jeudi 10 décembre 2020

Pas d'essoufflement pour Kim Ki-duk


Kim Ki-duk


Pas d'essoufflement pour Kim Ki-duk



Norbert Creutz
Publié samedi 24 novembre 2007 à 01:01

Après «Locataires», le Coréen revient avec «Souffle», nouveau conte aussi beau que cruel.

Cinéaste prolifique avec 14 films depuis 1996, le Coréen Kim Ki-duk connaît aussi ses hauts et ses bas. Chacune de ses grandes réussites, que ce soit L'Île ou Printemps, été, automne, hiver et printemps ou encore Locataires arrive ainsi après quelques films mineurs. Comme L'Arc (2005) et l'inédit Time (2006), Souffle fait plutôt partie de ces derniers. Tourné en dix jours avec un budget ridicule, le film impressionne malgré tout. Offrez les mêmes conditions à un Américain et vous obtiendrez une série Z bâclée, à un Suisse et il vous livrera un vague brouillon en DV. Kim Ki-duk, lui, a tourné un film irréductiblement original qui ne déparait pas la compétition cannoise!

L'épouse et le condamné

Moins programmatique que d'autres, le sujet multiplie cette fois les pistes sans les épuiser: le couple en crise, les liens obscurs entre désir, amour et crime, la peine de mort, notre besoin de représentations, etc. D'un côté du théorème se trouve Jang Jin (la vedette taïwanaise Chang Chen), un condamné à mort qui tente de se suicider. De l'autre, Yeon, sculptrice et mère d'une petite fille, supporte mal que son mari la trompe et traverse une grave dépression. Sur un coup de tête, elle se rend à la prison et obtient le droit de visiter le condamné en se faisant passer pour son ex-petite amie. Au fil de plusieurs visites, une relation passionnée va naître entre eux, au grand dam de son mari et des trois compagnons de cellule de Jin, mais avec la bénédiction d'un drôle de gardien-chef qui observe tout depuis ses écrans de contrôle...

Un art poétique

Jamais on ne devine où le cinéaste veut en venir. Largement opaque et abstrait comme il les affectionne, le récit captive par cette incertitude même. Le spectre de Genet plane sur les scènes en cellule, celui d'Antonioni sur celles du couple dans sa froide maison de banlieue. Mais ensuite, le triangle amoureux, la rareté des dialogues (lui s'est troué la trachée, elle ne répond plus à son mari) et le motif des saisons (recréées par la visiteuse dans le parloir) ramènent la fable du côté des obsessions chères à l'auteur.

Ce dernier s'est offert le rôle du gardien-voyeur, qui contrôle la montée du désir. Mise en abyme qui donne la clé du film, en faisant du cinéma un petit jeu pervers de manipulation d'acteurs dans un cadre? Toujours est-il que le film est souvent splendide dans sa manière d'orchestrer des variations sur son titre avant de déboucher sur un final aussi inattendu que cruel. Si l'ensemble ne devient pas aussi irrésistible que Locataires, Souffle devrait tout de même séduire et intriguer ceux que ne rebute pas un langage métaphorique, plus poétique que réaliste.

Talent autodidacte un temps considéré à la lisière du «primitif», Kim Ki-duk poursuit obstinément sa voie. Puisse-t-il encore mettre beaucoup de temps à apaiser ses démons!

Souffle (Soom/Breath), de Kim Ki-duk (Corée du Sud 2007), avec Chang Chen, Park Ji-a (Zia), Ha Jung-woo, Kang In-hyung, Oh Sun-tae, Lee Joo-seok. 1h24


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