Katherine Mansfield
Poèmes de Katherine Mansfield
Par Anne Mounic
Now I am a Plant, a Weed (1917)
Now I am a plant, a weed
Bending and swinging
On a rocky ledge
And now I am long brown grass
Fluttering like flame
I am a reed
An old shell singing
For ever the same
A drift of sedge
A white, white stone
A bone
Until I pass
Into sand again
And spin and blow
To and fro, to and fro
On the edge of the sea
In the fading light…
For the light fades.
But if you were to come you would not say
She is not waiting here for me
She has forgotten. Have we not in play
Disguised ourselves as weed and stones and grass
While the strange ships did pass
Gently –gravely – leaving a curl of foam
That uncurled softly about our island home
Bubbles of foam that glittered on the stone
Like rainbows. Look darling! No, they are gone.
And the white sails have melted into the sailing sky…
There is a Solemn Wind To-Night (1917?)
There is a solemn wind to-night
That sings of solemn rain;
The trees that have been quiet so long
Flutter and start again.
The slender trees, the heavy trees,
The fruit trees laden and proud,
Lift up their branches to the wind
That cries to them so loud.
The little bushes and the plants
Bow to the solemn sound,And every tiniest blade of grass
Shakes on the quiet ground.
Voici que je suis plante, herbe folle
Voici que je suis plante, herbe folle
Pliant, oscillant
Sur une saillie rocheuse
Et me voici longue tige brune
Palpitant comme flamme
Je suis un roseau
Un vieux coquillage qui chante
A jamais de même
Une touffe de laîche
Une pierre très blanche
Un os
Jusqu’à ce que je redevienne
Sable
Que je tournoie, que je m’envole
Balayée par le vent
En bordure de mer
Dans la clarté déclinante…
Car la clarté décline.
Mais si tu devais venir, tu ne dirais pas
Qu’elle ne t’attend pas ici
Qu’elle a oublié. N’avons-nous pas joué
A nous déguiser en herbes folles, pierres et tiges
Tandis que passaient les étranges navires
Sans heurts – solennellement – laissant une boucle d’écume
Qui se déployait doucement autour de notre demeure insulaire
Bulles d’écume luisant sur la pierre
Comme des arcs-en-ciel. Regarde, chéri ! Non, ils sont partis.
Et les voiles blanches se sont fondues dans le ciel en mouvement…
Voici ce soir un vent solennel
Voici ce soir un vent solennel
Qui chante une pluie solennelle
Les arbres qui se sont tus si longtemps
Palpitent et tressaillent à nouveau.
Les arbres élancés, les arbres épais,
Les fruitiers, chargés et fiers,
Dressent leurs branches au vent
Qui de ses cris, si forts, les atteint.
Les petits buissons et les plantes
Se courbent devant le bruit solennel
Et la moindre tige d’herbe
Tremble sur le sol silencieux.
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Katherine Mansfield, née en 1888 en Nouvelle-Zélande et morte en France, à Avon en Seine-et-Marne, de tuberculose pulmonaire. Elle aussi entretient une relation de participation avec les choses de ce monde. Arbres, arbustes et fleurs se font pour elle des figures de la présence, révélations de l’existence telle qu’on l’éprouve parfois comme véritable épiphanie, à l’instant présent, entre souvenir lointain et anticipation des moments à venir. On connaît généralement les nouvelles de Katherine Mansfield, mais on sait moins qu’elle écrivit aussi des poèmes.
http://levurelitteraire.com/katherine-mansfield/
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