L’Exposition coloniale de 1931
Le Palais de la Porte Dorée a été construit à l'occasion de l’Exposition internationale de 1931 : sa vocation première fut d’être un musée des colonies, devant représenter les territoires, l’histoire de la conquête coloniale et l’incidence de celle-ci sur les arts. L’ancienne Salle des fêtes et les salons de réception du Maréchal Lyautey, Commissaire général de l’exposition, et de Paul Reynaud, ministre des Colonies, témoignent encore aujourd’hui de ce passé.
Le Palais change ensuite plusieurs fois d’attribution, tout en maintenant l'Aquarium tropical présent depuis 1931, pour finalement abriter en 2007 le Musée de l'histoire de l'immigration.
Inaugurée le 6 mai 1931, l'Exposition coloniale tente de promouvoir une image de la France impériale à l’apogée de sa puissance. Prenant la forme d’un immense spectacle populaire, véritable ville dans la ville, l’exposition s’étend sur plus de 1200 mètres de long et est sillonnée de plus de 10 kilomètres de chemins balisés.
Elle s’inscrit dans la tradition des Expositions universelles du XIXè siècle vouées à promouvoir la puissance des nations européennes. Consacrée exclusivement aux colonies, elle fut présentée du mois de mai au mois de novembre 1931, elle accueillit près de 8 millions de visiteurs pour 33 millions de billets vendus.
“Le tour du monde en un jour”
L’exposition s’étendait depuis la station de métro Porte Dorée (anciennement Picpus) sur tout le bois de Vincennes. Le palais des Colonies, seul bâtiment construit pour survivre à l’événement, constituait le lieu de synthèse de l’exposition, présentant l’histoire de l’empire français, ses territoires, les apports des colonies à la France, ainsi que ceux de la France aux colonies.
L’exposition souhaitait donner aux Français la sensation de se promener à l’intérieur d’une France qui ne se limiterait pas aux frontières de la métropole. Invité à faire “le tour du monde en un jour”, le visiteur pouvait découvrir chacune des possessions françaises au travers de pavillons s’inspirant d’architectures indigènes. L’Indochine était, par exemple, représentée par un pavillon à l’image et aux dimensions spectaculaires du temple cambodgien d’Angkor Vat. Le pavillon de l’Afrique occidentale française s’inspirait de l’architecture de la mosquée de Djenné au Mali.
Pour rendre l’événement plus vivant et attractif, des animations étaient proposées aux visiteurs. Les spectacles de danse constituaient l’une des attractions les plus prisées. Dans chaque section, des habitants des colonies donnaient vie aux villages reconstitués. Des artisans travaillaient sous les yeux du public, d'autres tenaient des stands de souvenirs. Bien que le parti pris de l’exposition de 1931 n’était plus de se moquer des coloniaux, comme ce put être le cas lors d’expositions coloniales antérieures, il s’agissait, malgré tout, d’exhiber des hommes et des femmes pour mieux affirmer le pouvoir de la France sur ces derniers.
Exotique, démesurée et fascinante, l’exposition se dématérialisait de nuit sous l’effet des jeux de lumière et des fontaines lumineuses, pour prolonger le rêve de voyage et l’appel d’un ailleurs idéalisé.
Au travers de cette vision idéalisée du monde colonial, transparaît l’idéologie impériale de l’époque promouvant la supériorité de l’Occident. La colonisation était dite pacificatrice, bénéfique aux développements technique, économique, intellectuel et humain des colonies.
Les pans moins glorieux étaient par contre passés sous silence. C’est ce que la contre-exposition intitulée “La vérité sur les colonies”, à laquelle participèrent les surréalistes, un groupe d’artistes et d’intellectuels parmi lesquels on compte Louis Aragon, Paul Eluard ou André Breton, tenta de dénoncer.
Les vestiges de l’exposition coloniale
L’Exposition coloniale a marqué durablement l’urbanisme de l’Est parisien. Les constructions n’étaient pas destinées à durer, il a fallu aménager le quartier de la Porte Dorée pour accueillir le public : l’avenue Daumesnil et le boulevard Carnot ont été élargis, la ligne de métro étendue, les boulevards Soult et Poniatowski transformés en voies de circulation rapide et le bois de Vincennes réaménagé.
L’actuelle ligne 8 de métro a été prolongée jusqu’à l’ancienne porte de Picpus pour accéder à l’exposition coloniale. La nouvelle station s’est appelée “Porte Dorée”, évoquant l’orée du bois de Vincennes.
Situé en bordure du lac Daumesnil dans une enceinte de 8000 m², le temple bouddhique du bois de Vincennes se trouve dans l’un des vestiges de l’exposition coloniale : l’ancien pavillon du Togo et l’ancien pavillon du Cameroun qui a été restauré en 1977 et transformé en pagode.La statue d’Athéna, réalisée par Léon Drivier, qui surplombe aujourd’hui la fontaine de la Porte Dorée, était à l’origine présentée sur les marches du Palais. Déesse des arts, de l’industrie et de la guerre, cette statue, haute de cinq mètres, coiffée d’un casque gaulois symbolise la France coloniale et impériale. Elle sera déplacée, après l’exposition coloniale sur la place Edouard Renard dans l’axe de la Porte Dorée.
Inauguré en 1934, le parc zoologique, situé au Nord-Est du lac Daumesnil, fait suite au petit zoo temporaire aménagé lors de l'Exposition coloniale dans lequel les visiteurs pouvaient voir des animaux exotiques.
Enfin, il faut signaler, à l’autre extrémité du bois de Vincennes, les vestiges d’un autre lieu de mémoire, le jardin d’Agronomie tropicale, qui accueillit la première exposition coloniale parisienne en 1907, puis les troupes dites “indigènes” pendant la première guerre mondiale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire