samedi 17 juin 2023

Philippe Beck / « Un poème est un entretien, une poignée de mains, comment pourrait-il être autre chose ? »


© Johan Faerber



Philippe Beck : « Un poème est un entretien, une poignée de mains, comment pourrait-il être autre chose ? »

Johan Faerber  12 mai 2023 

2223 est une année riche en publications pour Philippe Beck : après le puissant Ryrkaïppi publié dans la collection d’Yves di Manno chez Flammarion, le poète fait paraître coup sur coup au Bruit du Temps deux autres forts textes. À commencer par Idées de la nuit suivi de L’Homme-Balai qui, à la lumière de la pandémie, s’offre, pour l’un, comme un journal de non-confinement et, pour l’autre, comme une question sans trêve sur la manière dont l’homme interagit avec l’animal comme supposé maître et possesseur de la nature. Dans son sillage, Une autre clarté rassemble plus d’un quart de siècle d’entretiens que le poète a donné : un art de l’entretien s’y dessine où le poème se fait permanent dialogue contemporain. Autant de pistes ouvertes que Diacritik a voulu explorer en compagnie du poète le temps d’un grand entretien, prélude à une soirée « En compagnie de Philippe Beck » à la Maison de la Poésie de Paris, ce 22 mai, lecture musicale en compagnie de Tedi Papavrami.

Ma première question voudrait porter sur la genèse de L’Homme-Balai que, d’emblée, vous présentez avec force comme « un journal de non-confinement ». Rédigé pendant le premier confinement sanitaire, du 17 mars au 3 mai 2020, ce journal revient sur les questions éthiques, politiques et poétiques qui traversaient alors le champ public. Loin d’être un journal matériel du confinement, L’Homme-Balai propose, à rebours, de se ressaisir de ce qu’est devenu l’homme et l’humain dans l’homme au regard de la pandémie qui dévastait alors la planète. Parmi les questions que vous ouvrez revient celle, majeure, de ce que vous nommez l’homme-balai : selon vous, « l’ennemi invisible » a pour « cause probable, et pour conséquence également, le double rapprochement des animaux et des hommes ». Si bien que les hommes, qui se sont rendus maîtres et possesseurs de la nature, ont méconnu la puissance d’intellection du monde des animaux. En quoi ainsi le regard des hommes sur les animaux doit-il évoluer ? En quoi ce que vous décrivez dans Ryrkaïpii permet-il de mettre en lumière précisément cette interaction du monde des hommes et du monde animal ?

En effet, le « premier confinement » m’a semblé être à bien des égards le moment des fenêtres ; partant, il s’est irrésistiblement fondé sur un « non confinement », c’est-à-dire sur un fort désir-besoin de regarder autrement les autres et le dehors. Comme si l’interrogation quant à « l’ennemi invisible » (en général, le pensable, le non encore pensé relatif aux dangers auxquels s’expose le genre humain) avait était relancée par la nécessité de « rester chez soi », mais d’y demeurer en s’ouvrant aux autres « enfermés ». (J’insiste d’ailleurs sur le fait que nombre de gens n’avaient pas de « chez soi », et se retrouvaient dans des rues désertées et étrangement disponibles.) Le phénomène s’explique d’abord par ceci que l’inquiétude concernant la cause de la situation devint inévitablement commune (un grand nombre étaient logés à la même enseigne) et qu’une forme de partage de l’interrogation était devenu possible. Or, ce partage, semble-t-il, est devenu le partage d’une espèce d’évidence paradoxale : chacun était saisi de l’interrogation quant aux raisons ayant conduit la forme de vie ordinaire à se suspendre assez violemment, mais une réponse pourtant naturelle était repoussée ou rejetée, qui était sans doute effrayante et décourageante. Cette réponse tient dans la réalité d’un rapprochement des animaux : les humains vivant de plus en plus dans la promiscuité avec les animaux, notamment en raison de l’exploitation des bêtes, s’exposent plus fortement que jamais aux maux dont celles-ci peuvent être les convoyeuses. Ce retour de la « vie sauvage » dans les villes (cerfs, chèvres des montagnes, pumas, renards, sangliers, canards, singes s’y sont aventurés à nouveau à la faveur de la « désertion » des rues) est dû à l’attitude des humains, alors même qu’ils prétendent tenir les bêtes à distance respectueuse… C’est d’un retour de bâton qu’il s’agit et l’épisode de la pandémie (laquelle semble désormais assumée) s’inscrit dans le processus de mépris des réalités naturelles, chacun le sait sans le savoir, malgré l’importance des publications écologiques et éthologiques. Il n’est donc pas très étonnant que ce motif du rapprochement animal ait pu constituer le thème du livre de poésie intitulé Ryrkaïpii, trois mois avant le déclenchement de la pandémie ! Rien de véritablement prophétique là-dedans, sinon le caractère analytique des petites perceptions, qui nous est donné en partage. La prophétie est la chose du monde la mieux partagée. J’ai dû continuer à travailler à ce livre après le moment du confinement, qui était un fort moment de prose commune. Le double effort conjoint au poème (analyse sensible d’ordre utopique) et à de la prose (analyse insensible d’ordre réaliste) est imposé par la situation, car c’est un effort pour décrire l’urgence de vérifier les degrés d’animalité présents dans les actes déclarés humains. Après tout, c’est peut-être seulement ce que signifie le « retour des animaux » : ils nous imposent de voir mieux que jamais dans quelle mesure nous, humains, sommes des animaux. La philosophie a tourné autour de ce fait, et la littérature s’y est souvent complue, mais nous sommes dans la nuit à cet égard.

