
Aventures avec ou sans alcool
par Claude Grimal11 mars 2025
Numéro 216
Faisons une virée pleine d’aventures, avec ou sans alcool, à Parme, Lagos ou Reykjavík, grâce à Valerio Varesi, Leye Adenle et Lilja Sigurdardottir.
Le commissaire Franco Soneri opère depuis vingt-sept ans (littérairement parlant) à Parme et ses environs. Dès sa première apparition, il a séduit ses lecteurs par sa personnalité mélancolique et ironique, son pessimisme politique (il est fils de partisan), et son amour pour la gastronomie locale.
Dans L’autre loi, un homicide banal le trouble : celui de Hamed un jeune Tunisien qu’on retrouve mort dans l’appartement du vieil aveugle chez qui il habitait. L’extrême droite armée, qui sillonne la ville le soir en 4×4 pour intimider les immigrés, est-elle responsable du meurtre ? Ou s’agit-il d’un règlement de comptes entre trafiquants de drogues, hypothèse probable au vu des nouvelles attaques qui suivent le décès de Hamed ? Pourtant, d’autres pistes, comme celle du radicalisme islamique, apparaissent aussi. En tout cas, tous ceux qu’interroge Soneri mentent : le logeur de Hamed, le déplaisant imam de la mosquée, le timide docteur Ouita, le professeur Pellacini, fasciste enthousiaste… Une seule chose est sûre : la haine grandit entre « communautés » italienne et étrangères comme à l’intérieur de celles-ci.
L’autre loi est un excellent Soneri où chaque situation est l’occasion de brouiller allègrement l’action, d’évoquer les différentes facettes des tensions politico-sociales, de souligner la puissance des illusions, et de faire alterner le gris et le noir de l’humeur du commissaire. Pas celle du lecteur, réjoui par l’intrigue, pris par l’évocation hivernale de Parme et des contreforts des Apennins, et mis en appétit par les nourritures dont Soneri, même au fond du désespoir, et souvent en compagnie de son amie Angela, fait ses délices. Le tout est arrosé de rouges du pays : Barbera, Bonarda, Gutturnio…
Après Froid comme l’enfer, Rouge comme la mer, voici Noir comme la neige, dans lequel enquêtent une nouvelle fois Aurora et le commissaire Daniél Hannson de la brigade criminelle de Reykjavík. Un container renfermant les corps gelés de cinq jeunes femmes est retrouvé au nord du pays dans un champ de neige du Raudhólar.
Des questions professionnelles se posent au commissaire. Qui a organisé ce trafic d’êtres humains ? Comment protéger la jeune Nigériane qui a survécu à ce voyage forcé mais n’est pas en état de parler ? Quels rôles réels jouent les Russes et l’agent infiltrée française qui semblent impliqués dans l’affaire ? À côté de ces questions, s’en posent d’autres, d’ordre familial et amoureux, qui vont évidemment rejoindre les premières.
Noir comme la neige offre donc tous les plaisirs d’un polar bien ficelé aux personnages sympathiques. Le lecteur sentimental aura de plus la satisfaction d’apprendre qu’Aurora et Daniél amorcent, fatigue d’une enquête bien menée aidant, le rapprochement sentimental attendu, autour d’une bouteille de vin blanc d’une appellation non précisée – on est en Islande, et là-bas, semble-t-il, qu’importe le contenu pourvu que, etc.
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