dimanche 23 février 2020

Festival de Cannes / «Parasite», viens chez moi j’habite chez les bourgeois



FESTIVAL DE CANNES

«Parasite», viens chez moi j’habite chez les bourgeois


Dans son septième long métrage, le cinéaste coréen Bong Joon-ho fusionne drame familial et comédie noire. Virtuose


Stéphane Gobbo
Publié mercredi 22 mai 2019 à 07:55
Modifié mercredi 22 mai 2019 à 07:56


En mars dernier, Bong Joon-ho dévoilait en primeur, à la fin d’une master class donnée via Skype dans le cadre du Festival international de films de Fribourg, les grandes lignes de son septième long métrage, Parasite. «C’est un drame familial, mais je ne peux pas vous dire s’il s’agit ensuite plus d’une comédie noire, d’un polar ou d’un film d’horreur. Comme beaucoup de mes longs métrages, il est difficile à décrire en un seul mot. L’équipe marketing a d’ailleurs eu beaucoup de difficultés à en faire une bande-annonce…» Au final, ladite bande-annonce se garde d’ailleurs de dévoiler trop d’éléments, de même que le cinéaste coréen, dans le dossier de presse, demande aux critiques de ne pas révéler l’arc narratif central du récit. On dira dès lors simplement que l’histoire est celle d’une famille pauvre dont les deux enfants vont mettre au point un habile stratagème afin de se faire engager dans une villa appartenant à un riche entrepreneur.


Bong Joon-ho s’est frotté avec brio au polar (Memories of Murder, 2003), au film de monstre (The Host, 2006), au drame (Mother, 2009) et à la science-fiction (Snowpiercer, 2013). Projeté il y a deux ans à Cannes, Okja, pamphlet écologique stigmatisant les dérives de l’industrie agroalimentaire, avait levé un lièvre puisqu’il s’agissait d’un long métrage Netflix destiné à être vu en streaming. Seul défaut d’un visionnement en ligne pour le réalisateur: la possibilité de faire des pauses. Pour lui, quelle que soit la taille de l’écran, un film doit se voir d’une traite. C’est d’autant plus vrai que le tempo de Parasite est proprement sidérant.

Tout commence donc comme un drame. A l’instar du très beau Une affaire de famille, Palme d'or 2018 signée Hirokazu Kore-eda, le film met en lumière des oubliés de la réussite économique. S’opère alors un glissement vers le cinéma de genre et, en effet, la comédie noire. Avant que tout ne dégénère et que le récit n'implose littéralement. La mise en scène de Bong Joon-ho atteint ici des sommets de virtuosité. La manière dont le Coréen joue avec les espaces de la villa et chorégraphie les déplacements des personnages est sidérante. Sortie le 5 juin.

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