Dans ce journal de non-confinement, se déploie ainsi l’image de l’homme-balai qui, au-delà du nouveau rapport d’interaction entre animaux et hommes, décrit avec force la manière inquiétante dont l’homme est capable de se compromettre pour servir l’asservissement, notamment l’épuisement total de la nature. Il est prêt à se balayer lui-même, sans foi ni loi pour assouvir le projet qui est le sien. Vous écrivez ainsi : « Si la raison logée dans chaque tête est un effaceur effacé, la complice des entreprises de nettoyage de la Terre, alors le balai est comme l’automate programmé qui sent vibrer en son sein le programme sans lequel il n’est rien : ce programme, c’est son cœur autant que ce qu’il pense de son cœur, plus ou moins sensible à ce qu’y implantent des phrases plus ou moins directes. » Pourriez-vous nous dire en quoi précisément cet homme-balai est l’homme qui balaie tout, continument, à commencer par sa honte ou ses lois ?

Dans sa Méditation sur un manche à balai (1703), Swift dit exactement ceci : « Ce simple bâton, que vous voyez ici gisant sans gloire dans ce coin négligé, je l’ai vu jadis florissant dans une forêt. Il était plein de sève, plein de feuilles et plein de branches, mais, à présent, en vain l’art diligent de l’homme prétend lutter contre la nature en attachant ce faisceau flétri de verges à son tronc desséché. Il n’est tout au plus que l’inverse de ce qu’il était, un arbre renversé sens dessus dessous, les rameaux sur la terre, et la racine dans l’air. » Et il en conclut : « certainement, l’homme est un balai ! » Il est donc à l’image des élans prométhéens, de ses inventions artificielles, quelles qu’en soient la force et la beauté ou l’idéal visé.

« Mais un balai, direz-vous peut-être, est l’emblème d’un arbre qui se tient sur sa tête. Et je vous prie, qu’est-ce qu’un homme, si ce n’est une créature sens dessus dessous, ses facultés animales perpétuellement montées sur ses facultés raisonnables, sa tête où devraient être ses talons, rampant sur la terre ! Et pourtant, avec toutes ses fautes, il s’érige en réformateur universel et destructeur d’abus, en redresseur de griefs, il va fouillant dans tous les recoins malpropres de la nature, amenant au jour la corruption cachée, et soulève une poussière considérable là où il n’y en avait point auparavant, prenant tout le temps son ample part de ces mêmes pollutions qu’il prétend effacer. (…) Jusqu’à ce qu’usé jusqu’au tronçon, comme son frère le balai, il soit jeté à la porte, ou employé à allumer les flammes auxquelles d’autres se chaufferont. »

L’homme-balai est manifestement incapable d’aborder comme il convient le mouvement de son propre cœur idéalisant, la raison de son corps chercheur, son ensemble de sentiments pensifs, mais il s’efforce de constituer du commun, du pensable à partager, inlassablement, catastrophiquement, et, il faut l’admettre, pathétiquement. Son destin est très émouvant, hilarotragique.

