Federico Fellini
LA DOLCE VITA
Philippe Hersant, lui, estime que le film a pris «un petit coup de vieux». J'espère pour notre amitié qu'il n'osera pas dire la même chose de La dolce vita ! Premier chef-d'œuvre de Fellini, datant de la même époque (1960), même choc et même bonheur qu'autrefois. On se souvient des éclatants morceaux de bravoure, comme la scène du faux miracle et son hystérie collective, ou le bain d'Anita Ekberg dans la fontaine ; on a oublié d'autres scènes moins spectaculaires, non moins riches, comme la soirée avec le père, toute en finesse, ou les deux apparitions lumineuses d'une très jeune fille. C'est à la fin seulement qu'on se rend compte, éberlué, que ce film immense, y compris par la durée, ne comporte pratiquement aucune action ! Un film ? Non : une fresque, une suite de tableaux. Pas besoin d'action pour nous scotcher d'un bout à l'autre. Tout déborde d'idées, de trouvailles. Tandis que ses personnages se vautrent dans l'abjection, Fellini décolle ! (L'hélicoptère dans la première scène, tout un symbole...) Et nous, spectateurs, planons. La musique de Nino Rota éclaire et ombre le film de sa mélancolie guillerette, mais avec les mouvements des personnages et de la caméra, avec son montage, c'est La dolce vita entière qui est musique.
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