vendredi 26 mars 2021

John Steinbeck / Le harnais

 



John Steinbeck


LE HARNAIS

Nouvelle

"Le harnais" ("The Harness") est une nouvelle de l'écrivain John Steinbeck publiée en 1938. Faut-il présenter John Steinbeck, écrivain américain talentueux ? "Des souris et des hommes", "A l'est d' Eden", "Les raisins de la colère" ou encore "Le poney rouge"...

John Steinbeck aimait dire qu'il était comme Pigasus (un cochon volant...): Attaché à la terre mais aspirant à voler...

Il a dépeint comme nul autre la Grande Dépression, la Californie et la classe ouvrière.

 

Peter Randall était un des fermiers les plus hautement respecté du Comté de Monterey. Une fois, au moment où il allait prononcer un petit discours à une assemblée maçonnique, le frère qui le présentait le cita comme exemple à imiter pour les jeunes francs-maçons de Californie.


RADIO PRIMITIVE

Sally Rooney / « Normal People » / Orgueil et Préjugés de classe XLISTO 2021

 



LES MEILLEURS 

LIVRES DE 2021

« Normal People » – Orgueil et Préjugés de classe

Anaïs Dinarque
26 MARS 2021

Après le jubilatoire Conversations entre amis (2019) les éditions de l’Olivier publient (enfin) le deuxième roman de l’Irlandaise Sally Rooney. Un livre qui mêle histoire d’amour et histoire de classes sociales.

Sally Rooney figure certainement parmi les nouvelles plumes les plus rafraichissantes de ces dernières années. Tout semble sourire à la jeune Irlandaise de trente ans. Adapté en série, son deuxième roman Normal People est traduit dans de nombreuses langues et cumule le million d’exemplaires vendus. Son premier roman, Conversations entre amis


 est lui aussi en court d’adaptation avec au casting Alison Olivier, Sasha Lane (American Honey) et Jemima Kirke (Girls).

Marianne et Connell vont tou.s.tes les deux au même lycée d’une petite ville irlandaise. Elle est riche et très solitaire, il est d’origine modeste et très populaire. Iels se connaissent parce que la mère de Connell fait des ménages pour la famille de Marianne. Au lycée, chacun.e prétend ne pas connaître l’autre même lorsque tou.s.tes deux commencent à se fréquenter. Après le lycée, la balance s’inverse : il ne s’intègre pas à Trinity College, elle s’y sent comme chez elle. D’année en année leurs rapports évoluent et se transforment entre attraction et répulsion.

«  Je pense que le mieux que je puisse faire c’est d’observer comment la classe, entendue au sens large de structure sociale, a un impact sur nos vies personnelles et intimes. C’est à dire comment on porte en nous les réalités matérielles et économiques dans nos relations interpersonnelles.

 

 »

Sally Rooney, pour Lousiana Channel, le 26 février 2019

 

Sally Rooney

Avide jeunesse à tout asservie

Fidèle au ton de son précèdent livre, la jeune autrice explore à nouveau dans Normal People le thème des relations chaotiques et passionnelles. Dans Conversations entre amis, elle décortiquait les espoirs et les déboires d’un couple à quatre. Ici, le couple se fait duo mais la relation est tout aussi compliquée. Chacun.e blesse l’autre avec son orgueil tout en cherchant sa voie. Sally Rooney nous donne à lire le portrait d’une jeunesse en quête de sens qui n’est pas sans rappeler celle qui se questionne dans les films de Greta Gerwig et Noah Baumbach.

L’histoire coche à priori toutes les cases du stéréotype de la romance : l’intello impopulaire et le sportif viril se rencontrent et tombent (étonnamment) amoureu.x.se. Mais Sally Rooney le sait et joue avec ces codes en ajoutant la dimension des classes sociales. Chez Rooney, les personnages aiment en ayant conscience de la lutte des classes. Déjà dans la nouvelle Mr Salary (2019), Sukie analysait sa relation à Nathan par le prisme de son appartement et de sa dépendance affective et financière avec lui. Dans Normal People, l’autrice adopte principalement le point de vue de Connell, qui est mal à l’aise. Mal à l’aise parce qu’en faisant des études il a le sentiment de trahir sa classe et mal à l’aise parce qu’il se compare à Marianne issue d’un milieu plus élevé (mais aussi plus pervers).

