lundi 18 janvier 2016

David Bowie / Caméléon toujours vert

David Bowie, caméléon toujours vert


Hugo Cassavetti
Publié le 19/01/2013. Mis à jour le 11/03/2013 à 13h31.


Mal en point ? Depuis presque dix ans, les rumeurs allaient bon train. Régulièrement, on annonçait même le pire : la mort de David Bowie. Il avait montré l'exemple d'un renouvellement créatif sans fin, son absence produisait plus qu'un manque : un vide. D'où l'impact du cadeau surprise de son 66e anniversaire, le 8 janvier dernier : alors que 2012 venait de s'achever sur un curieux constat — l'étonnant regain de vitalité des « seniors » du rock —, Bowie lâchait un morceau flambant neuf, au titre de circonstance, Where are we now ? (« Où sommes-nous à présent ? »), annonciateur d'un album (The Next Day) à paraître le 11 mars.
Drôle de chanson, sombre, et belle ballade en demi-teinte qui réveille le souvenir de Heroes, sommet de la trilogie berlinoise publiée à la fin des années 1970. Accompagnée d'un clip des moins glamour (le visage de la star, peu à son avantage, incrusté dans une étrange peluche bicéphale), la chanson évoque l'époque où Bowie se réinventait, après sa période « white soul toxico », dans un Berlin en noir et blanc, ville de tous les possibles. Nostalgie d'une ère où les contraintes inspiraient, entre autres, l'audace artistique ? Comment ne pas songer également à l'aîné John Lennon, qui brisa une retraite similaire — également consacrée à sa famille — pour écrire et graver, en 1975, avec David, justement, le classique Fame, avant de revenir revigoré...
Ce retour surprise ferait presque oublier que, dans sa retraite new-yorkaise, le caméléon du rock anglais est demeuré étrangement présent. A la suite de l'arrêt de sa tournée, en 2004, pour des raisons de santé, Bowie a pris du recul, mais pour mieux rester, comme il l'a toujours fait, aux aguets. Et se faire brillamment désirer. Car une chose est certaine : son aura n'a fait que s'amplifier. La période de « silence » a servi à entretenir et à réaffirmer, à coups de rééditions luxuriantes, l'importance de l'oeuvre passée.
S'il a refusé qu'on utilise son répertoire dans une comédie musicale à sa gloire, Bowie a surveillé de près les célébrations successives de ses albums majeurs : il s'est vu proclamé à nouveau roi du glam avec Ziggy Stardust, maître d'un funk visionnaire sous influence krautrock (Station to station), parrain d'un rock électronique aussi exigeant que grand public (Low). Chaque année écoulée a été l'occasion de rappeler son génie. Sans oublier l'autre spécialité du Dorian Gray de la pop : être toujours aussi prompt à adouber les meilleurs artistes émergents (TV on the Radio, Arcade Fire, The National, etc.), prêtant même sa voix et ses conseils à l'album de Scarlett Johansson. Pas mal pour un homme fatigué, retiré du milieu.
« L'homme qui venait d'ailleurs » n'était donc jamais loin, attendant son heure. Son timing est une fois de plus impeccable. Quel que soit le contenu de The Next Day(qui sortira pile pour l'ouverture de la très médiatique expo consacrée à l'artiste à Londres), son annonce éclipse aussitôt toute la concurrence. Même ses détracteurs semblent heureux de le retrouver. Vivant. Et, espérons-le, toujours pertinent.

1947 Naissance de David Robert Jones, à Londres.
1969 David Bowie obtient son premier succès : Space Oddity.
1972 Invention du personnage de Ziggy Stardust.
1977 David Bowie s'installe à Berlin, avec Iggy Pop. 1983 Let's dance, plus gros succès de sa carrière.
2004 Interruption de la tournée « Reality ».



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