The Defenders saison 1 : quand Netflix saborde les super-héros Marvel
Mise à jour : 24/03/2018 00:44 - Créé : 21 août 2017 -
FIGHT CLUB MED
Il avait fallu patienter plus de trois heures pour avoir droit à une scène d’action vite expédiée, dans un décor aussi pauvre que désincarné. Une fois son quatuor réuni, le show de Netflix a au moins la politesse de leur offrir de bonnes doses de castagne. Un changement qui provoque logiquement une accélération du rythme et favorise un tempo plus rapide.
Qui n'a jamais rêvé de se bastonner dans les toilettes d'un Ikéa ?
The Defenders ne se mue pas d’un épisode à l’autre en récit effréné, loin de là, mais les personnages doivent désormais continuellement faire leurs preuves à coups de poings, pieds et autres objets contondants. Hélas, ces joutes physiques font terriblement peine à voir. Si on se souvient des échanges brutaux et chorégraphiés de Daredevil, la disparité des capacités physiques amène ici des combats simplifiés à l’extrême, victimes d’un montage abrupt et d’une conception souvent simpliste.
On peine à voir à quoi peut bien servir Jessica Jones (qui paraît le plus souvent totalement dénuée de super-pouvoir), tandis que Luke Cage apparaît ici et là curieusement sensible à la douleur et que ce pauvre Iron Fist fait son possible pour dissimuler combien il est plus lent et imprécis que le premier cascadeur venu. Ajoutons à cela que Daredevil étant le seul gugusse totalement investi par son rôle et l’unique héros à se trimballer en costume, la mauvaise troupe est beaucoup trop hétérogène pour recueillir notre sympathie ou pour assurer le show.
"Bah voilà, je suis encore tout seul à mettre un costume. Z'êtes pas cool hein."
GAME OF DRAGON
Avec seulement 8 épisodes, on espérait que Netflix mettrait les petits plats dans les grands pour donner à la première guerre totale contre La Main un véritable cachet cinématographique. Manque de pot, quelqu’un du côté du département artistique doit vraiment être passionné de parkings sous-terrain et autres ensembles suburbains, tant les épisodes multiplient les lieux anonymes et génériques.
Le Hell’s Kitchen crapoteux de Daredevil et les rues malfamées de Jessica Jones ont perdu de leur caractère, tandis que la photographie poisseuse se fait elle aussi plus commune. Le résultat est ainsi tiraillé entre une charte naturaliste désormais banale et une orientation ouvertement fantastique bien trop artificielle.
"Un menu B12, et que ça saute !"
Par exemple, alors que La Main est censée n’avoir jamais été aussi puissante, elle apparaît étonnamment médiocre et surtout franchement inoffensive. Exception faite d’Elektra, tous les Ninja ont disparus, remplacés par des hommes de mains génériques, incapables de faire trois pas sans se faire péter les rotules. Des hordes de VRP en costard, qui ne représentent jamais une menace ni n’impressionnent la rétine. Il faut dire que leur plan, soit-disant diabolique, se révèle si éminemment couillon et capillotracté qu’il n’intéresse jamais vraiment (en gros provoquer l’écroulement de New York, qui a été bâtie sur les restes d’un dragon, dont les os doivent être utilisés pour créer une poudre d’immortalité).
Kristen Ritter / Jessica Jones |
BEEN THERE DONE THAT
Alors que The Defenders se montre incapable d’être à la hauteur des précédentes réussites de son association avec Marvel sur le plan du pur spectacle, comme dans on orientation esthétique. Il en va hélas de même en matière de scénario. Si les personnages secondaires étaient sympathiques dans les séries solo, les retrouver tous concentrés dans cette réunion a un effet d’empilement très désagréable.
Elektra, seule antagoniste digne de ce nom
Ils alourdissent un rythme déjà bien faiblard, quand ils ne doivent pas assumer des sous-intrigues totalement ratées, à l’image de celle qui fait d’Iron Fist un abruti au bord de la lobotomie, manipulable à souhait. Heureusement, certains dialogues tendent à s’améliorer au fur et à mesure que l’intrigue progresse, et par endroit Jessica Jones parvient même à nous arracher un sourire, quand elle ne participe à des bastons embarrassantes.
Enfin, ce qui achève de ruiner cette kermesse héroïque, c’est la volonté de Netflix de dupliquer encore une fois une recette pas déplaisante, mais beaucoup trop systématique. À ce titre, le traitement de Sigourney Weaver est rageant. Elle a beau être lal plus charismatique de cette hétéroclite distribution, nombreux sont ceux qui vont s’agacer de voir son traitement dans la seconde moitié de la saison. On remercie les scénaristes de vouloir nous réserver des semblants de twists, mais ils ont manifestement oublié que depuis la première saison de Daredevil, c’est la même construction en tiroir qui préside à chaque aventure solo de nos héros, et qu’elle est donc devenue totalement transparente.
Le quotidien des super-héros
Devant ce ratage, souvent ridicule, toujours ennuyeux, on en viendrait presque à se demander si le divorce annoncé entre Netflix et Disney n’a pas à voir ce piteux résultat. On sait depuis quelques jours que le studio propriétaire de Marvel met fin à cette collaboration pour se lancer seul dans l’aventure du streaming. Conscient de la tournure que prenait l’alliance, Netflix aurait-il baissé les bras en cours de route plutôt que de continuer sur la très prometteuse lancée de ses aventures solo ? On en aurait presque l’impression.
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