« – Je veux dire, le temps, c’est réel.

– L’argent aussi, c’est réel.

– Mais le temps l’est davantage. Le temps c’est de la physique, l’argent n’est qu’une construction sociale. »

Sally Rooney, Normal People

Un style laconique qui fait mouche

La phrase de Sally Rooney est sèche, grinçante et efficace. L’écrivaine a passé de nombreux années à écumer les concours d’éloquences dans le monde entier. De cette expérience fondatrice, l’autrice a gardé une langue mesurée au cordeau et très bien rythmée. Elle en a également fait le sujet de l’un de ses premiers textes Even if You Beat Me (2015). Ce style à la fois drôle et intelligent – que l’adjectif anglais « witty » caractérise parfaitement – permet aux lecteur.ice.s d’avoir de l’empathie et une distance ironique vis-à-vis les personnages.

Celle que la presse surnomme « la Jane Austen du précariat » ou « l a J.D. Salinger de la générations Snapchat » est assurément l’une des nouvelles voix littéraire à suivre. Ses livres affutent nos sens critiques avec humour. Un troisième roman est en route intitulé Beautiful World Where Are You, prévu en septembre prochain. Il devrait mettre en scène quatre ami.e.s vivant à Dublin, Alice, Felix, Eileen et Simon.

Sally Rooney, Normal People, 2021, Éditions de L’Olivier, 320 p., 22 €

MAZE

vendredi 19 mars 2021

Arnaud-Dominique Houte / Le vol, toute une histoire




Le vol, toute une histoire

Arnaud-Dominique Houte livre une enquête fouillée sur un délit dont la perception, en France, a radicalement changé aux XIXe-XXe siècles


Christine Matthey
Publié samedi 27 février 2021 à 11:34

Après s’être intéressé aux gendarmes et à la police, l’historien Arnaud-Dominique Houte change de perspective. Il consacre son nouvel ouvrage à l’évolution de la propriété et à son corollaire, la définition changeante du vol. Face au «durcissement de l’ordre propriétaire» auquel on assiste aux XIXe et XXe siècles, le regard de la société sur le vol va changer fondamentalement. Ce sera notamment la fin de toutes sortes d’usages coutumiers: glaner, grappiller, ramasser, chaparder, autant de pratiques tolérées qui appartiendront bientôt définitivement au passé.

Pour aborder l’histoire du vol, il faut d’abord planter le décor. Cette riche enquête – forcément éclectique – plonge dans les deux derniers siècles pour comprendre le vol en tant que phénomène social, alors que la société de consommation vient modifier le vivre-ensemble. On assiste à la naissance d’une «civilisation de la propriété». Pour en prendre la mesure, l’historien se plonge dans les archives de la justice, de la police et de l’administration. Des statistiques, oui, mais le tableau ne serait pas complet sans les journaux, la littérature et, plus tard, le cinéma. «Le vol existe en tant qu’il se dit et se représente»: ce parti pris de se relier aux imaginaires sociaux, Arnaud-Dominique Houte n’est pas le seul historien à l’avoir adopté. Il cite à maintes reprises les travaux du regretté Dominique Kalifa, qui avait montré la voie en étudiant les représentations de la criminalité.

Chiffonniers «médaillés»

Au milieu du XIXe siècle, on estime à 10 000 les chiffonniers de Paris qui s’affairent chaque nuit dans les rues. Avant le ramassage des ordures, «ils remplissent leurs hottes de verre, de ferraille, d’os et de chiffons». La ville offre alors de riches opportunités de glanage, une pratique qui est encouragée: les chiffonniers facilitent évidemment l’évacuation des déchets. Mais leur situation se complique peu à peu, l’opinion s’inquiète après une série d’attaques nocturnes. Les chiffonniers devront alors s’enregistrer à la préfecture et porter une médaille nominative. Cette suspicion grandit, nous explique l’historien, parce qu’elle s’inscrit dans les représentations alors dominantes: on les imagine avoir partie liée avec les «bas-fonds de la délinquance».

Mais celui qui mettra fin à la pratique de la récupération et du recyclage s’appelle le préfet Poubelle: l’arrêté de 1883 impose d’enfermer les déchets dans des conteneurs clos. Dès lors, les chiffonniers, indignés, seront privés de leur gagne-pain. Ce qui était toléré devient condamnable, on comprend bien comment la propriété se voit alors redélimitée.

Parmi les ouvrages scolaires, les manuels de morale viendront au début du XXe siècle condamner «cette affreuse chose qu’on appelle le vol» et rappeler que «le voleur est le plus abject de tous les criminels». Dans la presse, la narration des faits divers vient redoubler le discours de la «morale propriétaire»: les journaux regorgent d’anecdotes dès le milieu du XIXe siècle qui ne valent que pour la leçon de morale qu’ils dégagent.

La fiction sur la sellette

Mais la presse est aussi accusée de banaliser, et même de populariser le fait criminel. Le même reproche sera fait aux feuilletons, Arsène Lupin et ses exploits seront ainsi évoqués devant un tribunal en 1914 par un jeune homme de 16 ans, détenu pour une série de vols. Du vieux poncif de la mauvaise influence des romans jusqu’au «cinéma qui monte à la tête», les plaidoiries vont désormais régulièrement incriminer les «mauvais exemples» comme circonstance atténuante.

Les progrès de la police scientifique vont inaugurer une nouvelle chasse aux voleurs, de Vidocq au commissaire Cornette qui innove dans la recherche des preuves au tournant du siècle grâce à la photographie. Qui dit voleur dit désormais gendarme, c’en est terminé des arrangements infrajudiciaires.

Il arrivait en effet qu’après un vol l’affaire soit réglée par le versement d’une somme (parfois à des bonnes œuvres). Ou que tout simplement on ne dénonce pas, par peur des représailles, ou simplement parce que la valeur du larcin est négligeable. Mais la perception va changer: le vol n’est plus une affaire privée qui concerne le délinquant et sa victime, c’est un phénomène social qui justifie une prise en charge publique. En parallèle, la présence policière se renforce et on incite à la dénonciation.

Les «emprunteurs d’auto»

Illustration parfaite des «recompositions de la sensibilité propriétaire», l’arrivée de l’automobile va voir émerger un nouveau type de délinquance. Les propriétaires d’automobile devront eux aussi apprendre à se protéger des voleurs. Dès 1911, l’Association générale des automobilistes met en garde dans sa revue, «la chose est possible, et elle est même plus fréquente qu’on ne le croit». Cette chose, c’est bien sûr le vol de la voiture. Et on s’interroge… l’automobile dérobée pourrait servir à commettre un crime (la bande à Bonnot sévit).

Plus amusant, la presse des années 1930 mentionne les «emprunteurs d’auto», des jeunes gens qui partent en randonnée jusqu’à épuisement complet de l’essence et abandonnent le véhicule. Ce qui fait que souvent il n’y a pas de plainte. Pour ce «vol d’usage», certains tribunaux ne retiennent que le vol d’essence.

Le voleur de bicyclette trouvera lui aussi de quoi faire dans l’après-guerre. La dernière partie du livre se termine dans les années 1970, période où la prévention sera privilégiée. Avec des slogans qui n’ont guère changé, et qui incitent à fermer sa porte, à être prudent… comme le résume un commissaire de police français en 1962: «A la question Que fait la police, je réponds et vous, qu’avez-vous fait pour éviter le vol?»

