mercredi 23 juillet 2014

André Téchiné / Catherine Deneuve me fascine, car c'est un sphinx

Catherine Deneuve dans <i>L'Homme qu'on aimait trop</i>.

André Téchiné : 
«Catherine Deneuve me fascine, car c'est un sphinx»

Dans un entretien au sujet de son dernier film, L'homme qu'on aimait trop, le réalisateur français explique sa fascination pour son actrice fétiche, au casting de sept de ses longs-métrages.

Le Figaro
Por Claire Rodineau
Publié 

Insaisissable Catherine DeneuveDans une interview au journal belge Le Soir , le réalisateur André Téchinée xplique la longévité de sa relation avec l'actrice, présente dans sept de ses films dont L'Homme qu'on aimait trop, actuellement en salle. Deneuve y incarne Renée Le Roux, veuve d'un riche homme d'affaires et mère d'Agnès Le Roux (Adele Haenel), disparue sans laisser de traces en 1977.
La recette du succès de ce duo prolifique? Plus de trente ans après leur première collaboration en 1981 sur Hôtel des Amériques, la grande Catherine, qu'André Téchiné à découverte dans les films de Demy et de Buñuel, demeure une énigme insondable aux yeux du réalisateur. «Catherine me fascine, car c'est un sphinx que j'interroge. On a fait sept films ensemble mais pour moi, elle reste toujours aussi insaisissable» déclare-t-il.
Dans L'Homme qu'on aimait trop, deuxième adaptation d'un fait divers pour Téchiné après La Fille du RER, déjà avec Catherine Deneuve, l'actrice incarne une femme forte, à la tête d'un empire florissant, mais déchirée par les doutes devant l'attitude ambivalente de Maurice Agnelet. Un rôle de femme à poigne qu'elle porte avec brio: «Sur ce film-ci, c'est la première fois, dans notre travail, qu'elle joue un personnage de femme très solide, une vraie dure, méchante, acharnée, qui veut la tête d'Agnelet.»

Comme dans chacune de leurs collaborations, du Lieu du crime aux Voleurs, en passant par Ma saison préférée, le réalisateur pousse l'actrice dans ses retranchements, faisant de chaque tournage un nouveau défi: «Quand je dis “moteur” et que je vois Catherine Deneuve jouer, je me fais beaucoup de souci, car je me demande si elle va arriver au bout de la prise tant elle est fragile. Elle n'a pas des automatismes de métier. Elle n'est pas du tout protégée par la carapace du savoir-faire. Elle est toujours sur le point de déraper».
Pour le réalisateur, malgré ses 52 années de carrière, Catherine Deneuve a su garder la «grâce du débutant». «C'est une artiste qui travaille dans le moment. Elle ne prépare pas, ne construit pas son personnage. Mais dans l'instant de la prise, elle fait un travail considérable, où elle s'expose, se met en danger. Parfois même, elle ne connaît pas son texte - il faut dire qu'il m'arrive de le changer au dernier moment - pour garder plus de liberté. C'est au fur et à mesure des prises qu'elle prend de l'assurance et de l'aisance» assure le réalisateur.
Cette collaboration réussie entre les deux monstres sacrés, nés la même année et qui s'appellent «frère» et «sœur de cinéma», ne semble pas près de s'arrêter. «Si j'arrive à atteindre une sorte de plafond avec elle, notre relation de travail s'arrêtera. Ce n'est pas le cas», a encore confié Téchiné.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire