Yoko Tawada
Histoire de Knut
Yoko Tawada
Histoire de Knut
Roman. Traduit de l’allemand
par Bernard Banoun
Collection : Der Doppelgänger
288 pages
20,00 €
Epub : 13,99 €
PDF : 13,99 €
978-2-86432-884-1
août 2016
De sa naissance en 2008 à sa mort prématurée en 2011, Knut, un jeune ours polaire, fut la vedette incontestée du zoo de Berlin. Les circonstances exceptionnelles de sa naissance en firent une star mondiale : rejeté par sa mère, une ourse savante, ancienne pensionnaire d’un cirque de la RDA, il ne dut sa survie qu’aux soins de ses gardiens.
De cette histoire vraie, Yoko Tawada a tiré ce roman dans lequel les ours prennent la parole : avant Knut, c’est d’abord sa grand-mère, en proie à une impérieuse vocation littéraire, puis sa mère (que son nom, Tosca, destine de toute évidence à la scène), qui nous racontent leur apprentissage de la vie et leurs rapports compliqués avec les humains.
Alors que nous avons pris l’habitude de les considérer comme des objets d’amusement ou de curiosité, les animaux, ici, nous regardent. Ils jettent sur le monde contemporain et l’histoire de l’Europe un regard décalé qui fait d’eux les héritiers du chat Murr d’E.T.A. Hoffmann ou du héros des Recherches d’un chien de Kafka.
Yoko Tawada : Histoire de Knut
Yoko Tawada s’inspire pour ce nouveau livre d’un fait divers : un ours devenu star dans un zoo de Berlin en 2008 et dénommé Knut. Elle imagine trois générations d’ours prenant la parole : grand-mère, mère et fils, ayant des activités, des pensées et des paroles humaines. La grand-mère de Knut décide d’écrire son autobiographie, Knut reçoit des lettres de fan, est transporté en limousine … La critique de la condition animale est latente de bout en bout. La mère de Knut pense que les zoos sont faits « pour que cela ressemble à une page de dictionnaire zoologique ». De belles métaphores sur l’acte d’écrire apparaissent au début du livre quand la grand-mère de Knut compare la page vierge d’un manuscrit avec « un champ enneigé ». La métaphore est filée sur toute la première partie : « Écrire ne se distinguait pas beaucoup d’hiberner. Peut-être donnais-je aux observateurs extérieurs l’impression de dormir, mais dans la tannière de mon cerveau, c’était ma propre enfance que je mettais au monde et que j’élevais en secret ». Mais ce sont des parallèles qui n’opèrent pas un réel changement de perspective. La voix des ours reste terriblement humaine. Qu’est-ce que le monde des animaux apporte au monde des humains ? Pour signifier l’écart entre les deux, n’est-ce pas au fossé qui sépare le langage des uns du langage des autres que l’auteur aurait pu s’attaquer ?
CCP
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