Histoire

Arnaud-Dominique Houte

Propriété défendue. La société française à l’épreuve du vol XIXe-XXe siècles
Gallimard, 400 pages

LE TEMPS



dimanche 14 mars 2021

« Le pays des autres » / Leïla Slimani et le goût amer du « citrange »

 

Leila Slimani


« Le pays des autres » : Leïla Slimani et le goût amer du « citrange »

Après son Goncourt de 2016 pour « Chanson douce », Leïla Slimani change d'horizon et d'ambition. Premier volet d'une trilogie, « Le pays des autres » est une fresque au souffle puissant dans le Maroc des années 1944-1956.


Coup de foudre en Alsace. En 1944, Mathilde, dix-neuf ans, une belle fille joyeuse et robuste, tombe amoureuse d'Amine, séduisant commandant marocain de l'armée française, plus âgé qu'elle. A dix-neuf ans, Mathilde a envie de vivre l'aventure, enfin. Après leur mariage éclair, c'est le grand départ pour le Maroc. Pour la jeune femme qui avait fantasmé une vie idyllique dans une « Afrique » de rêve, les déceptions s'accumulent. En attendant qu'Amine puisse récupérer la ferme de son père, Mathilde s'installe dans sa belle-famille à Meknès. Le choc est brutal, le mode de vie frugal et la religion pesante.

Puis une fois à la campagne, les terres se révèlent ingrates, les éléments capricieux. Toutes les expérimentations agricoles d'Amine virent au fiasco. L'argent file. Mathilde doit faire des miracles pour tenir la maison, habiller les enfants. Son mari se noie sous le travail, révèle la face dure, violente de son caractère. A l'école, leur petite Aïcha subit les humiliations des autres petites filles qui moquent ses cheveux frisés. Métis, elle est un peu comme le « citrange », cet oranger sur lequel son père a greffé une branche de citronnier. Il y a des bons côtés aussi dans cette vie souvent austère, et Mathilde, d'un tempérament tenace, s'en empare dès qu'elle le peut. La décolonisation, qui mènera à l'indépendance du Maroc, est en marche qui porte son cortège de violences. Entre les deux communautés, la tension monte. Mathilde et Amine se retrouvent pris entre deux feux.

S'inscrire dans l'Histoire

Après deux romans serrés et acérés situés dans le Paris contemporain, « Dans le jardin de l'ogre » en 2014 et « Chanson douce », Goncourt reçu en 2016 à l'âge de trente-cinq ans, Leïla Slimani a voulu se lancer un défi. Respirer le grand air. Sentir des odeurs nouvelles. Changer de pays. S'inscrire dans l'Histoire. Naviguer entre une foule de personnages. La romancière s'inspirera pour l'écrire de la vie de sa grand-mère et de son grand-père, des souvenirs d'enfance de sa mère aussi. « Le pays des autres » est une fresque attachante au goût âpre qui ne cède pas aux simplifications et multiplie les points de vue. Elle est portée par un style à la fois sobre et envoûtant et des personnages complexes qui rêvent d'une vie simple. Ce roman, sous-titré « La guerre, la guerre, la guerre », est le premier volet d'une trilogie. Le deuxième se passera sous Hassan II, pendant les « années de plomb » 1970-1980, avec Aïcha comme personnage central ; le troisième, entre 2005 et 2015, avec les enfants d'Aïcha et de son plus jeune frère Selim. On a hâte de faire leur connaissance.

Le pays des autres

de Leïla SlimaniGallimard, 366 pages, 20 euros. Sortie le 5 mars

Thierry Gandillot


LES ECHOS



 



jeudi 11 mars 2021

Curzio Malaparte / Le Bal au Kremlin

 

Curzio Malaparte


Le Bal au Kremlin, Curzio Malaparte

Curzio Malaparte est , au moins, connu pour être l’auteur du chef-d’oeuvre Kaputt, 1944, qui relate son expérience de journaliste correspondant de guerre suivant les troupes allemandes sur le front russe. De père allemand et de mère toscane,   Kurt-Erich Suckert (1898-1957) son vrai nom  , fit de brillantes études qu’il interrompit pour se battre aux côtés des Français , malgré son jeune âge , 16 ans, en 1914. Suivra une carrière d’officier, décoré de La Croix de Guerre avec palme et interrompue après avoir été gazé au  tristement célèbre Chemin des Dames .