Ce qui frappe d’un texte à l’autre, comme on a commencé à l’esquisser avec les liens tissés entre L’Homme-balai et Ryrkaïpii, c’est combien chaque texte se fait écho : ainsi est-il question du monde animal et du monde humain qui s’appréhendent selon l’intensité de la lumière, l’animal étant l’éclaircie qui permettrait de ressaisir les existences. C’est à cette poétique de la lumière comme qualité de sensible du monde et de saisie intelligible qu’invite à comprendre Idées de la nuit. En effet, comme son titre le suggère, Idées de la nuit s’offre comme une somme continue de réflexions sur la qualité de la nuit, l’intensité de la nuit et l’énigme de l’ombre dans nos existences. C’est une interrogation du rapport entretenu à la vérité qui, d’emblée, se pose dans vos investigations où vous définissez notamment l’obscurantisme comme suit : « Le refus de la clarté, soumis au besoin de regarder l’obscur insistant confusément, s’appelle l’obscurantisme. » Ou encore à propos de l’ombre : « Le sentiment de l’ombre (l’appréhension, l’abord) est la tâche la plus difficile en vue d’une responsabilité. ». Ma question sera double ici : en quoi, tout d’abord, la lumière exige, selon vous, selon son intensité, de faible à forte, une morale ? En quoi en est-elle le marqueur ? En quoi existe-t-il, selon vous, plusieurs intensités de clarté ?

Je suis un homme des Lumières, et n’aurai pas l’irresponsabilité de dire que l’idéal de la pensée des éléments d’une vie commune raisonnable est la cause des catastrophes que nous observons tous sans y échapper. En effet, il est probable que l’animal soit comme l’ombre de l’homme et réciproquement, si bien qu’il n’y a aucune chance pour que nous parvenions à une autre clarté ou un véritable éclaircissement tant que nous confondons l’ombre et la nuit. Idées de la nuit est une sorte de réflexion continue à ce sujet : le seul soleil, un monisme, est la chance de « sauver les phénomènes ». L’idéal se trouve dans le réel. L’obscurantisme cherche l’obscur là où il n’est pas et renforce la nuit pure. Or, je soutiens que l’idée de la nuit vient de la possibilité de la lumière, et non l’inverse. Si l’on n’admet pas ce théorème, rien ne peut apparaître, aucune réalité, donc aucune vérité. L’animal ne désigne pas la nuit de l’âme, mais l’ombre où les élans cherchent leur pensée.

Au cœur des réflexions engagés dans Idées de la nuit, vous développez l’idée puissante d’une fin de la Caverne platonicienne, scène primitive de nos conceptions de la nuit, des lumières et des ombres. Vous écrivez ainsi : « Une ambition de l’intellect sensible serait alors de ne plus accueillir l’image heuristique de la Caverne, son mythe alternatif. » Pourriez-vous nous dire ici en quoi il ne s’agit plus d’accueillir ce mythe ? Quels seraient les effets d’un tel refus ? Que permettrait-il de laisser entrevoir ?

L’allégorie mythique, d’origine pythagorique, que Platon impose au livre VII de la République, est peut-être l’une des plus terribles catastrophes que la philosophie ait léguée à la littérature, donc à notre conception de l’image. Il est révélateur que même un esprit aussi virtuose qu’Orson Welles ait consacré une reconstitution à cette allégorie fondatrice du dualisme, sous la forme d’un dessin animé…Il s’est soumis à la puissance de son injonction, à la force du modèle tyrannique que constitue le soleil intelligible. Le simple fait de nous imaginer enchaînés au fond de la Caverne, inconscients de la nature des réalités et de leurs images est d’une indicible violence… Mais il faut croire qu’une grande part des êtres occidentaux vit encore sous l’empire d’un tel modèle, qui situe l’idéal trop loin, et séparé de notre existence… Il serait temps de renoncer à cette Idée platonique et de pratiquer l’idéal qu’exige notre pensée pleine d’ombres refoulées…

