dimanche 10 février 2019

Tomi Ungerer, le confident des enfants, est mort


Tomi Ungerer


Tomi Ungerer, le confident des enfants, est mort

 
©Reportage S. Roussi, M. Vandenbossche, C. Harnoy /TV5MONDE


22 MAR 2018
Mise à jour 09.02.2019 à 12:30 par
Sophie Roussi

Les 3 Brigands, c'est lui. Jean de la Lune, c'est un peu de lui aussi. Tomi Ungerer était sans doute l'écrivain et illustrateur qui savait le mieux parler aux enfants et se mettre à leur hauteur. TV5MONDE l'a rencontré en 2018 à l'occasion de la sortie de Ni oui Ni non : après des décennies de récits audacieux, de dessins satiriques, il proposait alors un dialogue honnête et sans complexe avec ses complices, les enfants. Il meurt ce 9 février à 87 ans. 

"Il y a des jours où je suis en avance sur mon âge"Tomi Ungerer sourit... Le ton est donné. La rencontre avec cet immense illustrateur et écrivain se fera sous le signe du trait d'esprit.

Du haut de ses 86 ans, Tomi Ungerer aime toujours autant s'amuser et amuser. Comme il le dit lui même : "il a pratiqué son enfance toute sa vie".

Ludique, est un mot dont il rafôle.
Curieux, un mot qui le définit.

 
 

Tomi Ungerer, né Jean-Thomas Ungerer, le 28 novembre 1931 à Strasbourg, est le père des 3 brigands, de Zeralda ou du Nuage bleu. Autant de livres pour enfants devenus des classiques.
 

L'artiste a son musée à Strasbourg, son trophée :le prix  Hans-Christian Andersen qui honore la littérature pour enfants. Mais il reste insatiable.

Dans Ni oui ni Non, son dernier ouvrage publié à l'Ecole des Loisirs, il répond aux questions existentielles, philosophiques de ses premiers lecteurs, les moins de 10 ans.
 
Je pense qu'il est essentiel, à titre d'exemple, pour les parents de leur démontrer que les enfants, s'il posent des questions, il faut tout d'abord leur répondre et leur répondre en les traitant en égaux, pas comme des petits sous-fifres.
Respecter les enfants est la ligne de conduite que Tomi Ungerer a suivi toute sa vie. Et dans son très riche lexique aux côtés d'absurde ou provocateur qui trônent, on retrouve "respect".
 
 


Bête noire des pédagogues ancienne mode, Tomi Ungerer n'hésite pas à oser. Dans ses livres, la violence rode, la peur est affrontée. Il faut traumatiser les enfants pour les épauler.
Est ce que c'est intéressant de mourir? Question de Giovanni 4 ans relevée dans Ni Oui Ni Non : "Est-ce que c'est intéressant de mourir" ? Réponse de Tomi Ungerer : "On craint la mort parce qu'on l'accuse à tort de toutes les agonies ... La mort est à la fois douanière et hôtesse. Elle vous accueille pour un safari..."
 
Pratiquement tous mes livres sont dirigés par une cause comme le racisme. Tous mes premiers livres sont sur des animaux que l'on déteste. Le rat, la pieuvre, le serpent, c'est une question de réhabilitation. Les enfants ou les héros de mes livres n'ont jamais peur.
 

Jamais dérouté, rarement étonné, Tomi Ungerer use de son expérience et de ses traumatismes d'enfance pour se mettre au niveau du jeune lecteur... 
Et s'il ne connaît pas les réponses aux questions, il l'avoue sans complexe...
 

Son audace et son sens de la provocation lui vaudront d'être censuré aux Etats Unis pays dans lequel il avait élu domicile.

Pourtant Tomi le polyglotte, né alsacien mais inlassable globe-trotter, écrit en anglais dans le texte.
La langue anglaise a trois ou quatre fois plus de synonymes que la langue française. A l'époque des classiques on a nettoyé la langue française, mais des fois, je me dis qu'on l'a trop récurée. Moi je suis essentiellement rabelaisien, j'adore le vieux françois comme on le parle au Canada.
Les oeuvres de Tomi Ungerer ont été traduites dans plus de 40 langues, certaines comme Jean de la Lune et les Trois brigands ont même été adaptées au cinéma mais pour connaître l'autre facette du personnage, feuilletez ses livres érotiques déconseillés, eux, aux enfants !
 

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