Le Bal au Kremlin n’est pas un roman puisque le narrateur est Malaparte. C’est un livre qui relate son séjour à Moscou sous le règne de Staline. Et , bien qu’inachevé il est de toute première importance par son sujet , le Moscou bolchévique et artistique, et par l’analyse critique et acerbe, avec cette pointe d’ironie cruelle, d’humour presque cynique, propre à l’auteur. Malaparte rencontre les plus prestigieux intellectuels du moments Boulgakov, Maïakovski, entre autres.

Les sept tableaux présentés sont impitoyables pour leurs acteurs, dépeints dans le style magistral de  l’auteur de La Peau . Comme le précise l’éditeur, si ce livre avait été publié, il aurait été attaqué de toutes parts. Les exactions dénoncées par Malaparte, dont la terreur que Staline fait régner sur chaque personne, les assassinats, les grands aristocrates réduits à la mendicité dans les rues de Moscou, la religion interdite, soulignent la décomposition de l’URSS en un régime totalitaire. Aucun intellectuel « marxiste français,( et ils furent nombreux !) ne peut se dédouaner d’avoir soutenu le communisme, par ignorance de ce qui se passait en URSS. Ils savaient car le témoignage de Malaparte n’est pas le seul. Ils se sont tus par lâcheté, cautionnant des millions de morts….

J’ai beaucoup aimé ce livre. Comme tous ceux de Malaparte que je considère comme un des plus grands écrivains italiens que sa lucidité, son expérience des terrains de guerre, sa connaissance des hommes , posent en moraliste. Les très belles pages sur la mort , la liberté, la religion, les références permanentes à l’art,  posent une réflexion spirituelle d’une grande profondeur.

Au sujet du suicide de Maïakovski:  » La beauté et l’intelligence sont des qualités contre-révolutionnaires dans une société marxiste. »

En évoquant les révolutions qui ne servent qu’à substituer une classe à une autre, toujours au détriment du peuple : » Ce qui avait changé, ce n’était point le joyau mais l’étui. »

C’est une lecture stimulante. Témoignage de première main , questions existentielles sur le pouvoir, la mort, mais toujours abordées avec légèreté, humour et ironie.

Enfin, et totalement hors-sujet, je voudrais évoquer la belle villa de Malaparte sur l’île de Capri qui fut construite en 1937 par l’architecte Adalberto Libera . C’est une réalisation qui s’intègre totalement au paysage et qui, personnellement me fait rêver. Elle servit, sert peut-être encore, à de nombreux décors de films.

UN BALCON EN FORÊT




lundi 8 mars 2021

Le Bal au Kremlin, de Malaparte / Aristocratie communiste décadente

 


Le Bal au Kremlin

de Curzio Malaparte: 

aristocratie communiste décadente

RUDY LE COURS
LA PRESSE
Publié le 3 janvier 2014 à 16h13 Mis à jour à 16h13


      
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Écrivain toscan narcissique au style cruel et étincelant, aux idées baroques, outrancières et contradictoires, Malaparte a été correspondant et diplomate.


Cela lui a permis d'observer les grands de ce monde, depuis son point de vue grinçant, fascisant bien qu'antinazi. Ce roman inachevé, réédité pour une rare fois, s'ouvre sur une scène à grand déploiement qui décrit ce qu'il appelle l'aristocratie communiste décadente, au cours d'un bal offert par l'ambassade anglaise, à Moscou. Malaparte met en lumière avec mépris la vulgarité de cette nouvelle caste en comparaison avec la vraie aristocratie européenne, son goût du luxe et du toc. Il soutient aussi que le prolétariat russe n'a rien de révolutionnaire: il aimerait bien un retour à la société d'avant la révolution d'Octobre, survenue une douzaine d'années plus tôt, à condition qu'elle ne soit plus dirigée par les Romanov. Cette chronique romancée est prétexte à de longues digressions parfois confuses sur la mort d'un point de vue communiste, sur la poésie puisque Malaparte fréquentait Maïakovski à l'époque de son suicide, sur la nordicité aussi. Le tout est émaillé d'innombrables allusions à la peinture et à la littérature françaises qui témoignent de la grande érudition de l'auteur de La peau et de Kaputt, ces deux romans modèles d'une condamnation de la guerre.