En résonance étroite avec Ryrkaïpii, Idées de la Nuit et L’Homme-balai, vous avez fait paraître un fort volume rassemblant l’essentiel des entretiens que vous avez pu donner de 1997 à 2022. Intitulé Une autre clarté, l’ensemble de ces très riches entretiens semble pouvoir, dans le prolongement de vos réflexions sur la lumière, être appréhendés de deux façons. La première manière d’interroger vos entretiens consiste tout d’abord, dans le prolongement de Hölderlin, auteur de la formule « une autre clarté », à prendre acte de notre condition sentimentale, à rebours d’une langue techniciste qui serait une reconduite de la loi générale d’expression du marché. En ce sens, comme le suggère très précisément Stéphane Baquey dans sa si juste postface, votre activité de poète s’accompagne d’une activité continue d’entretien : en quoi, selon vous, la pratique de l’entretien est une forme de continuation ou de reconfiguration du poème, parfois même une entreprise de continuum générique ?

Il est vrai que, dès le départ, et malgré certaines apparences de difficulté, je n’ai eu en tête que la « re-simplification » et « l’autre clarté » que peut dégager le poème, en essayant d’éviter à la fois les amphibologies, l’excès de métaphores, et la fausse clarté littérale. Je n’ai pas cherché une « autre obscurité », et certes pas dans le langage de la néologie autoritaire et techniciste. Mes néologismes sont horizontaux et exploratoires, non archaïsants, et j’ai pu le dire lors d’une discussion que Deguy a publiée dans sa revue avant que nos chemins se séparent. Bon, il suffit de lire et les poèmes, et Contre un Boileau, et les entretiens que Gérard Tessier a rassemblés, je le crois. Oui, vous avez raison, un poème est un entretien, une poignée de mains ou un dialogue contemporain, comment pourrait-il être autre chose ? Je ne vois pas comment la phrase de Hölderlin, « Nous sommes un dialogue », pourrait signifier autre chose que : « Chacun de nous est un monologue extérieur. » Et la prose des Entretiens, la prose dite théorique, n’est que l’entretien poétique continué par d’autres moyens, sans que les moyens propres du poème, sa liberté singulière, en soit réduite à la prose qui le traverse. Merci de vos questions, qui relancent l’entretien, avant que nous le relancions encore le 22 mai prochain, au Théâtre Molière, en compagnie de Tedi Papavrami. Le dialogue du musicien et du poète est d’ailleurs significativement placé à la fin du volume Une autre clarté… Nous devrons probablement reprendre à nouveaux frais l’affaire que j’ai désignée sous la formule de la « musique du sens »…

Enfin ma dernière question voudrait porter sur l’ultime façon de concevoir votre rapport à l’entretien depuis notamment 1997. A la lecture d’Une autre clarté, on ne peut qu’être frappé par une nouvelle affirmation de Stéphane Baquey qui dévoile avec force votre art si singulier de l’entretien. Il écrit ainsi sondant vos réflexions : « Le poète aujourd’hui n’est ni Orphée, l’inspiré, ni Merlin, qui ne vaticine que pour lui-même, il est un « lieu de rendez-vous ». » Ma question sera ici la suivante : de quel rendez-vous s’agit-il ? Avec qui, quel public ?

