Silence - la critique Pour et la critique Contre
Par Alain Spira et Yannick Vely
Paris Match
Publié le 07/02/2017 à 23h00
Mis à jour le 08/02/2017 à 11h29
Adaptation d'un roman japonais, le nouveau film de Martin Scorsese a divisé la rédaction.
Le synopsis
XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.
XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.
La critique
Pour, par Yannick Vely ****
Il le répète en interview. «Silence» est son film le plus personnel, une oeuvre dont le sujet le hante depuis qu'il a découvert le roman de Shūsaku Endō. Rarement le réalisateur du «Loup de Wall Street» ne se sera autant confié à coeur ouvert, sur ses doutes en tant que catholique, sur cette foi qui commande aussi sûrement son existence que le cinéma. Si Martin Scorsese a déjà filmé l'expérience religieuse à deux reprises avec «La Dernière tentation du Christ» et «Kundun», il n'avait jamais été aussi clairement LE sujet du film, lui qui voulait être séminariste dans sa jeunesse.
Le Père Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield, comme possédé par le rôle) est son évident double de fiction, qui attend fébrilement que Dieu réponde à ses prières sur la conduite à suivre devant la violence des hommes. D'une beauté formelle de tous les plans - Rodrigo Prieto est nommé pour l'Oscar de la meilleure photographie - «Silence» est un film exigeant, dans le sens où il requiert un profond recueillement pour ressentir le dilemme intérieur du héros.
Martin Scorsese filme le chemin de croix des deux prêtes jésuites avec une rare économie d'effets - pas de musique, peu de mouvements d'appareil -, ce qui sublime la Nature, l'autre sujet du film (qui a été tourné à Taïwan, Ndlr), comme une confrontation entre deux manières de penser la religion - la transcendance catholique, l'animisme shintoïsme - symbolisée par ce dialogue sur la vénération du soleil. Si le rythme de «Silence» risque de désorienter les fans du Martin Scorsese des «Affranchis», surtout dans un deuxième acte très répétitif, le «décrochage» narratif du dernier tiers, sa puissance d'évocation vous mettra à genou, prêt à attendre la confession du cinéaste. Et de réfléchir longuement au sort des minorités religieuses, chrétiennes ou autres, contraintes encore aujourd'hui d'abjurer leur Dieu sous la contrainte.
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Contre, par Alain Spira **
Deux jeunes jésuites lancés à la recherche d’un missionnaire disparu au Japon, vont se heurter aux persécutions des chrétiens par l’inquisiteur de l’empereur… Quel beau sujet que la tentative d’implantation du christianisme en terre bouddhiste au XVIIe siècle. Hélas, le grand Scorsese passe à côté et nous impose un film interminable, servi par des stars incapables de rendre crédibles leurs personnages. Même l’accumulation de tortures ne nous arrache pas la moindre émotion. Quant à la fin, elle est grotesque. Mais bon, restons zen…
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