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Le Bal au Kremlin, de Curzio Malaparte

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L'imaginaire Gallimard 178 pages

LA PRESSE






jeudi 4 mars 2021

À 90 ans, Jean-Luc Godard prend sa retraite

 


À 90 ans, Jean-Luc Godard prend sa retraite

Le cinéaste était interviewé dans le cadre du festival international du film de Kerala, organisé en Inde. Il a également révélé travailler sur ses deux derniers projets.

«Je termine ma vie de films, ma vie de réalisateur, en finissant ces deux scénarios. Puis je dirai au revoir au cinéma.» Dans une interview donnée dans le cadre du festival international du film de Kerala, organisé en Inde, le réalisateur de la Nouvelle Vague a annoncé, en anglais, mettre fin à sa carrière une fois ses deux projets en cours finis: un film qui sera diffusé sur Arte, Scénario, et un autre intitulé Funny Wars. Leurs existences furent également révélées au cours de cet entretien de près d'une heure et demie.

La voix chevrotante et le cigare en bouche, le cinéaste de quatre-vingt-dix ans n'est pas des plus simples à comprendre. Néanmoins, son franc-parler n'a pas pris une ride. Interrogé concernant la pandémie de Covid-19, Jean-Luc Godard a comparé le virus au cinéma et à une forme de communication. Une remarque saluée par les rires de la traductrice, dont la présence a permis au réalisateur de s'exprimer (un peu) en français.

Doit-on croire au départ du cinéaste, dont la carrière, longue de soixante-dix ans, a permis l'éclosion de chefs-d’œuvre tels À bout de souffle, Pierrot le fou, Le Mépris ou Alphaville ? Seul l'avenir nous le dira. D'autant que, comme il l'annonce, au regard du travail qui lui reste encore à réaliser, son retrait du cinéma n'est pas pour demain.

LE FIGARO




mercredi 3 mars 2021

«Allen v. Farrow» / Le documentaire qui accable Woody Allen

Woody Allen


«Allen v. Farrow» 

Le documentaire qui accable Woody Allen

 

Un docu-série relance les accusations d'abus sexuels portées par Dylan Farrow contre son père adoptif. Pour la première fois, des images la montrant à l'âge de 7 ans, après la présumée agression, font surface et sèment un profond malaise


Valérie de Graffenried
Publié mercredi 3 mars 2021 à 12:48
Modifié mercredi 3 mars 2021 à 18:13

Sa mère la filme dans leur maison de vacances du Connecticut, le 5 août 1992, avec un caméscope tremblotant. Dylan a 7 ans. Elle raconte ce qu’elle dit avoir subi la veille: «Il m’a emmenée dans l’attique. Il a touché mes parties intimes, et ensuite a respiré sur ma jambe. Puis, il m’a serrée si fort que je ne pouvais pas respirer.» Cet extrait vidéo fait partie du documentaire Allen v. Farrow, en quatre épisodes, diffusé ces jours sur HBO – en Suisse et en France sur OCS – et qui revient sur les accusations de Dylan Farrow, aujourd’hui âgée de 35 ans, contre son père adoptif, le réalisateur Woody Allen. Il choque et dérange. «Quand j’étais dans le grenier, il m’a dit: «Ne bouge pas. Je dois le faire.» Mais j’ai remué mes fesses pour voir ce qu’il faisait. Il a dit, «Ne bouge pas. Je dois le faire. Si tu restes tranquille, on pourra aller à Paris», raconte la fillette blonde dans un autre extrait.


LE TEMPS