sut probablement qu’elle se sacrifiait au nom de la gloire, profitant d’un côté de l’avantage d’être la muse de l’artiste et de l’autre perdant ses illusions quant à la possibilité de le retenir à jamais auprès d’elle. Cette attitude ne pouvait que provoquer des étincelles qui finirent par court-circuiter cette longue liaison. Elle ne manqua pas d’être foudroyée, même en parvenant à conserver sa dignité, tandis que Picasso, imperturbable, poursuivit sa route sans se préoccuper du sort de celles qui avaient auparavant partagé sa vie. 

Au final, elle n’avait été pour ce dernier qu’un jalon et au mieux une complice momentanée qui lui offrit l’occasion de produire de nouveaux chefs d’œuvre et notamment de la peindre livrée au minotaure, telle une femelle résignée se laissant séduire par la bête, le regard fixement posé vers le ciel, victime expiatoire d’un monstre à l’appètit démesuré qui n’était autre que l’ogre Picasso.

Il la dévora comme il l’avait fait d’Olga, Marie-Thérèse et tant d’autres et elle s’immola en échange d’un morceau de célébrité. A travers sa soumission, la photographe de talent qu’elle fut n’hésita pas à passer du rôle de voyeuse à celui de la pellicule qui fixe des instants de bonheur et de désespoir ainsi qu’à celui de révélateur qui sert à les dévoiler.

Elle accepta vraisemblablement son sort avec regret et nul ne sait comment elle se comporta dans ses ébats amoureux avec Picasso. Fut-elle femme-objet, femme fatale, femme-femme ou, lucide, joua-t-elle simplement la comédie ? Elle fut certainement son carburant durant toutes ces années et on ne s’étonnera pas de penser alors qu’il la consuma car il ne pouvait en être autrement. 

De toute manière, aucune femme n’aurait pu changer cet homme de 60 ans engoncé dans ses habitudes, cimenté par son égoïsme forcené et atteint d’ une vanité démesurée nourrie par les flatteries de tant d’admirateurs. Disparue près d’un quart de siècle après celui auquel elle se soumit, elle emporta ses secrets dans la tombe.

Il reste ces souvenirs extraordinaires et ces photos d’elle et de lui finalement si poignantes et si trompeuses car on les croit bizarrement unis pour l’éternité. 

Adrian Darmon




lundi 7 janvier 2019

Jean de la Fontaine / La montagne qui accouche

Jean de la Fontaine


Jean de la Fontaine
La montagne qui accouche


Une Montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute,
Que chacun au bruit accourant
Crut qu'elle accoucherait, sans faute,
D'une Cité plus grosse que Paris :
Elle accoucha d'une Souris.

Quand je songe à cette Fable
Dont le récit est menteur
Et le sens est véritable,
Je me figure un Auteur
Qui dit : Je chanterai la guerre
Que firent les Titans au Maître du tonnerre.
C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ?
Du vent.



vendredi 4 janvier 2019

Amants célèbres / Neruda et Matilde Urrutia

Matilde Urrutia et Pablo Neruda

Amants célèbres
Pablo Neruda et Matilde Urrutia

Au Mexique, Pablo Neruda noue en 1949 une liaison secrète avec la soprano Matilde Urrutia qu'il a déjà rencontrée trois ans plus tôt et qui deviendra la dernière élue de son cœur, après sa rupture en 1955 d'avec Delia Del Carril, peintre argentine. Elle lui inspire pour des poèmes d'amour d'une fulgurante beauté Cien sonetos de amor(La Centaine d'Amour).

Qu’est-ce qui peut être meilleure preuve d’amour que d’être poète et d’écrire une centaine de sonnets à sa bien-aimée ? Pablo Neruda aime Mathilde Urrutia, cette fille du sud du Chili, celle avec qui il se mariera et pour qui il écrira cette Centaine de sonnets en 1959. Il lui écrit en octobre 1959 « Ma dame très aimée, grand fut ma souffrance à t’écrire ces sonnets mal nommés, qui m’ont coûté grand’peine et grand’douleur, mais la joie de te les offrir est plus ample qu’une prairie. Voilà donc mes raisons d’amour et cette centaine est à toi : sonnets de bois qui ne sont là que de cette vie qu’ils te doivent ».
Mathilde est tour à tour fleur « violette », « rose de sel », « œillet », puis châtaigne, pain, vie, amour, géographie « ma petite planète, géographie, colombe », mer, lune, bois… C’est sa beauté qu’il chante. Puis ils s’installent, c’est la vie et les saisons qui passent. Neruda éloge la ménagère, le rire qui inonde la maison. Il l’appelle dans ses moments d’absence « Mathilde, où donc es-tu ? La lumière de ton énergie m’a manqué ». page 145. Puis c’est la nuit, les rêves, le sommeil, mais aussi la peur d’un nouveau monde, de nouveaux jours, de la mort.
Des sonnets très profonds, des sonnets sonnant l’amour, l’amour d’un poète immortalisé


En 1992, les restes de Neruda et de Matilde sont transférés à Isla Negra. Là, ils sont enterrés face au Pacifique tant aimé, sur le site de leur demeure, non loin d'une petite embarcation qui, tel un bateau ivre, est posée sur la terre ferme. Une embarcation qui leur servait de bar à ciel ouvert et qui dit comme le poète a bien vécu.

Matilde Urrutia et Pablo Neruda

Extrait d’un sonnet 
(Poème 10)


Suave es la bella como si música y madera,
ágata, telas, trigo, duraznos transparentes,
hubieran erigido la fugitiva estatua.
Hacia la ola dirige su contraria frescura.

Douce est la belle, comme si musique et bois,
agate, toile, blé, et pêchers transparents,
avaient érigé sa fugitive statue.
À la fraîcheur du flot elle oppose la sienne.

El mar moja bruñidos pies copiados
a la forma recién trabajada en la arena
y es ahora su fuego femenino de rosa
una sola burbuja que el sol y el mar combaten.

La mer baigne des pieds lisses, luisants, moulés
sur la forme récente imprimée dans le sable;
maintenant sa féminine flamme de rose
n'est que bulle abattue de soleil et de mer.

Ay, que nada te toque sino la sal del frío!
Que ni el amor destruya la primavera intacta.
Hermosa, reverbero de la indeleble espuma,

Ah que rien ne te touche hormis le sel du froid!
Que pas même l'amour n'altère le printemps.
Belle, réverbérant l'écume indélébile,

deja que tus caderas impongan en el agua
una medida nueva de cisne o de nenufár
y navegue tu estatua por el cristal eterno.

laisse, laisse ta hanche imposer à cette eau
la neuve dimension du nénuphar, du cygne
et vogue ta statue sur l'éternel cristal.

Matilde Urrutia et Pablo Neruda

Et voici l’un des derniers poèmes de Pablo Neruda, écrit à l'hôpital

Mathilde, les ans ou les jours
endormis, fiévreux
ici ou là,
cloué
la moelle cassée
éveillé peut-être
ou perdu, endormi:
chambres d’hôpital, fenêtres étrangères
blouses blanches et discrètes
l'engourdissement dans les pieds.

Puis ces voyages
et ma mer à nouveau
ta tête à mon chevet,
tes mains volantes
dans la lumière, dans ma lumière
sur ma terre.

Ce fut tellement beau de vivre
quand tu vivais

Le monde est plus bleu, plus terrestre
la nuit, quand je dors
énorme, dans le creux de tes mains.