Arthur Rimbaud |
Samedi 17 septembre 2022
Résumé
Un montage de textes qui fait la part belle aux "Illuminations", dont le manuscrit est conservé à la BnF, mais aussi à d’autres poèmes de Rimbaud, interprétés par plusieurs comédiens. Un cheminement dans cette œuvre poétique fulgurante et radicale. En direct de la Maison de la Radio et de la Musique
Afin de célébrer la réouverture du site Richelieu, berceau historique de la BnF, les 17 et 18 septembre, France Culture s’associe avec la BnF et diffuse en direct le samedi 17 septembre à 21h Arthur Rimbaud - Rumeurs et visions. Ce montage de textes composé par Laure Egoroff fait la part belle aux Illuminations, dont le manuscrit est conservé à la bibliothèque, mais aussi à d’autres poèmes de Rimbaud, interprétés par plusieurs comédiens.
En direct de la maison de la radio et de la musique
"C’est en 1957, lors de la vente de la collection du grand bibliophile Lucien Graux, que la Bibliothèque nationale préempta ce qu’il est convenu d’appeler « le manuscrit des Illuminations de Rimbaud », même si quasiment chaque terme de cette dénomination pourrait être contesté, à commencer par le singulier : il ne contient en effet que 29 poèmes sur la quarantaine du recueil tel que nous le connaissons aujourd’hui. Un second volume, contenant quatre autres textes, fut acquis dans cette même vente. Quelques autres feuillets se trouvent dans des collections publiques ou privées, certains enfin sont perdus. Le recueil du département des Manuscrits, constitué par Lucien Graux et relié sous maroquin rouge, rassemble les premiers poèmes publiés en 1886 dans la revue La Vogue, un extrait imprimé de cette revue, et une lettre de Verlaine au publiciste Léo d’Orfer.
Bien que Rimbaud fût encore vivant à cette date, il est totalement étranger à cette publication, et, dans son exil abyssin, n’en eut même pas connaissance. En 1875, il avait laissé cette liasse de feuillets aux soins de son ami le poète Germain Nouveau et de Verlaine, avec pour mission vague de les publier — c’est du moins ce que l’on croit savoir par quelques allusions dans les lettres et les souvenirs de Verlaine. Il est manifeste en tout cas qu’il s’agit bien de copies mises au propre ; la plupart sont de la main de Rimbaud, quelques-unes de celle de Nouveau, ce qui a conduit certains à contester la paternité des poèmes. Aucun brouillon antérieur n’est conservé ; il s’agit donc des seuls témoins manuscrits des Illuminations. Leur parfaite netteté peut donner l’illusion d’une genèse spontanée de ces textes, comme s’ils étaient nés d’une révélation, et non d’un travail poétique.
Le cheminement de ces manuscrits, passés de main en main, reste très mystérieux, et relève presque du roman policier. Même s’il n’intéresse que les chasseurs de trésors, il conditionne la conception même des Illuminations telles que nous croyons les connaître : au fil de ces tribulations, des feuillets ont très bien pu disparaître ; la complétude du recueil est donc hypothétique. Tout aussi hypothétiques sont la date de composition (les manuscrits ne portent aucune indication), le titre d’Illuminations (donné par Verlaine, qui disait le tenir de Rimbaud, mais sans qu’on ait aucune trace de cette intention) et la composition même du recueil : l’ordonnancement actuel du manuscrit est dû à l’écrivain et critique d’art Félix Fénéon, qui se chargea de la première publication. C’est lui qui numérota les feuillets, selon un ordre semble-t-il aléatoire, pour les transmettre à l’imprimeur (on retrouve les indications typographiques et les noms des ouvriers au crayon sur le manuscrit). Quelle forme, quel titre, quel sens Rimbaud aurait-il donnés à ces textes s’il les avait lui-même menés jusqu’à la publication ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Tel qu’il est, ce manuscrit sans rature ni information contextuelle ne fait que repousser l’énigme et ne nous apprend donc rien sur les Illuminations — rien, sinon la fascinante fragilité et la vertigineuse contingence d’un miracle poétique."
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