Dans la mesure où, n’étant plus à même d’être « l’instituteur de l’humanité » (Orphée), le faiseur de poèmes se découvre également incapable de ne parler qu’à soi-même ou plutôt de « parler à un mur » (Merlin), le contemporain est un être-de-l’entretien. Il ne s’agit pas de nourrir la flamme du rapport avec autrui, puisque chacun est un peuple et que la flamme des liens ne cesse de brûler en tout âme corporelle : non seulement je est un autre, mais il est composé d’une foule d’autres et n’est pas uniquement un autre. L’air que chacun respire est bibliothécaire ; l’ensemble des efforts de pensée, qui définit l’humanité et ses représentants à travers l’Histoire, est en chacun. Il est alors parfaitement normal, logique, naturel, de s’entretenir avec les uns et les autres. Ce qui ne veut pas dire exclusivement « dialoguer avec eux », pour une raison élémentaire : le parlant singulier, le « particulier » si l’on veut, est un monologuant, et il souffre à tout instant de se changer en « belle âme » et de se replier sur soi, d’éprouver l’inanité de ses sentiments phrasés intérieurement. Le « fou », qui se parle à lui-même, est celui qui cherche la formule au dehors ; nous sommes tous fous sous ce rapport, impuissants à tenir les phrases dans l’intérieur où elles font pression dès qu’elles apparaissent. L’ « expression » est la pression qui s’exerce à la limite de soi vers l’autre parlant singulier, soumis aux mêmes contraintes. La société des hommes, c’est l’ensemble des monologues extérieurs. Il faut bien comprendre que ce régime d’échange oblige tout humain à ne pas se fier au dialogue pur et simple ; celui-ci serait fondé sur la clôture de chacun, sur la séparation plutôt que sur l’ouverture des exprimants. Quel est le résultat d’une telle situation ? « No one is an island » : nous sommes tout de suite liés les uns aux autres (ce lien explique le langage et ne procède pas de lui), dans la distinction, mais l’entretien devient une forme privilégiée de communication avec la matière traversière de chacun. C’est pourquoi je suis le public autant que l’interlocuteur le représente, et il n’y a pas d’entretien privé ; le public est des deux côtés, providentiellement. Nous partageons toute la matière historique des pensées qui nous traversent. J’éprouve donc un plaisir sans dédain à tenter de donner de bonnes réponses à de mauvaises questions, parce qu’il n’y a pas vraiment de mauvaises questions ; le rendez-vous, c’est le partage des questions, qui a lieu à tout instant, et, quelle que soit l’hostilité de l’interlocuteur, il est ami des questions que nous avons en commun. Il le sait plus ou moins, et je le sais. La forme de rendez-vous spécial que constitue un « entretien » comme le nôtre aujourd’hui comporte un double aspect, utopique (nous sondons la matière idéale des questions communes et avançons) et réaliste (nous sommes ce que nous sommes, et « figeons nos positions » en dépit que nous en ayons, victimes de la statique d’une matière idéologique d’époque) ; j’aime beaucoup cette forme de rencontre avec un inconscient qui tente de penser l’autre, car en pensant l’expression d’autrui, je sonde ce qui me traverse, inévitablement. Nous savons maintenant que le poème est une forme d’entretien très acérée et nécessaire. Pour autant, notre discussion de prose n’a pas à devenir un poème comme tel, eu égard à la statique contemporaine, qui contraint n’importe quelle silhouette d’aujourd’hui ; sauf que l’idée du poème contraint tout entretien, sans quoi la part utopique (l’avenir d’un public se cherchant) serait sacrifiée. Beaucoup d’interviews sont limitées à leur prose, déprimantes au lieu de se donner le droit de donner sens à la pression que subit l’interrogé. De toutes les manières, l’interrogateur s’interroge ; il est lui-même un rendez-vous, depuis sa venue au monde, et le public continue, comme le monde, à travers chacun. Continuons de nous entretenir les uns avec les autres ; le pur bavardage n’a pas le dernier mot, il fait trop souffrir. Le pur bavardage mène au crime, autant que l’obligation de se taire.

Soirée « En Compagnie de Philippe Beck », ce lundi 22 mai à la Maison de la Poésie (20h30) : lecture musicale par Philippe Beck, accompagné au violon par Tedi Papavrami. Rencontre animée par Johan Faerber — Plus d’informations.

Philippe Beck, Idées de la nuit suivi de L’Homme-Balai, Le Bruit du Temps, mars 2023, 194 p., 18 €
Philippe Beck, Une autre clarté : entretiens 1997-2022, Le Bruit du Temps, mars 2023, 480 p., 22 €

DIACRITIK




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